dimanche 28 juillet 2019

Pays de Galles, jour 11 - Près de la frontière anglaise

Dur dur de quitter le paradis ce matin ! Après avoir pris tout notre temps pour petit-déjeuner et immortalisé le paysage sublime malgré la pluie, nous quittons Tyn Celyn aux alentours de 10h. Malgré un départ bien plus tardif que d'habitude, nous sommes encore très en avance sur l'horaire d'ouverture de l'attraction phare de Llangollen, Plas Newydd. Pour éviter d'attendre une bonne demi-heure dans la voiture, nous mettons le cap sur la deuxième visite originellement prévue au planning, le château de Chirk.


Bien que Chirk fasse partie, au même titre que Caernarfon ou Harlech, de "l'anneau de fer" voulu par Edouard Ier pour essayer de contenir ces rebelles de Gallois et éviter de se ruiner en guerres, ce château est très différent de ceux que nous avons déjà visités cette semaine – et pour cause : non seulement il est intact (bon, plus rien ne date du 13è siècle, mais quand même), mais il fut également habité jusqu'au début des années 2000. Le propriétaire actuel a mis les voiles pour aller s'installer avec sa famille dans le Cheshire (à 20 km de là, mais en Angleterre, donc) après avoir réalisé qu'un site historique qui accueille du public toute la semaine n'était pas le meilleur endroit pour élever des enfants. N'empêche, c'est plutôt gentil, chez lui !


Les grands appartements du château ne sont accessibles en visite libre qu'à partir de midi, mais il est possible de s'y rendre plus tôt en visite guidée, et c'est ce que nous décidons de faire pour ne pas perdre de temps. Cela signifie qu'il faut assurer l'interprétation simultanée pour les mamans, et Benjamin accusant la fatigue d'une semaine de crapahutage + conduite, c'est bibi qui finit par s'y coller (autant que ce diplôme serve à quelque chose !). Offert en récompense à Roger Mortimer pour avoir fait noyer les héritiers légitimes de la couronne galloise, passé aux mains de Robert Dudley, favori d'Elizabeth Ière, au 16è siècle, pratiquement rasé pendant la guerre civile au 17è siècle, Chirk aura connu la déco raffinée et aérienne du 18è et le Gothic revival victorien un brin chargé du 19è, avant d'être lourdement rénové par des locataires avec beaucoup de sous et beaucoup de goût dans les années 1920. La visite des appartements nous fait passer par des pièces représentant un peu toutes ces époques, y compris une chambre où aurait dormi Charles II quelques années avant de perdre sa tête (vous pensiez que les Français avaient le monopole de la décollation de la royauté ? Think again!), une grande galerie déjà passée de mode à l'époque de sa construction et une bibliothèque hors d'âge où le bouquin le plus ancien date de 1523. Ce n'est peut-être pas baby-proof, mais tout est d'un goût exquis.


L'exercice d'interprétation ne se mariant pas très bien avec la photographie, je n'ai plus qu'à recommencer le tour des appartements depuis le début une fois la visite guidée terminée pour ramener quelques souvenirs de ce château familial – et au pas de course, s'il vous plaît, parce que nous avons des horaires assez strictes à respecter si nous ne voulons pas louper notre avion en fin de journée. Nous avons pu explorer les tours médiévales et le hall des serviteurs avant d'accéder aux grands appartements, mais il nous faut renoncer aux jardins, car le vent à décorner les dragons ne se prête pas vraiment aux balades en extérieur (le dragon qui flotte au-dessus du château menaçait presque de s'envoler quand nous sommes arrivés, c'est dire).

Retour par le chemin que nous avons emprunté ce matin pour rejoindre Llangollen et Plas Newydd, cette fois bel et bien ouverte. Dans la catégorie "bâtiment meublé", aujourd'hui, nous sommes servis ! Cette adorable petite maison blanche perdue au milieu des bois fut pendant 50 ans la résidence des "Ladies of Llangollen", alias Lady Eleanor Butler et Sarah Ponsonby, deux Irlandaises ayant fui leur pays d'origine pour échapper à la vie monotone et toute tracée qui les attendait (couvent pour l'une, mariage forcé pour l'autre). Les Ladies ont toujours nié mordicus être en couple, mais "l'amitié romantique", quand on se bat bec et ongles pour fuir un pays ensemble et qu'on passe un demi-siècle sous le même toit, on y croit moyen. On est en 2019, pas au 18è siècle, pas de quoi fouetter un chat !


Les photos sont interdites à l'intérieur de la maison, et c'est bien dommage, car les Ladies avait un goût très, euh... très, quoi. La déco particulièrement chargée, à base de sculptures sur bois récupérées sur de vieux meubles médiévaux, fait très Gothic revival avant l'heure. C'est sombre, il y en a du sol au plafond, et certaines sculptures se détachent tellement des portes et des murs qu'on se dit qu'il ne valait mieux pas se lever la nuit pour aller au petit coin sous peine de finir avec de vilaines bosses (voire un œil en moins). On comprend mieux pourquoi tous les artistes britanniques de l'époque ont un jour fait escale chez les Ladies ! L'interdiction des photos est presque une bénédiction, car Marie-Noëlle serait encore sans doute sur place à essayer d'immortaliser toutes les portes...


Le vent s'étant un peu calmé, nous en profitons pour explorer les bois tout aussi romantico-sauvages que la maison, fournis avec arche et baptistère directement prélevés sur la vieille abbaye toute proche. Lady Eleanor et Miss Sarah avaient peut-être un goût discutable en matière de décoration intérieure, mais question terrain, nous sommes largement plus en phase !


Le séjour touche à sa fin et il est temps de passer la frontière anglaise pour rejoindre l'aéroport de Liverpool. Nous quittons le Pays de Galles fatigués mais ravis, avec des paysages plein les yeux et pas mal de questions sans réponse sur l'obsession de la langue galloise pour les consonnes (on a bien compris que le W était une voyelle, mais ça reste confusionnant). Même si la météo semble avoir été une obsession tout au long de ces 10 jours, nous avons finalement eu beaucoup de chance de ce côté, avec seulement deux jours de "vraie" pluie. Si nous avons fini par nous habituer aux routes minuscules (même si elles nous auront coûté une franchise lors de la restitution de la voiture pour cause de rayure...), nous n'avons en revanche pas digéré le fait que tous, absolument TOUS les parkings soient payants. Le cliché du Briton qui tente de récupérer des sous par tous les moyens, c'est en Ecosse, pas au Pays de Galles ! Hormis ce détail, on ne peut que conseiller la destination... à condition de ne pas être regardant sur la météo !

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