vendredi 19 juillet 2019

Pays de Galles, jour 2 - Autour de Cardiff

Bon, nous avons peut-être crié victoire trop vite : le soleil et le grand ciel bleu d'hier, c'était de la publicité mensongère, et ce matin, le temps est beaucoup plus conforme à l'idée que l'on se fait d'un été en pays celte, à savoir très, très humide. Et au risque de ruiner le suspense, ç'a été comme ça toute la journée ! Là encore, il y a un thème : en 2012, nous avions fini notre premier jour en Islande trempés comme des soupes pour cause de pluie torrentielle et de geysers. Ici, la pluie vient seulement d'en haut, et pas d'en bas, mais le résultat est le même !

Résolus à ne pas voir la pluie du petit-déjeuner s'arrêter de sitôt, donc, nous nous rendons du côté de la baie de Cardiff. Il y a à peine trente ans, il n'y avait ici que des docks très moches qui ne servaient plus à grand-chose, la faute à une industrie du charbon et de l'ardoise en plein déclin. Plutôt que de les laisser à l'abandon, la ville de Cardiff a choisi de les réhabiliter en quartier résidentiel et en haut lieu de loisirs et culture. Pour le détail, c'est là qu'on trouve le Parlement gallois, d'une architecture à peu près aussi réussie (ou pas...) que son confrère écossais (mais au moins, ici, le côté ultra-moderne ne fait pas tache dans le décor). Un petit bout de terrain est également dédié à la faune et à la flore, et c'est dans ces marais version chic que nous achevons d'imbiber vêtements et chaussures. Nous nous serions jetés tout habillés dans la baie que le résultat n'aurait pas été franchement différent. Mais il y avait la mer et des bateaux et toute une famille de cygnes en file indienne, alors ça valait tout de même la peine.


Puisque nous ne sommes plus à quelques litres d'eau dans les chaussures près, nous rejoignons ensuite la petite ville de Saint Fagans, à quelques miles de Cardiff, et son Museum of Welsh Life, dédié à la préservation du patrimoine gallois. Ne coupons pas les cheveux en quatre, le site est tout simplement GE-NIAL. Déjà, il a le bon goût d'être totalement gratuit (la seule à devoir payer pour être là, c'est la voiture). Ensuite, malgré une ou deux galeries d'exposition traditionnelles, il ne s'agit pas d'un musée à proprement parler, mais d'un éco-musée en plein air, qui rassemble plusieurs dizaines de bâtiments démontés pierre par pierre aux quatre coins du pays, puis reconstruits sur les terres du château de Saint Fagans et meublés/décorés pour coller à différentes époques. Exemple parfait : cette allée de petits cottages ouvriers totalement identiques à l'extérieur, mais dont les intérieurs vont de 1805 à 1985. Une véritable machine à voyager dans le temps sur moins de 100 mètres de long !


La plupart des bâtiments étant visitables, la balade est un chouia moins humide qu'en baie de Cardiff, mais il va sans dire qu'un rayon de soleil l'aurait rendue encore plus agréable... Finalement, visiter de château de Cardiff hier était une grande idée, car nous avons ainsi pu gagner du temps sur notre planning du jour et en profiter à Saint Fagans : il y a tellement à voir que nous y passons plus de 4 heures  et encore, en ignorant volontairement certains bâtiments un peu éloignés du cœur du musée, accessibles après pas mal de marche et autant de litres d'eau sur la tête. Mais il y en a pour tous les goûts : cela va des fameux cottages ouvriers au vrai château de Saint Fagans, en passant par des moulins, des fermes, des églises, de jolis potagers, des cabanes pour observer les oiseaux locaux et un village presque entièrement reconstitué, avec son vrai salon de thé et son épicerie où les produits sont vraiment disponibles à l'achat. Ça a un petit goût de parc d'attractions culturel et historique, et les trois photographes du groupe ne savent plus trop où donner de la tête.


Pour faire encore plus authentique, les membres du personnel répartis dans chaque bâtiment pour répondre aux questions des touristes parlent gallois dans leurs talkies, et dans certains cas, nous sommes même accueillis par un véritable feu dans la cheminée. On a beau être au mois de juillet, vu le temps qu'il fait dehors, l'attention est appréciable et on resterait bien plantés à côté des flammes jusqu'à ce que les vêtements sèchent... La cafétéria du site nous permet de prendre une pause déjeuner bien méritée entre le côté "paysan" et le côté "aristo", et nous finissons donc la visite par le château et ses adorables jardins. Autant dire que ce Museum of Welsh Life aura été une formidable surprise !


Après un court trajet en voiture, nous voici à Castell Coch, un château qu'on voit arriver de loin puisqu'il est non seulement rouge, mais aussi perché sur une éminence qui hésite entre colline et falaise. Si ça n'a pas l'air vrai, c'est normal : le castell a été bâti à l'origine par les Normands, abandonné, puis reconstruit par les deux zozos responsables du décor du château de Cardiff, Lord Bute et son architecte fétiche William Burges. Les peintures colorées et le mobilier faussement moyenâgeux font donc leur grand retour, mais cette fois dans toutes les pièces, et pas seulement dans la grande salle de réception. Il paraît que les deux acolytes tournaient à l'opium, et on n'en doute pas vraiment en découvrant la déco. Située au sommet d'une tour, la chambre de Lady Bute, avec ses peintures dorées du sol et plafond, son mobilier grandiloquent et son lavabo pas franchement subtil, ne fait pas regretter d'avoir dû grimper autant de marches. Dans un genre à peine plus sobre, on s'extasie sincèrement sur la cheminée dédiée aux Parques et l'herbier peint sur les murs du salon du rez-de-chaussée. Côté architecture, le délire continue, et on a l'impression de se trouver au cœur d'un théâtre élisabéthain plutôt que dans un château. L'ensemble est un régal de kitsch et l'expression "vrai toc" aurait presque pu être créée pour Castell Coch !


Dernier étape du jour, et non des moindres : la forteresse de Caerphilly, la plus grande du Pays de Galles et la deuxième d'Europe après Windsor. Construite par un seigneur normand au 12è siècle pour dissuader les Gallois de râler sur sa présence, elle ne présente plus aujourd'hui que des ruines, mais quelles ruines ! Déjà, là où d'autres forteresses ne peuvent se vanter de posséder "que" des douves, Caerphilly, elle, est carrément posée au milieu d'une île (quand les douves atteignent une telle largeur, ce ne sont plus des douves, mais une vraie rivière). Ensuite, une de ses tours penche. Bon, elle ne penchait pas avant que Cromwell ne vienne essayer de la mettre par terre, mais l'effet "tour de Pise", ça fait toujours bien auprès des touristes. Et en prime, on y a trouvé un nid de dragons, et ça, c'est quand même la classe ! Forcément, ici, ce qui compte, c'est moins la déco que l'architecture, et les pièces sont donc laissées vides pour mieux apprécier les vieilles pierres. La grimpette dans les tours étroites est à peu près aussi acrobatique qu'à Castell Coch, mais la vue sur les plus-que-douves et l'adorable centre-ville de Caerphilly vaut bien de se battre avec des marches pas conçues pour le gabarit du touriste moderne.


Fin de la journée à orientation culturelle. Ce soir, nous logeons à Newport, et pour s'y rendre, quoi de mieux que de minuscules routes à une voie pas assez larges pour se croiser à deux voitures et bordées de haies qui vous empêchent de savoir qui arrive en face ? Les visites du jour étaient certes bien belles, mais nous ne sommes pas fâchés de nous poser à l'hôtel pour passer nos chaussures au sèche-cheveux. La météo de demain annonce un temps moins pluvieux, espérons qu'elle ne se soit pas trompée...

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