vendredi 26 juillet 2019

Pays de Galles, jour 9 - Snowdonia, suite

La première fois que j'ai entendu parler de Snowdonia, j'ai tiqué. Aujourd'hui encore, je me dis que ce nom pourrait être celui du royaume de l'héroïne dans un mauvais roman Harlequin fantasy, ou celui qu'une petite fille de 8 ans donnerait à son poney-licorne imaginaire. Plus prosaïquement, il vient en fait du Mont Snowdon, le point culminant du Pays de Galles (1 085 m d'altitude). Et comme c'est THE attraction à faire dans le coin, il aurait été dommage de se priver !

Il existe une demi-douzaine de sentiers de randonnée pour atteindre le sommet du Mont Snowdon. Le plus facile prend six bonnes heures. Devinez quoi ? Ce n'est PAS l'option que nous avons choisie. En fait, nous n'avons même pas envisagé la possibilité d'y aller à pied et avons préféré réserver des places dans le petit train à crémaillère qui fera très bien le travail à notre place, et en beaucoup moins de temps (une heure pour la grimpette et autant pour la descente, quand même). Nous nous sommes donc levés un peu plus tôt que d'habitude et avons attaqué un bon morceau de montagne en voiture pour rejoindre la gare de Llanberis sur le coup de 9h30, pour un départ prévu à 10h. Manque de chance, après le temps magnifique d'hier, le ciel s'est à nouveau couvert, et le site est en alerte vent violent ; il est donc possible que le train doive s'arrêter avant le sommet et que les photos se fassent depuis les compartiments... Mais il faut bien le tenter malgré tout, et une vue depuis Rocky Valley sera toujours mieux que rien !


Le train s'ébranle à l'heure dite et s'achemine de son pas de sénateur le long de la montagne, à travers des paysages de fin du monde, où seuls les moutons sont à leur aise. Tellement, d'ailleurs, qu'ils n'hésitent pas à se poser au milieu des rails et que le klaxon du train ne les déloge qu'à contrecœur. Voitures et trains gallois, même combat : il n'y a qu'une seule série de rails et les trains ne peuvent se croiser qu'aux stations désignées, ce qui oblige parfois à attendre cinq bonnes minutes au milieu de nulle part. Et c'est tant mieux, parce que les passagers n'ont pas le droit de se lever pour prendre des photos à travers les fenêtres quand le train est en mouvement, que la vue est d'une beauté indescriptible et que ce serait un crime de ne pas l'immortaliser. Le paysage est rude, désolé et absolument magnifique. Mère Nature au sommet de son art.


Nous dépassons finalement la station de Rocky Valley, ce qui signifie que nous accéderons finalement au sommet, mais un autre problème se pose bientôt : l'énorme nuage qui masque le Mont Snowdon depuis notre arrivée à Llanberis ne s'est pas levé, et nous finissons l'ascension sans plus rien voir du paysage. Parvenus au terminus du train, il faut se rendre à l'évidence : c'est une vraie purée de poids et nous ne verrons absolument rien du panorama. Malgré le froid et la pluie (bizarrement, avoir la tête dans un nuage, ça mouille), nous gravissons tout de même les dernières marches vers le sommet, histoire de dire que nous l'avons fait. Après une demi-heure d'arrêt pour faire la seule et unique photo souvenir et acheter des cartes postales, il est déjà l'heure de redescendre – c'est donc reparti pour une heure du même paysage qu'à l'aller, mais on aurait du mal à se lasser d'une vue pareille...


Maintenant que nous en avons plein les mirettes (et que nous avons dépensé beaucoup trop de sous à la boutique), direction Caernarfon, le genre de ville où tout le monde a le gallois pour première langue et où on vous dit "diolch" avant de vous dire "thank you". Après avoir fait le plein de la voiture (la conduite en montagne, c'est la mort du réservoir) et acheté de quoi faire également le plein des estomacs, nous rejoignons la vieille ville pour un pique-nique improvisé, puis le château lui-même pour la visite. Construit par Edouard Ier, le roi anglais qui a réussi à soumettre la totalité du Pays de Galles avant de tenter le même coup en Ecosse et de se rater, ce château de Caernarfon a carrément de la gueule, avec ses tourelles octogonales remises en état au siècle dernier. C'est d'ailleurs aussi l'avis des Windsor, qui ont choisi le site pour l'investiture de Charles en tant que Prince de Galles en 1969. En guise de souvenir, il y a un grand cercle d'ardoise au milieu de la cour et le siège utilisé par la reine ce jour-là dans une vitrine. Au moins, on pourra dire "j'y étais !!" pendant la saison 3 de The Crown !


Comme à Harlech, le château est situé en bord de mer, et surplombe en prime un adorable petit port de plaisance. Pour simplifier l'histoire du coin, la petite guerre que se livrèrent Edouard Ier et les princes gallois est représentée sous forme de jeu d'échecs dans une des tours, et une très jolie œuvres d'art sur la vie d'Eléonore de Castille, épouse de l'Edouard sus-mentionné, occupe une des tours. Les autres œuvres modernes réparties dans le château, on a un peu moins envie d'en parler...

Le programme initialement prévu pour aujourd'hui étant tout bonnement irréalisable (il m'arrive d'avoir les yeux plus gros que le ventre), nous avons rayé de notre liste le château de Beaumaris, mais nous faisons malgré tout un saut de puce sur l'île d'Anglesey, et plus précisément à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (trop facile, même M. Météo y arrive !), parce que... ben parce que, quoi. Quand on passe pas trop loin de ce bled, dont le nom est le plus long d'Europe, on s'arrête à la gare, on fait des photos du panneau et puis c'est tout ! Il n'y a rien d'autre à y faire, on est vraiment juste là pour le cliché touristique !


Retour sur le continent (enfin presque, le Royaume-Uni reste une île, elle est seulement plus grosse qu'Anglesey...) pour notre dernière étape du jour, la cascade d'Aber. Notre Routard nous annonçait une marche d'un petit kilomètre, mais c'est en fait une belle randonnée de 1h30 et 4,5 km qui nous attend, alors qu'il est déjà 17h et que notre hôtel ne se trouve pas tout près. Nous envisageons un moment de renoncer, mais Benjamin aime trop les chutes d'eau pour baisser les bras. Nous finissons par nous mettre au défi de faire le trajet en une heure et laissons derrière nous les mamans, pas très motivées par la marche forcée après une journée déjà bien remplie. Elles ont eu du nez, car si la randonnée est annoncée "facile", le chemin n'est pas vraiment plat (il n'y a RIEN de plat dans ce pays, de toute façon !). Cela dit, le but de la marche, la cascade de 50 mètres de haut, valait la peine de mettre les mollets à la torture. On a beau en avoir vu de plus impressionnantes en Islande, c'est toujours un sacré spectacle.


Aller + pause photos + retour = une heure tout rond ! Nous sommes sur les rotules, mais notre pauvre conducteur ne peut pas prendre de repos car il reste de la route jusqu'à notre étape du jour. Ce soir, nous logeons à Llandudno, une station balnéaire victorienne où on verrait bien Hercule Poirot passer ses vacances, avec une interminable série d'hôtels colorés fin 19è sur le front de mer et une jetée occupée par une fête foraine. On n'y passerait pas trois semaines, mais le temps d'une soirée, la machine à remonter le temps tourne à plein régime !


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