Alors que la France
agonise par plus de 40° à peu près partout, le Pays de Galles
connaît aussi sa petite canicule : la météo prévoit environ
30° pour aujourd'hui, ce qui doit faire rêver les Parisiens mais
reste exceptionnel pour le Pays de Galles, où les températures de
saison atteignent au mieux 25°. Ce n'est pas comme si nous avions
prévu le coup en planifiant les vacances, mais nous sommes plutôt
contents de ne pas être à la maison, là tout de suite !
Après avoir traversé des petits
villages côtiers aux rues toutes plus étroites les unes que les
autres (avec un GPS qui a décidé de faire des siennes), nous
attaquons notre premier jour au cœur de Snowdonia par un énième
château, celui de Harlech. Comme souvent depuis le début du séjour,
il ne s'agit plus que de ruines, mais ce château-là, en plus d'être
classé à l'Unesco, a la particularité de se situer au bord de la
mer. Bon, à l'époque de sa construction (1289), la mer arrivait
carrément au pied des remparts, mais Mère Nature a fait son œuvre
et il y a maintenant la place pour un golf et un village de bungalows
entre les vieilles pierres et la plage. Il n'empêche que la vue est
extrêmement jolie, et que la balade le long du chemin de ronde offre
autant de possibilité de photos paysagères qu'architecturales.
Nous quittons Harlech par
la rue la plus pentue du monde (25 %, quand même ; on ne
pouvait pas ne pas immortaliser ça), direction le village de
Portmeirion, alias ce qui arrive quand on laisse le champ libre aux
architectes un peu fadas qui ont trop de sous. Portmeirion, c'est le
bébé de Clough William-Ellis, qui en avait manifestement assez du
mauvais temps gallois et rêvait de Méditerranée. On peut
difficilement importer le soleil chez soi, mais on peut importer
l'architecture, et c'est exactement ce que Clough a fait. Le
résultat, c'est cette espèce de délire architectural complètement
artificiel, où tout est too much, où les couleurs piquent
les yeux et où on trouve des associations qu'on ne trouvait jamais
trouver nulle part (le Bouddha à côté du temple à colonnades
romano-classiques, c'est douloureux). C'est tellement improbable et
moche que ça en devient mignon !
Portmeirion n'a pas été
conçu pour être vraiment habité, et tous les bâtiments abritent
aujourd'hui des hôtels, des boutiques ou des restaurants (nous nous
arrêtons d'ailleurs dans l'un d'eux pour le déjeuner). Pour les
amateurs de séries télé des années 60, c'est ici qu'ont été
tournés tous les extérieurs de la série Le Prisonnier, dont
la maison à l'écran a forcément été transformée en magasin de
souvenirs ultra-spécialisé. N'étant pas particulièrement fans
(deux d'entre nous sont même franchement trop jeunes pour avoir vu
la série), le côté « pélerinage » ne nous parle pas
vraiment, et nous nous contentons de la balade au milieu de ce délire
à tendance italianisante. Il faut rendre à César ce qui lui
appartient : Clough a particulièrement bien choisi son coin
pour construire le village de ses rêves. Entre vert, jaune et bleu,
l'estuaire à marée basse est tout bonnement magnifique, et nous
bouclons la boucle avec une marche sur le front de mer et dans la
forêt, qui abrite entre autres un séquoia géant et un jardin
chinois. Et histoire de vivre l'expérience comme Clough devait la
rêver, nous en profitons sous un soleil radieux, digne d'un été
italien. Surréaliste !
Troisième et dernière
étape du jour, Blaenau Ffestiniog (ça se prononce à peu près
comme ça s'écrit, pour une fois!) et sa carrière d'ardoise. Pour
le coup, voilà exactement la visite à faire en période de
canicule : le responsable du parking nous voyant sortir de
voiture en T-shirts et shorts nous signale gentiment qu'il fait à
peine 7°, là-dessous, et que les petites laines ne seront pas de
trop pour survivre à la visite souterraine. Car si la carrière
propose de très nombreuses activités type tyrolienne, c'est un
autre type de visite à sensation qui nous intéresse : la mine
d'ardoise elle-même, à 160 mètres de profondeur. Un peu comme la
mine de charbon, mais en plus froid, plus sombre (il n'y a pas de
loupiote sur nos casques de chantier, cette fois) et plus profond !
En dehors du fait qu'elle
se passe sous terre, la visite de la carrière de Llechwedd n'a pas
grand-chose à voir avec celle de The Big Pit. Ici, en plus du
funiculaire à faire fuir les claustrophobes pour descendre au fond
de la mine, on a droit à un véritable spectacle souterrain, avec
projections sur les murs, manipulation des outils et son et lumière
en guise de bouquet final. La visite permet en outre de prendre
conscience que, face aux mineurs d'ardoise, les mineurs de charbon
avaient la belle vie et un job de rêve : eux, au moins, ne
travaillaient pas enchaînés aux murs pour éviter de glisser le
long de la pente (au fil du temps, une veine d'ardoise monte et finit
par être exploitée à plusieurs mètres du sol), ne voyaient pas
leurs poumons se changer en blocs de ciment par la faute de la
poussière de silice (ils chopaient juste un cancer des poumons à la
place...), n'avaient pas à payer leurs propres outils et ne
travaillaient pas au quotidien avec des explosifs qui pouvaient leur
exploser à la figure en cas de mauvaise manip'. On ne pensait pas
pouvoir dépasser l'horreur des conditions de travail de la mine de
charbon, et pourtant... On ne regardera plus jamais les ardoises de
la même façon !
La journée se termine
tôt, pour une fois, et nous regagnons donc notre hôtel à Blaenau
en fin d'après-midi. Une pause un peu plus longue que d'habitude ne
nous fera pas de mal, surtout après tout ce soleil !
Soooous le soleeeeeeil... (air nul mais connu)
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