dimanche 28 juillet 2019

Pays de Galles, jour 11 - Près de la frontière anglaise

Dur dur de quitter le paradis ce matin ! Après avoir pris tout notre temps pour petit-déjeuner et immortalisé le paysage sublime malgré la pluie, nous quittons Tyn Celyn aux alentours de 10h. Malgré un départ bien plus tardif que d'habitude, nous sommes encore très en avance sur l'horaire d'ouverture de l'attraction phare de Llangollen, Plas Newydd. Pour éviter d'attendre une bonne demi-heure dans la voiture, nous mettons le cap sur la deuxième visite originellement prévue au planning, le château de Chirk.


Bien que Chirk fasse partie, au même titre que Caernarfon ou Harlech, de "l'anneau de fer" voulu par Edouard Ier pour essayer de contenir ces rebelles de Gallois et éviter de se ruiner en guerres, ce château est très différent de ceux que nous avons déjà visités cette semaine – et pour cause : non seulement il est intact (bon, plus rien ne date du 13è siècle, mais quand même), mais il fut également habité jusqu'au début des années 2000. Le propriétaire actuel a mis les voiles pour aller s'installer avec sa famille dans le Cheshire (à 20 km de là, mais en Angleterre, donc) après avoir réalisé qu'un site historique qui accueille du public toute la semaine n'était pas le meilleur endroit pour élever des enfants. N'empêche, c'est plutôt gentil, chez lui !


Les grands appartements du château ne sont accessibles en visite libre qu'à partir de midi, mais il est possible de s'y rendre plus tôt en visite guidée, et c'est ce que nous décidons de faire pour ne pas perdre de temps. Cela signifie qu'il faut assurer l'interprétation simultanée pour les mamans, et Benjamin accusant la fatigue d'une semaine de crapahutage + conduite, c'est bibi qui finit par s'y coller (autant que ce diplôme serve à quelque chose !). Offert en récompense à Roger Mortimer pour avoir fait noyer les héritiers légitimes de la couronne galloise, passé aux mains de Robert Dudley, favori d'Elizabeth Ière, au 16è siècle, pratiquement rasé pendant la guerre civile au 17è siècle, Chirk aura connu la déco raffinée et aérienne du 18è et le Gothic revival victorien un brin chargé du 19è, avant d'être lourdement rénové par des locataires avec beaucoup de sous et beaucoup de goût dans les années 1920. La visite des appartements nous fait passer par des pièces représentant un peu toutes ces époques, y compris une chambre où aurait dormi Charles II quelques années avant de perdre sa tête (vous pensiez que les Français avaient le monopole de la décollation de la royauté ? Think again!), une grande galerie déjà passée de mode à l'époque de sa construction et une bibliothèque hors d'âge où le bouquin le plus ancien date de 1523. Ce n'est peut-être pas baby-proof, mais tout est d'un goût exquis.


L'exercice d'interprétation ne se mariant pas très bien avec la photographie, je n'ai plus qu'à recommencer le tour des appartements depuis le début une fois la visite guidée terminée pour ramener quelques souvenirs de ce château familial – et au pas de course, s'il vous plaît, parce que nous avons des horaires assez strictes à respecter si nous ne voulons pas louper notre avion en fin de journée. Nous avons pu explorer les tours médiévales et le hall des serviteurs avant d'accéder aux grands appartements, mais il nous faut renoncer aux jardins, car le vent à décorner les dragons ne se prête pas vraiment aux balades en extérieur (le dragon qui flotte au-dessus du château menaçait presque de s'envoler quand nous sommes arrivés, c'est dire).

Retour par le chemin que nous avons emprunté ce matin pour rejoindre Llangollen et Plas Newydd, cette fois bel et bien ouverte. Dans la catégorie "bâtiment meublé", aujourd'hui, nous sommes servis ! Cette adorable petite maison blanche perdue au milieu des bois fut pendant 50 ans la résidence des "Ladies of Llangollen", alias Lady Eleanor Butler et Sarah Ponsonby, deux Irlandaises ayant fui leur pays d'origine pour échapper à la vie monotone et toute tracée qui les attendait (couvent pour l'une, mariage forcé pour l'autre). Les Ladies ont toujours nié mordicus être en couple, mais "l'amitié romantique", quand on se bat bec et ongles pour fuir un pays ensemble et qu'on passe un demi-siècle sous le même toit, on y croit moyen. On est en 2019, pas au 18è siècle, pas de quoi fouetter un chat !


Les photos sont interdites à l'intérieur de la maison, et c'est bien dommage, car les Ladies avait un goût très, euh... très, quoi. La déco particulièrement chargée, à base de sculptures sur bois récupérées sur de vieux meubles médiévaux, fait très Gothic revival avant l'heure. C'est sombre, il y en a du sol au plafond, et certaines sculptures se détachent tellement des portes et des murs qu'on se dit qu'il ne valait mieux pas se lever la nuit pour aller au petit coin sous peine de finir avec de vilaines bosses (voire un œil en moins). On comprend mieux pourquoi tous les artistes britanniques de l'époque ont un jour fait escale chez les Ladies ! L'interdiction des photos est presque une bénédiction, car Marie-Noëlle serait encore sans doute sur place à essayer d'immortaliser toutes les portes...


Le vent s'étant un peu calmé, nous en profitons pour explorer les bois tout aussi romantico-sauvages que la maison, fournis avec arche et baptistère directement prélevés sur la vieille abbaye toute proche. Lady Eleanor et Miss Sarah avaient peut-être un goût discutable en matière de décoration intérieure, mais question terrain, nous sommes largement plus en phase !


Le séjour touche à sa fin et il est temps de passer la frontière anglaise pour rejoindre l'aéroport de Liverpool. Nous quittons le Pays de Galles fatigués mais ravis, avec des paysages plein les yeux et pas mal de questions sans réponse sur l'obsession de la langue galloise pour les consonnes (on a bien compris que le W était une voyelle, mais ça reste confusionnant). Même si la météo semble avoir été une obsession tout au long de ces 10 jours, nous avons finalement eu beaucoup de chance de ce côté, avec seulement deux jours de "vraie" pluie. Si nous avons fini par nous habituer aux routes minuscules (même si elles nous auront coûté une franchise lors de la restitution de la voiture pour cause de rayure...), nous n'avons en revanche pas digéré le fait que tous, absolument TOUS les parkings soient payants. Le cliché du Briton qui tente de récupérer des sous par tous les moyens, c'est en Ecosse, pas au Pays de Galles ! Hormis ce détail, on ne peut que conseiller la destination... à condition de ne pas être regardant sur la météo !

samedi 27 juillet 2019

Pays de Galles, jour 10 - Snowdonia, fin

Il y a des trucs, dans la vie, que seule l'expérience peut vous apprendre. Par exemple, que les hôtels victoriens qui n'ont pas été rénovés depuis l'invention du double vitrage sont à éviter lorsqu'ils sont situés sur le front de mer. Figurez-vous que les goélands se moquent éperdument des horaires de sommeil des humains – qui l'eût crû ? Nous nous en sommes aperçus quand nous avons été réveillés à 2h du matin malgré les boules Quiès. Les stations balnéaires à l'ancienne, c'est joli, mais il ne faut pas compter y dormir en paix !

Comme nous n'avons pas eu notre content de paysages pour la semaine (je crois que je l'ai déjà dit, mais où qu'on se trouve dans le pays, il est impossible de se lasser de la vue), nous commençons cette journée un peu tristoune niveau météo par le Grand Orme Country Park de Llandudno. Question altitude, ce n'est pas le Mont Snowdon, mais les rues qui y montent sont encore plus raides que les routes d'hier et on se demande parfois si la voiture ne va pas repartir en arrière à l'improviste. Arrivés au sommet, nous avons une fois de plus droit à un panorama époustouflant à base de mer d'Irlande, de falaises, de moutons et de bruyères. De petits malins se sont amusés à faire passer des messages en cailloux dans le champ d'en face, mais nous sommes trop loin pour tout lire.


Prochain arrêt, toujours sur la côte et à seulement quelques kilomètres de Llandudno, Conwy et son château tout joli. Nous avons vu pas mal de châteaux dans tous les états de conservation ces derniers jours, mais celui-ci est peut-être mon préféré. Benjamin vous dira que c'est forcément à cause du petit port de plaisance juste au pied des remparts, mais ça pourrait aussi bien être dû au fait qu'il est plus petit que d'autres (donc moins "inquiétant", sans doute) et dans un très bon état de conservation. Comme tous les précédents, il a été construit par Edouard Ier pour maintenir les très remuants Gallois au pas, et il faut croire que les habitants du coin étaient vraiment très agités, car il y a plus d'un kilomètre de remparts en prime autour de la ville. Nous commençons à accuser la fatigue de 10 jours de voyage assez sportifs, donc nous nous contentons de grimper au sommet de deux des tours pour apprécier la vue sur la mer. En parlant de mer, les goélands nous ont poursuivis depuis Llandudno : ils sont absolument partout, vous le rappellent haut et fort et posent carrément pour les photos (il faudrait plus qu'une tripotée d'humains pour les inquiéter). On n'a jamais vu ça !


Nous faisons ensuite un crochet par le port pour apercevoir la "plus petite maison de Grande-Bretagne" (on aurait bien visité, mais vu qu'on ne peut pas entrer à plus de deux, il y a forcément la queue), puis nous rejoignons une maison autrement plus vaste. Plas Mawr, c'est la demeure élisabéthaine restée dans son jus d'un riche gallois, Robert Wynne, dont on a surtout retenu qu'il avait eu 7 enfants en 6 ans... alors qu'il avait plus de 70 ans. Bonjour la santé ! Le bonhomme est mort en 1598, "sans doute épuisé par les rigueurs de la paternité", dixit la plaquette d'information. Nos mamans (et à peu près toutes celles qui liront ces lignes) essaient encore de digérer le commentaire...


Une vraie maison avec un toit au-dessus de la tête et des meubles dedans, ça nous change un peu de tous ces châteaux médiévaux pleins de courants d'air (de même que la plaquette en français). Les très nombreux plâtres décoratifs sont en excellent état de conservation (enfin, le travail de restauration a été très bien fait), mais on aurait préféré que quelqu'un mette son veto quand la question de la peinture a été soumise au vote. C'est un peu le même problème qu'avec les statues et monuments gréco-romains : on a bien conscience que tout était peint en couleurs vives à l'époque, mais le voir en vrai, ça fait un peu saigner les yeux. Le blanc historiquement inexact, c'est beaucoup mieux !


Après le traditionnel passage au supermarché pour acheter de quoi déjeuner, nous nous rendons à la dernière étape du jour, Bodnant Garden. Il y a des tables de pique-nique pour manger, ce qui est parfait ; il commence aussi à y avoir de la pluie, ce qui l'est beaucoup moins... Il y a des thèmes dont on se serait bien passés pendant ce voyage et "jardins sous la pluie" en fait partie !

Je suis à peu près sûre que les Britons ont une série de cartes postales appelée "jardins les plus romantiques du pays", et tout aussi sûre que Bodnant représente la moitié de la collection à lui tout seul. En tous cas, c'est exactement l'idée que l'on se fait d'un jardin de contes de fées (ou du fameux Jardin Secret dans le roman de Frances Hodgson Burnett), avec roseraie, cascade, fontaines, pièces d'eau, pelouses taillées au millimètre et maison pas franchement vilaine posée au milieu. Si les proprios acceptent de nous louer un placard pour l'été, on y passerait bien nos vacances ! Histoire de faire encore plus chou, le site a organisé un "festival des abeilles" ce week-end, et nous avons tout juste le temps de profiter du miel local avant que les stands ne soient remballés pour la journée. Seul regret, que la pluie ne cesse de s'intensifier au fil de la visite. La même chose en mode ensoleillé aurait sans doute été enchanteur, au lieu de "simplement" superbe.


Nous sommes un peu moins trempés qu'au jour 2 (merci les parapluies disponibles "au cas où" dans le jardin), mais le temps reste vraiment trop humide pour faire le grand tour. Nous prenons donc la route de Llangollen, notre dernière ville-étape avant le retour à la maison, et du plus joli B&B à la surface du globe, la ferme de Tyn Celyn. Nous pensions qu'il était difficile de faire mieux que la vue depuis notre B&B de Dolgellau, et nous avions tort ! Tyn Celyn est une ferme perdue au milieu des collines, et le paysage est tout simplement sidérant  sans parler de la déco tellement cosy et de la gentillesse des hôtes. Et pour une fois, nous tombons sur un restaurant où nous ne mettons pas une heure à être servis. Plutôt positif, pour la dernière soirée !

THE view (photo dans le prochain album)

vendredi 26 juillet 2019

Pays de Galles, jour 9 - Snowdonia, suite

La première fois que j'ai entendu parler de Snowdonia, j'ai tiqué. Aujourd'hui encore, je me dis que ce nom pourrait être celui du royaume de l'héroïne dans un mauvais roman Harlequin fantasy, ou celui qu'une petite fille de 8 ans donnerait à son poney-licorne imaginaire. Plus prosaïquement, il vient en fait du Mont Snowdon, le point culminant du Pays de Galles (1 085 m d'altitude). Et comme c'est THE attraction à faire dans le coin, il aurait été dommage de se priver !

Il existe une demi-douzaine de sentiers de randonnée pour atteindre le sommet du Mont Snowdon. Le plus facile prend six bonnes heures. Devinez quoi ? Ce n'est PAS l'option que nous avons choisie. En fait, nous n'avons même pas envisagé la possibilité d'y aller à pied et avons préféré réserver des places dans le petit train à crémaillère qui fera très bien le travail à notre place, et en beaucoup moins de temps (une heure pour la grimpette et autant pour la descente, quand même). Nous nous sommes donc levés un peu plus tôt que d'habitude et avons attaqué un bon morceau de montagne en voiture pour rejoindre la gare de Llanberis sur le coup de 9h30, pour un départ prévu à 10h. Manque de chance, après le temps magnifique d'hier, le ciel s'est à nouveau couvert, et le site est en alerte vent violent ; il est donc possible que le train doive s'arrêter avant le sommet et que les photos se fassent depuis les compartiments... Mais il faut bien le tenter malgré tout, et une vue depuis Rocky Valley sera toujours mieux que rien !


Le train s'ébranle à l'heure dite et s'achemine de son pas de sénateur le long de la montagne, à travers des paysages de fin du monde, où seuls les moutons sont à leur aise. Tellement, d'ailleurs, qu'ils n'hésitent pas à se poser au milieu des rails et que le klaxon du train ne les déloge qu'à contrecœur. Voitures et trains gallois, même combat : il n'y a qu'une seule série de rails et les trains ne peuvent se croiser qu'aux stations désignées, ce qui oblige parfois à attendre cinq bonnes minutes au milieu de nulle part. Et c'est tant mieux, parce que les passagers n'ont pas le droit de se lever pour prendre des photos à travers les fenêtres quand le train est en mouvement, que la vue est d'une beauté indescriptible et que ce serait un crime de ne pas l'immortaliser. Le paysage est rude, désolé et absolument magnifique. Mère Nature au sommet de son art.


Nous dépassons finalement la station de Rocky Valley, ce qui signifie que nous accéderons finalement au sommet, mais un autre problème se pose bientôt : l'énorme nuage qui masque le Mont Snowdon depuis notre arrivée à Llanberis ne s'est pas levé, et nous finissons l'ascension sans plus rien voir du paysage. Parvenus au terminus du train, il faut se rendre à l'évidence : c'est une vraie purée de poids et nous ne verrons absolument rien du panorama. Malgré le froid et la pluie (bizarrement, avoir la tête dans un nuage, ça mouille), nous gravissons tout de même les dernières marches vers le sommet, histoire de dire que nous l'avons fait. Après une demi-heure d'arrêt pour faire la seule et unique photo souvenir et acheter des cartes postales, il est déjà l'heure de redescendre – c'est donc reparti pour une heure du même paysage qu'à l'aller, mais on aurait du mal à se lasser d'une vue pareille...


Maintenant que nous en avons plein les mirettes (et que nous avons dépensé beaucoup trop de sous à la boutique), direction Caernarfon, le genre de ville où tout le monde a le gallois pour première langue et où on vous dit "diolch" avant de vous dire "thank you". Après avoir fait le plein de la voiture (la conduite en montagne, c'est la mort du réservoir) et acheté de quoi faire également le plein des estomacs, nous rejoignons la vieille ville pour un pique-nique improvisé, puis le château lui-même pour la visite. Construit par Edouard Ier, le roi anglais qui a réussi à soumettre la totalité du Pays de Galles avant de tenter le même coup en Ecosse et de se rater, ce château de Caernarfon a carrément de la gueule, avec ses tourelles octogonales remises en état au siècle dernier. C'est d'ailleurs aussi l'avis des Windsor, qui ont choisi le site pour l'investiture de Charles en tant que Prince de Galles en 1969. En guise de souvenir, il y a un grand cercle d'ardoise au milieu de la cour et le siège utilisé par la reine ce jour-là dans une vitrine. Au moins, on pourra dire "j'y étais !!" pendant la saison 3 de The Crown !


Comme à Harlech, le château est situé en bord de mer, et surplombe en prime un adorable petit port de plaisance. Pour simplifier l'histoire du coin, la petite guerre que se livrèrent Edouard Ier et les princes gallois est représentée sous forme de jeu d'échecs dans une des tours, et une très jolie œuvres d'art sur la vie d'Eléonore de Castille, épouse de l'Edouard sus-mentionné, occupe une des tours. Les autres œuvres modernes réparties dans le château, on a un peu moins envie d'en parler...

Le programme initialement prévu pour aujourd'hui étant tout bonnement irréalisable (il m'arrive d'avoir les yeux plus gros que le ventre), nous avons rayé de notre liste le château de Beaumaris, mais nous faisons malgré tout un saut de puce sur l'île d'Anglesey, et plus précisément à Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (trop facile, même M. Météo y arrive !), parce que... ben parce que, quoi. Quand on passe pas trop loin de ce bled, dont le nom est le plus long d'Europe, on s'arrête à la gare, on fait des photos du panneau et puis c'est tout ! Il n'y a rien d'autre à y faire, on est vraiment juste là pour le cliché touristique !


Retour sur le continent (enfin presque, le Royaume-Uni reste une île, elle est seulement plus grosse qu'Anglesey...) pour notre dernière étape du jour, la cascade d'Aber. Notre Routard nous annonçait une marche d'un petit kilomètre, mais c'est en fait une belle randonnée de 1h30 et 4,5 km qui nous attend, alors qu'il est déjà 17h et que notre hôtel ne se trouve pas tout près. Nous envisageons un moment de renoncer, mais Benjamin aime trop les chutes d'eau pour baisser les bras. Nous finissons par nous mettre au défi de faire le trajet en une heure et laissons derrière nous les mamans, pas très motivées par la marche forcée après une journée déjà bien remplie. Elles ont eu du nez, car si la randonnée est annoncée "facile", le chemin n'est pas vraiment plat (il n'y a RIEN de plat dans ce pays, de toute façon !). Cela dit, le but de la marche, la cascade de 50 mètres de haut, valait la peine de mettre les mollets à la torture. On a beau en avoir vu de plus impressionnantes en Islande, c'est toujours un sacré spectacle.


Aller + pause photos + retour = une heure tout rond ! Nous sommes sur les rotules, mais notre pauvre conducteur ne peut pas prendre de repos car il reste de la route jusqu'à notre étape du jour. Ce soir, nous logeons à Llandudno, une station balnéaire victorienne où on verrait bien Hercule Poirot passer ses vacances, avec une interminable série d'hôtels colorés fin 19è sur le front de mer et une jetée occupée par une fête foraine. On n'y passerait pas trois semaines, mais le temps d'une soirée, la machine à remonter le temps tourne à plein régime !


jeudi 25 juillet 2019

Pays de Galles, jour 8 - Snowdonia

Alors que la France agonise par plus de 40° à peu près partout, le Pays de Galles connaît aussi sa petite canicule : la météo prévoit environ 30° pour aujourd'hui, ce qui doit faire rêver les Parisiens mais reste exceptionnel pour le Pays de Galles, où les températures de saison atteignent au mieux 25°. Ce n'est pas comme si nous avions prévu le coup en planifiant les vacances, mais nous sommes plutôt contents de ne pas être à la maison, là tout de suite !

Après avoir traversé des petits villages côtiers aux rues toutes plus étroites les unes que les autres (avec un GPS qui a décidé de faire des siennes), nous attaquons notre premier jour au cœur de Snowdonia par un énième château, celui de Harlech. Comme souvent depuis le début du séjour, il ne s'agit plus que de ruines, mais ce château-là, en plus d'être classé à l'Unesco, a la particularité de se situer au bord de la mer. Bon, à l'époque de sa construction (1289), la mer arrivait carrément au pied des remparts, mais Mère Nature a fait son œuvre et il y a maintenant la place pour un golf et un village de bungalows entre les vieilles pierres et la plage. Il n'empêche que la vue est extrêmement jolie, et que la balade le long du chemin de ronde offre autant de possibilité de photos paysagères qu'architecturales.


Nous quittons Harlech par la rue la plus pentue du monde (25 %, quand même ; on ne pouvait pas ne pas immortaliser ça), direction le village de Portmeirion, alias ce qui arrive quand on laisse le champ libre aux architectes un peu fadas qui ont trop de sous. Portmeirion, c'est le bébé de Clough William-Ellis, qui en avait manifestement assez du mauvais temps gallois et rêvait de Méditerranée. On peut difficilement importer le soleil chez soi, mais on peut importer l'architecture, et c'est exactement ce que Clough a fait. Le résultat, c'est cette espèce de délire architectural complètement artificiel, où tout est too much, où les couleurs piquent les yeux et où on trouve des associations qu'on ne trouvait jamais trouver nulle part (le Bouddha à côté du temple à colonnades romano-classiques, c'est douloureux). C'est tellement improbable et moche que ça en devient mignon !


Portmeirion n'a pas été conçu pour être vraiment habité, et tous les bâtiments abritent aujourd'hui des hôtels, des boutiques ou des restaurants (nous nous arrêtons d'ailleurs dans l'un d'eux pour le déjeuner). Pour les amateurs de séries télé des années 60, c'est ici qu'ont été tournés tous les extérieurs de la série Le Prisonnier, dont la maison à l'écran a forcément été transformée en magasin de souvenirs ultra-spécialisé. N'étant pas particulièrement fans (deux d'entre nous sont même franchement trop jeunes pour avoir vu la série), le côté « pélerinage » ne nous parle pas vraiment, et nous nous contentons de la balade au milieu de ce délire à tendance italianisante. Il faut rendre à César ce qui lui appartient : Clough a particulièrement bien choisi son coin pour construire le village de ses rêves. Entre vert, jaune et bleu, l'estuaire à marée basse est tout bonnement magnifique, et nous bouclons la boucle avec une marche sur le front de mer et dans la forêt, qui abrite entre autres un séquoia géant et un jardin chinois. Et histoire de vivre l'expérience comme Clough devait la rêver, nous en profitons sous un soleil radieux, digne d'un été italien. Surréaliste !


Troisième et dernière étape du jour, Blaenau Ffestiniog (ça se prononce à peu près comme ça s'écrit, pour une fois!) et sa carrière d'ardoise. Pour le coup, voilà exactement la visite à faire en période de canicule : le responsable du parking nous voyant sortir de voiture en T-shirts et shorts nous signale gentiment qu'il fait à peine 7°, là-dessous, et que les petites laines ne seront pas de trop pour survivre à la visite souterraine. Car si la carrière propose de très nombreuses activités type tyrolienne, c'est un autre type de visite à sensation qui nous intéresse : la mine d'ardoise elle-même, à 160 mètres de profondeur. Un peu comme la mine de charbon, mais en plus froid, plus sombre (il n'y a pas de loupiote sur nos casques de chantier, cette fois) et plus profond !


En dehors du fait qu'elle se passe sous terre, la visite de la carrière de Llechwedd n'a pas grand-chose à voir avec celle de The Big Pit. Ici, en plus du funiculaire à faire fuir les claustrophobes pour descendre au fond de la mine, on a droit à un véritable spectacle souterrain, avec projections sur les murs, manipulation des outils et son et lumière en guise de bouquet final. La visite permet en outre de prendre conscience que, face aux mineurs d'ardoise, les mineurs de charbon avaient la belle vie et un job de rêve : eux, au moins, ne travaillaient pas enchaînés aux murs pour éviter de glisser le long de la pente (au fil du temps, une veine d'ardoise monte et finit par être exploitée à plusieurs mètres du sol), ne voyaient pas leurs poumons se changer en blocs de ciment par la faute de la poussière de silice (ils chopaient juste un cancer des poumons à la place...), n'avaient pas à payer leurs propres outils et ne travaillaient pas au quotidien avec des explosifs qui pouvaient leur exploser à la figure en cas de mauvaise manip'. On ne pensait pas pouvoir dépasser l'horreur des conditions de travail de la mine de charbon, et pourtant... On ne regardera plus jamais les ardoises de la même façon !


La journée se termine tôt, pour une fois, et nous regagnons donc notre hôtel à Blaenau en fin d'après-midi. Une pause un peu plus longue que d'habitude ne nous fera pas de mal, surtout après tout ce soleil !

Soooous le soleeeeeeil... (air nul mais connu)

mercredi 24 juillet 2019

Pays de Galles, jour 7 - Sur la route de Snowdonia

Même avec les meilleures intentions du monde, nous ne savons vraiment pas faire dans le "pas trop fatigant" quand nous partons en voyage... Ce qui aurait dû être une journée tranquille à base de trajet en voiture et de paysages est en fait devenu l'une des journées les plus intenses et les plus exténuantes du séjour ! Pour le conducteur qui a assuré plus de 5 heures de route, on pourrait comprendre, mais les trois passagères n'ont pas vraiment d'excuse – et pourtant...

Entre le gros morceau qu'est le Pembrokshire et l'encore plus gros morceau qu'est le parc national de Snowdonia, il n'y a pas grand-chose à faire ou à voir (cette région du Pays de Galles est très peu peuplée et principalement dévolue aux moutons), mais il faut bien faire la route malgré tout, alors autant l'émailler de quelques visites. Après avoir fait le plein de manger au supermarché (nous allons nous perdre en pleine nature, les provisions sont indispensables), nous commençons par la réserve naturelle de Cors Caron, une tourbière rendue à son état originel depuis que l'humanité a inventé des moyens beaucoup plus efficaces et surtout beaucoup moins naturels que la tourbe pour se chauffer. Plusieurs balades sont proposées, et nous optons pour la plus courte. La promenade censée durer une heure sur des pontons en bois au milieu de la tourbière nous prend un peu plus de temps que prévu, le paysage étant superbe (catégorie "calme absolu et pas une âme à l'horizon") et les libellules trop nombreuses pour ne pas réclamer des arrêts photos tous les cinq pas. Le grand tour de trois heures autour du lac aurait pu nous permettre de voir des loutres, mais il faut savoir raison garder...


Prochain arrêt sur la route de Snowdonia : Devil's Bridge. L'idéal aurait été d'arriver sur place en petit train à vapeur depuis la "grande ville" la plus proche, Aberystwyth, mais encore une fois, les journées ne font pas 48 heures, et nous devons nous contenter de la voiture pour accéder au site plus rapidement. Après avoir avalé nos provisions sur le parking (on a connu d'authentiques spots de pique-nique moins agréables niveau paysage), notre groupe se sépare en deux pour découvrir la fameuse cascade et les trois ponts superposés qui donnent leur nom au lieu : les mamans choisissent la version courte, avec un nombre réduit de marches, tandis que Benjamin et moi préférons la version longue, 45 minutes de crapahutage et... 675 marches au compteur. Pourquoi s'inflige-t-on des épreuves pareilles en vacances, je vous le demande !


Dans ce cas précis, la réponse pourrait être : "Parce que c'est beau". Tellement qu'on en oublierait presque le nombre de marches et la chaleur qui nous fait perdre quelques litres d'eau au fil de la balade. Les trois ponts superposés qui ont donné leur nom au site (un pont en fer récent au-dessus de deux ponts en pierre beaucoup plus anciens) sont certes rigolos, mais nous n'avons l'occasion de les voir qu'au tout début du parcours. La cascade et la gorge, elles, sont là tout du long, et en profite à plein des œuvres spectaculaire de Mère Nature pendant 45 minutes. La première partie de la randonnée nous fait plonger au cœur de la gorge, avec notamment une véritable échelle de Jacob (c'est carrément comme ça que l'escalier s'appelle) à la centaine de marches tellement raides qu'on se félicite d'avoir laissé nos mamans de l'autre côté. C'est l'occasion d'apprécier la cascade dans toute sa splendeur et de remplir la carte mémoire, puis vient l'inévitable remontée, avec cette fois des marches taillées à même la roche, si hautes qu'il faut s'aider des rambardes pour les gravir. C'est physique, mais tellement beau qu'on ne regretterait l'exercice pour rien au monde.


Notre troisième étape nous emmène à Elan Valley, alias la vallée des réservoirs, ainsi nommée en raison des lacs de barrage qui pullulent au milieu des collines. Là encore, la vue est à couper le souffle, et nous nous arrêtons sur tous les parkings aménagés au bord de la route pour faire chauffer l'objectif et immortaliser ces paysages d'une beauté sidérante. Pour celles qui ont passé plus de vacances au bord de la mer qu'à la montagne, les barrages sont de grandes nouveautés, et ces véritables monstres d'architecture sont franchement impressionnants. Ce ne serait pas le Pays de Galles si les moutons n'avaient pas envahi la route et les parkings, et avec le petit nombre de touristes en prime, les paysages sont franchement surréalistes.


Contrairement à Devil's Bridge, l'activité physique n'est pas excessive pour celles qui ne conduisent pas, mais le simple fait de se promener autour des lacs sous la chaleur et d'enchaîner les entrées/sorties de voiture achève de rincer les trois photographes. Benjamin, quant à lui, accuse un certain nombre d'heures de conduite depuis ce matin (sans parler du reste de la semaine), et est forcément le plus épuisé d'entre nous. L'après-midi est déjà plus qu'avancé, et comme il nous reste encore plus d'une heure de route jusqu'à notre hôtel, nous décidons d'ignorer la dernière étape du programme (la petite ville balnéaire de Borth) pour rentrer directement.


Ce soir, nous logeons à Dolgellau, une petite ville jumelée avec Guérande. Malgré l'anonymat relatif du coin (c'est très joli mais il n'y a pas grand-chose à faire sur place), nous arrivons à tomber sur le seul restaurant de la ville dont les serveurs sont Français. Comble de la coïncidence, l'un d'entre eux est même né à... Rambouillet. On savait le monde petit, mais pas à ce point !!!

mardi 23 juillet 2019

Pays de Galles, jour 6 - Le Pembrokshire, suite et fin

Comme promis, nous attaquons notre deuxième jour d'exploration du Pembrokeshire avec le château littéralement situé au bout de la rue dans laquelle se trouve notre hôtel. Bon plan, ça, qui nous évite d'avoir à gravir une deuxième fois la colline bien escarpée qui sépare le parking du château lui-même...

On a tendance à l'oublier, mais la dynastie des Tudor, qui compte quand même dans ses rangs deux souverains d'Angleterre parmi les plus célèbres (Henri VIII et Elizabeth Ière), est à l'origine galloise (pour faire les choses proprement, il fut un temps où ça s'épelait Tewdwr). C'est précisément au château de Pembroke qu'est né le futur Henri VII, premier Tudor à porter la couronne, et une jolie plaque agrémentée d'une petite scénographie célèbre l'événement dans ce qu'on pense être sa pièce natale. La pièce en question n'est d'ailleurs pas la seule à comporter des mannequins en costumes d'époque, puisqu'on a également droit à une reconstitution d'un banquet médiéval et à plusieurs scènes de la guerre civile britannique.


Les quelques salles qui retracent l'histoire du château, des Normands jusqu'à la dernière invasion (française...) en date, sont très intéressantes et on aimerait pouvoir lire tous les panneaux, mais nous préférons nous concentrer sur les kilomètres de chemins de ronde à parcourir et sur les tours à grimper. Quand on aime bien jouer aux cabris, difficile de résister au plus haut donjon du Pays de Galles ! Non seulement la vue sur la ville depuis le sommet est très jolie, mais la grimpette permet également d'apprécier la grande carte interactive qui s'étale dans la cour et qu'on a un peu de mal à appréhender d'en bas. Une vraie carte de Risk grandeur nature !


Après le côté brut de décoffrage du château médiéval, place à plus de légèreté et de délicatesse avec le château et les jardins de Picton, que nous rejoignons sur le coup de midi. Bon, OK, de l'extérieur, le château n'est qu'un gros cube à peu près aussi massif que Pembroke ou Caerphilly, mais il paraît que l'intérieur est georgien et beaucoup plus subtil que l'architecture ne le laisserait penser. Il paraît seulement, parce que la prochaine visite guidée n'a lieu qu'à 14h, et que cela risque de faire un peu tard pour assurer le reste de notre programme. Nous nous contentons donc des jardins, mais avec 16 hectares de terrain, il y a largement de quoi faire pour s'occuper !

Le jardin clos

Une grande partie ressemble furieusement à ce que nous autres Français appelons un parc, mais il faut s'imaginer toutes les espèces rassemblées là fleurissant à différentes périodes de l'année pour comprendre l'appellation de "jardin". Les moins versés dans les fleurs d'entre nous apprécient davantage l'adorable jardin clos taillé au cordeau, avec sa fontaine et ses petits bancs so British où on se verrait bien déguster une tasse de thé. Mention spéciale également à la "jungle", que l'on traverse sur de petites passerelles en bois pour faire plus vrai. La température aide à s'y croire : pour une fois, le soleil tape dur, et il suffirait d'ajouter un peu d'humidité pour faire parfaitement authentique !

Le château de Picton

L'avantage de dîner au resto indien, c'est qu'il vous restera toujours de quoi déjeuner le lendemain. Nous profitons des tables de pique-nique du site pour finir les biryani que nous n'avons pas réussi à terminer hier soir, faisons un crochet par le marchand de glaces, puis remontons en voiture pour rejoindre Saint David's, la plus petite commune du Pays de Galles. Avec un tel qualificatif, on ne s'attend pas à ce que la ville héberge une cathédrale, mais c'est pourtant le cas. Et pas n'importe quelle cathédrale, puis que Saint David's fut autrefois un haut lieu de pèlerinage. Selon le pape Callixte II (début du 12è siècle, pour les curieux), deux visites à Saint David's en valait une à Rome, et trois comptaient comme un pèlerinage à Jérusalem. Suivant cette estimation au doigt mouillé, nous en sommes donc à un Rome et demi – pas mal, surtout en moins de trois mois !


La cathédrale de Saint David's n'est peut-être pas aussi grande que la basilique Saint-Pierre, mais niveau orgues, elle l'emporte haut la main. Le plafond à caissons en bois est une petite merveille à lui tout seul, et les stalles sculptées sont de toute beauté. Malgré la réputation du lieu, nous devons avouer n'en avoir jamais entendu parler avant d'organiser ce voyage, et c'est bien dommage, car cette cathédrale à taille humaine réussit l'exploit d'être à la fois sobre, magnifique et chaleureuse. Même les représentations très modernes des saints et l'exposition de tableaux d'artistes locaux à vendre collent à merveille au lieu et apportent un petit quelque chose en plus à la visite. C'est une découverte magnifique, et à choisir, nous préférerions opter pour deux pèlerinages ici plutôt que pour un seul à Rome !

Orgues !!!

Juste en face de la cathédrale se trouvent les ruines du palais des évêques, dont la construction remonte au 14è siècle. Heureusement que la visite est courte, car tout le monde commencer à accuser la fatigue d'une grosse journée de balades en plein soleil. Nous laissons donc Marie-Alice profiter de la vue sur un banc et partons en exploration au milieu des ruines – et aussi un peu en dessous, car les quartiers des serviteurs, au rez-de-chaussée, sont presque aussi étendus que l'étage noble. Vu l'état du palais à l'heure actuelle, il s'agit surtout de faire des photos (et d'écouter les commentaires audio en gallois dans le texte, parce que cette langue est franchement sexy) et le tour est vite fait. Et c'est tant mieux, car l'après-midi avance et que la journée n'est pas finie !


Sur la route de Cardigan, notre étape pour la soirée, nous faisons une escale-expresse à Fishguard pour la photo du port, puis une plus conséquente à Cwn-yr-Eglwys (vous ne savez pas comment ça se prononce ? Nous non plus, en fait !), un minuscule village dont la principale attraction est... la plage. Bon, nous n'aurions pas fait un détour au bout du monde par une route à une voie si la plage n'avait pas pour particularité d'être dominée par une église dont il ne reste plus que le clocher (et un très vieux cimetière). La vue est tout simplement superbe, et les deux Bretonnes de service ne résistent pas à l'envie d'aller tremper les pieds dans la mer d'Irlande. Après une bonne journée de marche au soleil, se poser un moment pour profiter de la mer et de ce cadre tellement photogénique est une très jolie parenthèse.


Puisque Benjamin et moi fêtons aujourd'hui notre anniversaire (c'est pas qu'on compte, mais 12 ans, quand même !), nous nous autorisons un petit restaurant sympa pour le dîner. Ce sera The Ferry Inn, un adorable pub/resto à Saint Dogmael's (on le connaissait pas, celui-là, mais il a "Mael" dans son nom, alors il est forcément bien), dont la très jolie vue sur la mer s'accorde à merveille avec le thème du jour. Pas mal, comme cadre, pour célébrer 12 ans ensemble et presque autant à voyager !

Une journée bien remplie !

lundi 22 juillet 2019

Pays de Galles, jour 5 - Le Pembrokeshire

L'été au Pays de Galles, c'est un peu la loterie totale question météo... Ce matin, le tirage au sort a désigné le mode "pluie", juste histoire de nous contrarier pendant notre visite des National Botanic Gardens. Bon, d'accord, il s'agit seulement d'un petit crachin intermittent et non de la grosse averse continue de vendredi, et nous pouvons quand même largement en profiter.

C'est donc en mettant/retirant la capuche du ciré toute les trois minutes que nous découvrons le "jardin du millénaire", ainsi surnommé car il a été inauguré en l'an 2000. Encore une fois, c'est un peu le mélange des époques, puisque le jardin, avec sa philosophie de développement durable et sa serre ultra-moderne, se situe à l'emplacement d'une ancienne demeure privée du 18è siècle, connue précisément pour son parc et ses lacs artificielles. A l'heure actuelle, trois des lacs d'origine sur sept ont été recréés, et il est prévu de tous leur rendre leur apparence d'origine. Faire du neuf avec du vieux, c'est un peu le mot d'ordre de la maison !


Les jardiniers/paysagistes ont bien fait les choses et divisé leur grand jardin botanique en plusieurs petits jardins thématiques, qui vont du jardin japonais à celui des simples, en passant par la serre dont les panneaux solaires adaptatifs permettent de recréer plusieurs climats différents (Australie, Californie, Méditerranée, Chili...), le rucher, le coin des papillons ou le jardin dédié à Alfred Russel Wallace (alias le gars qui a eu exactement la même idée géniale que Darwin, exactement au même moment, mais que tout le monde a oublié parce que ce n'est pas lui qui a écrit L'Origine des espèces). Mention spéciale à l'apothicairerie impeccablement reconstituée et à son squelette baptisé Elvis... Visiter un jardin botanique quand on n'a aucune connaissance en la matière, c'est simplement joli ; avec une Marie-Alice plus qu'experte, c'est une autre expérience, et ça permet de voir les plantes différemment !


Le jardin du millénaire derrière nous, nous prenons la route du Pembrokeshire, alias le Finistère du Pays de Galles, et plus précisément de la ville de Laugharne (ça se prononce Larne, parce que le français n'est pas la seule langue à accumuler les lettres qui ne servent à rien). C'est là que Dylan Thomas, le plus grand poète et écrivain gallois du 20è siècle, avait établi son quartier général, dans une maison au bord de la mer dont le garage avait été reconverti en bureau. Avec une vue pareille, forcément, on ne peut qu'être inspiré ! Nous arrivons à marée (très) basse, alors que la brume masque pratiquement l'horizon et que les rares bateaux en vue sont échoués sur des bancs de sable. Sauvage et romantique à souhait, du pain béni pour un auteur ! Pour les touristes bretonnes, il y a les mêmes odeurs, les mêmes goélands et les mêmes algues qu'à la maison, alors on ne peut qu'être conquises.


Un peu plus loin sur la côte, nous faisons une étape à Tenby, une petite ville fortifiée reconvertie en station balnéaire aux façades colorées 100 % British. Ça, pour le coup, ça rappelle beaucoup moins la Bretagne ! Le petit port est absolument adorable et la grande plage, idéale pour une balade le nez au vent. Le temps a beau être bloqué sur le réglage "brumeux et frisquet" (au moins, le crachin s'est arrêté), le centre-ville piétonisé et la plage sont pris d'assaut par les touristes, au point qu'on finit par se dire que le Gallois doit avoir l'habitude des étés mitigés (ils sont pas beaux, mes euphémismes ?). Certains tournent à la glace, mais pour nous, au déjeuner, ce sera soupe...


La suite du programme aurait dû consister à visiter le château de Carew et/ou le château de Pembroke. Pour des raisons d'horaires de fermeture, nous préférons opter pour Pembroke et remettre Carew à demain. Trois fois hélas, en arrivant sur place, on nous informe qu'une visite décente du château prend deux bonnes heures, et à une heure de la fermeture, nous risquerions de ne rien voir. Puisque nous logeons en ville ce soir, nous repoussons donc Pembroke à demain, même si cela signifie que Carew devra passer à la trappe.

Tenby vue depuis le port

Ce soir, nous faisons étape dans un hôtel/pub à l'ancienne dont la déco n'a pas bougé depuis les années 70 et où le registre des clients se remplit toujours à la main. Pour un peu, on douterait d'avoir bien réservé par Internet...

Peu de bleu et beaucoup de gris... mais il y a la mer, alors ça va !

dimanche 21 juillet 2019

Pays de Galles, jour 4 - Le Brecon Beacons et la péninsule de Gower

Aussi appelé "le jour qui ne s'est pas tout à fait passé comme prévu" ! Pour évacuer la question désormais délicate de la météo, il a fait un temps magnifique toute la journée, donc aucun problème à signaler de ce côté. Les soucis sont venus à part égale de nous et du Brecon Beacons. Pour le point culture, le Brecon Beacons, c'est un parc national haut perché de 1 300 km², présent sur à peu près la moitié des cartes postales du Pays de Galles (l'autre moitié étant couverte par Snowdonia). Vous voyez les images d'Epinal de paysages de bruyères pelés, alternant entre le vert et le noir, avec des moutons, des chevaux et des vaches qui se baladent en liberté ? Ben c'est là. Et c'est à peu près aussi beau en vrai que sur lesdites cartes postales.


Le programme du jour est apparemment assez simple et consiste à faire une rando pas trop longue et pas trop compliquée dans le parc. Le site Internet du parc est assez limité et nous espérons trouver des informations et des conseils plus détaillés au Visitor Centre. Parce que les vendeurs de sandwiches et les distributeurs automatiques ne risquent pas de courir les rues en plein Brecon Beacons, nous faisons d'abord une étape à l'hypermarché du coin pour acheter notre déjeuner. C'est là que les bonnes blagues de la journée commence : avant de me laisser payer une canette de cidre, la caissière me demande ma carte d'identité au prétexte que je "fais un peu jeune". Je ne sais pas si je dois me sentir super flattée ou super vexée... Vu sa tête en découvrant ma date de naissance, j'en déduis que le combo T-shirt Big Bang Theory + pull Amon Amarth + sac à dos + absence totale de maquillage me rajeunit méchamment ! (Le jour du départ, on m'a demandé à l'aéroport si j'étais majeure. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous ?!)


Après cette petite plaisanterie, il est temps de rejoindre le Visitor Centre et de décider dans quelle randonnée nous embarquer. Manque de chance, le Brecon Beacons n'a manifestement pas publié de carte exhaustive des sentiers du parc, et il faudrait acheter tous les guides individuels de la boutique et faire des comparatifs pour choisir en toute connaissance de cause, ce que nous n'avons pas vraiment le temps de faire. Après quelques conseils dispensés par une guide sur place, nous optons finalement pour une marche d'une heure et demi dans la région des cascades, ce qui devrait réussir à contenter le Benjamin. Mais pour ça, il faut atteindre ladite région des cascades, à l'autre bout du parc, soit à environ 40 minutes de route. C'est donc reparti pour un tour en voiture... dans ce qui, il faut bien le reconnaître, est un paysage absolument magnifique. Notre chauffeur n'apprécie pas vraiment la proximité des moutons (l'herbe doit être infiniment meilleure à côté de la route, vu que c'est là qu'ils passent le plus clair de leur temps), mais les passagères en prennent plein les mirettes. Ce n'est pas tout les jours qu'on voit partage la route avec des moutons et des poneys...


Le temps d'atteindre le point de départ de la randonnée, il est déjà midi. Si la beauté du lieu est assurée, en revanche, pour la tranquillité, on repassera : c'est dimanche, il fait un temps superbe et toute la région est de sortie dans le parc pour en profiter. Nous ne sommes donc pas tout seuls sur notre sentier de randonnée, mais le paysage est suffisamment joli pour faire abstraction. Sur l'aller, pas grand-chose à signaler : il y a une rivière, de gros rochers, les cascades annoncées et plein de verdures, et la balade est assez belle pour mériter de faire des arrêts photos tous les 20 mètres. Certains sont plus acrobatiques que d'autres, mais il faut savoir se sacrifier pour ramener un futur fond d'écran digne de ce nom. Après la première cascade, nous décidons de pousser un peu plus loin pour découvrir les autres chutes d'eau du coin et remplir un peu plus les cartes mémoire. Après une pause déjeuner tout ce qu'il y a de plus bucolique au bord de l'eau, nous commençons à faire nos calculs et réalisons que les 90 minutes de marche annoncées ne prenaient pas en compte le retour (ou les pauses photos), et qu'il va falloir envisager de faire demi-tour si nous voulons assurer le reste de notre programme du jour. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voici sur le chemin du retour.


En tous cas, c'est ce que nous croyons. En bon joueur de RPG qui a horreur de passer deux fois par le même chemin, Benjamin décide de nous faire retourner à la voiture par l'autre rive de la rivière. Tout se passe très bien sur une bonne moitié du trajet, mais arrivés à un croisement, nous décidons d'ignorer les flèches pour épargner à Marie-Alice une montée un peu trop raide et préférons continuer au bord de la rivière. Nous aurions dû commencer à nous poser des questions en franchissant des barbelés renversés... Au bout d'un moment, il devient évident que nous n'avons rien à faire là et qu'il aurait mieux valu suivre la flèche. Mais revenir sur nos pas nous ferait perdre beaucoup, beaucoup de temps, alors nous continuons. Après pas mal d'acrobaties, il faut nous rendre à l'évidence : si nous voulons retrouver le bon chemin, il va falloir traverser la rivière. L'option "sauter de rocher en rocher pour rester au sec" n'étant pas envisageable, nous finissons pieds nus avec de l'eau jusqu'aux mollets au milieu d'une rivière galloise pas exactement chaude. Là, je vous la fais courte, mais nous avons mis une bonne dizaine de minutes à traverser cette fichue rivière. Au final, rien de plus grave à déplorer que des bas de pantalon mouillés et nous en plaisanterons sans doute d'ici l'an prochain, mais sur le coup, personne n'avait vraiment envie de rire !


Le temps de récupérer la voiture, il est beaucoup trop tard pour espérer profiter correctement des National Botanic Gardens (nous avons crapahuté pas moins de 4 heures), et nous décidons donc de remettre la visite à demain. Pour finir la journée, nous optons pour un tour en voiture du côté de la péninsule de Gower, au sud de Swansea. Là aussi, l'idée était bonne, mais la réalisation, beaucoup moins. D'une, c'est toujours dimanche, il fait toujours beau, et tous les habitants de Swansea sont allés passer la journée à la plage, ce qui entraîne pas mal de bouchons sur les grandes routes. De deux, lesdites grandes routes sont finalement assez rares, dans ce pays, et pour espérer trouver de jolis points de vue, il faut revenir aux bonnes vieilles routes à une seule voie sur lesquelles on prie pour ne pas croiser un autre véhicule. Nous manquons y laisser un rétroviseur et Benjamin est même victime de crises de rire hystérique quand nous rencontrons un bus, puis un tracteur. De trois, même quand on survit aux rencontres improbables, les très hautes haies qui bordent systématiquement ces micro-routes nous privent totalement de la moindre vue sur la mer. Après un arrêt dans la station balnéaire de Mumbles et sur la plage d'Oxwich pour quelques photos, nous préférons arrêter les frais et rentrer à Swansea pour la nuit.


Bilan sacrément mitigé pour cette journée ! Reste à espérer que les visites un peu plus "traditionnelles" prévues demain nous aiderons à nous remettre de nos émotions !