dimanche 18 août 2019

Copenhague, jour 4 - Le nord de la Seeland (Hillerød et Helsingør)

Ce matin, départ aux aurores pour le nord de la Seeland, c'est-à-dire la grosse île sur laquelle se trouve Copenhague. Il faut dire qu'entre notre hôtel et notre première étape du jour, il y a environ 1h30 de route de porte à porte, à raison d'environ un quart d'heure de métro, une petite heure de train et une bonne vingtaine de minutes de marche à pied, et nous voulons absolument être à Frederiksborg pour l'ouverture, à 10h.

Copenhague elle-même n'est pas vraiment à plaindre en matière de jolis châteaux, mais les deux plus intéressants sont à voir "hors les murs". On commence donc par Hillerød et son château de Frederiksborg – le Versailles danois, pour la version courte. Pour la version longue, il s'agit d'un château construit par Frédéric II en 1560, largement détruit par un incendie au 19e (c'est une vraie épidémie, dans ce pays !) et admirablement restauré par la suite. Je dirais bien qu'on n'y voit que du feu pendant la visite, mais on pourrait m'accuser de blagues faciles... Malgré son look Renaissance nordique, il est posé sur une île au milieu d'un lac, cerné par de sacrées douves en prime, et on doit franchir deux enceintes avant d'y accéder. Autant dire que les châteaux médiévaux sont jaloux.


L'accès à pied depuis la gare pourrait sembler un poil long, mais le paysage de carte postale, avec hérons et bébés canards inclus, compense largement. Dimanche à 10h du matin oblige, la messe est en cours dans la chapelle du château, ce qui signifie que nous n'y avons pas accès tout de suite et devrons y revenir plus tard. Mais ce n'est pas comme s'il n'y avait pas de quoi s'occuper tant que missa n'est pas : Frederiksborg est le plus grand château de Scandinavie et les salles impressionnantes couvertes de stuc et de tableaux s'enchaînent sur plusieurs étages. Les pièces sont meublées chronologiquement, un roi après l'autre, et les portraits suivent eux aussi l'évolution de la mode, des fraises aux robes à crinoline. L'avantage d'un pays qui n'a pas définitivement jeté sa monarchie aux orties au 19e siècle, c'est la galerie de portraits ultra-modernes située sous les combles, qui présente les politiciens danois les plus récents, la reine Margrethe II et son héritier de fils (on n'a pas retenu quel numéro il prendra, mais ce sera un Frédéric).


Nous ne sommes pas fâchés d'être arrivés à l'ouverture (même si nous avons dû nous priver de cannelle petit-déjeuner pour ça), car c'est la foule des grands jours et il faut parfois jouer des coudes dans les escaliers ou dans certaines pièces. Le summum des embouteillages est atteint dans ce qui est pourtant la plus grande pièce du château, le Grand Hall, avec ses plafonds en haut-relief, ses statues et ses portraits "de famille". Bon, il faut avouer que c'est un peu la classe et que la Galerie des Glaces n'a qu'à bien se tenir ! Une fois le grand tour terminé, retour à la case départ pour visiter la chapelle, qu'il aurait été dommage d'oublier tellement elle en met plein la vue. L'orgue en ébène, argent et ivoire y est peut-être pour quelque chose...

Le Grand Hall

Si Frederiksborg n'a pas grand-chose à envier à Versailles question histoire et déco, côté jardins, c'est France 1, Danemark 0. Bon, il faut reconnaître que nous n'avons de temps à consacrer qu'aux jardins baroques, et pas au reste du parc, mais ceux-ci sont un peu light quand on connaît la version Roi Soleil. La perspective sur le château est jolie, mais tout ça manque un peu de fontaines... voire de parterres, une partie d'entre eux étant manifestement en cours d'entretien/de replantage total. De l'autre côté des grilles se tient une espèce de foire artisanale qui nous permet de découvrir que les Danois sont sacrément doués en hydromel et en salami, et nous en profitons pour compenser notre absence de petit-déjeuner par un apéro improvisé.


De retour en ville, nous prenons le temps de nous poser pour déjeuner. Un peu trop, d'ailleurs : en regagnant la gare, nous voyons le train pour Helsingør nous passer sous le nez, et parce que c'est dimanche, il n'y en a qu'un par heure. Nous n'avons plus qu'à prendre notre mal en patience, ce qu'un peu de cannelle, de thé et de wi-fi facilite grandement.

Une heure d'attente et 25 minutes de train plus tard, nous voici finalement à Helsingør, que le monde entier connaît mieux sous le nom d'Elsinore (ou Elseneur pour les francophones). C'est en effet dans cette ville, et plus précisément au château de Kronborg, qu'un certain Barde anglais a situé une petite pièce pas connue du tout, Hamlet. De nos jours, le château est même connu quasi-exclusivement pour ça, et son passé de "poste-frontière" de la mer Baltique (à 4 petits kilomètres en face, c'est la Suède) puis de prison/forteresse militaire passe carrément à la trappe au profit de la tragédie mettant en scène Hamlet, Ophélie, Gertrude, Laërte et consorts. D'ailleurs, tous les ans en août, une troupe de théâtre investit les lieux et joue des scènes (un brin revisitées) de la pièce au beau milieu des touristes. Du sacré beau monde est d'ailleurs passé par là au fil des années, et on aimerait bien pouvoir remonter dans le temps et assister à la représentation donnée par Laurence Olivier et Vivien Leigh dans les années 30.



Pas de star hollywoodienne au casting cette année, mais une belle brochettes d'excellents acteurs qui vivent leurs personnages à fond. Nous arrivons pile à l'heure pour être menés par un Yorrick très en forme à un rendez-vous avec le fantôme du père de Hamlet dans un souterrain sombre et humide (le lieu idéal pour les fantômes, quoi), puis nous traversons les premières pièces du château au pas de course pour retrouver Hamlet et sa mère dans la galerie. Viennent ensuite la descente dans la folie d'Ophélie, un To be or not to be très inspiré, un excellent duel entre Hamlet et Laërte, et un final en apothéose où tout ce petit monde s'entretue joyeusement. L'essentiel de la pièce d'origine est là, mais ces scènes-clés ont été réécrites de façon plus moderne, histoire que tout le monde puisse en profiter sans avoir à se fouler un neurone en essayant de décrypter l'anglais élisabéthain. Les acteurs n'hésitent pas à prendre les visiteurs le public à partie, et surtout, tout est infiniment plus drôle que l'original. Même sans être de grands spécialistes, on est à peu près sûrs que Shakespeare n'a jamais fait dire à Hamlet : "C'est moi où il y a un mort sur ma table ?" juste avant son célèbre monologue. On ne sait pas ce que pense ce bon vieux Will de cette réécriture, mais nous, on adore ! Mention spéciale à un Yorrick vraiment hilarant qui aura conquis l'ensemble du public avec ses simagrées !



Une fois tous les personnages envoyés ad patres, il ne nous reste plus qu'à reprendre une visite plus traditionnelle dans les différentes pièces du château, dont la sobriété tranche un peu avec le luxe de Frederiksborg. L'avantage d'être arrivés tard, c'est que la plupart des visiteurs sont déjà partis. Nous avons ainsi Kronborg pratiquement pour nous tout seuls et on ne boude pas notre plaisir ! L'inconvénient, c'est que nous n'avons le temps de visiter "que" les appartements royaux, la tour des tapisseries et la chapelle avant que les employés du château ne commencent à jouer aux chiens de berger pour orienter les retardataires vers la sortie. Pas de casemates ou de tour du canon pour nous, donc, mais pas de regret : nous avons vécu les scènes les plus emblématiques de Hamlet en immersion totale et nous n'aurions pas pu rêver mieux !



Nous aurions pu prendre le temps de faire le tour du château pour essayer d'apercevoir la Suède de l'autre côté du détroit, mais il pleut à nouveau des cordes et l'idée d'une balade n'est pas très excitante. Nous préférons reprendre le chemin de la gare, d'autant que nous avons encore une petite heure de trajet devant nous pour rentrer à Copenhague. Mais cette petite excursion en Seeland aura été une bien belle manière de conclure notre séjour dans la capitale danoise !

Etre ou ne pas être ? Vous avez quatre heures...

Pour conclure, quelques-unes de nos observations sur Copenhague et les autochtones :
 Pour une capitale européenne, la ville est d'un calme irréel. L'absence de bruit est même assez inouïe quand on est habitué à Paris...
– Les rues sont extrêmement larges, les trains sont ponctuels, et surtout, tout est PROPRE. Léger choc culturel pour le Parisien en vacances, là encore...
– Le Danois aime le vélo. Et les voitures électriques. Et les transports en commun. Le Danois a tout compris à l'écologie et devrait être pris en exemple.
– Les Targaryen devaient être danois à la base, parce qu'il n'y a que dans ce pays qu'on croire des gens aussi incroyablement blonds...
– La langue danoise ressemble à un joyeux mélange d'anglais, d'allemand et de suédois (en même temps, quand on a conquis la moitié de l'Angleterre, ça laisse des traces dans le vocabulaire...). Avec deux-trois connaissances linguistiques et un peu de gymnastique mentale, on arrive à comprendre le sens global de phrases entières. Le genre de petit jeu dont je ne me lasse pas.
– Copenhague, il faut y aller. Tout simplement.

samedi 17 août 2019

Copenhague, jour 3 - Quartier latin & City

Encore un début de journée sous la pluie... Décidément, nous n'aurons vraiment pas eu de chance avec la météo de nos vacances, cette année ! Ce matin, nous attaquons le programme dans le Quartier latin avec la Rundetårn, ou la Tour ronde pour la version avec moins de lettres que je suis obligée de copier-coller depuis Wikipédia. Comme nous en sommes un peu avance sur l'horaire d'ouverture, nous allons tuer une dizaine de minutes dans l'église de la Trinité attenante, dont l'intérieur, ô surprise, est encore une fois très sobre malgré des orgues d'une richesse surprenante. Je vais finir par lancer un concours d'orgues parmi les églises de cette ville...


La Rundetårn, dont le nom décrit parfaitement l'aspect extérieur, est en fait le plus ancien observatoire d'Europe en activité (à égalité avec celui d'Amboise). Il n'y a donc pas d'autre but à la visite que d'accéder au télescope, tout là-haut, à 35 m au-dessus du sol  mais tout l'intérêt réside dans le fait que c'est en fait une rampe en spirale de plus de 200 m de long qui y mène, plutôt qu'une énième volée de marches à faire hurler les mollets. Vu que la tour n'est tout de même pas bien haute, la vue depuis le sommet ne risque pas d'égaler celle depuis Von Frelsers Kirke, mais il y a quelques arrêts rigolos en cours de route, comme les cabinets garantis 100 % pur 17e siècle ou le centre évidé de la tour, qui marque le kilomètre 0 de toutes les routes danoises. Il y a aussi une expo temporaire d'art contemporain, mais on préfère ne pas en parler...


La loi de Murphy étant de ce qu'elle est, c'est forcément le jour où il pleut que nous avons un peu de marche à faire et de choses à voir en extérieur... Sur la route de la City, nous faisons un crochet par la cathédrale de Copenhague, d'une modernité certaine et d'une sobriété toute scandinave (elle ne participera pas au concours d'orgues, elle). Un peu loin, on trouve le Rådhus, alias l'Hôtel de ville, heureusement beaucoup moins sobre et beaucoup plus faux Moyen Age nordique (le bâtiment date du 19e). Entre les travaux de la nouvelle ligne de métro, les célébrations de la Pride Week et les nombreux mariages qui y sont célébrés aujourd'hui, samedi oblige, c'est un joyeux bazar dans l'Hôtel de ville comme à l'extérieur, mais nous pouvons au moins découvrir le grand hall au look vaguement byzantin, et surtout l'horloge astronomique à 12 cadrans, dont l'un des rouages aura effectué un tour complet d'ici un petit 23 000 ans. On se demande parfois ce qui passe par la tête des gens qui conçoivent ce genre de machine...


De l'autre côté de la rue, direction un autre gros morceau de Copenhague : Tivoli, un parc d'attractions "à l'ancienne" ouvert au public depuis 1843, avec manèges à sensations, machines à pince et traditionnels stands de tir/tape-taupe/chamboule-tout. Un mélange entre la Foire du Trône pour les activités et Portmeirion au Pays de Galles pour le côté un brin halluciné du décor. Entre les montagnes russes et les chaises volantes à plusieurs dizaines de mètre du sol (dont la seule vue suffit à horrifier Benjamin), on trouve, en vrac, un palais indien, une pagode chinoise, un jardin japonais et un galion pirate comme chez Disney. Vu le nombre de lampions partout, on se dit que le parc doit être bien joli une fois la nuit tombée – mais, pas de pot, nous n'avons droit qu'à une presque-nuit due au mauvais temps (la pluie fait de la résistance pour le principe, mais rien de dramatique, ouf) et qui ne justifie pas qu'on active les illuminations. Bien que Benjamin ait cédé aux sirènes du tir à la carabine, nous réussissons à parcourir le parc sans monter dans le moindre manège. Entre celui qui a le vertige et celle qui a l'oreille interne en vrac, nous aurions de toute façon eu du mal à nous mettre d'accord !


Après avoir fait preuve de beaucoup de faiblesse devant le stand de pop-corn (on ne savait pas qu'on avait besoin de pop-corn aux bleuets dans notre vie avant de tomber dedans), nous reprenons le métro pour nous rendre à l'aquarium, sobrement appelé Den Blå Planet (je ne vous ferais pas l'affront de traduire) et situé à un petit arrêt de métro de l'aéroport. Benjamin avait le choix entre le musée des Impressionnistes et les loutres, il n'a pas hésité très longtemps  le garçon a beau adorer l'Impressionnisme, les chats de la mer auront toujours la priorité ! Pour une fois que les bestioles sont bien au rendez-vous et pas planquées sous un rocher pour la sieste... Ce sont des loutres de mer et elles ne sont que deux, mais ce sont clairement les stars de l'aquarium et elles assurent le spectacle en jouant aux torpilles, en se lissant la fourrure et en faisant joujou dans un bac plein de glaçons. Tellement choutes qu'on pourrait rester là trois jours !


Pour le reste, Den Blå Planet est un aquarium tout ce qu'il y a de plus classique, avec tunnel à requins et banc de piranhas dans lequel on jetterait bien une partie des enfants (mauvais plan, la visite le samedi...). Une visite pas prise de tête, mais des fois, ça fait du bien ! Une fois de plus, nous avons l'impression de ne pas avoir fait grand-chose, mais il est déjà 16h30 et on ne sait pas bien comment c'est arrivé... Retour à l'hôtel pour blogguer un peu avant de dîner, et surtout préparer la journée de demain, qui s'annonce costaude malgré un programme limité à deux lignes sur le papier...

vendredi 16 août 2019

Copenhague, jour 2 - Christianhavn & Slotsholmen

Etant donnée la "légèreté" du programme du jour, nous décidons de partir ce matin un peu plus tard que ce dont nous avons l'habitude (traduction : 9h30). Descendus au métro Christianhavn, nous faisons d'abord escale dans la première boulangerie venue pour le petit-déjeuner et l'injection quotidienne de cannelle de Benjamin. Installée devant un adorable canal plein de jolis bateaux avec un thé et des viennoiseries dégoulinantes d'épices, on se demande un moment pourquoi ce genre de magasin n'existe pas à Paris... avant de se rappeler que la densité de population n'y est pas tout à fait la même qu'à Copenhague et que les boulangeries parisiennes ne peuvent pas se permettre d'occuper une telle superficie. Mais c'est bien dommage, parce qu'on risque fort d'y prendre goût !

Puisque nous sommes encore à peu près frais et dispos, direction Vor Frelsers Kirke, ou l'Eglise de Notre-Sauveur. Ne nous demandez pas ce qu'il y a dedans, on n'en sait rien : l'église est fermée au public à notre arrivée, et de toute façon, ce n'est pas le plus important. Le véritable intérêt de l'église, c'est sa flèche tarabiscotée noire et dorée de 90 m de haut, surmontée d'un globe sur lequel est perché un Christ tenant un drapeau danois (il est du coin, c'est bien connu). Moyennant 20 bonnes minutes d'attente, on peut monter au sommet et profiter d'une très jolie vue sur Copenhague.


Bon, précisons-le tout de suite, il vaut mieux ne pas être claustrophobe pour la partie intérieure de la grimpette, et ne pas avoir le vertige pour la partie extérieure. Les escaliers intérieurs sont franchement raides, étroits et plutôt bas de plafond (surtout pour un pays où les hommes enregistrent l'une des tailles moyennes les plus élevées au monde), et l'escalier en colimaçon extérieur a le défaut d'être... ben, extérieur. Benjamin ayant décidé que le vertige étant uniquement dans la tête et pouvait être surmonté en se faisant un peu violence, nous entreprenons l'ascension tous les deux, même si le pauvre garçon doit parfois s'arrêter pour respirer un grand coup et/ou s'asseoir sur les marches. Juste le temps de se rappeler que c'est dans la tête, donc. Les photos au sommet (où on ne peut accéder qu'un par un étant donné que les marches mesurent environ 15 cm de large) sont donc dévolues à bibi, pendant que Benjamin regagne la base de l'escalier en colimaçon. Quand on n'a rien contre les hauteurs, la vue est franchement sympa et permet d'apprécier le côté incroyablement "aéré" de Copenhague.


Après une averse (heureusement qu'elle n'est pas arrivée pendant que Benjamin était au sommet de Von Frelsers Kirke, celle-là !) et un arrêt pas-prévu-mais-c'était-sur-le-chemin à Christians Kirke, dont l'intérieur ressemble davantage à un opéra ou un théâtre qu'à une église, nous passons l'un des innombrables ponts de la ville pour rejoindre le quartier de Slotsholmen. Côté bâtiments historiques, le coin se défend plutôt bien : à côté de l'ancienne Bourse/actuelle chambre de commerce et de sa flèche composée de quatre queues de dragon torsadées en forme de dent de narval (si si), on trouve Holmens Kirke, l'église de la Marine de guerre. Les anciens ateliers de forge d'ancres de marine ont été transformés en église en 1619, et c'est accessoirement là que la reine actuelle, Margrethe II, a épousé un Français en 1967. La déco intérieure est assez surprenante : au milieu des murs uniformément blancs, on trouve des orgues superbes, une chaire en bois sculpté hallucinante et un maître-autel du même acabit (sans parler d'un baptistère en métal forgé assez bizarre en plein milieu de la nef). Ça permet d'éviter l'overdose, mais on n'a pas l'habitude !


De l'autre côté de la rue, un gros morceau d'histoire pour le Danemark et de visite pour les touristes : le château de Christiansborg, dont les différentes itérations à travers les siècles furent la résidence des rois du Danemark et de Norvège (pour la minute Histoire, la Norvège a longtemps fait partie du royaume du Danemark, a été refilée à la Suède en 1814 et n'est devenue indépendante qu'en 1905). Après avoir brûlé deux fois aux 18e et 19e siècles pour cause de cheminées qui ne tiraient pas bien (une fois, c'est un accident, deux fois, c'est de la négligence pure et simple !), Christianborg a été reconstruit début 20e et est aujourd'hui le lieu de représentation par excellence de la monarchie danoise. C'est là que la reine serre la main au commun des mortels pendant les audiences ou réunit le gratin politique et diplomatique mondial pour des banquets. Nous avons de la chance, aucune cérémonie officielle n'est prévue aujourd'hui et nous pouvons donc visiter tout notre saoul.


Après un petit tour par les ruines, qui permet de découvrir les anciens murs du château de l'évêque Absalom (12e siècle) et surtout de se mettre l'historique du palais dans la tête, passage obligé par les salles d'apparat royales. Histoire d'éviter de salir les tapis rouges et de rayer les parquets, la visite se fait avec des "chaussons" bleus en plastique qui glissent aux pieds. Après Rosenborg hier, on continue dans le bling, même si ce n'est pas tout à fait le même genre. Ici, moins d'horloges dorées et d'objets en ivoire, mais plus de lustres en cristal et de jolies tables en bois pouvant accueillir 50 personnes. C'est un chouia moins spectaculaire que Buckingham Palace, mais question "grand-parent de l'Europe", Christian IX, qui a marié tous ses enfants à des monarques européens au 19e, avait de quoi en remontrer à Victoria. La bibliothèque de la reine est un enchantement et nous donne des envies de réaménagement à la maison. En revanche, les tapisseries des Gobelins, offerte à Margrethe II en 1990, ne donnent pas vraiment envie de pousser le cocorico : le résultat, qui agresse méchamment la rétine, n'aurait sans doute pas été différent si les cartons avaient été dessinés par Picasso sous LSD...


Parce que les quatre visites qui composent Christiansborg n'ont pas de lien entre elles, nous quittons le palais après les salles d'apparat pour la pause déjeuner, puis nous passons ensuite aux cuisines royales. Aujourd'hui, en cas de banquet au palais, la nourriture est préparée à Amalienborg et réchauffée sur place, et les cuisines ne servent donc plus qu'à exposer les cuivres en service sous Christian X, dans les années 1920 (les rois du Danemark s'appellent littéralement TOUS Christian ou Frédéric depuis le 16e siècle, il ne faut pas se mélanger dans les numéros). On plaint les pauvres grouillots qui doivent se colleter le récurage de ces centaines d'ustensiles ! Côté muséographie, la cuisine prépare le banquet d'anniversaire de mariage du roi et de la reine en 1925, et entre le menu accroché au mur, les faux légumes qui mijotent dans les marmites et les odeurs qui émanent de la pâtisserie, on s'y croirait ! Bon, il devait faire un peu plus chaud et ça devait hurler un peu plus, mais à part ça...


Dernière étape à Christiansborg : les écuries royales. L'un des avantages d'une monarchie (en plus de la revue des uniformes à laquelle nous avons assisté hier), c'est l'utilisation régulière des chevaux et des carrosses. Et quand ils ne sont pas en service, ils sont bien rangés dans les écuries et font le bonheur des touristes. Il fut un temps où les écuries abritaient plusieurs centaines de chevaux, mais à l'heure actuelle, il n'y en a plus qu'une quinzaine  tous blancs, parce qu'apparemment, c'est plus classe. Ceux qui ne sont pas en vacances dans un pré bien gras boudent un peu dans leur box, mais on compense la froideur de l'accueil par une jolie collection de carrosses, une exposition d'attirail d'équitation et un historique de l'élevage de chevaux au Danemark. Ça a tout de même plus de gueule que la Citroën présidentielle...


Parce que nous ne sommes décidément pas au mieux de notre forme et que nous sommes déjà bien fatigués à 15h30, jour 2, nous allons nous poser avec bonheur dans un bateau pour un petit tour d'une heure sur les canaux, à peu près aussi nombreux qu'à Amsterdam. Ce "grand tour" permet d'avoir une vision différente des endroits que nous avons déjà explorés, comme Nyhavn ou Amalienborg, et d'approcher au plus près des immenses bateaux de croisière qui font escale à Copenhague, des bâtiments militaires et même du yacht royal. C'est l'occasion aussi de voir la Petite Sirène sous un autre angle et de se rendre compte qu'il y a vraiment foule autour d'elle quand il ne pleut pas des cordes...


Après cette pause bienvenue, il ne nous reste plus qu'à aller faire le plein de cidre danois avant de rentrer se reposer à l'hôtel, moins trempés mais tout aussi rincés qu'hier. Et ça, c'était une journée "cool". On commence à s'inquiéter pour les journées chargées !

jeudi 15 août 2019

Copenhague, jour 1 - Amalienborg et Nyhavn

Quinze jours après notre retour du Pays de Galles, nous voici à nouveau à l'aéroport, prêts à décoller pour une destination encore plus nordique : le Danemark. Pas question de faire le tour du pays, cette fois ; nous profitons du week-end de l'Ascension pour aller découvrir Copenhague. Histoire de profiter de quatre jours complets de visite, nous sommes arrivés hier soir... encore plus tard que prévu en raison de la désorganisation de Vueling et d'un avion en panne juste derrière le nôtre qui nous empêchait de bouger. Heureusement, les Danois, eux, sont beaucoup mieux organisés, et une fois à Copenhague, récupérer nos CPH Cards (le sésame magique visites + transports dans la capitale et sa région) et rejoindre l'hôtel en train est infiniment plus efficace.

Début des visites ce matin, donc, avec un programme concentré principalement sur le quartier d'Amalienborg. Après un court trajet en métro, nous commençons par... le petit-déjeuner. Ben oui, le repas coûte une fortune à l'hôtel, alors nous avons décidé de nous rabattre sur l'option "boulangerie/salon de thé". Vu la qualité des viennoiseries de ce matin, on ne regrette pas. Bon, pour les moins amateurs de cannelle, le week-end risque d'être un peu rude, mais pour celui qui se l'injecterait en intraveineuse si on le lui proposait, ça va être le paradis !


Première vraie étape du jour une fois le dernier grain de cannelle léché sur les doigts : Botanisk Have, ou le Jardin botanique en moins danois dans le texte. Ce n'est pas le plus représentatif de Copenhague, mais ça fait sens sur la carte, promis. Le temps n'est pas au beau fixe et nous avons même droit à quelques gouttes de pluie, mais du moment que ce n'est pas le déluge biblique de Cardiff Bay, nous sommes prêts à tout supporter... Le principal attrait du jardin, outre son "Nordic Beer Garden" qui présente les plantes liées à la fabrication de la bière, c'est la très jolie serre victorienne (le terme est forcément inexact vu le pays, mais il décrit parfaitement le style de la chose), malheureusement pas en libre accès pour cause de travaux. Il y a bien la serre des papillons à visiter, mais nous préférons nous contenter de l'extérieur, déjà bien agréable pour les photos. Pour le côté "jardin romantique", il y a les petites barques blanches cachées sous les saules pleureurs, et pour les amoureux des animaux, il y a des canards qui viennent quémander dès que vous avez la mauvaise idée de vous poser sur un banc. Pas représentatif, donc, mais malgré tout très chou.

On ne rigole pas avec Pride Week, ici !

Il faut marcher un peu pour nous rendre à notre prochaine destination, et sur le chemin, nous avons l'occasion de nous rendre compte que Copenhague prend sa Pride Week très, très au sérieux. En plus des drapeaux arc-en-ciel qui flottent un peu partout aux côtés du drapeau danois, de très nombreux bâtiments plus ou moins officiels arborent également les couleurs de la Fierté sur leurs frontons. Ça surprend et on ne s'attend pas à voir la même chose à Paris tout de suite !

Beaucoup, beaucoup plus représentatif de la capitale danoise, donc, le port de Nyhavn, ses voiliers et ses façades colorées, qui tranchent franchement avec le reste de la ville. Il n'y a guère que des restaurants et des pubs sur les quais (ainsi que des compagnies proposant des balades sur les canaux, forcément), mais la plupart comptent des devantures ou des enseignes délicieuses. Restos d'un côté, vieux gréements de l'autre, on est dans la pure carte postale de Copenhague et on adore.


Encore un peu de marche et nous voilà à Amalienborg Plads, un ensemble architectural furieusement classique avec statue équestre au milieu, où les touristes ne risquent pas de faire les marioles vu qu'il y a des gardes à bonnets poilus et armes automatiques tous les 20 mètres. Normal, puisque c'est là que réside la famille royale danoise depuis 1794.  La relève de la garde se fait normalement aux alentours de 11h30 si un membre quelconque de la famille est à la maison, mais vu qu'il ne se passe rien à l'heure dite, cela doit vouloir dire que tout ce petit monde est en vacances, mois d'août oblige. On se contente donc de faire le tour de la place (en fait un assemblage de quatre palais appartenant à l'origine à quatre familles nobles différentes, mais bon courage pour les différencier) avant d'être attirés par une jolie église dont le dôme ressemble un peu à celui des Invalides.


La Marmorkirken (soit l'église de Marbre) n'était pas du tout prévue au programme, mais puisqu'elle est là... L'église détient le record danois de la plus longue durée de construction (1749-1894, il ne fallait pas être pressé pour aller prier), alors qu'elle n'est finalement pas très grande et ne se distingue par rien de particulier... si ce n'est ses DEUX orgues, dont un rococo au possible et assez incongru au milieu de cette déco relativement sobre. L'autre est plus moderne et moins marquant, mais il a au moins le mérite d'être là ! (Non, je ne suis pas remise de cette absence d'orgues à Saint-Pierre-de-Rome et je ne le serai sans doute jamais...)

Après le traditionnel arrêt au supermarché, nous nous installons pour déjeuner dans le parc du Rosenborg Slot – à côté de la statue de Hans Christian Andersen, parce que c'est la classe, quand même –, puis nous passons à la visite du château proprement dit. Vu que les entrées se font au compte-goutte et que nous avons une vingtaine de minutes à tuer avant l'horaire indiqué avant notre billet, nous en profitons pour faire un petit tour dans la roseraie et pour regarder les gardes à gros bonnets en poils d'ours (oui oui, comme ceux de Buckingham) se faire gronder par des gars en uniforme beaucoup moins classe parce qu'ils n'ont pas assez bien ciré leurs bottes ou fait reluire leurs boutons. D'un point de vue touristique, ça a du bon, la monarchie !


Du dehors, le château de Rosenborg ne paie pas de mine (il a des douves, certes, mais il paraît tout petit), mais à l'intérieur, c'est une autre histoire ! Conçu à l'origine comme une "maison de campagne" (à 2 km du palais "officiel" ; autant dire que la notion de campagne n'est pas la même pour tout le monde), ce fut le château préféré du roi Christian IV et il finit par devenir le symbole de l'absolutisme danois. Niveau déco, il y en a pour tous les styles, du 17è au 1er Empire (oui, le nôtre, alliance avec la France oblige), mais ce qui unit ce joyeux bazar, c'est l'amour du bling. Plafonds peints ou débordant de stucs, chandeliers en ambre, W.C. carrelés à la porcelaine de Delft, horloges tellement ouvragées qu'on ne sait même plus où chercher les aiguilles, tables et armoires marquetées... Au bout de deux salles, on ne sait déjà plus où donner de la tête ! Dans l'ensemble, c'est plus que joli, mais certains objets font aussi un peu saigner les yeux, comme ces affreux bustes en cire du 18è qui font beaucoup plus attractions de foire que portraits de souverains.


Comme si les salles d'apparat ne suffisaient pas, on passe en prime par de plus petites salles renfermant une collection de porcelaines, une d'objets en verre absolument époustouflante, une d'objets en ivoire à en pleurer pour tous les éléphants et les narvals du monde (même si, d'un point de vue artistique, le travail est tout bonnement sidérant), et une belle brochette d'armes antiques. Et parce qu'on a dit "symbole de l'absolutisme", c'est aussi à Rosenborg qu'on trouve les bijoux de la couronne et le trône... en dents de narval, sinon c'est pas marrant. Vues leurs bouilles et leurs postures, les trois lions en argent censés veiller le cercueil du monarque ont forcément été créés par quelqu'un qui aimait les chats... Une visite assez incroyable du début à la fin !


A la sortie de la salle du trésor, le temps a viré du gris à la pluie, et nous préférons donc remettre à demain notre tour sur les canaux. En revanche, le tour d'Amalienborg ne serait pas complet sans une visite à den Lille Havfrue, alias la Petite Sirène pour les faibles qui ne liraient pas Andersen dans le texte. Le temps de traverser Kastellet, une ancienne citadelle entourée de canaux et transformée aujourd'hui en parc, et de faire le tour de ce qui était autrefois les remparts, et la météo passe carrément à la grosse ondée. C'est complètement trempés que nous allons dire bonjour au symbole par excellence de Copenhague, et avec ce qu'il tombe, prendre des photos correctes au bord de l'eau sans se casser la figure sur les rochers relève de l'exploit. Les usines et les éoliennes en arrière-plan cassent un peu l'ambiance, mais au moins, on pourra dire qu'on l'a vue, la petite demoiselle sur son rocher !



Une statue arrive à me fendre le cœur avec son air triste, bien joué...

Un petit trajet en train et nous voici de retour au sec à l'hôtel pour la fin de l'après-midi. Nous avons couvert pas mal de "cartes postales" copenhaguoises aujourd'hui, au point que nous avons du mal à réaliser qu'il n'est que 17h, mais pour une fois, nous n'allons pas nous plaindre de nos poser relativement tôt !