samedi 12 avril 2014

Japon, jour 3 - Tokyo

Parce que nous aimons bien les journées à thème (même si, soyons honnêtes, les thèmes se décident tout seuls), aujourd'hui, ce sera "entre nature et mégalopole". Ou "entre tradition et modernisme", au choix. Toute la journée, nous sommes passés un peu sans transition des artères commerçantes géantes aux sanctuaires perdus au milieu de la verdure.

Nous commençons la journée avec un site en lien avec l'actualité cinéma : Sengaku-ji, un temple célèbre pour abriter la tombe des 47 ronin (des samouraïs sans chef). Oui oui, 47 ronin, comme le film qui vient de sortir. Et curieusement, ce film est très, très proche de la réalité historique (Keanu Reeves et la méchante sorcière en moins, s'entend).


Le temple


Voici en résumé ce qui s'est passé : le seigneur d'Ako, Asano Naganori, se fit un jour insulter par un jeune imbécile Kira Kozukenosuke, au sein du château d'Edo et répondit en tirant l'épée pour se venger. Manque de chance, non seulement il ne tua pas l'idiot, mais il écopa d'une sentence de mort par seppuku pour avoir osé sortir son épée dans le château, ce qui était strictement interdit. Logiquement, Kira aurait dû subir le même sort, mais allez savoir pourquoi, le shogun décida de l'épargner. Les 47 samouraïs au service d'Asano virent rouge et mirent deux ans à préparer leur vengeance contre celui qui avait insulté leur seigneur et provoqué sa mort. Après avoir tué Kira, les 47 se rendirent bien sagement au shogun pour réclamer leur punition. Et hop, tout ce beau monde fut condamné à l'auto-éventration suivie de la décapitation. Arrivés à ce stade de la lecture, si vous pensez : "Ils sont fous, ces Japonais", c'est parfaitement normal.


Les tombes


Aujourd'hui encore, les Japonais viennent se recueillir en masse sur les tombes d'Asano et de ses 47 samouraïs, vénérés comme un symbole de chevalerie, de justice et de loyauté. La preuve, des bâtons d'encens brûlent sur toutes les tombes lors de notre passage. Trop d'honneur tue l'honneur, des fois...

Pour poursuivre le sous-thème de la loyauté, nous nous rendons, toujours en métro, à Shibuya, connu pour son immense carrefour que des milliers de gens empruntent à chaque fois que le feu passe au vert. Mais avant cette expérience tokyoïte incontournable, nous nous arrêtons pour saluer la statue d'Hachiko, ce petit chien qui attendait son maître tous les soirs à la gare de Shibuya, et qui continua à l'attendre même après qu'il fut emporté par une crise cardiaque. Ce petit manège a duré jusqu'à la mort du chien, dix ans après son maître. On comprend qu'on lui ait décerné une statue.



Nous sommes certes samedi, mais il est encore tôt, et le carrefour de Shibuya n'est pas aussi fréquenté que le reste de la semaine. C'est l'occasion de découvrir ce quartier d'enseignes au néon et de magasins géants dans une relative tranquillité. Notez bien le mot "relative", car les enseignes agressent un peu les yeux et les hauts-parleurs des magasins nous hurlent tout de même leur J-pop kitsch dans les oreilles. Ça, c'est bien le Tokyo qu'on voit dans tous les films et les documentaires !



Après cet intermède moderne, nous nous rendons dans un autre quartier, Harajuku, où nous attend l'un des sanctuaires shinto les plus sacrés du Japon. Le Meiji-jingu, comme son nom l'indique, est dédié à l'empereur Meiji et à son épouse, décédés quelque part au début du 20è siècle. C'est une oasis de verdure composée de 120 000 arbres plantés pour honorer l'empereur, élevé au rang de divinité. Et comme les dieux ont droit à des offrandes, chaque année, les producteurs de saké du pays envoient des tonneaux entiers de leur produit, qui sont exposés sur la route menant au sanctuaire... face à des tonneaux de vin de Bourgogne en provenance direct de Beaune et de Nuits-Saint-Georges, offerts par la France pour les mêmes raisons. Imaginez nos têtes...



Lorsque nous rejoignons le sanctuaire, nous avons la surprise de voir des mariés en tenue traditionnelle, suivis par une longue procession. Pour avoir droit aux honneurs du Meiji-jingu et au personnel de la sécurité qui chasse les touristes pour faire de la place, il doit s'agir de personnes sacrément haut placées ! Le sanctuaire lui-même est un lieu d'un calme stupéfiant, à tel point qu'on a du mal à réaliser qu'on se trouve en plein Tokyo. On se croirait plus à la campagne qu'au cœur d'une mégalopole.



Pour parachever la visite, nous faisons un tour dans le jardin impérial, où l'on découvre un étang peuplé de carpes, un jardin aux iris (sans iris en cette saison) et un jardin aux azalées un peu timides. Après un déjeuner rapide et tout aussi tardif qu'hier, nous quittons la quiétude du sanctuaire pour l'artère commerçante surpeuplée de Takeshita-dori, à deux pas de là. Nous ne faisons qu'y passer, car il y a beaucoup trop de monde à notre goût, mais c'est l'occasion de confirmer que cette ville est complètement schizophrène. Et que les Japonais aiment les crêpes. (Sans rire, il y a des vendeurs de crêpes à tous les coins de rue. Bon, ce qu'ils mettent dedans donnerait une crise cardiaque à n'importe quel Breton, mais il y a de l'effort !)

Avant-dernière étape de la journée, le parc impérial Shinjuku-gyoen, où nous avons droit, pour le plus grand bonheur de Benjamin, à nos premiers cerisiers en fleurs. Dans certaines parties du parc, on se croirait entourés par des nuages en coton rose (ou blanc, selon le type de cerisier). Quant à la partie typiquement japonaise du jardin, avec ponts de pierre et pagode, c'est un véritable délice. Le temps est magnifique et nous nous en mettons plein les mirettes.



A 16h30, le parc ferme déjà et nous sommes chassés des cerisiers par des messieurs en uniforme pendant que les hauts-parleurs diffusent une version sirupeuse de "Ce n'est qu'un au revoir". Au Japon, il y a aussi beaucoup de kitsch... La dernière étape de notre programme est une invention typiquement japonaise : le "neko café", comprendre "café à chats". Le concept est simple : profiter d'une boisson chaude et d'une pâtisserie tout en jouant aux humains gagas avec les très nombreux chats qui peuplent le lieu. Sauf que le neko café est victime de son succès et qu'une serveuse nous annonce qu'il y a une heure et demie d'attente avant qu'une table se libère. Tant pis, ce n'est que partie remise pour la fin du séjour !

Demain, nous quittons Tokyo pour le nord du pays. Le périple commence !

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