S'il n'y a qu'une seule
chose à visiter à Hiroshima, c'est bien le Peace Memorial Park et
le musée qui va avec. Ça tombe bien, les deux sont situés à 500
mètres de notre hôtel. Nous commençons donc cette nouvelle journée
grise et pluvieuse par le parc... et il ne nous faut pas bien
longtemps pour avoir de vilaines poussières dans les yeux.
Le Peace Memorial Park a
été aménagé à l'épicentre de la bombe, dans une zone qui fut
totalement et instantanément rasée le 6 août 1945 à 8h15 du
matin. Il regroupe plusieurs sites très émouvants, à commencer par
un grand tombeau qui abrite le registre de toutes les victimes de la
catastrophe, qu'elles soient mortes le jour-même ou dans les
jours/semaines/mois qui ont suivi. Juste derrière brille la flamme
du souvenir, et dans le fond, on aperçoit la carcasse du A-Bomb
Dome, le seul témoin de la bombe encore debout aujourd'hui (160
mètres de l'épicentre). Il n'en reste qu'une structure métallique
carbonisée, des murs en ruine et une grosse, grosse aura de déprime.
Dans le parc, on trouve
également le Monument des enfants pour la paix, dédié à Sadako,
une petite fille morte à 12 ans d'une leucémie causée par les
radiations. Une tradition japonaise veut que, si on parvient à plier
1000 grues en papier, un vœu sera exaucé. Espérant guérir, Sadako
commença à plier ses grues mais n'arriva jamais à bout des 1000.
Les enfants de sa classe firent ériger un monument en mémoire des
enfants victimes de la bombe atomique, et aujourd'hui encore, les
gens du monde entier apportent des grues en mémoire de Sadako. Ce
n'est plus de la poussière que nous avons dans les yeux, ce sont des
gravillons de jardin zen.
Histoire de bien enfoncer
le clou, nous nous rendons au Peace Memorial Museum, un musée
fascinant (dans le genre pas marrant du tout) qui explique avec un
luxe de détails le rôle du Japon dans la guerre, les raisons qui
ont poussé les Américains à choisir Hiroshima pour leur premier
test de bombe atomique à taille réelle et le fonctionnement des
bombes A et H. On y découvre aussi, évidemment, des témoignages,
des photos et des reconstitutions de « ce jour-là »,
comme disent encore les habitants de la ville. Au bout d'un moment,
la boule dans la gorge se fait telle qu'on passe sans s'arrêter
devant les vêtements tachés de sang et les objets personnels en
miettes de ces adolescents qui ont agonisé pendant trois jours avant
de mourir de leurs brûlures. On passe aussi très vite devant les
explications scientifiques des effets des radiations sur le corps
humain, parce que franchement, on préfère en savoir le minimum.
Le Peace Memorial Museum
est vraiment passionnant, mais nous ne sommes pas fâchés d'en
sortir pour respirer un peu plus légèrement. Rien de tel que le
grand air pour oublier un peu toutes ces horreurs ; nous nous
rendons donc à quelques kilomètres de là, sur l'île de Miyajima,
célèbre pour son sanctuaire marin. Dix minutes de ferry nous
conduisent sur une île à peu près aussi touristique que le
Mont-Saint-Michel par chez nous. Cela dit, on peut comprendre
l'attrait du coin : le sanctuaire d'Itsukushima, bâti sur pilotis,
et son torii rouge géant au milieu de l'eau sont vraiment
superbes.
Pour avoir une vue
globale sur l'île et la baie d'Hiroshima, l'idéal est de monter au
sommet du Mont Misen. La plupart des gens optent pour le
téléphérique, mais les barjos préfèrent le sentier forestier de
2,5 km (le double avec le retour, forcément). Et comme nous sommes
de parfaits imbéciles, nous préférons l'option la plus longue et
la plus douloureuse. Il faut vraiment être idiots pour s'attaquer à
un sentier pareil après trois semaines de visites non-stop, à midi
et sans rien dans l'estomac depuis le petit-déjeuner... Après une
heure d'escaliers particulièrement raides, nous voici enfin parvenus
à l'observatoire du Mont Misen, d'où on a une vue imprenable sur
les petites îles qui émaillent la baie et les nuages très, très
bas qui recouvrent les montagnes.
La descente est presque
pire que la montée, car à 14h passées, nous commençons vraiment à
mourir de faim. Heureusement que nous croisons quelques daims, une
cascade et des temples perdus au milieu des arbres pour compenser !
De retour au sanctuaire, la glycémie en négatif, les jambes en
coton et le cœur à 200, nous nous jetons sur le premier restaurant
venu pour un déjeuner bien mérité et nous accordons même une
glace sur le chemin du ferry. Pas de scrupules après deux heures de
marche aussi intensive !
Cette journée marque la
fin de notre road-trip. Ce soir, nous abandonnons enfin la voiture
(qui nous a rendu de fiers services, mais tous les dieux savent
qu'elle nous aura aussi exaspérés, avec son GPS caractériel et les
parkings qui ont grignoté la moitié de notre budget) pour prendre
l'avion à destination de Tokyo. Nous y passerons nos trois derniers
jours, et vu le programme, on ne peut pas dire que le séjour soit
terminé !
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