mardi 29 avril 2014

Japon, jour 20 - Hiroshima/Miyajima

S'il n'y a qu'une seule chose à visiter à Hiroshima, c'est bien le Peace Memorial Park et le musée qui va avec. Ça tombe bien, les deux sont situés à 500 mètres de notre hôtel. Nous commençons donc cette nouvelle journée grise et pluvieuse par le parc... et il ne nous faut pas bien longtemps pour avoir de vilaines poussières dans les yeux.

Le Peace Memorial Park a été aménagé à l'épicentre de la bombe, dans une zone qui fut totalement et instantanément rasée le 6 août 1945 à 8h15 du matin. Il regroupe plusieurs sites très émouvants, à commencer par un grand tombeau qui abrite le registre de toutes les victimes de la catastrophe, qu'elles soient mortes le jour-même ou dans les jours/semaines/mois qui ont suivi. Juste derrière brille la flamme du souvenir, et dans le fond, on aperçoit la carcasse du A-Bomb Dome, le seul témoin de la bombe encore debout aujourd'hui (160 mètres de l'épicentre). Il n'en reste qu'une structure métallique carbonisée, des murs en ruine et une grosse, grosse aura de déprime.



Dans le parc, on trouve également le Monument des enfants pour la paix, dédié à Sadako, une petite fille morte à 12 ans d'une leucémie causée par les radiations. Une tradition japonaise veut que, si on parvient à plier 1000 grues en papier, un vœu sera exaucé. Espérant guérir, Sadako commença à plier ses grues mais n'arriva jamais à bout des 1000. Les enfants de sa classe firent ériger un monument en mémoire des enfants victimes de la bombe atomique, et aujourd'hui encore, les gens du monde entier apportent des grues en mémoire de Sadako. Ce n'est plus de la poussière que nous avons dans les yeux, ce sont des gravillons de jardin zen.



Histoire de bien enfoncer le clou, nous nous rendons au Peace Memorial Museum, un musée fascinant (dans le genre pas marrant du tout) qui explique avec un luxe de détails le rôle du Japon dans la guerre, les raisons qui ont poussé les Américains à choisir Hiroshima pour leur premier test de bombe atomique à taille réelle et le fonctionnement des bombes A et H. On y découvre aussi, évidemment, des témoignages, des photos et des reconstitutions de « ce jour-là », comme disent encore les habitants de la ville. Au bout d'un moment, la boule dans la gorge se fait telle qu'on passe sans s'arrêter devant les vêtements tachés de sang et les objets personnels en miettes de ces adolescents qui ont agonisé pendant trois jours avant de mourir de leurs brûlures. On passe aussi très vite devant les explications scientifiques des effets des radiations sur le corps humain, parce que franchement, on préfère en savoir le minimum.



Le Peace Memorial Museum est vraiment passionnant, mais nous ne sommes pas fâchés d'en sortir pour respirer un peu plus légèrement. Rien de tel que le grand air pour oublier un peu toutes ces horreurs ; nous nous rendons donc à quelques kilomètres de là, sur l'île de Miyajima, célèbre pour son sanctuaire marin. Dix minutes de ferry nous conduisent sur une île à peu près aussi touristique que le Mont-Saint-Michel par chez nous. Cela dit, on peut comprendre l'attrait du coin : le sanctuaire d'Itsukushima, bâti sur pilotis, et son torii rouge géant au milieu de l'eau sont vraiment superbes.



Pour avoir une vue globale sur l'île et la baie d'Hiroshima, l'idéal est de monter au sommet du Mont Misen. La plupart des gens optent pour le téléphérique, mais les barjos préfèrent le sentier forestier de 2,5 km (le double avec le retour, forcément). Et comme nous sommes de parfaits imbéciles, nous préférons l'option la plus longue et la plus douloureuse. Il faut vraiment être idiots pour s'attaquer à un sentier pareil après trois semaines de visites non-stop, à midi et sans rien dans l'estomac depuis le petit-déjeuner... Après une heure d'escaliers particulièrement raides, nous voici enfin parvenus à l'observatoire du Mont Misen, d'où on a une vue imprenable sur les petites îles qui émaillent la baie et les nuages très, très bas qui recouvrent les montagnes.



La descente est presque pire que la montée, car à 14h passées, nous commençons vraiment à mourir de faim. Heureusement que nous croisons quelques daims, une cascade et des temples perdus au milieu des arbres pour compenser ! De retour au sanctuaire, la glycémie en négatif, les jambes en coton et le cœur à 200, nous nous jetons sur le premier restaurant venu pour un déjeuner bien mérité et nous accordons même une glace sur le chemin du ferry. Pas de scrupules après deux heures de marche aussi intensive !


Cette journée marque la fin de notre road-trip. Ce soir, nous abandonnons enfin la voiture (qui nous a rendu de fiers services, mais tous les dieux savent qu'elle nous aura aussi exaspérés, avec son GPS caractériel et les parkings qui ont grignoté la moitié de notre budget) pour prendre l'avion à destination de Tokyo. Nous y passerons nos trois derniers jours, et vu le programme, on ne peut pas dire que le séjour soit terminé !

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