Histoire de compenser le départ beaucoup trop matinal d'hier, nous prenons tout notre temps ce matin pour petit-déjeuner (et quel petit-déjeuner !!) et rejoindre le vieux centre de Zadar. Mais si prendre son temps ressemble à une bonne idée quand on est en vacances, ce n'est pas vraiment le cas quand on a prévu de visiter une ville ultra-touristique... L'expérience de Rovinj et de ses 10 km d'embouteillages aurait dû nous servir de leçon, mais pensez-vous ! Bon, rien d'aussi sérieux ce matin, mais quiconque a déjà mis les pieds à Saint-Malo en plein été comprendra la difficulté de trouver une place de parking à moins d'un kilomètre des murailles de la vieille ville...
D'abord liburne, puis romaine, puis byzantine, puis croate, puis vénitienne, puis hongroise, puis re-vénitienne, puis autrichienne, puis française (coucou Napoléon), puis re-autrichienne, puis italienne, puis yougoslave, puis enfin définitivement croate, Zadar pourrait donner le tournis si elle n'avait pas été méchamment bombardée par les Alliés en 1944, ne laissant de la vieille ville posée sur sa presqu'île que de grosses murailles blanches et des églises spectaculaires qui ont survécu on ne sait trop comment. Comme souvent depuis le début du séjour, nous commençons par une exploration à pied des ruelles étroites dont la pierre blanche reflète le soleil et qui nous mènent au bord d'une Adriatique qui n'a pas daigné changer de couleur ou développer des plages dignes de ce nom dans les dernières 48 heures. Les amateurs de bronzage et de trempette ont aligné leurs serviettes le long du quai, et il devient de plus en plus difficile pour l'auteure de ce blog de résister à l'envie de piquer une tête.
A la place de ce qui était autrefois le forum romain se dressent aujourd'hui un véritable champ d'antiquités (il faudrait expliquer aux Zadérois que les vieilles pierres ne se multiplient pas quand on les plante) et plusieurs desdites églises miraculeusement épargnées par les bombardements alliés. Saint-Donat est intéressante pour les deux colonnes du portique du forum romain et d'autres éléments antiques "recyclés" dans son architecture, mais le campanile de la cathédrale Sainte-Anastasie, qui se veut de style byzantin mais date en fait du 19è siècle, est un véritable aimant pour touristes idiots qui aiment faire du step par plus de 30°C à l'ombre. Concernant la cathédrale elle-même, il faudra demander une description à Benjamin, le seul de nous deux à avoir pu en visiter l'intérieur : Sainte-Anastasie ne badine pas avec la "décence", et les porteurs de shorts sont priés de rester dehors, merci bien. Par un temps pareil, autant dire que cela concerne les trois quarts des potentiels visiteurs, à commencer par bibi...
Curieusement, le couvent Saint-François ne fait pas autant d'histoires concernant la vêture de ses visiteurs et nous laisse volontiers visiter son cloître du 16è siècle, son petit musée et même son église. C'est dans la sacristie qui ne paie pas de mine que fut signé en 1358 le traité de Zadar, en vertu duquel les Vénitiens renonçaient à leurs possessions sur la côte adriatique au profit des Hongrois... avant de tout récupérer un demi-siècle plus tard. "On prend les mêmes et on recommence", ce pourrait être la devise de la Croatie en général, et de Zadar en particulier. En soi, l'église et le couvent Saint-François n'ont rien de vraiment spectaculaire, mais on y est au frais et au calme et le lieu possède dans ses archives une impressionnante collection de partitions de chant choral, alors ce sont forcément des gens bien.
Alors que nous pensions faire le tour de la ville rapidement, nous y passons au final trois bonnes heures avant de rentrer à l'hôtel pour nous abriter du soleil et reposer nos pieds pas encore bien remis de la randonnée d'hier. Et il faut bien ça, car la journée à Zadar n'est pas officiellement terminée : le soir venu, nous retournons en ville pour profiter de l'une des principales attractions zadaroises, l'orgue maritime. Comme sur un orgue classique, il y a des touches (ou plutôt des dalles) et des tuyaux, mais de cet orgue-là, seule la mer et le vent peuvent jouer. En s'engouffrant dans les tuyaux cachés sous les dalles, les vagues créent une mélodie totalement aléatoire, dont le volume dépend forcément de l'intensité du ressac. C'est charmant en journée (nous étions déjà passés par là en début d'après-midi), mais au crépuscule, lorsque le soleil descend lentement dans la mer et que celle-ci commence à s'agiter un peu avec le vent et le passage des bateaux, c'est tout simplement magique. Plusieurs petites filles intriguées n'hésitent d'ailleurs pas à se vautrer par terre pour coller l'oreille aux trous qui laissent passer le son. Assister en direct à la naissance de vocations scientifiques, c'est émouvant.
Après le dîner, lorsque la nuit est totalement tombée, nous faisons un troisième et dernier crochet par l'orgue pour découvrir l'autre création de son concepteur, la Salutation au Soleil, dont les cellules photovoltaïques s'allument paradoxalement une fois le soleil couché. Avec la musique permanente de l'orgue, on se croirait presque sur une piste de danse à ciel ouvert !
Pour une journée qui se voulait "courte", nous enregistrons tout de même 12 km de marche depuis ce matin. Même si la douceur de la météo nous inciterait presque à rester sur ce joli dancefloor toute la nuit, il est plus que temps de regagner notre hôtel... avant de nous remettre à la randonnée demain !
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