Comme nous n'avons apparemment pas eu notre lot de cascades, de lacs et de marche à Plitvice, nous remettons ça ce matin avec le parc national de Krka (ne nous demandez pas comment ça se prononce, nous n'en avons pas la moindre idée !). Après ce qui est officiellement le meilleur petit-déjeuner de notre vie (vous voyez l'English breakfast ? Ben ça, mais en mieux), nous avons une petite heure de route devant nous jusqu'au petit village de Skradin, où nous attend le bateau qui permet de traverser un lac de carte postale pour accéder aux chutes de Skradinski. Le trajet dure une petite demi-heure et vaut le déplacement à lui seul : encore une fois, Mère Nature a mis les petits plats dans les grands et on ne peut que s'émerveiller devant les falaises couvertes d'arbres qui se dressent des deux côtés.
Nous déchantons un peu à l'arrivée à Skradinski buk (les chutes de Skradinski dans l'idiome local, donc), car si Plitvice mettait l'accent sur la communion avec la nature, Krka cherche manifestement à ce que le touriste mette la main à la poche : boutiques de souvenirs, restaurants, petits stands proposant des produits locaux à grignoter... Même les toilettes sont payantes, ce qui, étant donné le prix du billet d'entrée, nous reste un peu en travers de la gorge. Nous sommes clairement passés du côté "parc d'attractions" de la Force, et il faut admettre que c'est un peu décevant. Heureusement qu'il y a Skradinski buk pour nous remonter le moral. Et parce que les images valent souvent mieux qu'un long discours plein de superlatifs et d'adjectifs laudateurs, je vais me contenter de poser ça là :
Voilà. Dire que c'est beau serait à des années-lumière de la réalité, et nous sommes très reconnaissants au chemin de 2,5 km qui fait le tour de la cascade pour la possibilité de prendre des photos sous tous les angles. Ce genre de merveille naturelle vaut bien de supporter quelques heures le côté Disneyland du lieu. D'autant que, comme chez Disney, les animaux sont au rendez-vous : en dehors des traditionnels et pas très exotiques canards, le parc est également peuplé de cygnes, de plusieurs dizaines d'espèces de serpents... et de pôtichas trop mignons dont on ne sait pas très bien comment ils sont arrivés là, mais on ne s'en plaint pas. Comme à Plitvice, la foule fait qu'il est parfois difficile de circuler et les files d'attente devant les points de vue remarquables sont un peu longues, mais 2,5 km, ce n'est pas le bout du monde, et nous reprenons assez rapidement le bateau pour retrouver Skradin.
Mais Skradinski buk est loin d'être le seul point d'intérêt du parc de Krka, et c'est en voiture que nous rejoignons Roški slap (pour ceux qui n'ont pas suivi le cours de Croate Pour Les Nuls du jour 4, slap = cascade ; pour "buk", Google Translate propose "hêtre", mais on voit pas bien ce que ça vient faire là). Ici, le site est divisé en deux parties bien distinctes : la partie sentier de marche, et la partie plage. Le sentier étant, faut-il vraiment le préciser, infiniment moins fréquenté que la plage, nous l'avons pratiquement pour nous tout seuls, ce qui nous permet d'apprécier en paix la beauté de la rivière Krka et de ses cormorans qui se sèchent au soleil. Le chemin forme une boucle qui ramène les visiteurs au parking, et même la route empruntée par les voitures comme par les piétons parvient à être particulièrement jolie et mémorable (enfin, surtout à pied ; passer là-dessus en voiture n'est pas l'épreuve la plus rassurante du monde...).
En planifiant notre visite, nous avions prévu de nous rendre au monastère de Visovac, sur la petite île du même nom perdue au milieu du lac, à la force de nos gambettes, mais il s'avère que le trajet va chercher dans les 16 km aller-retour – ce qui à 15 heures, par 33°C et avec déjà 40 km de marche au compteur sur les trois derniers jours, nous semble tout bonnement insurmontable. Heureusement, nous sommes pile à l'heure pour attraper le dernier bateau qui se rend à Visovac et qui nous épargnera beaucoup, beaucoup d'efforts. Et en prime, ledit bateau permet de s'approcher au plus près de Roški slap, que nous aurions eu beaucoup de mal à apercevoir depuis la plage.
Si le trajet en bateau jusqu'à Skradinski buk était enchanteur, celui jusqu'à Visovac est franchement impressionnant, la faute aux falaises qui se resserrent à certains endroits, aux grandes croix dressées au milieu de rien et... de la paire de Canadair qui vient faire le plein sur le lac à intervalles réguliers. Point positif : ce n'est pas un spectacle auquel on assiste tous les jours. Enorme point négatif : cela veut dire que quelque chose brûle sérieusement dans le coin...* L'escale sur l'île de Visovac ne dure qu'une petite demi-heure, mais c'est bien suffisant pour en faire le tour. A l'heure actuelle, seuls trois moines franciscains résident au monastère (en voilà qui n'ont pas dû être trop impactés par le confinement...), qui n'est évidemment pas ouvert à la visite histoire de respecter leur intimité. Restent l'église, d'une très grande sobriété, et le petit musée, où l'on découvre des ormeaux gravés, des décrets du 17è en arabe interdisant aux Musulmans d'endommager les monastères (respect) et, beaucoup moins drôle, des photos illustrant les ravages causés aux églises croates (catholiques) par les Serbes (orthodoxes) pendant la guerre. Le niveau de vie local et les infrastructures croates nous feraient presque oublier que la guerre de Yougoslavie ne remonte qu'à une petite trentaine d'années...
Le temps de s'extasier sur la magnifique basse-cour des Franciscains (vu le nombre d'oies et de poules pour trois personnes, on les soupçonne de manger des œufs à tous les repas) et sur leur terrain de basket (si si), il est déjà l'heure de retourner au bateau pour rentrer à Roški, avec la satisfaction d'avoir vu tout ce que nous voulions voir sans y avoir perdu nos pieds. Il ne nous reste plus qu'à rejoindre notre étape du soir, Šibenik, et notre hôtel situé en plein cœur de la vieille ville. Une vraie aventure en soi, les parkings étant inexistants aux alentours, notre valise extrêmement lourde et les marches beaucoup trop nombreuses. Voyons le côté positif : avec un hôtel si central, nous n'aurons aucun problème pour trouver de quoi dîner !
Par ici pour le Disneyland de la cascade !
*Et pourtant, aucune information concernant un feu de forêt d'une ampleur exigeant la présence de deux Canadair en Croatie. Allez comprendre...
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