Hourra, le ciel est voilé ce matin ! Une vraie aubaine, car les visites du jour incluent de l'extérieur et de la grimpette, ce qui est toujours bien plus agréable quand les températures ne dépassent pas allègrement les 30 °C... Au programme ce matin, Rovinj, une des plus jolies cartes postales de Croatie. Avec sa tête de pièce montée couronnée par le clocher de l'église Sainte-Euphémie, la ville, qui était une île jusqu'en 1763, s'apprécie d'abord de loin. Ça tombe bien, le ballet des voitures est tel que nous devons nous rabattre sur un parking situé à un bon gros kilomètre de marche, ce qui nous laisse largement le temps de profiter de la vue.
Une fois les portes de la vieille ville franchies, on découvre un véritable labyrinthe de petites ruelles où se côtoient les ateliers d'artisanat et les boutiques de bonbons (sérieusement, les sucreries sont une obsession dans les villes touristiques croates). Il y a du linge aux fenêtres, des lions de Saint-Marc partout, le vent de la mer pour rafraîchir et suffisamment d'italien dans les rues et sur les panneaux indicateurs pour se demander si on n'a pas changé de pays sans s'en rendre compte. Il ne manquerait plus à Rovinj que de belles plages de sable fin pour piquer une tête dans le bleu intense de l'Adriatique, mais les touristes doivent se contenter de quelques rochers inconfortables pour poser leurs serviettes. Avoir une mer pareille et aucune plage digne de ce nom pour en profiter, c'est tout de même assez vexant !
En dehors de la pièce montée aux façades de toutes les époques, l'autre attraction de Rovinj, c'est son église Sainte-Euphémie, du nom de la fille d'un sénateur romain qui a eu la mauvaise idée de prendre fait et cause pour les Chrétiens persécutés et a fini en reliques pour sa peine. L'autel en marbre, qui fait un peu trop l'éloge du dragonicide à notre goût, et l'énorme sarcophage en pierre renfermant les reliques de la pauvre Euphémie tranchent un peu avec les vitraux ultra-modernes, mais bizarrement, la juxtaposition du très ancien et du nouveau fonctionne plutôt bien. Etant incapables de voir une tour sans avoir envie de monter au sommet, nous nous lançons dans l'ascension du campanile, dont les escaliers en bois promettent de belles entorses (au mieux) à qui serait assez fou pour les aborder en tongs. On ne saura sans doute jamais comment des familles avec de très jeunes enfants ont réussi à monter, et encore moins à descendre, car même les adultes ne font pas les fiers. Au sommet, c'est toujours du bleu à perte de vue, et l'envie de plonger qui ne fait que s'intensifier...
De retour sur le plancher des vaches après quelques frayeurs et pas mal d'embouteillages dans les escaliers, nous quittons la vieille ville par la très vénitienne arche de Balbi pour aller retrouver notre voiture. Nous sommes d'ailleurs bien les seuls à faire le trajet dans ce sens, puisque c'est apparemment l'heure à laquelle les touristes fondent en masse sur la ville, sans doute pour aller déjeuner avant d'aller passer l'après-midi à la "plage". Les voitures, quand ce ne sont pas des cars entiers, sont quasiment à l'arrêt, pare-chocs contre pare-chocs, sur une bonne dizaine de kilomètres depuis la vieille ville, et il continue d'en arriver alors que nous nous éloignons de Rovinj. Inutile de préciser que nous sommes ravis d'être arrivés tôt et d'avoir échappé à ce cauchemar...
Prochaine étape, à seulement quelques kilomètres de tout ce chaos : les ruines de Dvigrad, un petit village médiéval abandonné au 17e siècle. La première chose que l'on remarque en arrivant, c'est le donjon carré digne des livres d'histoire de primaire, qui montre son meilleur profil au visiteur (il lui manque un mur à l'arrière, mais chut). Pour les enfants et ceux qui le sont resté, Dvigrad est un vrai terrain de jeu à ciel ouvert, qui permet de jouer au cabri sur les murs à demi écroulés des 200 maisons, de l'église et de l'enceinte. Aucune barrière, aucun panneau d'interdiction d'escalader... Lorsqu'on se balade à plusieurs dizaines de mètres du sol et que le vent se met à souffler de façon un peu insistante, on ne peut s'empêcher de se demander quel pourcentage de perte le site enregistre à l'année !
Il est à peine plus de midi et les visites sont déjà finies pour aujourd'hui, car nous avons près de 3h30 de route devant nous pour rejoindre le nord de la Dalmatie et le parc national des Lacs de Plitvice. Nous faisons donc en sens inverse le trajet emprunté la veille pour entrer en Istrie, mais les conditions ne sont plus tout à fait les mêmes : alors qu'hier le thermomètre affichait jusqu'à 36 °C, aujourd'hui, le vent se fait de plus en plus fort au fur et à mesure du trajet, et nous regardons la température chuter pratiquement tous les trois kilomètres. Au point que, lorsque nous faisons étape sur la même aire d'autoroute que la veille pour déjeuner (un pur hasard, promis), il ne fait plus que 15 petits degrés ! C'est à y perdre son latin, et sans doute sa santé par la même occasion !
La deuxième partie du trajet, du golfe du Kvarner à la Dalmatie, est à l'avenant, et nous finissons avec 13 °C au compteur. La route, en revanche, est absolument superbe et bucolique à souhait. Nous croisons même un couple de cigognes dans un petit village, ce qui laisse l'Alsacien de marbre mais ravit celle qui n'a pas grandi avec ces bestiaux sur le toit de sa maison. L'arrivée en Dalmatie se fait par la toute petite porte, ou, dans le cas présent, par les toutes petites routes de forêt de Plitvice, du genre où l'on redoute à tous les virages de croiser une autre voiture de peur de finir dans le ravin. Les villages du coin ont de faux airs de stations de ski alpin, la neige en moins. Ici, l'eau se trouve surtout à l'état très, très liquide – mais ça, c'est une histoire qu'on vous raconte demain !
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