Deux mois et demi après
notre retour du Japon, nous voici repartis sur les routes... mais un
peu plus près de la France, cette fois-ci. Après l'Irlande du Nord
l'an dernier, il fallait bien attaquer le sud ! L'excuse étant
toujours la même, rendre visite à Pierre (qui a quitté Belfast
pour aller s'installer à Galway), c'est encore une fois à quatre
(Marie-Noëlle incluse, donc) que nous partons à l'aventure. Et quoi
de mieux qu'un réveil aux aurores pour bien commencer les vacances ?
Nous nous sommes levés ce matin à rien moins que 5h30 pour ne pas
manquer l'avion de 10h15. A noter que le trajet Boulogne-aéroport
est aussi long que le vol Paris-Dublin. Vivement le réseau de
transports en commun du Grand Paris...
Après de loooongues
files d'attente à l'aéroport (la moitié des gens qui prennent
l'avion ce matin n'ont pas l'air d'avoir l'habitude) et un vol très
court, nous atterrissons à Dublin, où nous retrouvons un Pierre en
pleine phase "William Holman Hunt rentrant de Terre Sainte".
Quoique, c'est peut-être simplement "Viking perdu", allez savoir. Quelques formalités supplémentaires plus loin, nous
prenons possession de la petite Renault qui nous accompagnera pendant
deux semaines. Enfin, petite... Il y a suffisamment de place dans le
coffre pour caser deux grosses valises et plusieurs besaces et sacs à
dos. C'était la seule angoisse du séjour, la voilà balayée !
Premier contact avec la
capitale irlandaise : le pub. Ne voyez donc pas le mal partout,
c'est seulement pour déjeuner. Pour faire couleur locale, nous
optons pour une formule soupe/pain maison avec du beurre
salé/sandwich, le tout arrosé d'une pinte de cidre pour fêter les
vacances. Miam. Une fois rassasiés, nous allons prendre possession
de nos chambres à l'hôtel, une petite guesthouse dans une rue qui
semble ne compter que ça. Les toilettes sont sur le palier et les
fenêtres sont en papier à cigarette, mais l'endroit a son charme.
Le temps de poser (littéralement) les valises et de se rafraîchir
un peu, il est déjà 15 heures. L'après-midi sera forcément court,
alors autant marquer le coup.
Et "marquer le
coup", à Dublin, c'est aller voir Trinity College, université
nichée au cœur de la ville, par où sont passés ni plus ni moins
qu'Oscar Wilde, Bram Stroker ou Jonathan Swift. Tout de suite, ça
pose le niveau.
En dehors de son espèce
de campanile central, l'université elle-même n'a pas grand-chose à
envier à une Sorbonne ou à des campus américains plus récents. Là
où elle joue dans une catégorie trèèès éloignée des autres,
c'est au niveau de sa bibliothèque. La vieille. Celle sur laquelle
Disney a dû copier pour La Belle et la Bête, avec les échelles qui
montent jusqu'au sommet des rayonnages et des bustes de grands
auteurs alignés le long des murs. Les amatrices de vieux papiers
sont sur un petit nuage... Nous avons également la chance de visiter
la Long Room, ainsi qu'on appelle cette partie de la bibliothèque,
alors que sont exposés des dessins retraçant les faits marquants de
la vie de Brian Boru, qui n'est pas juste un truc connu qu'on joue à
la harpe, mais également le premier empereur d'Irlande. Au milieu
des livres sans âge, des manuscrits encore sous verre encore plus
anciens et de la harpe en bois du XVè siècle devenu l'emblème de
l'Irlande (et de la brasserie Guinness par la même occasion),
l'ambiance bande dessinée pourrait choquer. Et pourtant, les dessins
s'intègrent parfaitement à l'ambiance.
Mais Trinity College,
c'est aussi et surtout une superbe collection de manuscrits enluminés
des Évangiles vieux de plus d'un millénaire, dont le célébrissime
Livre de Kells. La chose elle-même est exposée sous du verre plus
épais que le pare-brise de la papamobile, dans une pièce à la
lumière très tamisée, et on ne peut donc en contempler "en
vrai" qu'un nombre très réduit de pages. Mais une exposition
très intéressante permet de découvrir des agrandissements des
dessins les plus importants et des enluminures de plus petite taille
qui émaillent le texte. Certaines capitales enluminées font se dire
que les moines travaillaient probablement sous l'influence de
certains champignons... (Photos interdites, vous vous en doutez.)
Après un tour par la
boutique pour faire l'acquisition des exploits de Brian Boru version
BD, direction Saint Stephen's Green, un parc dans lequel viennent se
détendre les étudiants de Trinity. Il n'y a rien de particulier à
y voir, mais on apprécie la balade au milieu des mouettes et des
bébés cygnes, d'autant que la météo nous fait la grâce d'un
après-midi sec, avec quelques rayons de soleil en prime. Dans
l'idéal, il faudrait que ça tienne deux semaines, s'il vous plaît
et merci !
Déjà bien fatigués par
cette première journée (5h30, vous vous rappelez ?), nous
rentrons à l'hôtel par le chemin des écoliers, celui qui passe par
la grande artère commerçante d'O'Connell Street et son General Post
Office, ou GPO pour les intimes, lieu emblématique de l'insurrection
de 1916. Sur les piliers de la façade, on aperçoit encore les
impacts des balles anglaises... Pour conclure en beauté, nous allons
dîner dans un autre pub, The Oval, pour déguster le premier Irish
stew d'une longue série (c'est en tous cas ce qu'on espère), ainsi
qu'un dessert sobrement renommé par nos soins Sainte Glace et Sainte
Tourte aux Pommes. Oui, c'était bon à ce point.
Les quelques photos du jour.
Les quelques photos du jour.
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