Programme chargé aujourd'hui, et parmi tous les sites intéressants autour de Sligo, Benjamin a la bonne idée de nous conduire en priorité à Parke's Castle, sur les bords du lough Gill : non seulement la visite se passe en grande partie en intérieur, ce qui nous met à l'abri du petit crachin qui tombe depuis ce matin, mais elle commence également par un film de 20 minutes (en français) sur l'histoire de la région. Nous avons ainsi droit à un très bon résumé de ce que nous allons découvrir dans la journée.
Parke's Castle, c'est un bon gros manoir fortifié qui, il y a quelques années encore, tombait en ruines. Ce sont les artisans du village d'à côté qui l'ont entièrement reconstruit, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils ont fait un sacré bon boulot. A l'intérieur, on peut seulement regretter de ne pas avoir le même genre de décor qu'à Bunratty : les meubles sculptés, les tentures et les trophées de chasse auraient été un peu plus intéressants que l'exposition sur les styles de construction vernaculaires... Mais on se console avec le décor digne d'un guide touristique, rendu encore plus beau par la pluie.
De retour à Sligo, nous nous arrêtons à l'abbaye du 13è siècle pour quelques ruines supplémentaires. Sa cloche, rescapée d'un incendie, serait immergée dans le lough Gill et seuls les êtres purs et parfaits pourraient l'entendre sonner. Personne dans le groupe ne l'a entendue pendant la nuit ; déduisez-en ce que vous voulez... C'est également ici (dans l'abbaye, pas dans le lac !) qu'on trouve le dernier autel sculpté d'Irlande, dixit le film de Parke's Castle. La quantité de sculptures intéressantes est d'ailleurs assez impressionnante, car en plus de l'autel, on découvre des blasons, des pierres tombales et une représentation du seigneur de Sligo. Ce ne sont pas les plus grandes ruines que nous ayons vues jusqu'ici, mais elles comptent parmi les plus jolies.
Le temps de nous rendre à Carrowmore, et le soleil a fait son grand retour. Tant mieux, car ici, tout est en extérieur ! Il s'agit en fait de la plus grande concentration de tombes mégalithiques (ou cairns, ou tumulus, appelez ça comme vous voulez) d'Europe. Au 19è siècle, lorsqu'elles ont été découvertes, on en comptait plus de 60, mais les fermiers des environs ne se sont pas gênés pour aller y récupérer des pierres. Aujourd'hui, on n'en voit plus qu'une trentaine, et une bonne partie se trouve en pleins champs. Pas besoin de partir à l'aventure, cela dit, car la partie visitable est plus que suffisante pour se faire une idée. Le grand tas de pierre et les tombes plus petites qui l'entourent sont un peu intimidants : on avance à pas feutrés avec l'impression de déranger les locataires, installés là pour certains depuis 6 000 ans. Ça calme... Il paraît que les archéologues ont trouvé jusqu'à 32 kg d'os calcinés sous un seul amas de terre et de cailloux. Ça re-calme...
Si la partie sud du site est très digne avec son grand cairn, la partie nord est un peu plus rigolote : il y a en effet un élevage de chevaux juste à côté, et on s'amuse à compter les lapins qui trottinent un peu partout. Sans parler des traces laissées par les vaches qui ont manifestement le droit de paître au milieu des tombes !
Pour continuer dans la thématique "tombes vieilles de plusieurs milliers d'années", nous allons rendre visite à la reine Maeve. En voilà une qui devait être sacrément badass, car la légende veut qu'elle ait été enterrée debout, face à ses ennemis. Et quand on est une reine badass, on ne se fait pas enterrer dans la plaine, mais au sommet de Knocknarea Mountain ; comme ça, les touristes qui veulent passer dire bonjour doivent se coltiner 45 minutes de grimpette dans des cailloux plus que traîtres qui leur font risquer l'entorse tous les deux pas. Mais on ne regrette pas l'effort, car on peut profiter d'un panorama absolument sublime sur la campagne environnante. Il y a le bleu de la mer, les différentes nuances de vert qui font la beauté de l'Irlande, le violet de la bruyère, et c'est tout simplement beau. Un paysage pareil valait bien 1h30 à mettre l'intégrité de nos chevilles en danger (oui, parce que la descente est aussi longue et presque pire que la montée).
Allez, pour que notre exploration des vieux cailloux soit complète, nous faisons un arrêt éclair à Creevykeel, l'une des plus vieilles tombes néolithiques du pays. Ici, c'est une véritable construction en pierres qu'on découvre, avec une entrée très large et un dolmen en guise de portail. Un peu comme à Carrowmore, on ne sait pas grand-chose de ce cairn, hormis son âge (quelques millénaires) et sa fonction de base (dépôt de cendres et os humains). Mais vu sa configuration, il s'agissait sans doute également d'un temple. Quand on parle du néolithique, il n'y a plus personne à qui demander des précisions et le conditionnel est donc de rigueur...
Pour conclure la journée, et malgré la pluie qui menace à nouveau, nous faisons un détour par Glencar Lake et sa cascade. Après une très courte marche (la randonnée, ça suffit pour aujourd'hui !), nous découvrons une jolie cascade en forme de rideau qui se jette dans un petit bassin. Et autour, toujours ce vert étincelant avec les nuages gris en arrière-plan, qui donnent l'impression d'avoir plongé tête la première dans une carte postale.
Parce qu'il serait vraiment dommage de se priver d'un hébergement pareil, ce soir, nous retournons sur le campus de l'université St Angela. On va vraiment finir par signer pour y passer une année complète !
Les photos du jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire