samedi 19 juillet 2014

Irlande, jour 5 - Cashel/Waterford

Nous quittons Kilkenny ce matin pour un premier arrêt à environ 45 minutes de route de là. Le Rocher de Cashel (la brochure dit "la Roche", mais elle est bien la seule) désigne une série de bâtiments religieux en ruines plantés au sommet d'une colline dans le village de Cashel, donc. C'est là que Patrick aurait expliqué le principe de la Trinité aux Irlandais à coups de trèfle et que les rois de Munster siégèrent pendant quelques siècles avant de se faire chasser par les Anglo-Normands. Accessoirement, c'est aussi là que se passe une bonne moitié des enquêtes de sœur Fidelma. Rien à voir avec le fait que j'avais très envie d'y aller, non non...



Il crachote un peu lorsque nous découvrons le site, mais cela n'en rend les ruines et la campagne avoisinantes que plus belles. La chapelle Cormac est malheureusement en rénovation (c'est pour la bonne cause, il faut faire ressortir les peintures murales), mais la tour ronde, la cathédrale, le cimetière et la croix de Saint-Patrick (une copie, l'original est exposé dans la crypte) sont de toute beauté. Un peu comme hier à Jerpoint, on y trouve un bon nombre de sculptures et des croix celtes superbement gravées. Des moutons se sont même installés juste derrière les murs d'enceinte, ce qui rajoute au côté carte postale. La salle de la chorale, quant à elle, propose quelques pièces reconstituées, et la crypte expose des sculptures qu'il vaut mieux ne pas laisser à l'air libre. C'est un sacré morceau d'histoire médiévale qu'on a sous les yeux, et pour la lectrice assidue de Fidelma, il est assez émouvant d'être ici en vrai !



Beaucoup de route aujourd'hui : nous devons ensuite nous rendre à Waterford, célèbre pour sa cristallerie. Sur la route, le temps passe tous les 100 mètres du grand soleil à l'averse, ce qui est à la fois complètement dingue et très amusant. Mais du moment que la pluie ne nous ennuie que dans la voiture, après tout... Après un pique-nique à proximité des ruines du château de Grannagh, nous rejoignons donc la fameuse cristallerie. Un samedi en plein été, l'endroit est très couru par les touristes et la prochaine visite qu'on nous propose doit commencer 45 minutes plus tard. Qu'à cela ne tienne, nous allons commencer par la tour Reginald, qui doit son nom à Ragnall, le Viking qui fonda la ville au 10è siècle. Pour la minute culture, Waterford est d'ailleurs la seule ville d'Irlande à avoir conservé un nom d'origine scandinave.



La tour ne comporte que trois étages à visiter, mais nous avons à peine le temps de regarder la vidéo de présentation avant de devoir retourner à la cristallerie pour ne pas manquer le début de la visite. Les guides nous proposent de revenir avant la fermeture, étant donné que l'Heritage Card achetée ce matin à Cashel nous permet d'y accéder à volonté.

Un peu d'histoire concernant la cristallerie de Waterford : elle fut fondée en 1783 car l'Irlande ne possédait pas de taxe sur les produits de luxe, puis fermée en 1851 quand ladite taxe fut mise en place. La cristallerie n'a rouvert qu'en 1947 et le site de Waterford est surtout célèbre aujourd'hui pour créer les coupes de grands événements sportifs et des commandes spéciales. Bon, elle produit aussi des verres et des saladiers, hein, mais même là, notre portefeuille n'est pas assez garni !

Vous ne voulez pas savoir combien coûte ce truc...

La visite guidée permet de découvrir toute la chaîne de production, de la fabrication des moules en bois à l'étape de la gravure. On a beau avoir déjà vu des artisans verriers au travail, notamment à Murano, il est toujours aussi impressionnant de les voir créer des vases rien qu'en soufflant sur du sable en fusion. De la vraie magie ! Ou peut-être simplement les huit ans de formation nécessaires pour accéder au rang de maître cristallier... Après le soufflage, place au contrôle qualité, puis on passe dans l'atelier des coupeurs. 95 % des pièces sont coupées à la main, et les 5 % restants, trop lourdes pour être manipulées par un seul homme, passent dans des machines avant d'être fignolées par un maître. Le plus impressionnant reste le travail du sculpteur, qui vous dessine des colibris et des scènes religieuses avec des roues abrasives aussi facilement qu'avec un crayon et du papier...

Le maître sculpteur

Pendant la visite, nous avons le droit de soupeser plusieurs pièces pour juger par nous-mêmes de la qualité du travail. Nous n'avions pas besoin de ça, voir les commandes spéciales exposées sur les tables est suffisamment parlant ! D'autant que tenir une de ces pièces est une sacrée responsabilité, car elle peut très facilement vous glisser des doigts et se fracasser par terre... Il paraît que c'est arrivé quelques heures avant notre visite, et que ce n'est pas très grave car chaque pièce est produite en trois ou quatre exemplaires, justement pour parer à ce genre d'éventualité. Par exemple, quand l'Université de l'Alabama fait tomber sa coupe de foot américain deux jours après l'avoir gagnée, on peut toujours la lui renvoyer !



Après un petit tour dans la boutique (notre portefeuille n'est pas assez garni pour faire autre chose que regarder), nous traversons la route pour nous rendre au palais épiscopal, une grande maison du 18è siècle qui servait, comme son nom l'indique, de résidence pour l'évêque. Il arrive que des guides en costume assurent la visite, mais aujourd'hui, nous n'avons le droit qu'à un audio-guide soi-disant "automatique", dont les explications se déclenchent toutes seules lorsqu'on passe d'une pièce à l'autre. La technologie n'étant pas toujours d'une fiabilité extrême, il faut parfois faire deux fois le tour d'une pièce pour que l'audio se lance, mais c'est une méthode originale.



Au premier étage, dit "noble", nous avons droit à la traditionnelle reconstitution d'époque, avec table mise pour 20 personnes, harpe dans un coin du salon de musique et portraits de messieurs emperruqués. Au second, une exposition retrace l'histoire de Waterford à partir du 19è siècle, avec de nombreux objets et photos. On apprend ainsi que la ville connut une période particulièrement sombre appelée "grève du bacon", pendant laquelle fermiers et abattoirs n'arrivaient pas à s'entendre sur le prix du cochon. Notre petit groupe de Bretonnos-Alsaciens n'aurait pas survécu à ce triste événement...

Pour conclure la journée, nous repassons en coup de vent à la tour Reginald (moins de 2 minutes avant la fermeture des portes) pour terminer la visite commencée un peu plus tôt. Le musée étant finalement assez petit (les Vikings ont laissé des traces de leur passage, mais sorti des armes et du matériel de couture, on a vite fait le tour), nous repartons rapidement pour environ 1h30 de route jusqu'à Cork, notre étape pour la nuit.

Presque raisonnables sur les photos...

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