dimanche 27 juillet 2014

Irlande, jour 13 - Vallée de la Boyne

Quand Murphy décide de faire des siennes, il ne les fait pas à moitié ! Le voyage s'est plus que bien passé jusqu'ici, mais ce matin, c'est une série de gros ratés qui s'abat sur nous. Le trajet jusqu'à la vallée de la Boyne est notamment marqué par une collision avec un panneau de signalisation routière. Résultat : un beau trou dans la carrosserie et une porte passager avant qui proteste méchamment quand on l'ouvre. Heureusement que le loueur a insisté au début du séjour pour que nous prenions une assurance ! Le GPS, qui n'arrive pas à tenir le rythme des constructions d'autoroutes dans le pays, décide ensuite de nous perdre entre les comtés de Meath et de Louth, rallongeant ainsi un trajet déjà bien long. La course cycliste qui nous empêche d'avancer à plus de 15 km/h en rajoute une couche. Et un peu plus tard dans la journée, c'est au tour de mes lunettes de soleil quasi-neuves de rendre l'âme. Décidément, quand ça veut pas, ça veut pas !

Malgré tous ces défis sur notre route, nous arrivons aux alentours de midi à Brú na Bóinne (avec les accents qui vont bien), ou vallée de la Boyne dans une langue que tout le monde peut prononcer. Cet ensemble archéologique, le plus grand d'Europe, est plus vieux que les pyramides d'Égypte et rassemble à lui tout seul plus de la moitié de tout l'art mégalithique de la vieille Europe. Paris a le Louvre, les hommes préhistoriques avaient la vallée de la Boyne ! Le site compte deux tumulus particulièrement importants, Newgrange et Knowth. La plupart des visiteurs se contentent de visiter Newgrange, mais il serait dommage d'avoir bravé les cyclistes et les panneaux de signalisation en kevlar pour repartir sans avoir vu les deux.

Knowth

L'accès aux tumulus se fait en navette, et c'est à Knowth que nous sommes déposés en premier. Si Brú na Bóinne est le Louvre des hommes préhistoriques, alors Knowth est la salle de la Joconde. Alors certes, les spirales et les serpentins que l'on découvre sur les 200 pierres gravées ne sont pas vraiment dignes de Vinci ou de Botticelli, mais ces cailloux décorés avec les moyens du bord sont étrangement émouvants. En prime, notre guide fait vivre le site avec beaucoup d'enthousiasme, et on a l'impression que les responsables de ces œuvres d'art ont posé leurs outils la veille.



Newgrange, à un petit kilomètre de là en navette, est très différent. Pour commencer, le tumulus, immense, n'a pas été fouillé par la même équipe d'archéologues, et les pierres blanches laissées à terre à Knowth ont été ici montées sous forme de mur. Impossible de savoir qui a raison, bien sûr. À l'exception de la spectaculaire pierre à l'entrée, l'art se fait aussi plus rare à Newgrange. Le véritable intérêt du site est la visite du tumulus, accessible par un tunnel très étroit et très bas de plafond. À l'intérieur (photos interdites...), on ne peut qu'imaginer l'effet provoqué par le lever du soleil le matin du solstice d'hiver. Car en plus d'être des artistes, nos ancêtres du Néolithique étaient d'excellents astronomes, qui ont construit leurs tombes de façon à aligner les entrées sur le soleil d'équinoxe ou du solstice. Ça rend modeste.

Newgrange (oui, nous avons pris la pluie)

Les visites filent vraiment très vite, et l'après-midi est bien avancé lorsque nous quittons le visitors' centre pour faire un saut dans le temps et nous rendre au cimetière de Monasterboice. Un autre genre de pierres sculptées nous y attend : il s'agit ici de trois croix, qui accumulent à elles seules tous les superlatifs. La plus élaborée du pays est la croix de Muiredach, sublime avec ses scènes des Évangiles et ses entrelacs celtiques. La plus grande, à proximité de la tour ronde, dépasse très nettement des autres croix du cimetière. Et la plus ancienne, isolée dans son coin, a subi les outrages du temps au point de ne plus porter à son sommet qu'un Jésus en croix. La croix celte a tout de même plus de classe qu'une simple pierre tombale, et on aimerait pouvoir commander son propre exemplaire !

La croix de Muiredach au premier plan

Dernière étape du jour, toujours dans la catégorie vieilles pierres : l'abbaye cistercienne de Mellifont. Parenthèse étymologique totalement inutile mais ô combien poétique : Mellifont vient du latin "fons mellis", qui signifie "fontaine de miel". Bon, à défaut de vraie fontaine de miel dans les parages, on vient surtout pour voir... le lavabo. À l'époque comme aujourd'hui, on allait se laver les mains avant de manger, et certaines abbayes trouvaient le rituel tellement important qu'elles faisaient construire des lavabos séparés des autres bâtiments et plus grands que mon salon. Pour le reste, pas grand-chose à voir, les ruines de l'abbaye étant vraiment minimalistes.

Le fameux lavabo

Parce que la pluie est venue jouer les trouble-fêtes et parce que nous approchons de l'heure où tous les sites touristiques ferment leurs portes, nous reprenons la route pour boucler la boucle et retourner à Dublin. Les logements étudiants de l'université sont infiniment moins chics que ceux de Sligo, mais on ne peut pas tout avoir !

Quelques photos sous la pluie.

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