dimanche 5 mai 2024

Italie du Nord, jours 1 à 3 - Milan

Notre petite voiture nous ayant prouvé l'an dernier qu'elle était capable d'affronter de longs périples comme une grande (on a dit qu'on ne parlait plus de l'affaire de la batterie...), nous remettons le couvert en ce printemps 2024 particulièrement moche, en nous rendant cette fois de l'autre côté des Alpes. Comme pour la Bavière, nous faisons le trajet sur deux jours (il n'y a toujours qu'un seul conducteur, la deuxième y travaille !), et nous pouvons désormais cocher le tunnel du Mont-Blanc sur notre liste de choses à voir avant de mourir. Côté français, il fait 11 petits degrés et le brouillard s'accroche aux montagnes comme s'il n'était pas au courant que nous sommes en mai. A peine le tunnel franchi et les roues sur l'asphalte italien, c'est ambiance ciel bleu et températures plus proches de l'été que du printemps. Avec cette météo, les Alpes côté italien, avec leurs cascades, leurs torrents, leurs maisons surélevées et leurs vaches de carte postale, sont particulièrement agréables à regarder.

Nous laissons finalement les montagnes derrière nous et atteignons Milan en tout début d'après-midi. La circulation étant limitée en centre-ville, nous posons la voiture à l'hôtel et rejoignons la capitale lombarde en métro. Seule destination au programme de cet après-midi : la Pinacothèque ambrosienne, installée dans le palazzo dell'Ambrosiana depuis 1618, ce qui en fait le plus vieux musée de la ville. A regarder le plan des lieux, on pourrait presque penser qu'il n'y a pas grand-chose à voir, mais le palais à des airs de sac à main de Mary Poppins et, surtout, la liste des peintres exposés est impressionnante : il y a du Titien, du Luini, la seule nature morte jamais réalisée par le Caravage (quand on aime mettre du sang et du clair-obscur partout, les humains morts, c'est plus intéressant), un très beau Botticelli que l'on reconnaît à la tête caractéristique de la Madone, et surtout, surtout... les cartons de L'Ecole d'Athènes de Raphaël, dont nous avons vu la version finie au Vatican en 2019. Un joli brouillon de 8 mètres sur 3 qui donne presque autant le tournis que la peinture en couleurs. Résultat des courses, le "petit musée" nous aura pris 2 grosses heures. Et comme nous avons déjà 5 heures de voiture dans les pattes, nous en restons là pour la journée.

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Les choses sérieuses commencent le samedi matin, avec le visite du Castello Sforzesco, qui fut forteresse militaire sous les Visconti avant de devenir château résidentiel sous les Sforza (ducs de Milan quand les Français voulaient bien leur fiche la paix). Aujourd'hui, le castello tient plutôt du Louvre, en cela qu'il renferme 36 musées différents (sculptures, mobilier, pinacothèque, arts décoratifs, instruments de musique, et même une salle entièrement dédiée à la toute dernière œuvre de Michel-Ange, dont la légende raconte qu'il travaillait encore dessus 4 jours avant sa mort). De là, nous nous rendons ensuite à l'église Santa Maria delle Grazie, surtout connu pour son joli dôme signé Bramante et, accessoirement, une certaine peinture sur le mur du réfectoire de l'ancien couvent dominicain. Malheureusement pour nous, la Cène est devenue un chouia culte depuis que Léonard de Vinci y a mis son dernier coup de pinceau en 1498, et bien que nous ayons cherché à acheter des billets pour la voir le jour même de leur mise en vente, nous n'avons jamais réussi à en obtenir (tout le mois de mai était booké en seulement quelques heures). Aucune annulation n'ayant eu lieu le jour J, il n'y avait rien à espérer en nous rendant directement sur place. Nous espérions au moins pouvoir visiter l'église elle-même, mais même là, nous sommes déçus, car elle est inaccessible pour une raison qui restera mystérieuse. Quant à la casa degli Atellani, que nous avions prévu de visiter sur les recommandations du Routard, elle est carrément fermée au public depuis fin 2023. Une belle brochette d'échecs successifs !

Pas découragés pour autant, nous profitons du beau temps pour nous rendre au Cimitero monumentale, sorte d'hybride entre le Père Lachaise et le cimetière de Highgate... mais sous hormones. Disons-le clairement, c'est un délire absolu, un concours de mégalomanie et de tape-à-l'œil absolument jouissif pour les touristes qui aiment prendre des photos (comprendre : bibi). Ici, pas une tombe qui ne soit totalement excessive, pas un mausolée qui ne soit colossal et prétentieux. Tous les styles, de l'antique à l'Art Nouveau, sont représentés, toutes les sculptures possibles et imaginables (de la Cène grandeur nature sur la tombe de Davide Campari, dont le nom parlera aux amateurs d'apéro, aux traditionnels anges, en passant par les faucheuses, les animaux, les petits enfants, les moines ou les jeunes filles éplorées) fleurissent dans les allées. Une folie des grandeurs génialissime qui donne envie de se taper la tête contre le marbre des catafalques et nous conforte dans nos souhaits de crémation. Contre toute attente, nous nous sommes amusés comme des petits fous. La mort, quand c'est prétentieux, c'est tout bonnement un régal.

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Pour notre troisième et dernier jour à Milan, dimanche oblige, nous allons faire un petit tour à l'église – ou plutôt à la cathédrale, parce qu'on aime bien les excès. Et comme on aime bien aussi la grimpette, on commence par les 160 marches bien raides qui mènent aux toits du Duomo. Une visite à mi-chemin entre L'Age heureux et les tours de Notre-Dame, qui permet moins de découvrir la ville d'en haut que d'apprécier les très belles spires et les arcs élégants qu'on ne distingue que très vaguement sur le plancher des vaches. La comparaison avec une forêt de pierre vaut non seulement pour les toits, mais également pour l'intérieur, car les 5 nefs que compte la cathédrale sont soutenues par pas moins de 52 piliers de 3,5 m de large (nous ne sommes pas dans la 3e plus grande église du monde catholique pour rien). Ce n'est pas un détail comme la présence d'une horde de touristes qui va empêcher la messe d'être dite (comptez environ 50 visiteurs payants pour chaque fidèle), et il faut admettre que le combo encens/chants religieux met vraiment dans l'ambiance.

Après un petit détour par la galleria Vittorio Emanuele II, une arcade 19e qui accueille restaurants, cafés et boutiques de luxe, nous nous rendons à la Scala, que l'on ne devrait pas avoir à présenter. Un peu comme le Royal Opera House de Londres, la Scala n'a pas de marches, ce qui la ferait presque passer inaperçue et perturbe un peu les quasi-Parisiens qui ont l'habitude du Palais Garnier. Là encore, nous n'avons pas vraiment de chance : non seulement le bâtiment est couvert d'échafaudages, ce qui nous empêche de profiter de la façade extérieure, mais une représentation est prévue à 14h30 (donc pas de visite guidée aujourd'hui) et des répétitions sont en cours (impossible donc d'apercevoir la salle depuis le musée). Nous devons donc nous contenter des portraits et bustes des compositeurs et des chanteurs et chanteuses célèbres passés par la Scala lors de cette visite, mais pour l'amatrice d'opéra que je suis, c'est déjà bien. (Verdi vivait à côté, et Verdi, c'est bien.)

Après trois petits jours d'exploration, il est déjà temps de quitter Milan et de rejoindre la région des lacs. Ce soir, c'est direction le Lac Majeur et la petite ville de Stresa pour s'en mettre plein les mirettes.

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