mardi 26 septembre 2023

Bavière, jours 9 à 13 - Le nord de la région

Jour 9 - Augsbourg et Dachau

Quand nous partons en vacances, pousser la voiture pour lui permettre de démarrer et d'arriver au garage le plus proche figure rarement au programme de nos journées, mais il faut bien une première fois à tout ! Dans notre malheur, nous avons tout de même eu beaucoup de chance : non seulement la présence d'Amaury est plus que bienvenue pour aider cette blogueuse aux bras de T-rex à pousser, mais la rue dans laquelle se trouve son appartement est en outre très peu passante (pratique pour lancer la machine tranquillement) et... située à 500 m d'un garage. L'avantage d'Augsbourg par rapport à Füssen, c'est aussi que les garagistes parlent un excellent anglais, ce qui rend la communication beaucoup plus facile. Notre allemand est suffisant pour nous dépatouiller dans la vie de tous les jours, mais certainement pas pour parler automobile... Le mécano qui prend la voiture en charge confirme notre diagnostic au bout de deux phrases : la batterie est morte et doit être remplacée. Efficacité allemande oblige, l'opération ne devrait pas prendre plus de deux heures, ce qui nous laisse le temps de faire exactement ce qui était prévu au programme, à savoir visiter la vieille ville d'Augsbourg. Contretemps ? Quel contretemps ?

Augsbourg est une ville particulièrement choupi pour une balade de 10 km, mais en dehors de la cathédrale et du quartier de Fuggerei, composé de "logements sociaux" construits au 16e siècle et dont les loyers s'élèvent encore aujourd'hui à 88 CENTIMES D'EURO par an (contre 8€ le billet d'entrée pour les touristes, ahem...), aucun bâtiment ne sort particulièrement du lot. Il n'y a même pas de château commandité par un Wittelsbach ou un autre pour sa maîtresse, son chien ou ses vacances de printemps, c'est dire ! Le temps de faire le tour de la ville, nous revenons au garage aux alentours de 12h30. La batterie de remplacement vient seulement d'arriver et nous devons patienter un peu avant qu'elle soit installée, mais dans l'ensemble, toute cette opération aura été rondement menée. Même s'ils ne liront jamais ces lignes, un grand merci à Kfz-Möckl GmbH pour nous avoir tirés de la panade !

Après un pique-nique en compagnie d'Amaury près de la rivière Wertach, nous prenons congé pour nous rendre au mémorial de Dachau, parce que la journée n'a pas été assez compliquée comme ça... Nous appréhendions un peu la visite, à la fois indispensable et pas drôle du tout, car les souvenirs du mémorial d'Hiroshima sont encore très présents dans nos esprits et nous nous demandions sincèrement si Dachau (le tout premier camp de concentration, ouvert en 1933, sur lequel tous les autres furent basés par la suite) serait pire. Au final, le musée, logé dans les anciens bâtiments administratifs du camp, bien qu'extraordinairement complet et ne cachant rien des horreurs qui ont pu se produire sur le site, est aussi très clinique, ce qui permet d'aborder la visite sous l'angle historique et de laisser l'affect en retrait. A Hiroshima, nous avions très vite sorti les mouchoirs ; à Dachau, on a surtout envie de faire comme Indiana Jones et de marmonner : "Les Nazis... je hais ces gars-là" environ 10 fois par salle.

Malheureusement, nos soucis de voiture nous aurons tout de même coûté un peu de temps, et nous n'avons qu'une heure et demi à consacrer au mémorial, alors qu'il en faudrait facilement trois pour explorer l'ensemble du site et lire la moindre légende de la moindre photo du musée. Mais nous avons au moins pu en apprendre davantage sur la période allant de 1933 à 1938, dont on ne nous a évidemment jamais parlé à l'école (1939-1945, c'est de l'histoire mondiale ; avant, ça reste de l'histoire allemande). Et les visiteurs qui franchissent aujourd'hui la fameuse porte portant l'inscription "Arbeit macht frei" savent qu'ils la passeront dans l'autre sens dans la même journée. Certaines opposants au régime nazi sont restés au camp pendant douze ans, de l'arrivée d'Hitler au pouvoir à la fin de la guerre. On se demande encore comment ils ont fait pour survivre si longtemps...

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Jour 10 - Die Befreiungshalle et Ratisbonne

Aujourd'hui est une petite journée, consacrée principalement à faire de la route afin de remonter vers le nord de la Bavière (maintenant que la voiture roule, on en profite !), mais avec tout de même quelques arrêts culture en chemin. En premier lieu, la Befreiungshalle, monument tout en construit à l'initiative de Louis Ier et commémorant les victoires allemandes remportées pendant les guerres napoléoniennes. Les différents royaumes allemands du début du 19e siècle avaient beau ne pas s'entendre sur grand-chose, quand il s'agissait d'aller taper sur Napoléon, là, tout le monde était d'accord pour former une coalition. L'empereur aura donc, à sa façon, contribué à l'unité de l'Allemagne. C'est d'une ironie délicieuse.

Deuxième arrêt, la ville de Regensburg, connue en français sous le nom de Ratisbonne, parce qu'utiliser un toponyme celte pour désigner une ville de Germanie, c'est tout de même le truc le plus gaulois du monde. Avec ses restes de muraille romaine (il faut bien justifier cette étymologie...) et ses ponts jetés sur le Danube, la vieille ville est particulièrement choupi et se prête bien à une pause déjeuner et à une petite marche avant de rejoindre notre destination de la soirée, Nuremberg.

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Jour 11 - Nuremberg

S'il y a bien une chose dont nous nous sommes rendu compte depuis notre arrivée en Allemagne, c'est que se garer exige une formation spéciale – et celle-ci ne nous aura jamais autant fait défaut qu'à Nuremberg. Après une bonne demi-heure passée à tourner autour de la vieille ville pour trouver une place, nous pouvons enfin nous rendre au Kaiserburg, le château impérial, bien plus proche du Hohes Schloss de Füssen que de Neuschwanstein. Nous autres Français connaissons surtout Nuremberg pour son Gutenberg, sa presse et ses procès à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais on sait moins que ce fut pendant longtemps une ville d'une importance considérable pour le Saint Empire romain germanique de 962 à 1806 (ça fait long). C'est en effet là que devait impérativement se tenir la première Diète (la première réunion avec les sous-fifres, quoi) de chaque empereur nouvellement élu, ce qui en faisait un des sièges de l'empire avec Francfort (où les souverains étaient élus) et Aix-la-Chapelle (où ils étaient couronnés). La visite est donc l'occasion d'en apprendre davantage sur ce Saint Empire dont, encore une fois, on ne nous dit pas grand-chose à l'école française, et aussi de s'amuser un peu devant une exposition d'armures et de vilaines armes qui piquent (notre enthousiasme face à la flamberge et aux Zweihänder n'est sans doute pas sain).

Le "marché d'automne" (c'est comme un marché de Noël, mais en moins froid) situé sur la place centrale de la vieille ville fournit le déjeuner le plus décadent et le plus nutritionnellement discutable du monde, mais il faut bien plusieurs saucisses et une crêpe par personne pour assurer le tour des douves avec la météo actuelle. Transformées en jardins et en aires de jeux, elles font aujourd'hui le bonheur des promeneurs de chiens, des écureuils roux pas farouches et des touristes qui aiment profiter des murailles dans une fraîcheur relative.


Dernier arrêt du jour, le Centre de documentation sur l'ancien site des congrès du parti nazi. Oui, l'endroit est à peu près aussi marrant à visiter que Dachau, mais encore une fois, la quantité d'informations assimilée lors de la visite est folle et permet de mieux comprendre ce qui a pu justifier les délires grandiloquents du NSDAP (réponse : ce fameux passé impérial dont on parlait plus tôt). Aujourd'hui, il ne reste pratiquement rien des bâtiments utilisés à l'époque, à l'exception d'un immense théâtre à l'antique désormais utilisé en partie par l'orchestre de Nuremberg, mais la somme de documents, images, films et témoignages rassemblée dans le Centre de documentation est absolument fascinante. Il est bon de savoir que le site est aujourd'hui utilisé pour organiser des festivals de musique qui auraient profondément agacé les Nazis !

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Jour 12 - Rothenburg ob der Tauber et Wurtzbourg

Comme la vague impression d'être tombés dans un conte de Grimm, aujourd'hui... Notre premier arrêt du jour est la petite ville médiévale de Rothenburg ob der Tauber (ou o.d.T si vous avez la flemme), restée totalement dans son jus depuis la guerre de Trente Ans, soit le milieu du 17e siècle. Les maisons à colombages, les tours et la totalité de l'enceinte fortifiée sont toujours là, et seules les voitures des résidents et la modernité de certaines enseignes nous rappellent que nous sommes en 2023 (non, Lindt n'était pas encore maître chocolatier en 1648). La porte aux tours rondes et rose donnant sur les jardins du château n'appartient absolument pas au monde réel mais à un conte de fées, les enseignes sur lesquelles s'entortillent des fleurs en fer forgé auraient tout à fait leur place dans une série TV de fantasy et le chemin de ronde semble tout droit sorti d'un livre pour enfants sur les châteaux forts (bon, OK, certaines sections ont dû être reconstruites suite aux bombardements de 1945, mais quand même). La balade est un véritable enchantement, et il y a de fortes chances que nous ne puissions plus jamais lire un livre de fantasy medfan sans y apposer nos souvenirs de Rothenburg.

Deuxième arrêt, un chouia plus récent et surtout plus bling, la Residenz de Wurtzbourg, ancien fief des princes-évêques, un concept quasi-exclusif au Saint Empire romain germanique qui nous retourne un peu le cerveau et que Wikipedia expliquera bien mieux que nous. Détruite à 90 % en même temps que le reste de la ville par la Royal Air Force en mars 1945 (300 000  bombes incendiaires lâchées par 225 bombardiers en 20 minutes, ça pique), la Residenz ne doit son salut qu'aux forces d'occupation américaines, qui ont immédiatement protégé les fresques épargnées par les bombes pour leur éviter une disparition définitive. On visite donc surtout une reconstruction, mais une reconstruction exemplaire, basée sur les plans, dessins et schémas d'époque, et décorée avec les meubles d'origine, mis à l'abri quand les choses ont commencé à sentir le roussi pour l'Allemagne. La muséographie concernant les années de restauration et la quantité de travail nécessaires pour remettre sur pied ce palais épiscopalo-princier sont tout aussi intéressantes que les appartements d'apparat eux-mêmes, et on ne peut que féliciter les Monuments Men de 1945 pour leur action rapide et les artistes des temps modernes pour leurs incroyables réalisations, surtout dans la salle des miroirs.

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Jour 13 - Bamberg

Dernière étape de notre voyage, Bamberg, ville rattachée à la Bavière seulement depuis le 19e siècle et à peine bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale, accessible depuis notre hôtel par un chemin bucolique (il n'y a pas d'autre mot) qui traverse la forêt et longe les berges de la Regnitz. Au programme, centre médiéval avec sa cathédrale à 4 tours et double autel, Neue Residenz des princes-évêques avec sa roseraie toute choupi, et surtout ancien hôtel de ville à colombages posé au-dessus de la rivière comme s'il avait toujours su que l'appareil photo serait inventé un jour et que les touristes se presseraient depuis les divers ponts de la ville pour l'immortaliser. Et comme nous sommes des idiots qui n'avons manifestement pas eu notre compte de pentes raides aux Féroé, nous prenons le temps de monter au sommet de la colline où trône l'Altenburg, un château médiéval aujourd'hui transformé en Biergarten avec vue.

Les 12 km du jour marquent la fin du voyage, que nous célébrons en allant dîner en même temps que les Allemands (à 18 heures, donc) dans une brasserie locale dont le Biergarten géant est extrêmement fréquenté en ce vendredi soir de quasi-été. Pour bien finir les vacances, notre menu se compose de Currywurst, de Klöβe et d'Apfelschorle, parce que quand le manger local est une tuerie, on en profite. Pour Benjamin, le dossier "Bavière" ouvert il y a environ 25 ans est désormais clos. La météo fut de notre côté (presque un peu trop, on aimerait bien un peu d'automne, maintenant, merci...) et les châteaux parfaitement conformes à nos attentes/espoirs. Sans les voitures partout, les problèmes de stationnement et la pollution dont le niveau a réveillé notre asthme et nos allergies dès notre arrivée, nous n'aurions que des choses positives à dire sur ce road trip en terre bavaroise !

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