Preuve que le printemps tout pourri n'est pas limité à la France, nous partons ce matin découvrir le lac d'Orta sous la pluie et dans le brouillard. Mais comme ce n'est pas exactement le déluge et que nous nous sommes bien équipés depuis la jolie douche subie à Linderhof, l'humeur et la journée de marche sont sauves.
Orta a beau n'être ni le plus grand, ni le plus connu des lacs italiens, nous avons tout de même réussi à nous mettre une dizaine de kilomètres dans les pattes, ce qui promet pour la suite ! Il faut dire aussi que nous sommes montés au Sacro Monte di Orta à pied, et que les mollets l'ont bien senti passer. Mais la grimpette en valait la peine, car les vues sur le "petit" lac sont vraiment superbes depuis les hauteurs. Les 20 chapelles qui retracent la vie de St François d'Assise à coups de fresques et de statues grandeur nature (l'une des scènes en compte plus de 50) sont en revanche un peu kitsch à notre goût, mais il faut se mettre dans l'état d'esprit de la fin du 15e siècle, date du début de la construction, pour saisir tout l'intérêt et toute la valeur de la déco.
Nous avons moins l'occasion d'admirer le paysage sur le chemin du retour vers le lac, car les rues pavées de petits galets ronds ont été rendues très glissantes par la pluie et il vaut mieux regarder où on met les pieds si on veut éviter l'accident (et malgré toutes nos précautions, Benjamin manque y laisser le coccyx une première fois, et une cheville la deuxième...). Sur le port du petit village d'Orta San Giulio, les bateliers alpaguent tous les touristes qui se présentent pour leur proposer de les conduire sur l'isola San Giulio, ce qui tombe plutôt bien car c'est précisément la suite de notre programme. Malgré ses dimensions plus que réduites (140 m x 275 m), l'île réussit à posséder non pas une église, mais carrément une basilique, dont la crypte accueille la dépouille dudit San Giulio. Au IVe siècle, le Julot aurait utilisé sa cape comme un paddle pour accéder à ce petit caillou posé au milieu du lac et aurait tué toutes les bébêtes type dragons et serpents qui y vivaient tranquillement et n'avaient rien demandé à personne. L'église catholique récompense donc le génocide de reptiles innocents par la canonisation. C'est du propre.
Avec ses fresques toujours très colorées et son sarcophage qui brille, la basilique est absolument ravissante, mais le reste de l'île se visite en approximativement 5 minutes en raison de ses dimensions de timbre poste. En cette saison, les touristes sont suffisamment peu nombreux pour que les injonctions au calme et au respect soient respectées – c'est qu'il y a une communauté nonnes qui ont fait vœu de silence, sur cette île, et elles aimeraient bien qu'on les y aide un peu... De retour sur la terre ferme après une très courte traversée, nous empruntons (toujours à pied) la route qui fait le tour du lac et qui permet de découvrir des paysages magnifiques et des maisons que seul les George Clooney de l'univers peuvent s'offrir. Coup de chance, la pluie a cessé et le ciel commence à se dégager. Nous pouvons donc profiter de la balade presque au sec et avec une lumière moins apocalyptique qu'en début de journée.
Comme nous avons fini notre programme et qu'il reste relativement tôt, nous décidons de nous rendre au belvédère de Quarna Sopra. La notion de belvédère implique forcément un lieu élevé, mais nous n'avions vraiment pas prévu que ledit lieu élevé se trouve au bout d'une route en lacets, où les épingles à cheveux se succèdent sur plusieurs kilomètres et où Benjamin n'envisage même pas de passer la troisième. L'exercice a l'air de beaucoup l'amuser, ce qui est le principal, mais la passagère, elle, n'en mène pas large... Cela dit, là encore, l'effort en valait la peine, car la vue sur le lac d'Orta est vertigineuse, et les nuages qui s'accrochent encore aux flancs des montages sont particulièrement impressionnants. C'est de cette hauteur qu'on se rend compte à quel point la notion de "petit lac" est relative. Si Orta est un modèle réduit, on se demande à quoi vont ressembler les autres !!
Bon. Plus qu'à redescendre, maintenant...
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