Dernier lac au programme de notre séjour : le lac de Garde, le plus grand d'Italie avec ses 370 km² (le cerveau a vraiment du mal à admettre qu'une telle étendue d'eau n'est pas la mer), aux confins de la Lombardie et de la Vénétie. L'ancien village de pêcheurs de Sirmione, situé tout au bout d'une presqu'île de 4 km de long qui s'avance dans le lac, possède d'ailleurs un superbe château construit par la famille vénitienne qui dirigeait le coin à l'époque, les Della Scala. En bons Vénitiens qui se respectent, ces derniers ont évidemment préféré bâtir leur résidence... sur l'eau, parce que la terre ferme, c'est pour les faibles. Cela dit, on ne va pas se mentir, c'est vraiment délicieux à regarder.
D'ailleurs, à peu près tout à Sirmione est délicieux à regarder : la promenade des Muses le long du lac, les ruelles étroites, les portails des villas de luxe, l'église San Pietro in Mavino avec ses fresques et son oliveraie bien fraîche... Et oui, la fraîcheur, ça compte, car le soleil a manifestement décidé de rattraper tout le retard accumulé depuis le début de l'année et de passer en mode estival au mois de mai. Il paraît que le lac de Garde bénéficie d'un micro-climat, et on veut bien le croire. Les Romains avaient d'ailleurs bien compris que l'endroit était idéal pour passer l'été, et la famille du poète Catulle n'a pas lésiné sur les moyens pour se faire construire une villa de 18 000 m² tout au bout de la péninsule. Non, il n'y a pas d'erreur sur le chiffre, et oui, c'est vraiment, vraiment très impressionnant. Aucune chance d'entendre quelqu'un crier "à table !" pour les convives partis à la plage ou au fond du jardin... Plus près de nous, Maria Callas séjourna également à Sirmione, mais dans une villa un poil plus petite. L'art lyrique dans les années 50, ça ne paie pas aussi bien que la poésie en dans les années -50, il faut croire.
Parce que nous avons vraiment été frustrés de Côme, nous ne voulons pas passer à côté d'une autre balade sur le lac, mais heureusement pour nous, l'activité semble beaucoup moins populaire ici. Il nous est donc beaucoup plus facile de trouver un petit bateau dans lequel nous installer pour découvrir la presqu'île de Sirmione, son château et ses ruines romaines sous un autre angle (dans le cas du pont du château, l'angle en question étant carrément "aplatis sur les banquettes" pour éviter de se cogner la tête). Une jolie façon de se rafraîchir et de conclure la tournée des lacs.
Pas vraiment besoin de nous rafraîchir à Vérone pour le dernier jour des vacances : la pluie se charge très bien toute seule de faire baisser la température – et de doucher notre enthousiasme par la même occasion. Pour ne rien arranger, touristes et groupes scolaires se marchent littéralement dessus dans les rues de la ville et les sites historiques, et nous avons un peu l'impression d'affronter les couloirs de la ligne 13 un jour de grève dans le seul et unique corridor visitables des arènes. Oui, le théâtre est plutôt très bien conservé, mais à moins d'avoir des billets pour la saison d'opéra qui doit s'y tenir, il n'y a pas grand-chose à en voir. Même constat (forcément) à la maison de Juliette : la foule se presse pour aller tripoter la statue d'une gamine de 13 ans dont la crise de pré-ado a causé la mort de six personnes (dont la sienne), et le créneau pour prendre une photo sans personne dessus est d'une demi-seconde à peine, mais nous avons relevé le défi.
Pour la première fois depuis quinze jours, il pleut vraiment, et nous pouvons tellement peu profiter de la visite que nous envisageons sincèrement de retourner à l'hôtel pour mettre nos pantalons à sécher et nous glisser sous la couette avec une bonne tasse de thé. Heureusement, nous sommes sauvés par les églises, cathédrales et autres basiliques, qui, en plus d'être au sec, s'avèrent extrêmement intéressantes, avec leurs fresques et leur espèce de jubé circulaire que nous n'avons jamais vu ailleurs. Le plafond en bois de San Fermo est un vrai tour de force, et nous ne sommes finalement pas mécontents d'avoir fui la pluie en terre consacrée.
La journée et le séjour auraient dû se conclure en regardant le coucher du soleil avec une bouteille de chianti depuis la colline de San Pietro, mais avec une météo pareille, nous n'avons pas d'autre choix que d'y renoncer. Nous avions déjà une dent contre Roméo et Juliette, mais ce n'est pas ce passage humide et encombré à Vérone qui nous fera changer d'avis !!
Au final, encore un bien beau voyage, dont les seuls couacs auront été liés au nombre déjà très important de touristes en cette période de l'année. Mais la beauté de la région vaut bien quelques prises de tête pour trouver une place de parking...
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