lundi 6 mai 2019

Rome, jour 8 - Campo dei Fiori et l'Esquilin

Dernier jour plein pour notre séjour à Rome, et pour l'occasion, le temps est au beau fixe ! Enfin remis de nos déboires allergiques d'hier, nous découvrons ce matin le quartier du Campo dei Fiori, en commençant par la chiesa del Gesù, alias le Q.G des Jésuites de Rome. Dehors, la façade se veut "sobre" et "humble", ce qui se traduit par des lignes droites et peu d'ornements, mais "sobriété et humilité" ne veulent manifestement pas dire "petitesse et modération", car le bâtiment est franchement monumental. Et à l'intérieur, c'est pire : les colonnes de la chapelle St Ignace de Loyola sont en lapis-lazuli et le plafond est une merveille de trompe-l'oeil. Ça dégouline d'or, de sculptures et de fresques du sol au plafond et le moindre centimètre carré du lieu proclame le triomphe du baroque. On n'a décidément pas la même définition de "sobriété" que les Jésuites !


Petit détour ensuite par la place qui a donné son nom au quartier, le Campo dei Fiori, une des rares de Rome à ne posséder aucune église. A cette heure-ci, il s'y tient un marché alimentaire, ce qui est parfait pour acheter quelques souvenirs qui se mangent (les meilleurs, selon nous). A un jet de pierre de là se trouve le palais Spada, actuel siège du conseil d'Etat italien, mais qui abrite également la galleria Spada, largement plus intéressante que la politique pour les touristes que nous sommes. Bon, niveau collec, on n'est pas chez les Pamphilj ou les Borghese, mais il y a là quelques belles œuvres bien agréables à regarder (dont deux Artemisia Gentileschi), dans quatre salles qui ont conservé leurs dorures et leurs plafonds magistraux. Mais il y a aussi et surtout la perspective de Borromini, une galerie de colonnes qui nous saute aux yeux en arrivant et semble au premier abord être incroyablement longue. Après 10 secondes d'observation, on se demande si on n'aurait pas affaire à un trompe-l'oeil peint. La vérité se situe quelque part entre les deux : il s'agit bien d'authentiques colonnes sculptées, mais en mode perspective forcée. La galerie fait donc à peine 10 mètres de long, et la statue au bout ne mesure que 90 cm. On ne veut pas voir la tête des calculs mathématiques que Borromini a dû effectuer pour en arriver là ! La cour de la galerie abrite également un énorme chat pas farouche pour deux sous qui nous rappelle que nous sommes vraiment en manque de félins...


Ayant déjà visité lundi dernier le gros morceau du Campo dei Fiori, le palais Farnese, nous traversons le Tibre pour rejoindre le Trastevere et découvrir sa "petite sœur", la villa Farnesina. Pas question de galerie de tableaux ici : les murs de la villa eux-mêmes sont une œuvre d'art et on regrette de ne pas avoir d'appareil photo panoramique pour immortaliser ces plafonds sublimes. Le gros morceau de la visite, c'est Le Triomphe de Galatée, une fresque entièrement peinte de la main de Raphaël. La salle étant en rénovation, nous avons un moment redouté que la pauvre Galatée soit planquée par des échafaudages, mais coup de chance, elle a déjà eu droit à son lifting et est donc bien visible. Ça n'a pas la réputation ou les dimensions de L'Ecole d'Athènes, mais ça se déguste quand même. Pas mal non plus, les trompe-l'oeil de la salle des Perspectives, ou les fresques de la salle des Noces d'Alexandre le Grand et de Roxane. Là où Michel-Ange nous colle des femmes hommasses partout, le Sodoma, lui, préfère les jeunes hommes efféminés. Il n'y avait vraiment que Raphaël pour être hétéro, à l'époque !


Retour en bus vers la gare de Termini, où nous profitons de l'étape pour acheter nos billets de train pour l'aéroport, pause déjeuner, puis nous voici repartis à la découverte de "notre" quartier (celui de notre hôtel), l'Esquilin. Nous étions passés devant la basilique Sainte-Marie-Majeure le jour de notre arrivée, mais sans nous y arrêter ; il est donc plus que temps de réparer ça ! C'est la troisième basilique papale de la semaine après Saint-Jean-de-Latran et Saint-Pierre, ce que la hauteur sous plafond et l'immense baldaquin ne risquent pas de faire oublier. Ici aussi, les orgues laissent à désirer, ce qui fait un peu tâche dans le décor : quand on a les moyens de décorer le plafond à base d'or ramené d'Amérique deux ans après la découverte du continent, on devrait pouvoir s'offrir de grandes orgues dignes de ce nom ! Saint-Jean-de-Latran a bien mieux fait les choses de ce côté. Pour compenser, il est possible de visiter la loggia, avec ses sculptures et ses superbes mosaïques, ainsi que la "galerie des papes" et un escalier en spirale conçu par le Bernin (qui est d'ailleurs enterré dans l'église). Mais zut quand même, quoi...


Dernière église de la journée, et donc du séjour, la basilique de Sainte-Praxède (la pauvre), à deux rues de là. Beaucoup plus petite que sa voisine papale, cette basilique-là l'emporte haut la main niveau mosaïques. Celles de l'abside et de la chapelle Saint-Zénon sont byzantines, datent du 9è siècle et sont tout simplement sublimes. Les couleurs sont tellement éclatantes qu'on dirait qu'elles ont été réalisées hier. La chapelle en question était à l'origine un oratoire dédié à la maman du pape Pascal Ier (encore une découverte : oui, il y a eu des papes appelés Pascal au milieu de tous ces Pie, ces Léon et ces Clément), qu'on ne remercie pas d'avoir mis la barre si haut en termes de cadeaux de fête des mères !



Conclusion
Il y a des villes que l'on part visiter en sachant pertinemment qu'on ne sera pas déçu, et Rome trône sans aucun doute au sommet de la liste. Même si notre hôtesse a paru surprise que nous passions neuf nuits ici, cela nous semblait un minimum pour passer en revue la plupart des grands centres d'intérêt de la ville, et ne pas rentrer en ayant l'impression d'avoir bâclé notre séjour. La contrepartie, c'est que nos journées n'ont jamais été aussi remplies et que nous sommes sur les rotules... Mais contrairement à la Grèce, où nous avions fini par frôler l'overdose d'antiquités, Rome offre suffisamment de visites variées pour ne pas se lasser, même au bout d'une semaine. Nous sommes donc absolument ravis de notre séjour... et tout aussi ravis d'avoir attendu si longtemps avant de nous rendre dans la Ville Éternelle, car tout (hôtel, nourriture, visites...) y est extrêmement cher, et nous n'aurions jamais pu en profiter autant il y a quelques années. La vieillerie aurait presque du bon !

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