mercredi 1 mai 2019

Rome, jour 3 - Piazza Navona et le Panthéon

Oasis de calme dans une semaine particulièrement chargée, ce 1er mai va nous permettre de reprendre notre souffle après deux jours déjà bien chargés et avant deux autres qui s'annoncent encore plus intenses... Jour férié oblige, il a fallu concevoir le programme de façon à caser là les rares sites de Rome qui ne sont pas concernés par la Fête du Travail. Coup de bol, c'est le cas d'à peu près tous les hauts lieux du quartier Piazza Navona/Panthéon !

Histoire de commencer la journée sans fatigue inutile, nous sautons dans un bus qui nous dépose près de l'église Saint-Louis-des-Français, qui est, comme son nom l'indique, l'église nationale des Français de Rome. Pour le touriste moyen, ça veut dire que les stèles comme les panneaux explicatifs sont en français, qu'on y trouve des statues de Saint-Louis et de Jeanne d'Arc, et que le bleu roi et la fleur de lys sont archi-présents. Mais la pièce maîtresse de l'église, c'est le triptyque du Caravage dans la chapelle de Saint-Matthieu, devant laquelle se déversent des groupes entiers de touristes en voyage organisé (ce jour férié n'a pas embêté que nous). Il y a même tellement de monde qu'il faut littéralement jouer des coudes et écraser quelques orteils pour apercevoir les tableaux et leurs superbes jeux d'ombres et de lumières caractéristiques du Caravage. Ce n'est pas très gentil pour lui et nous en sommes désolés, mais le tableau représentant l'assassinat de Saint Matthieu est une vraie merveille.

L'Assassinat de Saint Matthieu, par le Caravage

De Saint-Louis-des-Français, il n'y a qu'un saut de puce jusqu'à la piazza Navona, une TRÈS grande place rectangulaire construite à l'emplacement d'un ancien stade romain et aujourd'hui dominée par la fontaine des Quatre-Fleuves. Le Bernin n'y est pas allé de main morte : comme si les quatre statues représentant le Gange, le Danube, le Nil et le Rio de la Plata ne suffisaient pas, la fontaine est surmontée d'un obélisque, histoire d'attirer l'attention du passant qui serait passé à côté. Avec l'église Sant'Agnese in Agone qui se découpe derrière, cette fontaine ne demande qu'à être photographiée sous tous les angles, et c'est d'ailleurs ce que nous prenons le temps de faire. Les deux autres petites fontaines aux extrémités de la place ont du mal à tenir la distance... Il fait un temps très agréable ce matin et les terrasses des restaurants et des cafés qui encadrent la place sont prises d'assaut ; en été, ce doit être noir de monde...


Un saut de puce de plus, et nous voici au Palazzo Altemps, du nom d'un cardinal allemand qui trouvait que son nom d'origine (Hohentemps) était trop orienté et a préféré vaguement latiniser le tout. Ici se trouve rassemblée l'une des plus importantes collections de sculptures du 17è siècle, dont la plupart on été restaurées selon les critères de l'époque. Il fut un temps où on aimait en effet rendre aux statues antiques les bras, têtes, jambes et autres accessoires qu'elles avaient perdus au fil du temps, quand on ne mélangeait pas tout simplement plusieurs morceaux d'antiquités pour créer une nouvelle statue. Nos petits cerveaux modernes ont un peu de mal à appréhender le concept, mais après tout, autres temps, autres mœurs. Le musée a d'ailleurs le mérite de présenter pour chaque sculpture un dessin indiquant quelles parties ont été ajoutées, ce qui permet d'y voir un peu plus clair et d'apprécier le travail des restaurateurs de l'époque (dont le Bernin, quand même). Au milieu de tout ce marbre, la Galerie des Illustres, avec ses bustes d'empereurs romains et son plafond intégralement peint, détonne un peu, mais nous restons des amateurs de peinture plus que de sculpture, alors nous n'allons pas nous en plaindre.


Après le déjeuner (il n'y a qu'à Rome qu'on peut entrer dans un resto et trouver un évêque en calotte violette attablé devant un plat de pâtes...), nous prenons la route de ce qui devait être notre dernière étape de la journée, la galleria Doria Pamphilj, et tombons presque par hasard sur le Panthéon. Dans la mesure où il devait, selon notre Routard, être fermé aujourd'hui, nous l'avions mis au programme plus tard dans la semaine, mais à en juger par les flots de touristes qui entrent et sortent à un débit impressionnant, le site est bel et bien ouvert. Puisque nous sommes là, autant en profiter ! Le Panthéon romain, c'est un bâtiment colossal vieux de 1900 ans, dont la coupole, avec ses 43,30 m de diamètre, est la plus grande de l'Antiquité (même la basilique Saint-Pierre ne fait pas aussi bien). D'abord temple dédié aux sept divinités planétaires, c'est, depuis le 7è siècle, une basilique chrétienne. De l'extérieur, le bâtiment est franchement écrasant, et dedans, on ne rigole pas beaucoup plus : le décor est austère et plutôt dépouillé, et ce n'est pas le tombeau noir de Victor-Emmanuel II qui vient alléger l'atmosphère. Pour la minute "recueillement face au génie absolu", c'est aussi là que se trouve le tombeau de Raphaël, à qui on adresse en pensée quelques milliers de mercis et de tapes dans le dos.


Malgré la pluie qui s'est mise à tomber dehors (et aussi dedans, vu que la coupole du Panthéon est totalement ouverte aux éléments en son centre), nous prenons le temps de faire quelques photos de cette bâtisse franchement mastoc et de la fontaine qui trône devant avant de vraiment nous rendre à la gallerie Doria Pamphilj. Promis, il n'y a pas de faute d'orthographe, ça se prononce "Pamphili" mais ça s'écrit bien avec un J à la fin. Comment beaucoup des familles qui ont donné leur nom à un palais dans cette ville, les Pamphilj comptent un pape, Innocent X, ce qui, traditionnellement, se traduit par des titres de princes et princesses pour toute la famille, et ce, jusqu'à nos jours. Qui dit titre dit jolie maison, et généralement, déco plutôt sympa pour aller avec. De ce côté-là, les Pamphilj ont fait très fort, et les tableaux de maître s'étalent littéralement du sol au plafond sur tous les murs. Dans des galeries qui n'ont rien à envier à Versailles, le visiteur sidéré peut donc découvrir, en vrac, du Velasquez, du Véronèse, du Caravage (encore lui), du Raphaël (il y a un thème, aujourd'hui), du Tintoret, du Lippi (père), du Rubens, du Poussin et un peu de Caracci (cf. notre visite du palais Farnèse) pour faire bonne mesure. Sans compter les dizaines de peintres dont nous n'avons jamais entendu parler avant aujourd'hui... On pourrait utiliser tous les synonymes de "magnifique" et rester très loin du compte.


Pour ne pas en louper une miette, nous avons également opté pour la visite des appartements privés, dont l'absence totale de peintures inestimables permet de reprendre son souffle et d'éviter le syndrome de Stendhal. Cela dit, avec leurs meubles précieux et leurs "papiers peints" exceptionnels, ces pièces de dimensions plus modestes se hissent elles aussi très haut sur l'échelle du luxe et de l'élégance. Une visite qui en met plein les yeux et laisse un peu sans voix.

Un Raphaël qui traîne, comme ça, cadeau

Rentrés à l'hôtel sur le coup de 16h, nous nous reposons un peu avant d'aller dîner. Malheureusement, la soirée est marquée par plusieurs échecs : il pleut, les œnothèques où nous espérons déguster un petit verre sont soit bondées, soit fermées, et le resto japonais sur lequel nous nous rabattons est hors de prix. Nous finissons pas nous poser au sec dans un restaurant plus traditionnel, mais la quête du manger n'aura pas été de tout repos !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire