vendredi 3 mai 2019

Rome, jour 5 - Le Vatican

Encore une très grosse journée en perspective aujourd'hui, avec la découverte de ce qui n'est QUE le deuxième plus petit état souverain existant au cœur de Rome : le Vatican (le titre de plus petit état revient au bâtiment qui abrite l'ordre de Malte, si si). N'ayant rendez-vous pour la visite des musées du Vatican qu'à 13h, nous prenons un peu plus notre temps qu'à l'accoutumée ce matin et rejoignons le château Saint-Ange sur le coup de 10h. Même si l'édifice se trouve officiellement dans le quartier du Borgo, et non au Vatican, on va dire que ça compte, car c'était une résidence papale il y a encore peu de temps. Après avoir traversé le Tibre via le pont Saint-Ange, bordé de 10 statues d'ange sorties de l'atelier du Bernin (encore lui, décidément), nous accédons sans trop faire la queue à la forteresse elle-même.


A Rome, la devise pourrait être : "Rien ne se perd, tout se transforme". Avant de devenir le point de repli des papes en cas d'attaque de siège (assez curieusement, c'est déjà arrivé), le site accueillait le mausolée de l'empereur Hadrien. Comme c'était plutôt bien situé, la papauté a fini par y faire installer un pied-à-terre déguisé en forteresse imprenable. Dehors, pont-levis, douves et double enceinte de plusieurs mètres d'épaisseur ; dedans, déco luxueuse, plafonds de rêve et appartements papaux tout confort. La visite oscille entre château fort et palais royal, ce qui oblige à un grand écart mental permanent. Les amateurs d'armes anciennes que nous sommes sont ravis par le petit musée militaire, qui abrite de très jolies pétoires et poires à poudre ouvragées. Au sommet du castello, c'est une très belle vue sur Rome et la coupole de la basilique Saint-Pierre qui s'offre aux photos, et on en profite pour faire une petite pause le temps d'apprécier cette chanson en situation. Après tout, c'est uniquement grâce au passage reliant le Vatican au château Saint-Ange que Clément VII a réussi à échapper aux troupes de Charles Quint en 1527...

Vue sur le Tibre et la basilique Saint-Pierre

Le forteresse derrière nous, il est temps de changer de pays sans avoir besoin de montrer son passeport. La foule qui se presse place Saint-Pierre est impressionnante (sans parler de la file d'attente pour accéder à la basilique), ce qui nous fait dire que mon idée originelle consistant à visiter Rome pendant la semaine de Pâques était d'une stupidité sans nom et qu'il vaut mieux qu'elle ne se soit jamais réalisée. Après avoir looooonguement attendu au guichet pour récupérer nos billets pour la visite guidée des musées du Vatican, car nous avons eu la malchance d'arriver 4 secondes après des touristes armés d'un billet de 500€ sur lequel il est quasi-impossible de faire de la monnaie, nous avalons notre déjeuner sur les marches de la place et prenons le temps de faire quelques photos. Parce qu'entre les colonnes, l'obélisque et la coupole, il faut dire que c'est un peu joli, quand même. Et mythique. Et sacrément historique. Un peu comme la tour de Pise mais en plus droit, quoi.


Nous n'étions pas très sûrs d'adhérer à la visite guidée d'un musée, mais comme nous n'avons pas trouvé d'autre moyen d'échapper à l'interminable file d'attente (2 heures pour les musées du Vatican, autant pour la basilique Saint-Pierre), nous avons opté pour cette option malgré tout. Après avoir été un peu ballottés d'un groupe à l'autre (les tour operators s'échangent les touristes quand leurs visites sont trop demandées), nous finissions par retrouver notre guide francophone pour un petit topo sur la place. Dès le début, un problème se pose : le français de la guide est parfaitement suffisant pour survivre le temps d'un week-end à Paris, mais pas pour assurer deux heures de visite à des natifs. Devoir tendre l'oreille et faire un effort conscient pour comprendre sa langue maternelle, ce n'est pas l'idéal. La queue que nous n'avons pas faite à l'extérieur pour accéder aux musées du Vatican, nous la faisons à l'intérieur pour récupérer un de ces systèmes audio destinés aux visites en groupe, mais cela reste franchement moins long et Benjamin retrouve même dans notre groupe un ancien collègue de travail perdu de vue depuis dix ans. On se demande encore quelles sont les probabilités !


La visite proprement dite commence enfin, et il ne nous faut pas longtemps pour nous dire que ça ne va vraiment pas être possible. Nous seulement il nous faut encore rester debout en plein soleil, mais la guide répète ce qu'elle nous a déjà raconté place Saint-Pierre, le système audio fonctionne de façon aléatoire et son accent rend les explications difficiles à suivre. Ni une ni deux, nous décidons au bout de cinq minutes de quitter le groupe et de visiter le musée comme nous avons l'habitude de le faire, tout seuls, comme des grands, avec l'appui de notre fidèle Routard. Après tout, maintenant que nous avons allègrement coupé la file, plus rien ne nous retient !

A partir de là, les choses vont beaucoup plus vite et nous pouvons passer du temps devant les œuvres qui nous intéressent vraiment. Car les musées du Vatican sont immenses, et même en zappant le musée étrusque et le musée égyptien (on connaît, merci), il reste une foule de choses à voir. La pinacothèque et la galerie de sculptures antiques sont presque "standard" (non, nous ne sommes pas blasés, nous sommes juste passés par la Villa Borghèse et la galleria Pamphilj avant !), mais le reste vaut vraiment le détour. Il y a cette adorable galerie de sculptures d'animaux, l'original du Torse du Belvédère qui a inspiré tous les artistes baroques italiens, la galerie des cartes qui impressionne autant par son plafond que par lesdites cartes sur les murs, et puis, ô merveille, les appartements du pape Jules II peints par Raphaël. La plupart des "chambres" ont déjà été restaurées et on peut donc profiter pleinement de ce chef-d’œuvre qu'est L'Ecole d'Athènes. Le voir en vrai, ça fait carrément quelque chose...


Après les appartements de Borgia, qui abritent aujourd'hui une expo d'art contemporain (faut-il qu'on lui en veuille, à ce pauvre Alexandre VI), on accède enfin au Graal, ce pour quoi 35 000 visiteurs par jour font le déplacement aux musées du Vatican : la chapelle Sixtine. Si voir L'Ecole d'Athènes était émouvant, voir La Création d'Adam en direct live, c'est carrément trop, et je finis avec les larmes aux yeux chaque fois que je lève la tête. C'est tellement beau qu'on arriverait presque à oublier que nous sommes serrés tels des sardines dans leur boîte et que le silence réclamé par les guides ne se fera jamais. Pour éviter une grosse, grosse crise de syndrome de Stendhal, mieux vaut se concentrer sur Le Jugement dernier. C'est à peu près aussi sublime et aussi "je n'arrive pas à croire que je suis là", mais au moins, ça ne fait pas pleurer... Nous avons sagement respecté l'injonction de ne pas faire de photos (nous devons d'ailleurs être les seuls), mais ce n'est pas comme si personne ne connaissait la déco de la chapelle Sixtine. Cela dit, on a beau l'avoir vue reproduite mille fois, ce n'est rien par rapport à l'expérience réelle...

L'avantage d'attaquer la visite du Vatican par les musées, c'est que ces derniers permettent un accès direct à la basilique Saint-Pierre. Une fois la chapelle Sixtine derrière nous, nous n'avons donc que quelques couloirs à parcourir avant de passer la grande porte centrale. Comment dire... Nous sommes dans la plus grande église du monde, et ça ne risque pas de nous échapper. Tout y est complètement démesuré et nous passons la visite à égrener les synonymes de "grand" : le baldaquin de l'autel est immense, les statues colossales, la voûte étourdissante. Les bas-côtés sont plus larges que la nef de n'importe quelle église que nous ayons déjà visitée et les grottes vaticanes, avec leurs tombeaux de Saint-Pierre et d'un bon paquet de papes, constituent une véritable église sous l'église. Et puisque nous sommes dans notre journée "chefs-d’œuvre de Michel-Ange en vrai", c'est là qu'on trouve l'original de la Pietà... Seule déception, et non des moindres : les orgues. Elles sont où, les orgues ?! Nous en avons trouvé de riquiquites et même pas jolies dans une chapelle latérale fermée, mais dans la plus grande église du monde, j'espérais trouver les plus belles orgues du monde ! C'est raté et c'est contrariant !


Pour être parfaitement complets, nous décidons de monter à la coupole. A cette heure-ci, seule l'option "ascenseur" est encore disponible, ce qui n'est finalement pas plus mal, car même ainsi, il reste 320 marches pour arriver au sommet... Après avoir fait le tour de la coupole intérieure et constaté que la déco ne se compose pas de peintures mais de mosaïques (180 couleurs de marbre, quand même), nous devons nous glisser dans des couloirs très étroits et désagréablement inclinés vers l'intérieur pour rejoindre le plus haut point de la basilique. Vues époustouflantes sur Rome et la place Saint-Pierre garanties ! Au moins, nous pourrons nous vanter d'avoir exploré cette basilique du sol au plafond !


Il est 18h et il est plus que temps de redescendre sur terre : nous sommes debout pratiquement non-stop depuis 13h et ce n'est plus la fatigue qui nous guette, mais l'épuisement. En quittant la basilique, nous croisons les Gardes Suisses qui manquaient encore à cette journée au Vatican ; mission accomplie, nous avons réussi à cocher toutes les petites cases d'une visite réussie dans le plus petit Etat du monde ! Ceci étant, vu notre état, il va falloir nous faire à l'idée que ce genre de journée (voire ce genre de semaine/séjour) devient sans doute un peu excessif. C'est pas beau, de vieillir...

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