mardi 30 avril 2019

Rome, jour 2 - Rome antique et Saint-Jean-de-Latran

Le lecteur observateur aura remarqué que nous sommes passés à côté d'un très gros morceau d'histoire antique hier ; c'est normal, le Colisée, c'était prévu pour aujourd'hui ! Vu les files d'attente qui s'étiraient hier devant les différents points de vente des billets, nous sommes ravis et soulagés d'avoir réservé notre billet sur Internet avant d'arriver. Le Colisée ne pouvait accueillir que 3 000 personnes à la fois, nous redoutons d'être en retard pour notre visite du belvédère, prévue à 9h35, et arrivons donc un peu avant 9h dans l'espoir de ne pas être les touristes 3 001 et 3 0002. Au final, le belvédère est en restauration et donc inaccessible. Résultat, non seulement le surcoût de la visite nous est remboursé sans sourciller, mais les vigiles nous font passer devant tout le monde pour résoudre le "problème" au plus vite. Entre la réservation en ligne et ce léger malentendu, nous avons gagné des heures d'attente, et cela vaut bien un high five en entrant dans le Colisée au nez et à la barbe de tout le monde !


Pas de belvédère, donc, mais il reste tout de même pas mal de choses à voir à l'intérieur du Colisée. L'exposition permanente du premier étage retrace l'histoire du plus grand amphithéâtre construit par les Romains, de ses débuts en tant que "salle de spectacles" géante à son rôle actuel d'attraction touristique par excellence, en passant par le beaucoup moins sexy "site de stockage et écurie/basse-cour pour toutes les églises du coin". Evidemment, ce qui intéresse à peu près tout le monde (nous compris), ce sont les histoires de gladiateurs que l'on faisait combattre contre de pauvres gros chats qui n'avaient rien demandé. Le sang, les viscères et les têtes tranchées, c'était sympa deux minutes, mais au bout d'un moment, le public romain très exigeant réclamait autre chose. Pour varier les plaisirs, on montait donc au Colisée des reconstitutions de batailles, ou on agrémentait les combats d'effets spéciaux, où les bêtes sauvages surgissaient des coulisses par un système de poulies et de trappes. L'ingénieur qui réside en Benjamin regrette d'ailleurs un peu de ne pas pouvoir approcher l'ascenseur manuel recréé dans les coulisses du monument.


A l'étage inférieur, on parcourt les galeries de circulation (vomitorium en latin dans le texte, si si) qu'empruntaient les spectateurs pour se rendre à leur siège. Contrairement à hier, le soleil tape déjà dur, et on comprend très vite l'utilité des voiles que l'on pouvait tendre au-dessus du public pour leur éviter de cuire à l'étouffée pendant les jeux. Depuis ce niveau, en dehors de la croix rendant hommage aux martyrs chrétiens qui auraient fini en goûter pour lion, la vue est un peu la même tout du long, mais on ne peut pas s'empêcher de prendre des photos à la chaîne. Ce n'est quand même pas tous les jours qu'on met les pieds dans un site aussi célèbre...

A l'extérieur du cirque lui-même se dresse l'arc de Constantin, qui célèbre la victoire de ce dernier sur son rival de toujours, Maxence, au pont Milvius, à coups de très jolies statues. Entre la colonne trajane d'hier et cet arc de triomphe-ci, on ne se demande plus comment Napoléon Ier a eu l'idée de sa déco parisienne...


Après le gros morceau que constitue le Colisée, nous passons à l'encore plus gros morceau composé du Palatin et du forum romain. Un peu au hasard, nous commençons par la célébrissime colline, intimement liée aux origines mythologiques de la ville (c'est ici que Remus et Romulus auraient été élevés par la fameuse louve), fondée en 753 av. J.-C. Parce que le Palatin a été abandonné suite à la chute de l'empire et à la destruction des aqueducs par les hordes barbares (personne n'a envie de vivre sur une colline qui n'a pas l'eau courante), les ruines qu'on y trouve tiennent principalement du tas de briques dont le rôle n'est pas évident à déterminer. On s'y balade donc surtout pour apprécier le paysage, d'autant que le temps est délicieux et que le calme qui y règne est assez incroyable malgré la quantité industrielle de touristes. Mention spéciale aux jardins Farnèse, qui font la jonction entre le Palatin et le forum romain, avec leurs roses qui embaument et leur jolie fontaine.

Le stade palatin

Au niveau du dessous, les ruines du forum romain sont d'un autre niveau. Entre la monumentale basilique de Maxence et de Constantin (encore eux), les trois colonnes du temple de Castor et Pollux, les arcs de Titus et de Septimus Severus (parce que c'est plus classe que Septime Sévère) dans un état de conservation admirable et les restes des temples et autres bâtiments de plus ou moins grande envergure, on ne sait plus trop où donner de l'appareil photo. Désolée d'avance pour l'album photos qui vous attend, mais le site est trop beau et trop exceptionnel pour se limiter. Pour pouvoir affirmer que nous avons vraiment fait le tour, nous finissons la visite par une petite balade autour du Palatin, qui permet de découvrir les immenses arches construites sous Vespasien. Au total, le combo Colisée + Palatin + forum romain nous aura pris quatre heures. Autant dire que nous sommes déjà bien fatigués lorsque nous prenons la direction du quartier Saint-Jean-de-Latran.


Après le déjeuner, changement d'ambiance (et surtout de siècle) avec la basilique Saint-Jean-de-Latran. Nous sommes arrivés par l'arrière du bâtiment et avons été moins qu'impressionnés, mais côté face, c'est une autre histoire. Le terme "monumental" ne suffit même pas à décrire cette façade impressionnante aux statues immenses. En même temps, il s'agit de la toute première église bâtie à Rome et du lieu de sépulture de trois papes (Martin V, Clément XII et Léon XIII), donc on ne s'étonne pas que l'ensemble soit à couper le souffle. A l'intérieur, c'est un enchantement, et le mot est faible : l'or et le marbre, dieu sait si on a l'habitude dans les églises catholiques, mais ici, tout est d'un goût exquis. La plupart des plafonds n'étant pas peints, on n'en apprécie que davantage la déco du transept et de l'abside, tout en dorures, en statues, en mosaïques et en grandes orgues. Parce qu'on s'est posé la question pendant toute la visite et que la réponse ne nous est apparue qu'au moment d'écrire ce blog, on partage l'info : le grand machin doré qui ressemble à un reliquaire au-dessus de l'autel (et qui s'appelle, pour la minute culture, un ciborium) en est bien un, de reliquaire, et pas des moindres, puisqu'il abrite les têtes de Saint Pierre et de Saint Paul de Tarse. On se disait aussi...


Côté nef, ce n'est pas mal non plus : les statues des apôtres sont époustouflantes de détails et de réalisme, et nous permettent en prime de découvrir qu'il y avait un Barthélémy et un Thaddée parmi les Douze (on en apprend tous les jours). Et quand y'en a plus, y'en a encore : moyennant finances, il est également possible de visiter le cloître et son assortiment de colonnes torsadées, dont certaines sont couvertes de mosaïques colorées. La basilique n'avait vraiment pas besoin de ça pour rester gravée dans notre mémoire, mais c'est un bonus appréciable, reposant et moins écrasant que le reste de la déco.

A un jet de pierre de Saint-Jean-de-Latran, on trouve le Saint Escalier, alias l'escalier qu'aurait gravi Jésus le jour de son procès. Si, comme nous, vous froncez les sourcils en vous disant que le palais de Ponce Pilate ne s'est jamais trouvé à Rome, rappelez-vous que les Américains font démonter pierre par pierre des châteaux européens pour les reconstruire chez eux. Sainte Hélène, mère de Constantin, a simplement fait la même chose avec cet escalier (Jérusalem-Rome, après tout, c'était le même empire). Le Saint Escalier se gravissant uniquement à genoux, nous préférons emprunter les escaliers pour mécréants pour accéder au Saint des Saints, la chapelle privée des papes au 13è siècle, après qu'une dame nous a gracieusement fait don des billets d'entrée dont elle n'avait pas l'utilité (la charité chrétienne nous arrange bien, des fois). Les fresques des escaliers sont superbes et la chapelle fait presque pâle figure en comparaison. En tendant le cou pour voir les pénitents gravir les 28 saintes marches à genoux, on aperçoit de très belles peintures représentant le Chemin de Croix, mais il faudra s'en contenter, car même l'amour de l'art ne nous motiverait pas à faire ce genre de procession.


Dernière étape du jour, la basilique Saint-Clément, qui date du 12è siècle et dont les mosaïques de l'autel on la particularité de représenter une brebis à auréole entourée de douze autres brebis. Ni une ni deux, Benjamin la rebaptise aussitôt le Saint Bedot et décide de contrevenir à la directive du "no photo" dans la basilique pour l'immortaliser. Mais l'intérêt de Saint-Clément réside moins dans ses mosaïques originales que dans ses sous-sols : le bâtiment actuel a en effet été construit sur les restes d'une basilique plus ancienne, comblée lorsque les murs ont commencé à présenter des signes de faiblesse et elle-même construite sur un ancien sanctuaire dédié à Mithra, une divinité indo-iranienne très prisée par les légionnaires romains. Il ne reste pas grand-chose du mithraeum, mais les fresques de la basilique d'origine sont relativement bien conservées et la visite dans la pénombre a quelque chose de très mystérieux.


Fin des visites pour aujourd'hui, et ce n'est pas du luxe, car nos pieds demandent grâce. Heureusement que notre hôtel n'est pas très loin !

Mettez un pouce en l'air si vous aimez nos photos ! J'ai honte et je suis déjà sortie, désolée...

(Depuis hier, c'est Benjamin qui est en charge du traitement/organisage/légendage des photos. Pour les réclamations, c'est vers lui qu'il faut se tourner !!)

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