Une fois n'étant pas coutume, nous allons passer quelques jours de vacances en France - et à moins de deux heures de route de chez nous, qui plus est. Nous avons la chance de vivre à la limite de l'Eure-et-Loir et tout près du Loiret, il serait dommage de se priver de tout ce que la région a à offrir ! Entre Touraine et Berry, il y a suffisamment à faire pour occuper trois semaines de vacances, mais on risque assez rapidement le trop-plein de châteaux, de jardins et de Renaissance. Pour cette année, on se contentera d'une d'une petite semaine de road-trip, et on reviendra plus tard, puisque c'est littéralement la porte à côté !
Non mais sans rire : à peine plus d'une heure de voiture, et voilà déjà notre premier château, Chamerolles, à une trentaine de kilomètres au nord d'Orléans. Entre le pont-levis et les grosses tours d'un côté et les jolies façades de l'autre, il hésite un peu entre forteresse et château d'agrément, mais ça fait partie du charme. Pour la petite histoire (jour 1, deuxième paragraphe, on attaque les minutes culture, ce doit être un record), Chamerolles est lié à un certain Lancelot du Lac. Véridique, c'était le nom du propriétaire sous François Ier (Dulac à l'origine, mais à une époque où on faisait un peu ce qu'on voulait avec l'orthographe, le bonhomme s'est ajouté une particule pour aller avec son prénom). La remise en état du château est assez récente, puisqu'il y a encore trente ans, c'était une véritable ruine. Quand on voit à quoi ça ressemble aujourd'hui, on se dit qu'il y a eu du boulot. Et moi qui trouvais que mettre six mois à aménager notre appartement, c'était un peu long...
Chamerolles est un petit château Renaissance mimi comme il y en a dans toutes les villes de la région, mais ce qui le rend unique, c'est sa Promenade des Parfums : une sorte de petit musée au sein même du château, où on découvre l'historique des parfums depuis l'époque où quelqu'un a eu la grande idée de remplacer la base d'huile par une base d'alcool. Et parce que parfums et hygiène sont liés (surtout à une époque où l'eau était considérée comme néfaste et où on se lavait à peu près une fois l'an), on a également droit à des reconstitutions de cabinets de toilette, dans tous les sens du terme. Sous les combles du château, la collection de flacons de parfum, donc certains datent du début du 20è siècle, est assez unique. C'est l'occasion de découvrir que L'Air du Temps de Nina Ricci et Shalimar de Guerlain n'ont pas changé de tête depuis environ 60 ans !
Pleeeein de miniatures
Alors que le soleil tape déjà dur (grande idée d'avoir visité le parc et le jardin avant l'intérieur du château), nous reprenons la route pour le centre très très historique d'Orléans. Ce n'est pas le quartier idéal pour trouver un distributeur de billets et une supérette, mais une fois le déjeuner avalé et un peu de liquide en poche, nous nous rendons à l'hôtel Groslot, du nom du bailli de la ville au 16è siècle. Le petit jardin public attenant est chou comme tout et offre une jolie vue des tours de la cathédrale. L'hôtel lui-même est légèrement bling (le salon d'honneur pique les yeux, avec ses dorures et ses 36 représentations de Jeanne d'Arc), mais c'est sans doute la fonction qui veut ça : le bâtiment a servi de mairie à partir de la Révolution, et même si la municipalité actuelle a déménagé de l'autre côté de la rue, on y célèbre encore les mariages. Dans la salle où est mort celui qui aurait dû être François II. Ça ne plombe pas une cérémonie, ça ?
Une fois les six salons ouverts à la visite parcourus en long, en large et en travers, nous n'avons qu'à traverser la rue pour découvrir le très gros morceau du quartier : la cathédrale Sainte-Croix. Autant le dire tout de suite, si vous êtes allergique à Jeanne d'Arc, passez votre chemin. A Orléans, la Pucelle est forcément partout, et à plus forte raison dans la cathédrale, qui l'a vue passer en 1429. Même si l'édifice n'a plus rien à voir avec celui que Jeanne a connu (les Protestants l'ont pour ainsi dire rasé pendant les guerres de religion), il est largement dédié à sa gloire. Les vitraux qui retracent son histoire, de Domrémy au bûcher, sont d'ailleurs franchement superbes. On ne peut pas en dire autant de la statue où la Pucelle est entourée de deux léopards dorés, mais on ne peut pas tout avoir... A noter que la statue en question est entourée de plaques commémoratives en l'honneur des soldats anglais (et américains) qui aidèrent le bon peuple de France à bouter l'Allemand hors du royaume pendant la Première Guerre mondiale. On s'est demandé comment Jeanne le prenait.
Dernier arrêt à Orléans : le parc floral de la Source, ainsi nommé parce que c'est là que le Loiret, le plus petit affluent de la Loire, sort de terre. En surface, le fleuve ne coule que sur 13 km, mais il suit apparemment aussi un réseau de galeries souterraines d'environ 40 km. Et comme l'air de la région est plutôt sympa et que le Loiret ne gèle jamais, ses berges abritent une colonie de flamands roses. Parfaitement, on a les photos qui le prouvent. Le parc s'étend du 35 hectares et se divise en plusieurs jardins thématiques, dont une roseraie, un jardin d'iris (c'est pas la saison), un jardin de dahlias (c'est carrément la saison), un potager, ou encore une serre aux papillons.
La chaleur sèche de l'extérieur (il fait 32°) est assez difficile à supporter, mais la chaleur humide de la serre, c'est encore pire ! On est en eau à la fin du parcours, mais c'est pour la bonne cause, car la chasse (photographique seulement) aux papillons est une activité qu'on ne fait pas tous les quatre matins. Nous avons malheureusement loupé le site où le Loiret quitte ses grottes à gros bouillons, mais avec la chaleur, il n'est pas question de parcourir à nouveau l'intégralité du parc pour le trouver. D'autant que nous avons oublié les bouteilles d'eau dans la voiture et qu'une de mes sandales a choisi le premier jour des vacances pour rendre l'âme...
Avec cette température, c'est assez pour aujourd'hui ! Ce soir, nous logeons à Orléans, et dès demain, nous partons sur les traces d'un certain mousquetaire Gascon...
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