Comme promis hier, les choses sérieuses commencent ! Et par "choses sérieuses", j'entends bien sûr les "grands" châteaux de la Loire, ceux qu'on évoque à l'école, qu'on peut citer de tête et où se déversent des cars de touristes. A tout seigneur, tout honneur : c'est Chambord qui ouvre le bal.
Chambord, c'est un peu un petit monde en soi. Déjà parce que c'est grand : 5 440 ha, quand même, histoire de pouvoir chasser convenablement, jusque sous Pompidou et Giscard. Ensuite parce que c'est clos : le domaine est entouré par un mur de 32 km, ce qui est plus ou moins équivalent aux murs de Paris. Et enfin parce que... ben parce que ça claque, tout simplement. Avant même d'arriver sur le parking, sur la trèèèès longue rue menant au château et bordée des deux côtés par la forêt, les toits que l'on aperçoit nous laissent un peu bouche bée. On a beau avoir étudié François Ier à l'école, on n'est pas vraiment préparé à voir Chambord en vrai (c'est comme la tour de Pise, il y a des monuments qui auront éternellement une aura de carte postale).
Et pan, la photo qui va bien pour commencer
Du parking à l'entrée du château, il y a une belle trotte, et la température à 10h30 laisse craindre le pire pour la suite de la journée. Nous décidons donc de commencer par les jardins, histoire d'éviter l'insolation. De ce côté-là, Chambord n'est pas le mieux loti des châteaux de la Loire : parties de chasse obligent, le domaine est surtout intéressant pour ses forêts, et les jardins à la française sont vraiment riquiquis. On en fait le tour assez vite, au milieu des moucherons qui nous harcèlent (la court ne séjournait pas ici en été, on ne se demande plus pourquoi) et des hirondelles hystériques. Ce sera un peu le thème de la journée, d'ailleurs : les hirondelles se fichent pas mal que le toit sous lequel elles font leur nid soit classé monument historique, et tous les châteaux du coin sont affligés d'une véritable colonie de ces bestioles. Benjamin ayant une affection particulière pour les hirondelles, ne vous étonnez pas du nombre de photos de piafs dans l'album...
Retour à l'ombre du château pour la visite des appartements reconstitués. A l'origine, Chambord n'était pas conçu pour être habité à l'année, et le roi actuellement en poste et sa cour faisaient le voyage avec armes et bagages. Toutes les reconstitutions ne sont donc vraiment que ça, et la plupart concernent d'ailleurs les appartements tels qu'ils étaient occupés sous Louis XIV (c'est d'ailleurs lui qui a fait finir les travaux, le pauvre François n'a jamais vu son beau château terminé). Parmi les 80 pièces ouvertes à la visite, on découvre notamment des salles de trophées de chasse, les appartements du Maréchal de Saxe, la chambre de F1, comme dirait Benjamin... et plusieurs dizaines de pièces qui retracent la vie et le destin du comte de Chambord, alias le petit-fils de Charles X, alias le gars qui aurait pu être Henri V après la guerre contre la Prusse s'il avait seulement accepté de régner sous le drapeau tricolore, plutôt que sous le drapeau blanc de la monarchie. Il y en a qui n'ont vraiment rien retenu de l'Histoire !
A notre grand dam, le deuxième étage est consacré à une exposition d’œuvres contemporaines pour fêter les 40 ans du centre Pompidou. Au milieu de cette merveille architecturale, ça fait mal aux yeux... On se console en chassant la salamandre, emblème de François Ier, dans tous les coins (il y en a 800 dans tout le château, mais je n'ai de place que pour 650 photos sur ma carte mémoire, alors j'ai renoncé à toutes les photographier) et en explorant LE fameux escalier à double révolution chacun de son côté. La visite se termine au grand air, sur les terrasses, au milieu des 282 cheminées gothico-Renaissance qui rendent la silhouette de Chambord si unique. C'est bien la première fois de notre vie que nous nous extasions devant des cheminées !
Après un déjeuner rapide au café du château et un passage encore plus rapide par le micro-musée des carrosses (il y en a quatre en tout et pour tout), nous reprenons la voiture, un peu difficile à retrouver au milieu du parking géant, direction le château de Villesavin. Les proportions ne sont pas tout à fait les mêmes : le château, toujours habité, est mimi comme tout mais infiniment plus modeste. On le doit au secrétaire des Finances de F1 et superviseur des travaux de Chambord, Jean Le Breton, qui s'est fait prêter les architectes et les ouvriers d'à côté pour faire construire sa maison. Villesavin a donc été qualifié de "cabane de chantier" de Chambord. Moi, une cabane comme ça, j'en veux bien !
La visite guidée des appartements est assez courte, quoi qu'intéressante, et me permet de pratiquer mon italien avec des touristes qui ont des problèmes de communication avec la guide. Mais le château est surtout intéressant pour son musée des voitures hippomobiles (dont une énorme voiture de chasse qui devait être tirée par 6 chevaux), des voitures pour enfants (souvent tirées par des chèvres ou des moutons) et son musée du mariage. Ce sera sans doute la semaine des collections bizarres : après le houx hier et les boutons de vénerie à Chambord ce matin (le collectionneur en question a réussi à rassembler TOUS les boutons de TOUS les équipages de vénerie passés par la France), Villesavin propose la plus grande collection en Europe de... globes de mariage. Nous non plus, on ne savait pas ce que c'était, mais maintenant qu'on en a vu 350 d'un coup, on a compris : il s'agit d'une composition florale sous cloche offerte par la mère de la mariée à celle-ci. Bien évidemment, les fleurs ayant un langage, la composition en question a un sens... surtout quand on y ajoute des petits miroirs de formes différentes. Certains globes peuvent donc littéralement se traduire par : "Ma chérie, j'espère que tu seras heureuse de longues années avec cet homme que je ne valide pas forcément, mais qui t'a courtisée pendant 4 ans, et j'espère qu'il continuera à bien gagner sa vie parce que je compte sur 9 petits-enfants. Bisous, maman". On n'en revient pas de tant de bling...
Notre chambre d'hôtel n'étant pas disponible avant 17h, ce que nous réalisons évidemment en arrivant à l'hôtel à 16h, nous revenons sur nos pas pour aller tuer le temps au château de Fougères-sur-Bièvre. L'avantage de la région, c'est que les châteaux poussent comme des champignons et qu'il n'est pas compliqué de trouver à s'occuper ! Ce château-là a un peu les douves entre deux chaises, moitié médiéval et moitié Renaissance, ce qui s'explique par une construction échelonnée entre la fin du 14è et le milieu du 16è siècle. Les pièces sont malheureusement vides, mais la visite nous emmène jusque dans les combles du château et permet de découvrir la charpente. Pas de doute, charpentier, c'est plus un art qu'un métier ! A l'extérieur, le potager/jardin des simples d'inspiration médiévale est mimi comme tout, mais on en a vite fait le tour. L'objectif était de toute façon de meubler une petite heure, et il est rempli !
Ce soir, nous logeons au château de Laborde Saint-Martin, une base idéale pour visiter une tripotée de sites de plus ou moins grande importance dans la région, à commencer par un certain château de bande dessinée que nous découvrirons demain.
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