vendredi 18 juillet 2014

Irlande, jour 4 - Kilkenny

Ce temps de science-fiction ne pouvait pas durer, et c'est donc sous un léger crachin et un ciel tout gris que nous entamons notre découverte de Kilkenny. Nous avons pu nous rendre compte hier soir que la ville est particulièrement jolie, avec ses petites rues, ses boutiques colorées, son petit côté moyenâgeux et ses fleurs partout. Après recherche Wikipédia, elle compte en fait moins de 9 000 habitants, ce qui peut expliquer qu'elle ressemble davantage à un grand village qu'à une ville.

Nous commençons par un gros morceau de l'histoire de Kilkenny, le château, propriété d'une famille d'aristocrates anglais du 14è siècle à 1967. Pas mal... L'ensemble a été agrandi, modifié, restauré et rénové tellement de fois qu'on ne sait plus trop à quel style il appartient. Mais à l'intérieur (photo interdites, dommage), l'épaisseur des murs rappelle qu'il s'agissait à l'origine d'une forteresse médiévale. La bibliothèque, en revanche, sent bon son 19è siècle. Un guide très serviable nous explique l'utilité des pare-cheminée (il ne fallait pas que le maquillage en cire de ces dames coule) ou de l'espèce de coffre-fort aux airs de boîte à bijoux et qui servait en fait à enfermer... le thé. On découvre également dans le château un escalier mauresque totalement incongru (et totalement beau, aussi), ainsi qu'une grande salle des portraits de 45 m de long. Là encore, on poserait bien ses bagages !



A l'extérieur, malgré le crachin et notre ticket de parcmètre déjà dépassé, la visite des jardins, avec leur roseraie et leur fontaine, est vraiment très agréable. Les amis des animaux en profitent pour chasser les oiseaux avec l'appareil photo (c'est plus écolo comme ça). Ce sera d'ailleurs un peu le thème du jour !

Notre programme prévoyait la visite de la distillerie Smithwick, la plus vieille d'Irlande, aujourd'hui rachetée par Guinness (ils sont partout, ceux-là), mais celle-ci est actuellement fermée pour travaux et ne rouvrira que fin juillet. Qu'à cela ne tienne, nous n'avons qu'à traverser la route pour nous rendre à Rothe House, un des seuls bâtiments civils du 16è siècle qui subsiste dans le pays. Elle appartenait autrefois à un marchand qui ne manquait pas de sous, et qui a fait construire un jardin d'herbes et un verger au-dessus de sa maison. L'adorable vendeur de billets à l'entrée nous prévient que le texte français de l'auto-guide est un peu bancal (il y aurait eu beaucoup de commentaires de visiteurs), mais nous nous lançons malgré tout avec confiance dans la visite.



En fait, le français n'est pas bancal mais carrément incompréhensible (c'est du Google Trad ou je ne connais plus mon boulot). Au bout d'un moment, on cesse tout simplement de lire la brochure pour se concentrer sur les panneaux présents dans les différentes salles. On apprend ainsi que les bois monstrueux au-dessus de la cheminée appartiennent à une espèce de cerf géant disparu il y a 10 000 ans. Ou que la dame représentée sur l'un des portraits a servi de modèle aux anciens billets de 1 et 5 livres. Quant aux jardins, avec la tour de la cathédrale St Canice en arrière-plan et les cinq canards en résidence permanente, ils embaument les plantes aromatiques et médicinales et donnent envie de se mettre à l'herboristerie.




De retour à la caisse, le guichetier a le malheur de nous demander ce que nous avons pensé de la brochure française. Résultat des courses, il obtient mes coordonnées professionnelles et une promesse de retraduction gratuite pour que les prochains touristes français puissent profiter de la visite sans se fouler un neurone.

Pour la suite du programme, nous sortons de la ville et nous rendons à l'abbaye de Jerpoint, où le soleil nous fait la grâce de sa présence pour que nous puissions pique-niquer en toute sérénité. Place ensuite à la visite et à la minute culture : Jerpoint est une abbaye cistercienne construite en 1180, soit moins d'un siècle après la fondation de l'ordre en France. Aujourd'hui, pour cause d'Henry VIII, de schisme de l'église anglicane et de dissolution des monastères, il n'en reste que des ruines, catégorie modèle du genre.




L'endroit est surtout réputé pour ses sculptures ecclésiastiques et d'animaux étranges. On croise ainsi beaucoup de personnages sans tête sculptés dans les voûtes du cloître, et une espèce de dragon bizarre avec une queue serpentine. Les ruines abritent également une véritable colonie d'hirondelles qui passeront toute notre visite à piailler et à faire leurs prétentieuses avec des figures dignes de la Patrouille de France. Ajoutez à cela le retour du soleil, et vous obtenez une très belle visite.




Prochain arrêt : la grotte de Dunmore, grotte de calcaire apparue il y a 3 500 ans suite à un éboulement. C'est loin d'être la plus grande ou la plus profonde d'Irlande, mais elle descend tout de même à 46 mètres sous la surface. 350 marches pour descendre et autant pour remonter ! La température chute littéralement entre deux marches et on passe sans crier gare d'une moiteur étouffante à un tout petit 9 °C. Une fois arrivés en bas, on découvre des formations géologiques curieuses et une terminologie jamais entendue avant : stalagmites rocher (qui forment de gros furoncles sur le sol de la grotte), stalactites paille (creuses à l'intérieur), stalactite cascade ou encore pilier (la rencontre d'une stalactite et d'une stalagmite). C'est d'ailleurs ici qu'on trouve le plus haut pilier calcaire du pays (environ 6 m), surnommé Market Cross.


Market Cross se trouve au milieu

Les explications géologiques et historiques de la guide sont très intéressantes, mais on en profiterait davantage sans la horde d'adolescents italiens qui cumulent les pires défauts de ces deux états : ils sont bruyants, n'écoutent rien et parlent en même temps que la guide, passent leur temps sur leurs téléphones portables (il y a du réseau au fin fond des grottes irlandaises, qui l'eût cru !) et montent sur les barrières pour toucher les stalactites pendues au plafond. On en aurait bien "oublié" quelques-uns au fond de la chambre la plus reculée et éteint la lumière en sortant... Mais il faut bien faire avec, et on ne va pas laisser de jeunes imbéciles nous gâcher notre plaisir.

On a fini dans Alien...

La remontée à la surface est un peu raide, et il faut gérer l'apparition subite de buée sur les lunettes et l'objectif de l'appareil ! Il faut dire qu'il y a plus de 15° d'écart entre tout en bas et tout en haut... Après nous être offert une glace au café du site, nous décidons de rentrer nous reposer un peu à l'hôtel de Kilkenny avant le dîner. Ce soir étant un vendredi, il est plus sage d'éviter les pubs et de nous rabattre sur un établissement plus axé restauration. On veut bien s'immerger dans la culture locale, mais il y a des limites !

Un peu de gris, pas mal de bleu !

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