samedi 8 avril 2017

Grèce, jour 7 - Argos, Mycènes et Némée

Ce qu'il y a de terrible, dans ce pays, c'est que la plupart des noms de villes vous titille le cerveau, sans que vous sachiez toujours pourquoi ou comment. "Argos" me disait bien quelque chose depuis hier, mais il aura fallu attendre la fin de matinée pour qu'un panneau dans un musée me rappelle pourquoi : c'est la faute de Persée, fils de Zeus et Danaé, elle-même fille d'Acrisios, roi d'Argos, donc. Persée ayant accidentellement tué son papy (accomplissant ainsi une prophétie de l'oracle de Delphes), il aurait dû monter sur le trône d'Argos, mais l'idée de régner sur une ville dont le précédent roi était mort par sa faute ne le tentait pas vraiment, et il préféra aller fonder Mycènes. Voilà pour l'historique. Ou la légende. Dans ce pays, on a parfois du mal à faire la différence...

Il n'y a plus de roi à Argos depuis un bon moment, mais il y a toujours un château (Larissa de son petit nom), qui domine la ville de façon assez impressionnante depuis le sommet de sa montagne. Les premières fortifications à cet endroit remontent au 6è siècle avant notre ère, mais ce sont les Byzantins qui ont construit le château au 10è siècle. Il a ensuite été tenu par les Francs, puis les Vénitiens, puis les Turcs. Aujourd'hui, pour y accéder, il faut être sacrément motivé et ne pas avoir peur des petites routes de montagne qui serpentent en épingles à cheveux...



Nous avons mis presque autant de temps à trouver la route en question qu'à explorer le site, car à part les murs de l'enceinte intérieure, avec leurs créneaux comme dans les livres d'histoire, il ne reste plus grand-chose d'intact. Mais la vue depuis le château de Larissa est absolument exceptionnelle, comme à peu près tous les paysages que nous avons pu voir dans le Péloponnèse jusqu'à présent. Les montagnes, c'est superbe quel que soit le pays !



Prochain arrêt, et pas des moindres : Mycènes. Fondée par Persée, donc, et rendue célèbre dans la mythologie par les Atrides (les descendants d'Atrée), un modèle de famille dysfonctionnelle qui renvoie toutes celles de Game Of Thrones au bac à sable. Je vous ferais bien un topo sur les Atrides, mais ce serait beaucoup trop long et il faudrait y ajouter des schémas et des arbres généalogiques pour comprendre, alors si vous voulez vous renseigner, allez d'abord faire un tour sur l'article de Wikipédia et revenez après. Pour ceux qui ont la flemme, pour faire court, on parle ici d'Agamemnon, de sa femme Clytemnestre, de leurs enfants Oreste, Electre et Iphigénie, et d'une certaine guerre de Troie.

Le masque d'Agamemnon

C'est donc parti pour le site archéologique de Mycènes, qui date de 1500 et des poussières avant notre ère (ce qu'on appelle la Grèce préclassique). Un peu à l'écart de la ville proprement dite, on trouve le trésor d'Atrée, autrement dit un tombeau royal. Chez les Mycéniens, la royauté était enterrée dans des tombeaux en forme de ruche monumentale. Le gros triangle vide au-dessus du linteau sert à soulager un peu le linteau, qui pèse pas moins de 120 tonnes. Fallait-il que les architectes connaissent leur boulot pour penser à ce genre d'astuce il y a 3 500 ans... Dedans, il n'y a évidemment plus de trésor à piller, mais on se sent vraiment tout petit sous cette voûte de pierre de plus de 13 m de haut.

L'acropole de Mycènes

Le site suivant est celui de l'acropole de Mycènes, dont le parking est déjà envahi par les cars de touristes. Pour une fois, nous faisons une entorse à notre règle concernant les musées, parce que ce n'est pas tous les quatre matins qu'on a l'occasion de voir le célèbre masque d'or d'Agamemnon en vrai. Bon, ce n'est qu'une reproduction, mais quand même ! Le reste du musée est d'ailleurs extrêmement intéressant et permet de constater l'évolution des arts et techniques entre la civilisation mycénienne (-1500) et la période classique (-600). Certains bijoux retrouvés dans les tombes devraient donner des idées aux orfèvres modernes !

Après ce premier contact avec l'histoire locale, on entre dans le vif du sujet en pénétrant dans Mycènes par la Porte des Lionnes. Les pauvres gros chats ont perdu leur tête en bronze depuis longtemps, mais la sculpture est bien d'époque et ça fait son petit effet. Le cercle royal et les six tombes qu'il contenait sont eux aussi plutôt bien préservés, mais plus on monte, plus les ruines des bâtiments sont limitées. Il ne reste par exemple presque rien du temple et du palais qui se dressaient tout en haut, car tout a été détruit lors d'un tremblement de terre. C'est un peu dommage, mais encore une fois, les paysages sont là pour justifier et récompenser la grimpette.

Le cercle royal

Au pied de l'acropole, on termine la visite par la tombe de Clytemnestre (en forme de ruche elle aussi, donc) et celle de son amant Egisthe. Enfin, on suppose. C'est quand même plus excitant que la tombe de parfaits inconnus ! Il nous aura fallu deux bonnes heures pour explorer tout le site malgré notre rythme assez soutenu, ce qui donne une petite idée de l'ampleur de l'ensemble. Les Mycéniens avaient la folie des grandeurs !

Pour poursuivre le thème "mythologie" du jour, nous prenons ensuite la route de Némée. Comme le lion qu'Hercule dut tuer à mains nues, oui oui, parfaitement. En plus d'être le site d'un des fameux 12 travaux, dans l'Antiquité, Némée organisait également des jeux (les Néméades, donc), en alternance avec Delphes et Olympie. Des amateurs ont même décidé de les remettre au goût du jour depuis 1996, mais ça n'a pas aussi bien pris que le retour des Jeux Olympiques un siècle plus tôt, allez comprendre...



Là aussi le site est coupé en deux, et nous commençons par le temple de Zeus avec ses colonnes en kit. A l'origine, seules trois pauvres colonnes étaient encore debout, mais plusieurs de leurs voisines ont été remontées grâce au concours de l'université de Berkeley, en Californie, qui prévoit d'ailleurs d'en reconstituer d'autre. Il va y avoir du boulot, parce que c'est un vrai puzzle ! On distingue très bien les pierres des colonnes ici et là, mais elles sont éparpillées sur des dizaines de mètres et on souhaite bien du courage à qui devra décider où doit aller tel bloc. N'empêche, avec les montagnes en arrière-plan, le site est particulièrement joli. Un peu plus loin sur la route, on trouve le stade (sans gradins) où se tenaient les Néméades (et où leur version moderne est toujours organisée tous les quatre ans, donc). Il n'y a plus grand-chose à y voir à l'exception du tunnel par lequel passaient autrefois les athlètes pour entrer dans le stade, mais le site a le mérite d'être complètement snobé par les touristes, et donc d'être très reposant.

Après une pause déjeuner tardive au snack bar du coin (dont la patronne ne parle pas un mot d'anglais), nous rejoignons notre étape du jour, Sparte. Au moins, on ne se demande pas longtemps pourquoi cette ville-là nous parle ! Sparte n'ayant malheureusement rien conservé ou presque de sa grandeur antique, il n'y a pas grand-chose à y voir, si ce n'est une statue ultra-moderne de Léonidas et un pseudo-sanctuaire qui ressemble surtout à un gros tas de cailloux. Le bonhomme étant mort sous les sandales des Perses aux Thermopyles, ce n'est de toute façon qu'un symbole.



Pour jouer à "This is Sparta" et rendre un véritable hommage aux 300, on attendra d'être aux Thermopyles !

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