Puisque nous avons été frustrés hier, nous retournons ce matin au château de Naupacte (toujours en voiture, faut pas abuser). Victoire, cette fois, la grille est ouverte et il y a du monde à la guérite ! On aimerait parler grec moitié aussi bien que le monsieur qui nous accueille parle français, mais il faudrait déjà être en mesure d'en déchiffrer l'alphabet, et ce n'est pas pour demain... Même s'il est bien conservé (ouh, les beaux remparts), le château accuse quand même son âge et on en a vite fait le tour. Mais c'est l'occasion d'avoir une vue encore plus plongeante qu'hier sur la baie, et vu la taille de celle-ci, il n'est pas difficile d'imaginer près de 500 galères s'y canonnant joyeusement pour la domination de la Méditerranée.
Naupacte n'était qu'une étape sur une route bien plus longue, qui nous voit aujourd'hui aller jusqu'à Delphes, à environ 2 heures de là. Nous n'avons pas laissé les montagnes derrière nous (de toute façon, des montagnes, il y en a partout dans ce pays, à l'exception de la région d'Athènes), mais cette fois, on a droit à la mer en prime : sur la route côtière qui mène au sanctuaire d'Apollon, il y a le golfe de Corinthe à droite, les montagnes à pic et parfois enneigées à gauche, et inutile de préciser que c'est sacrément beau. Sans le grand soleil et les 20° au thermomètre, on pourrait se croire en Islande ou en Suisse.
Il est 11h30 lorsque nous arrivons à Delphes, et vu le nombre de voitures et de cars garés au petit bonheur, on ne risque pas de passer à côté du site. Il y a déjà beaucoup de monde sur place, mais le site s'étageant sur plusieurs niveaux, on ne se bouscule finalement pas tant que ça pour faire des photos. Le seul souvenir que je garde mon premier passage à Delphes lors de ce fameux voyage de 5è, c'est l'omphalos, le "nombril du monde", une pierre que Zeus aurait laissé tomber là pour marquer le centre du monde. La mémoire fonctionne bizarrement... Je (re)découvre donc le sanctuaire d'Apollon en même temps que Benjamin, et il se pourrait bien que Delphes soit le plus joli site archéologique que nous ayons vu jusqu'à présent.
Joli grâce au décor dans lequel il est posé, déjà. Je me répète, mais Mère Nature a fait du bon boulot côté montagnes grecques. Ensuite, les différents "étages" du sanctuaire le font sortir du lot. Jusqu'ici, les ruines datant de la Grèce classique que nous avons pu voir s'étendaient sur un ou deux niveaux seulement ; à Olympie et Epidaure, c'était même carrément plat. Ici, la Voie sacrée serpente entre les "trésors" des différentes cités-Etats grecques, monte jusqu'au temple d'Apollon lui-même, puis jusqu'au théâtre, et enfin au stade. Et puis il y a le caractère mythique du lieu, avec ses histoires de pythies et d'oracles. Du sacré beau monde est passé par là pour consulter la pythie (y compris Crésus lui-même), et quand on se dit que les prophéties étaient sans doute le fruit d'une fuite d'éthylène à proximité du fauteuil de la devineresse, on a envie de rigoler aussi.
Points bonus aussi pour le musée archéologique, qui renferme de sacrées pièces en excellent état, dont une paire de kouroï (des jeunes hommes, en français dans le texte), un superbe sphinx, un aurige en bronze qui a perdu ses chevaux, et une statue d'Antinoüs, le favori de l'empereur Hadrien. Ça nous change un peu des statues en mille morceaux dont les musées du coin sont souvent remplis ! On sort de là avec l'impression d'en avoir vu plus qu'ailleurs, ou en tous cas d'avoir vu ce que la Grèce antique a de mieux conservé et de plus imposant.
Dernière étape de notre passage en Grèce centrale (toutes les régions n'ont pas la même densité culturelle que le Péloponnèse) : les Thermopyles, cadre du baroud d'honneur des Spartiates contre l'armée de Xerxès en 480 avant J.-C. Plusieurs dizaines de milliers de Perses contre 300 hoplites spartiates menés par Léonidas (et quelques alliés, 2 000 hommes au total, mais on n'en parle jamais parce que c'est moins classe), ça marque les mémoires au point qu'on en fait encore des films et des chansons à l'heure actuelle. Malheureusement, le site du champ de bataille est aujourd'hui très glauque et on n'a pas vraiment envie d'y laisser longtemps sa voiture. Le monument dédié aux Spartiates qui se sont sacrifiés pour retarder l'armée de Xerxès et laisser le temps aux Grecs d'organiser leur défense est posé au milieu de nulle part et le centre d'informations est trop loin pour qu'on ait envie d'y faire un tour. C'est un peu décevant, d'autant que nous avons une fois de plus lutté avec le GPS pour arriver là... Mais pour compenser et rendre hommage aux 300 comme il se doit, nous lançons cette chanson dans la voiture à un volume sonore indécent. Si on n'écoute pas de Sabaton aux Thermopyles, je ne sais pas où on peut en écouter !
La journée est déjà finie et nous allons prendre nos quartiers dans la ville la plus proche des Thermopyles, Lamia. Cette fois, le GPS se surpasse en nous envoyant sur une route qui n'existe manifestement plus depuis longtemps. Dommage de terminer sur des notes si frustrantes alors que la visite de Delphes a été si agréable !
Tonight we dine in Hell! (Ou "We park in Hell", c'est selon...)
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