vendredi 7 avril 2017

Grèce, jour 6 - Epidaure et Nauplie

Nous reprenons ce matin notre programme de visites culturelles avec un gros morceau : le théâtre d'Epidaure, l'un des plus beaux et surtout l'un des mieux conservés du pays. C'est bien simple, il est aussi intact qu'on peut l'être quand on a un peu plus de 2 000 ans. Cette fois, nous n'avons pas eu le courage de nous lever aux aurores pour arriver sur le site avant les cars de touristes, et nous partageons donc le théâtre avec une colonie de jeunes Français. On en a connu de moins respectueux et bien élevés, on ne va pas se plaindre.



Epidaure, donc. Construit entre le 4è et le 2è siècle avant notre ère, englouti au fil des ans sous une forêt de pins et d'oliviers et retrouvé en 1829 par une expédition archéologique française. Avec ses 12 000 places, ce n'était même pas l'un des plus grands du pays, et ce n'est donc pas sa taille qui frappe quand on le découvre pour la première fois. C'est plutôt son état de conservation incroyable, qui donne l'impression que des acteurs masqués et entogés vont sortir des coulisses d'ici cinq minutes pour vous jouer du Sophocle. Etant donné qu'il est interdit de pousser la chansonnette, on n'a pas pu tester l'acoustique de l'endroit, mais on la dit absolument parfaite. Cela dit, Maria Callas aurait pu revenir d'entre les morts pour nous chanter Norma (ce qu'elle a fait ici-même en 1960), personne n'y aurait prêté attention, car tous les visiteurs étaient fascinés par une autre vedette : un minuscule chiot aux airs de bébé ours qui a suivi la colonie à la trace pendant toute leur visite. Décès par choupitude assuré.



Pour laisser le gros des touristes derrière nous, il suffit de faire 500 mètres et de se rendre au temple d'Asklépios, connu aussi sous le nom latin d'Esculape, alias le dieu de la médecine, alias le gars à qui on doit le caducée (l'animal fétiche du bonhomme était un serpent et l'un d'eux s'enroulait autour de son sceptre). On a beau décrire le sanctuaire d'Asklépios comme le premier "hôpital" de l'Antiquité, la médecine moderne est encore loin : à l'époque, les malades étaient soignés en rêve par le dieu lui-même. Au mieux, ils étaient guéris dès leur réveil (genre Lourdes avant la lettre) ; dans le pire des cas, Asklépios leur indiquait le traitement à suivre sous forme de devinette, et les médecins/prêtres interprétaient le tout à leur sauce. L'ancêtre de l'ordonnance illisible que le pharmacien fait de son mieux pour déchiffrer, quoi !



Vu que toute la région est venue se servir en matériel de construction pendant 2 000 ans, il ne reste plus grand-chose du temple, mais quelques colonnes ont été reconstituées avec ce qu'on a réussi à retrouver. De toute façon, rien que pour les paysages du Péloponnèse autour, la balade vaut la peine.

Nous laissons Epidaure et ses vieilles pierres derrière nous pour aller découvrir, à une petite demi-heure de route, un tas de pierres encore plus anciennes, posées là par les Mycéniens (environ 1 500 ans avant J.-C.). Vu l'âge de la chose, on a du mal à imaginer à quoi ressemblait l'acropole de Tirynthe à la grande époque, mais il s'agissait manifestement d'un ouvrage militaire. En même temps, les murs composés de cailloux de 10 tonnes, ce n'est pas fait pour l'agrément ! Certains sont mêmes tellement impressionnants qu'on se demande comment de pauvres mortels sont parvenus à les construire (et on ne vous parle pas de l'arche de pierre, dont on ne sait même pas comment elle tient). Ce n'est pas pour rien que la légende attribue leur construction aux Cyclopes !



Parce que nous sommes deux idiots, nous faisons semblant de ne pas remarquer qu'il est midi et qu'il fait très chaud, et nous nous rendons à Nauplie, juste à côté de Tirynthe, pour explorer la forteresse à flanc de montagne qui domine la ville : le fort Palamède. Visiter un fort en plein cagnard n'est pas l'idée du siècle, on devrait pourtant le savoir depuis Malte... En temps normal, nous aurions sans doute grimpé les 857 marches qui mènent à la forteresse, mais Benjamin souffrant d'un sérieux mal de crâne depuis le début de la journée, nous optons pour la solution de facilité et faisons le trajet en voiture.



C'est un bond dans le temps d'environ 3 000 ans que nous venons d'effectuer, car le fort Palamède date du tout début du 18è siècle. Réputé totalement imprenable, il a été... pris par les Turcs un an seulement après la fin de sa construction. Il faut arrêter avec les épithètes du genre insubmersible/invincible/imprenable, ça se finit toujours très mal ! Reste que le fort est relativement bien conservé et qu'on peut faire le tour des huit bastions d'origine en crapahutant un peu. Pour continuer dans le thème de la journée, la vue de là-haut est absolument magnifique et on aurait bien envie de piquer une tête dans les eaux turquoises de la baie de Nauplie. Mais on sait quelle température il y fait, dans ces eaux, alors on va éviter...

Fort Palamède vu d'en bas

Après un petit tour du côté de l'ancienne citadelle franche, Akronauplie, qui ne casse pas trois pattes à un canard, nous redescendons au niveau de la mer pour déjeuner. Note pour plus tard : ne pas choisir son restaurant pour la jolie petite cascade qui coule dans la cour et se renseigner sur le menu proposé avant de s'asseoir... Le déjeuner est un gros échec, mais nous nous rattrapons avec une petite balade digestive dans les rues très commerçantes et touristiques de Nauplie. Pour conclure la journée, nous allons jeter un œil à l'église Panagia, un modèle d'église orthodoxe ultra-bling qui décape la rétine. Niveau déco, Protestants et Orthodoxes devraient se réunir pour atteindre le juste milieu !

Ce soir, escale à Argos, d'où nous partirons demain pour la capitale des Mycéniens.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire