mercredi 12 avril 2017

Grèce, jour 11 - Les Météores

Après des jours de ruines et de religion polythéiste, nous nous attaquons aujourd'hui à un site qui associe Orthodoxie et merveilles de la Nature : les Météores. Le GPS nous annonce à l'origine 2h40 de route depuis Lamia, mais on voit bien qu'il ne connaît ni Benjamin, ni la relation très libre que la Grèce entretient avec les limitations de vitesse : en 2 heures tout pile, le trajet est bouclé - et ce n'est pas du luxe, car il y a beaucoup à voir et que les monastères attirent beaucoup de monde.

Étymologiquement, meteora, ça veut dire "suspendu dans le ciel". Géologiquement, les Météores sont des conglomérats de galets qui dominaient un fleuve il y a environ 60 millions d'années. Le temps, l'érosion et les tremblements de terre ont fait leur oeuvre, et aujourd'hui, ce sont des pitons rocheux dont on se demande comment certains tiennent encore debout. Au niveau religieux, c'est le deuxième complexe monastique de Grèce après le mont Athos (et c'est plus pratique à visiter quand vous n'êtes pas orthodoxe et que vous avez deux chromosomes X, les femmes étant persona absolument non grata au mont Athos). Et au niveau touristique, c'est totalement époustouflant.



Les monastères des Météores, c'est un peu comme le Mont-Saint-Michel : c'est sublime, mais quand on est devant, on se demande quand même pourquoi l'humanité a pris l'habitude de construire des édifices religieux dans les endroits les plus difficiles d'accès (même les chèvres trouvent l'endroit pas commode). La réponse est souvent la même : parce que ça rapproche de Dieu... et, dans ce cas précis, parce que les barbares celtes, slaves ou turcs n'avaient aucune envie de monter jusque-là, même pour le plaisir de déloger du Chrétien. Les ermites ont commencé à se retirer dans des grottes au XIè siècle, les monastères ont été édifiés à partir du XIVè, et aujourd'hui, il en reste six, plus ou moins grands, en activité.

Le monastère de Varlaam

Points communs entre tous les monastères : d'abord, il faut se présenter "décemment vêtu". Et manifestement, un pantalon sur une femme, ce n'est pas décent (le short non plus, mais ça on s'en doutait). Du coup, il faut s'affubler à chaque fois d'un paréo pour cacher jeans, legging ou baggy. Et ce n'est pas que chez les hommes, la punition est la même si les résidents sont des femmes ! Ensuite, mieux vaut ne pas tenter la visite quand on a des problèmes de genoux ou de l'asthme, parce qu'il y a des marches. Beaucoup. Trop. De marches. Sur les six monastères, seul celui d'Agios Stephanos est en accès "direct" ; pour les autres, il faut faire chauffer les mollets ! Benjamin a compté, rien que pour le monastère de la Sainte Trinité (qu'on peut voir dans le James Bond n° 12, version Roger Moore, Rien que pour vos yeux), c'est 147 marches. On ne regrette pas d'avoir pris un bon petit-déjeuner !

Varlaam vu d'en bas

On pourrait redouter l'overdose au bout de six monastères, mais en réalité, ils sont suffisamment différents pour que la visite soit intéressante jusqu'au bout. Varlaam est le plus joli de loin, avec ses murs blancs et ses toits rouges. Le Grand Météore, le plus riche, est fascinant grâce à son musée du folklore. La Sainte Trinité est le plus difficile d'accès, Agios Stephanos offre des fresques bien retapées (oui, c'est clinquant, mais le bon goût et le dépouillement ne sont pas vraiment ce qui caractérise les églises orthodoxes) et Agios Nikolaos Anapafsas a la vue la plus originale. Quant au couvent de Roussanou, on ne sait pas, il est fermé le mercredi. Tous les monastères ont un jour de fermeture différent, il a fallu faire un choix !



Vu les produits dérivés vendus dans les monastères et les marchands du temple sur les parvis des plus grands, tout ça ne respire plus vraiment la piété et l'ascétisme, mais il faut avouer qu'on est moins là pour l'aspect religieux que pour le paysage et la prouesse architecturale. Il n'y a encore pas si longtemps, certains monastères n'étaient accessibles que par une échelle de corde ! Il devait y avoir moins de touristes à l'époque, il faut une sacrée foi pour accepter de grimper 300 m à pic de cette façon !

Varlaam depuis Agios Nikolaos

Quant à nous, au bout de 4 heures de grimpette et de soleil, nous sommes bien contents de nous poser pour déguster une glace, en compagnie d'un des chats du monastère Agios Stephanos (Benjamin attire les félins comme un aimant). Ce soir, nous logeons à Kalampaka, au pied des Météores, et notre chambre d'hôtel donne directement dessus. Le site est tellement exceptionnel, ce n'est pas comme si on pouvait se lasser !

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