Etant donnée la "légèreté" du programme du jour, nous décidons de partir ce matin un peu plus tard que ce dont nous avons l'habitude (traduction : 9h30). Descendus au métro Christianhavn, nous faisons d'abord escale dans la première boulangerie venue pour le petit-déjeuner et l'injection quotidienne de cannelle de Benjamin. Installée devant un adorable canal plein de jolis bateaux avec un thé et des viennoiseries dégoulinantes d'épices, on se demande un moment pourquoi ce genre de magasin n'existe pas à Paris... avant de se rappeler que la densité de population n'y est pas tout à fait la même qu'à Copenhague et que les boulangeries parisiennes ne peuvent pas se permettre d'occuper une telle superficie. Mais c'est bien dommage, parce qu'on risque fort d'y prendre goût !
Puisque nous sommes encore à peu près frais et dispos, direction Vor Frelsers Kirke, ou l'Eglise de Notre-Sauveur. Ne nous demandez pas ce qu'il y a dedans, on n'en sait rien : l'église est fermée au public à notre arrivée, et de toute façon, ce n'est pas le plus important. Le véritable intérêt de l'église, c'est sa flèche tarabiscotée noire et dorée de 90 m de haut, surmontée d'un globe sur lequel est perché un Christ tenant un drapeau danois (il est du coin, c'est bien connu). Moyennant 20 bonnes minutes d'attente, on peut monter au sommet et profiter d'une très jolie vue sur Copenhague.
Bon, précisons-le tout de suite, il vaut mieux ne pas être claustrophobe pour la partie intérieure de la grimpette, et ne pas avoir le vertige pour la partie extérieure. Les escaliers intérieurs sont franchement raides, étroits et plutôt bas de plafond (surtout pour un pays où les hommes enregistrent l'une des tailles moyennes les plus élevées au monde), et l'escalier en colimaçon extérieur a le défaut d'être... ben, extérieur. Benjamin ayant décidé que le vertige étant uniquement dans la tête et pouvait être surmonté en se faisant un peu violence, nous entreprenons l'ascension tous les deux, même si le pauvre garçon doit parfois s'arrêter pour respirer un grand coup et/ou s'asseoir sur les marches. Juste le temps de se rappeler que c'est dans la tête, donc. Les photos au sommet (où on ne peut accéder qu'un par un étant donné que les marches mesurent environ 15 cm de large) sont donc dévolues à bibi, pendant que Benjamin regagne la base de l'escalier en colimaçon. Quand on n'a rien contre les hauteurs, la vue est franchement sympa et permet d'apprécier le côté incroyablement "aéré" de Copenhague.
Après une averse (heureusement qu'elle n'est pas arrivée pendant que Benjamin était au sommet de Von Frelsers Kirke, celle-là !) et un arrêt pas-prévu-mais-c'était-sur-le-chemin à Christians Kirke, dont l'intérieur ressemble davantage à un opéra ou un théâtre qu'à une église, nous passons l'un des innombrables ponts de la ville pour rejoindre le quartier de Slotsholmen. Côté bâtiments historiques, le coin se défend plutôt bien : à côté de l'ancienne Bourse/actuelle chambre de commerce et de sa flèche composée de quatre queues de dragon torsadées en forme de dent de narval (si si), on trouve Holmens Kirke, l'église de la Marine de guerre. Les anciens ateliers de forge d'ancres de marine ont été transformés en église en 1619, et c'est accessoirement là que la reine actuelle, Margrethe II, a épousé un Français en 1967. La déco intérieure est assez surprenante : au milieu des murs uniformément blancs, on trouve des orgues superbes, une chaire en bois sculpté hallucinante et un maître-autel du même acabit (sans parler d'un baptistère en métal forgé assez bizarre en plein milieu de la nef). Ça permet d'éviter l'overdose, mais on n'a pas l'habitude !
De l'autre côté de la rue, un gros morceau d'histoire pour le Danemark et de visite pour les touristes : le château de Christiansborg, dont les différentes itérations à travers les siècles furent la résidence des rois du Danemark et de Norvège (pour la minute Histoire, la Norvège a longtemps fait partie du royaume du Danemark, a été refilée à la Suède en 1814 et n'est devenue indépendante qu'en 1905). Après avoir brûlé deux fois aux 18e et 19e siècles pour cause de cheminées qui ne tiraient pas bien (une fois, c'est un accident, deux fois, c'est de la négligence pure et simple !), Christianborg a été reconstruit début 20e et est aujourd'hui le lieu de représentation par excellence de la monarchie danoise. C'est là que la reine serre la main au commun des mortels pendant les audiences ou réunit le gratin politique et diplomatique mondial pour des banquets. Nous avons de la chance, aucune cérémonie officielle n'est prévue aujourd'hui et nous pouvons donc visiter tout notre saoul.
Après un petit tour par les ruines, qui permet de découvrir les anciens murs du château de l'évêque Absalom (12e siècle) et surtout de se mettre l'historique du palais dans la tête, passage obligé par les salles d'apparat royales. Histoire d'éviter de salir les tapis rouges et de rayer les parquets, la visite se fait avec des "chaussons" bleus en plastique qui glissent aux pieds. Après Rosenborg hier, on continue dans le bling, même si ce n'est pas tout à fait le même genre. Ici, moins d'horloges dorées et d'objets en ivoire, mais plus de lustres en cristal et de jolies tables en bois pouvant accueillir 50 personnes. C'est un chouia moins spectaculaire que Buckingham Palace, mais question "grand-parent de l'Europe", Christian IX, qui a marié tous ses enfants à des monarques européens au 19e, avait de quoi en remontrer à Victoria. La bibliothèque de la reine est un enchantement et nous donne des envies de réaménagement à la maison. En revanche, les tapisseries des Gobelins, offerte à Margrethe II en 1990, ne donnent pas vraiment envie de pousser le cocorico : le résultat, qui agresse méchamment la rétine, n'aurait sans doute pas été différent si les cartons avaient été dessinés par Picasso sous LSD...
Parce que les quatre visites qui composent Christiansborg n'ont pas de lien entre elles, nous quittons le palais après les salles d'apparat pour la pause déjeuner, puis nous passons ensuite aux cuisines royales. Aujourd'hui, en cas de banquet au palais, la nourriture est préparée à Amalienborg et réchauffée sur place, et les cuisines ne servent donc plus qu'à exposer les cuivres en service sous Christian X, dans les années 1920 (les rois du Danemark s'appellent littéralement TOUS Christian ou Frédéric depuis le 16e siècle, il ne faut pas se mélanger dans les numéros). On plaint les pauvres grouillots qui doivent se colleter le récurage de ces centaines d'ustensiles ! Côté muséographie, la cuisine prépare le banquet d'anniversaire de mariage du roi et de la reine en 1925, et entre le menu accroché au mur, les faux légumes qui mijotent dans les marmites et les odeurs qui émanent de la pâtisserie, on s'y croirait ! Bon, il devait faire un peu plus chaud et ça devait hurler un peu plus, mais à part ça...
Dernière étape à Christiansborg : les écuries royales. L'un des avantages d'une monarchie (en plus de la revue des uniformes à laquelle nous avons assisté hier), c'est l'utilisation régulière des chevaux et des carrosses. Et quand ils ne sont pas en service, ils sont bien rangés dans les écuries et font le bonheur des touristes. Il fut un temps où les écuries abritaient plusieurs centaines de chevaux, mais à l'heure actuelle, il n'y en a plus qu'une quinzaine – tous blancs, parce qu'apparemment, c'est plus classe. Ceux qui ne sont pas en vacances dans un pré bien gras boudent un peu dans leur box, mais on compense la froideur de l'accueil par une jolie collection de carrosses, une exposition d'attirail d'équitation et un historique de l'élevage de chevaux au Danemark. Ça a tout de même plus de gueule que la Citroën présidentielle...
Parce que nous ne sommes décidément pas au mieux de notre forme et que nous sommes déjà bien fatigués à 15h30, jour 2, nous allons nous poser avec bonheur dans un bateau pour un petit tour d'une heure sur les canaux, à peu près aussi nombreux qu'à Amsterdam. Ce "grand tour" permet d'avoir une vision différente des endroits que nous avons déjà explorés, comme Nyhavn ou Amalienborg, et d'approcher au plus près des immenses bateaux de croisière qui font escale à Copenhague, des bâtiments militaires et même du yacht royal. C'est l'occasion aussi de voir la Petite Sirène sous un autre angle et de se rendre compte qu'il y a vraiment foule autour d'elle quand il ne pleut pas des cordes...
Après cette pause bienvenue, il ne nous reste plus qu'à aller faire le plein de cidre danois avant de rentrer se reposer à l'hôtel, moins trempés mais tout aussi rincés qu'hier. Et ça, c'était une journée "cool". On commence à s'inquiéter pour les journées chargées !
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