Pour notre première journée complète à Londres, direction... hors de Londres. Oui, bon, on n'est pas à un paradoxe près ! Armés de plusieurs plans de métro et de train, de nos fidèles Oyster Cards et d'une bonne dose de patience, nous prenons ce matin le chemin du Surrey, au sud-ouest de la capitale. Au programme du jour : le château de Hampton Court, la résidence préférée d'Henri VIII. Comme de bien entendu, nous avons choisi la période la plus compliquée pour nous y rendre : les horaires des trains sont bouleversés pendant tout le mois d'août en journée et nous devons prendre pas moins de deux métros et deux trains grande ligne avant d'arriver à destination. Niveau informations sur les quais, le National Rail ne vaut pas beaucoup mieux que la RATP ou la SNCF !
On a beau râler pour le principe, une fois arrivés devant les grilles du château, on se dit que les 90 minutes que nous venons de passer dans les transports en commun n'ont pas été perdues. Avec sa brique rouge, ses cheminées tarabiscotées et ses statues héraldiques qui ont l'air d'avoir sérieusement fumé les tentures, Hampton Court en impose. D'abord propriété du cardinal Wolsey, le château est rapidement confisqué par un Henri VIII naturellement caractériel et très énervé par le fait que le cardinal n'ait pas réussi à faire annuler son mariage avec Catherine d'Aragon. Ni une ni deux, Henri change la religion de son pays, divorce de Catherine, se remarie avec Anne Boleyn et récupère au passage un joli château qu'il fait arranger à sa sauce. Par la suite, toutes les dynasties royales anglaises (Tudor, Stuart, Orange et Hanovre) en profitent, jusqu'à Victoria, qui décide de l'ouvrir au public en 1838.
Il y a donc 300 ans d'histoire (et pas des moindres) dans ce château, et ça se ressent sur la durée de la visite. Nous avions prévu une excursion à la journée et nous avons plutôt bien fait : entre les jardins, les différents appartements, le labyrinthe et les expositions de peinture, nous avons passé pas moins de cinq heures à explorer tous les recoins de Hampton Court. Un record, même Versailles ne nous a jamais occupés si longtemps !
Malgré les gros nuages noirs qui nous ont suivis depuis Londres, nous avons eu la chance de découvrir les jardins au sec et en toute tranquillité, les autres visiteurs ayant apparemment préféré commencer par les intérieurs. A l'exception des jardiniers, nous sommes donc à peu près seuls pour découvrir les jardins dits "privés" qui donnent sur la Tamise, créés pour Guillaume d'Orange lors de son accession au trône d'Angleterre. Mais Hampton Court est aussi associé aux chasses d'Henri VIII, et qui dit chasse dit forcément parc avec troupeau de cervidés (et colonie d'oies du Canada, et poules d'eau, et hérons par la même occasion). Les pelouses sont taillées au cordeau, les arbres du parc ressemblent à de gros champignons et la plus grande vigne du monde pousse... sous une serre, alors que ses racines, à l'extérieur, profitent d'une plate-bande dédiée ; tout ceci est délicieusement anglais et on pourrait passer des heures simplement à profiter des jardins.
Mais il serait dommage d'ignorer les intérieurs, qui valent eux aussi leur pesant de cacahuètes. Entre les appartements d'Henri VIII, ceux de Guillaume et Marie et ceux des Hanovre, la salle des gardes et sa décoration sidérante à base de 2 800 armes, la galerie de peintures Cumberland (avec ses deux Rembrandt sous cloche), l'exposition retraçant la jeunesse d'Henri VIII (c'est-à-dire avant qu'il se mette à collectionner les épouses) et les cuisines (dont la petite cuisine réservée à la confection du chocolat, un endroit qui devrait être obligatoire dans toutes les maisons), il y a là encore largement de quoi s'occuper. L'ameublement des appartements n'est pas époustouflant, mais les peintures qui ornent les plafonds et les escaliers compensent très largement ce petit défaut. Pour les touristes français, c'est aussi l'occasion de faire le point sur la liste des pauvres Mme Henri VIII et sur les différentes dynasties qui se sont succédé sur le trône d'Angleterre depuis les Tudors (on avait un peu perdu le fil après Jacques Ier Stuart). La thématique de la semaine étant très royale, il n'était pas inutile de dépoussiérer un peu notre histoire anglaise...
L'escalier du roi
Quand y'en a plus, y'en a encore ! Hampton Court est aussi très connu pour son labyrinthe du 17è siècle, que Benjamin négocie comme un chef. Il faut soi-disant 20 minutes pour atteindre le centre, le GPS humain nous y conduit en moins de 5 en ayant volontairement fait traîner les choses et pris des chemins bizarres... Pour finir en beauté, nous faisons un saut au Magic Garden, une zone de jeux pour enfants, sorte de parc d'attractions Tudor qui nous fait regretter d'avoir dépassé la trentaine : on aurait adoré découvrir cet endroit aux alentours de 8 ans pour profiter des toboggans, des jeux d'eau, du dragon endormi, des cabanes dans les arbres et des faux rochers à escalader. Mais on est censés être adultes, alors on se contente de prendre des photos des figures héraldiques détournées et de se dire qu'on construirait bien la même chose dans notre jardin.
Le retour vers Londres se fait à l'heure de pointe, ce qui se traduit par une cadence de trains normale et beaucoup moins de correspondances pour nous. Après cinq heures de marche presque non-stop, passer une heure dans les transports en commun est un vrai bonheur. Nous arrivons à Kensington sur les rotules, un peu cuits (mine de rien, le soleil était bien présent et nous avions oublié crème solaire et chapeaux à l'hôtel) mais ravis de notre journée. Et le plus drôle, c'est qu'on refait exactement la même chose demain, mais cette fois au cœur de Londres !
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