vendredi 17 novembre 2017

Thaïlande, escale à Koh Phi Phi - Côté mer

Si Koh Phi Phi s'est taillé une belle réputation d'île pour teufeurs, elle est aussi connue pour compter parmi les plus beaux spots de plongée au monde, et c'est un peu pour ça que nous sommes là. On n'a pas pris la peine de les compter, mais les clubs de plongée et les petites entreprises proposant des sorties snorkeling se marchent dessus ; le plus dur est de choisir pour laquelle opter ! Histoire de ne pas perdre notre temps une fois sur place, nous avions réservé avant de partir chez Phi Phi Scuba Diving Center, et vu l'accueil auquel nous avons eu droit toute la semaine, nous avons bien fait. Ce n'est pas pour leur faire de la pub, mais... en fait si. Malgré un nombre parfois impressionnant de plongeurs par bateau, nous n'avons jamais plongé à plus de quatre pour un divemaster, ce qui tient du grand luxe dans la région.


Cette fois, plus de certification à passer. Nous pouvons profiter tranquillement de nos plongées de pur loisir, sans exercice agaçant. Le verbe "profiter" est d'ailleurs un bel euphémisme : la vie marine dans le coin est exceptionnelle et offre des plongées assez spectaculaires. Après une semaine sans apercevoir le moindre requin à pointe noire, nous avions fini par croire qu'ils étaient partis en vacances, eux aussi, mais nous avons finalement eu la chance d'en voir d'assez près deux jours de suite (pas d'inquiétude, ils ne sont pas dangereux pour deux sous). Les raies sont également assez nombreuses et nous avons aperçu quelques poulpes, des tonnes de murènes et de poissons-lunes, assez de nudibranches pour satisfaire l'obsession de Benjamin (et de Nick, notre divemaster attitré), et une tortue, que nous avons eu la chance d'avoir pour nous tous seuls pendant une dizaine de minutes.


Mais le plus fascinant (en tous cas pour moi, et comme c'est moi qui écris, nananère), ce sont ces bancs de plusieurs centaines de poissons, qui vous prennent par surprise en apparaissant au détour d'un récif et qui vous donnent l'impression de vous trouver au milieu d'un vortex. C'est absolument incroyable, et le phénomène a beau se reproduire à chacune de nos plongées, on ne s'en lasse pas.


A raison de deux plongées quotidiennes et une seule matinée de repos en dix jours, nous avons sacrément rempli notre carnet de plongée. Pour bien terminer les vacances, aujourd'hui, nous en avons même fait trois : cette sortie à la journée nous a permis de découvrir l'épave d'un ferry coulé dans des circonstances assez curieuses, alors que son assurance devait expirer quelques jours plus tard et qu'il transportait des voitures vers une île où on se déplace exclusivement à pied et en longtail boat. Ahem. Nous n'avions encore jamais eu affaire à un courant aussi épouvantable, mais ces dernières plongées valaient le coup rien que pour le banc de barracudas aussi grands que des pointes noires que nous avons croisé, et le poisson-pilote qui nous a accompagnés sur une partie du trajet.


Des spots magnifiques, une vie marine formidable, une équipe extrêmement sympathique et des bateaux confortables et bien entretenus... Nous avons passé une fabuleuse semaine et si la plongée dans le coin vous tente, Phi Phi Scuba Diving Center est à recommander.

On a more personal note, we'd like to give a big shout out to our divemaster Nick, for his kindness, patience and sense of humour during the past ten days. Thank you so much, mate! Big thanks also to Santi for the night dive and a great last day!


dimanche 12 novembre 2017

Thaïlande, escale à Koh Phi Phi - Côté terre

Après la séance culture, nous voici donc à Koh Phi Phi (ça se prononce "pipi" ; je sais, désolée), un archipel de deux îles passé à la postérité depuis qu'un certain Leonardo DiCaprio est venu y poser son maillot de bain le temps de La Plage. 17 ans et un petit tsunami plus tard, les touristes continuent de se déverser sur ladite plage par bateaux entiers. Il faut dire qu'avec son sable blanc, ses palmiers, son soleil et son océan à 29°, Phi Phi a un petit air de paradis sur terre, surtout quand il fait un temps à dégivrer sa voiture le matin en région parisienne.

Le village de Tonsai vu des hauteurs

Bon, disons-le honnêtement, le paradis n'est pas facile d'accès (depuis Bangkok, il nous aura fallu 1h30 d'avion jusqu'à Phuket, 45 minutes de taxi jusqu'au port, 2h de ferry, puis 30 minutes de marche sous un soleil assassin pour trouver notre hôtel) et nous ne sommes pas exactement les seuls à connaître son existence, mais l'endroit vaut tout de même le détour. Les touristes qui se rendent à Phi Phi se divisent en deux catégories : les plongeurs et les teufeurs. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux populations n'ont pas tout à fait les mêmes horaires (les premiers sont debout à 6h30 tous les matins, ce qui est à peu près l'heure à laquelle les seconds envisagent d'aller se coucher), mais avec une bonne paire de boules Quiès, on arrive à cohabiter.


Si on ne savait pas que Phi Phi Don, l'île principale de l'archipel, a été presque intégralement détruite par le tsunami du 26 décembre 2004, on aurait du mal à s'en douter : les hôtels, bars, restaurants, centres de plongée, boutiques et salons de massage ont repoussé à l'identique dès l'année suivante, et aujourd'hui, il ne reste de la catastrophe que des panneaux indiquant la route à suivre (= le plus haut possible) en cas de tremblement de terre et d'éventuel raz-de-marée. On préférerait ne pas avoir à emprunter la route en question, merci bien.


Forcément, qui dit touristes partout dit restaurants pour tous les goûts : la cuisine "fusion" est très à la mode et donne des combinaisons assez improbables, comme ce resto israélo-thaï où le serveur parle un excellent français et où on vous propose une partie de Jenga pendant que vous attendez votre entrée. Et comme sur tous les cailloux perdus au milieu de l'océan et martyrisés par le soleil que nous avons eu l'occasion de visiter jusqu'ici, les chats sont absolument partout. La consanguinité a fait des ravages (la plupart des chats noirs ont une queue tronquée et/ou tordue et certains n'ont manifestement pas le bon nombre de neurones), mais leur présence nous permet presque d'oublier que nos propres monstres finissent par nous manquer, au bout de 15 jours...

Y'a pas que des chats, sur cette île !

Côté terre, Phi Phi a tout pour plaire (à condition de ne pas rechercher la solitude et le calme). Côté mer, c'est encore mieux - et on en reparle dans le prochaine article.

mercredi 8 novembre 2017

Thaïlande, jour 8 - Phitsanulok

Pour notre dernière journée de road-trip, nous optons pour une grasse matinée et un départ de l'hôtel plus tardif que d'habitude, car notre programme est très peu chargé. Après avoir pris le temps de boucler les valises et pris notre premier petit-déjeuner vraiment thaïlandais du séjour (devinez le menu ? Du riz, gagné !), nous nous rendons au Wat Phra Si Ratana Mahathat, dernier vestige du Phitsanulok d'avant le grand incendie de 1955, qui a intégralement ravagé la ville. On y trouve le Phra Buddha Chinara, alias le Bouddha le plus reproduit et représenté de Thaïlande (ce n'est pas pour rien qu'une fonderie spécialisée a poussé à quelques pas de là). Cela explique sans doute l'affluence dans le temple en pleine semaine...



La statue elle-même est certes très belle, mais le reste du temple, et notamment l'immense Bouddha debout qui se dresse à l'extérieur, font un peu toc. On se rabat sur les sublimes portes en nacre devant lesquelles personne ne s'arrête, sur les expositions dans les temples secondaires, ainsi que sur le petit chat pas farouche pour un sou qui vient nous faire du gringue en ronronnant plus que les deux nôtres réunis. S'il ne nous restait pas dix jours de voyage, on l'aurait bien glissé dans nos valises !



Prochain arrêt, l'éco-musée du sergent-major Thawee. Oui, c'est un peu curieux, dit comme ça, mais il s'agit en fait d'un musée fondé par un ancien gradé de l'armée thaïlandaise et consacré au mode de vie traditionnel dans la région, du 19è siècle à 1955, date du fameux incendie. Le monsieur est aujourd'hui octogénaire, ce qui ne l'empêche pas de venir scruter les deux Occidentaux qui se sont invités chez lui. Les collections du sergent-major permettent de découvrir des photos de Phitsanulok avant les flammes, des jolis coffres sculptés, des outils agricoles encore en usage aujourd'hui (vous ne voulez vraiment pas savoir comment on castre les bœufs dans ce pays) et un nombre impressionnant de pièges à animaux, du porc-épic au singe. Les explications ont dues être fournies par Google Trad (*regard venimeux*), mais on apprécie les schémas très bien faits qui éclairent un peu le fonctionnement de ces objets étonnamment perfectionnés.



Le musée a beau être intéressant et très pédagogique, nous ne sommes pas au Louvre et le tour est terminé en un peu plus d'une heure. Nous sommes en tout début d'après-midi et notre avion pour Bangkok ne décolle pas avant 19h. Malheureusement, même avec la meilleure volonté du monde, il va être difficile de trouver de quoi remplir ces heures d'attente. Nous n'avons pas vraiment d'autre choix que de nous rendre à l'aéroport et de prendre notre mal en patience. Heureusement que la technologie est là pour aider à passer le temps !

Le vol Phitsanulok-Bangkok est sans doute le plus court de notre vie (à peine 30 minutes en l'air, là où il nous aurait fallu 7 heures pour redescendre en voiture), mais ce n'est que la première partie d'un voyage qui se prolongera demain. Le blog quotidien s'arrête ici ; les nouvelles de Koh Phi Phi, ses plages de sable fin featuring Leonardo Di Caprio et ses eaux magnifiques seront un peu plus sporadiques.

Dernières photos culture !

dimanche 5 novembre 2017

Thaïlande, jour 7 - Sukhothai

Il faut croire que le dieu de la météo, quel qu'il soit, nous a entendus nous plaindre de la chaleur et a été assez aimable pour baisser le thermomètre de quelques degrés. Malheureusement, pour compenser, il a ajouté la pluie. Ce ne sont que quelques gouttes, qui ne nous empêcheront pas de profiter du troisième site classé au patrimoine mondial de l'Unesco du voyage, mais on s'en serait tout de même bien passé ! C'est qu'il fait vraiment très chaud sous un K-way...

Wat Mahathat

Au programme du jour, la vieille ville de Sukhothai, l'un des endroits les plus photographiés de Thaïlande - on comprend vite pourquoi en arrivant. Ce blog manquant cruellement de minute culture depuis une semaine, un petit récapitulatif historique ne sera pas de trop : Sukhothai, c'est la capitale historique du tout premier royaume de Siam, fondé en 1238 après que les princes du coin se sont unis pour renvoyer les Khmers dans leurs pénates. En Europe, on est au Moyen Age ; ici, c'est l'âge d'or de la culture thaïe, avec la mise en place de l'alphabet moderne, exemption générale d'impôts, essor de l'artisanat et instauration du bouddhisme comme religion nationale. Pas étonnant que les temples aient poussé comme des champignons dans la région.

Wat Traphang Ngoen

Comme à Ayutthaya, il y a du temple à ne plus savoir qu'en faire dans la vieille ville, mais la comparaison s'arrête là. A Sukhothai, ils se distinguent très largement les uns des autres (cette fois, ce n'est plus une simple impression mais une réalité que montrent très bien les photos), et surtout, leur état de conservation est absolument exceptionnel. On n'en revient pas du nombre de Bouddhas ayant encore tous leurs membres ! Les trois prang hindous de Wat Sri Sawai et les quelques Bouddhas marchant du site sont de toute beauté, et le site lui-même, avec ses lacs pleins de lotus et de nénuphars, est extrêmement reposant. Seul bémol, Wat Mahathat, le temple principal, qu'on peut voir sur bon nombre de cartes postales, disparaît un peu sous les câbles, les échafaudages et les projecteurs pour le son et lumière de ce soir.

Wat Sri Sawai

Loy Krathong est censé être passée, mais les célébrations se poursuivent quand même : le site est littéralement pris d'assaut par les marchands ambulants et les vendeurs de petits krathong. D'autres, beaucoup plus gros et hauts de gamme, doivent être réservés aux officiels de la ville. On regrette un peu de ne pas pouvoir assister au spectacle (toutes ces lanternes et ces petits bateaux allumés sur le lac et les douves, ça doit vraiment valoir le coup), mais en passant devant les gradins qui seront sans doute noirs de monde ce soir, on finit par se dire qu'il vaut mieux profiter du site loin de la foule.


Nous avions prévu de visiter le parc historique de Sri Satchanalai dans l'après-midi, mais il est assez éloigné de Sukhothai, à l'opposé de notre étape de ce soir et risque de pâtir de la comparaison avec les superbes temples de la vieille ville. Nous préférons donc aller déjeuner tranquillement dans le restaurant qui nous a déjà vu passer deux fois hier (on ne change pas une équipe qui gagne) et prendre tranquillement la direction de Phitsanulok. Et nous avons plutôt bien fait, puisque la pluie se remet de la partie, cette fois de façon un peu plus intense que ce matin. Toujours rien de grave, mais il vaut mieux être au sec dans la voiture qu'au milieu des temples.

Wat Sri Chum

Dernière étape de notre road-trip demain, avant le retour à Bangkok dans la soirée. La mise en ligne du blog dans les prochains jours pourrait être un peu aléatoire, mais pas d'inquiétude ; cela signifie simplement que nous avons passé la journée entre avion et ferry et que nous n'avons pas grand-chose à raconter... ou que nous sommes victimes d'une flemmingite aiguë.

samedi 4 novembre 2017

Thaïlande, jour 6 - Kamphaeng Phet

Encore une courte journée en perspective : il semblerait que plus on monte dans le nord, plus les visites se fassent rares... Et pour celles qui sont bien au programme, il y a comme un goût de déjà-vu. Nous avions fait une légère overdose de temples au Japon et nous ne sommes pas loin du compte ici. Cela dit, il faut bien reconnaître que les temples de Kamphaeng Phet (ce qui signifie "muraille de diamant" en thaï) ont un petit quelque chose en plus par rapport à leurs homologues d'Ayutthaya ou de Lop Buri : ils sont perdus au milieu de la forêt, voire de la jungle, ce qui donne un petit côté Indiana Jones aux visites du jour.

Wat Phra Kaeo

Nous commençons donc par Wat Phra Kaeo et Wat Phra That, cachés dans un écrin de verdure en plein milieu de la ville. Les deux temples sont situés à proximité de l'autel municipal, et en ce lendemain de Loy Krathong (ou peut-être simplement parce que c'est samedi ; on ne sait pas trop quel jour tombe le week-end dans un pays bouddhiste), tous les habitants de Kamphaeng Phet semblent s'y être donné rendez-vous pour prier. Il nous faut un moment pour comprendre que les automobilistes ne klaxonnent pas pour critiquer la façon qu'a Benjamin de faire ses créneaux, mais bien pour "saluer" l'autel quand ils passent devant. Les temples eux-mêmes nous sont désormais familiers, mais Wat Phra Kaeo a pour lui un ensemble de trois très beaux Bouddhas qui le font sortir du lot. Et de l'ombre. Merci les arbres.

Sanctuaire de Shiva

La carte fournie avec le billet d'entrée des deux wat nous ayant appris l'existence d'un sanctuaire dédié à Shiva (le seul sanctuaire hindou de la ville), c'est là que nous nous rendons ensuite. Bon, pour être honnête, nous y allons surtout parce que la statue donne l'impression d'aimer autant le metal que nous, mais cela nous permet de constater que les offrandes restent les mêmes quelles que soient la religion : en plus de l'encens, bouddhistes et hindouistes déposent des paniers entiers de fruits, de sucreries et de tête de cochon (miam...) au pied des statues pour s'accorder les bonnes grâces des divinités. Dans un pays où les chiens se promènent en liberté, on se demande vraiment comment toute cette nourriture trouve le temps d'arriver au destinataire...

Parc Aranyik

Quelques minutes de route supplémentaires nous conduisent un peu en dehors du centre-ville, où se trouve le parc historique Aranyik. A l'époque où Kamphaeng Phet était encore la capitale du royaume de Sukhothai (avant le royaume d'Ayutthaya, donc, mais on en reparle plus en détails demain), les moines ont préféré s'éloigner de la ville pour construire leurs temples. Vu la taille (monumentale) et le nombre (80 dégagés à l'heure actuelle, et ce n'est pas fini) desdits temples, ils ont plutôt bien fait, car la place allait finir par manquer intra-muros ! Les touristes ne sont pas nombreux et l'endroit respire la tranquillité. Nous optons pour la solution de facilité et faisons la visite en voiture, ce qui nous permet de passer rapidement d'un temple à l'autre. Les principaux, s'entend ; nous n'allons pas faire le tour des 80, certains ne se composant plus de toute façon que de quelques briques. En dehors de quelques Bouddhas ayant miraculeusement résisté aux intempéries et d'une jolie procession d'éléphants autour d'un chêdi, le site vaut principalement pour le cadre : au milieu de ce parc très boisé, on se prendrait presque pour des aventuriers.

Les trompes n'ont pas résisté à l'usure du temps

Il est à peine midi lorsque nous terminons la visite, mais la semaine qui vient de s'écouler a laissé quelques traces : nous ne sommes vraiment pas habitués à une telle chaleur, et en plus d'un gros coup de fatigue, il se pourrait bien que nous ayons attrapé une insolation. Cet après-midi sera donc consacré au farniente. Après une bonne heure de route, nous faisons étape à Sukhothai, ville beaucoup plus touristique à en juger par le nombre d'Européens dans les bars et les restaurants. On espère que cette demi-journée off nous aura requinqués, car il nous reste encore deux jours de pérégrinations avant de poser les valises au paradis...

Encore du temple, toujours du temple !

vendredi 3 novembre 2017

Thaïlande, jour 5 - Lop Buri

Journée beaucoup plus soft qu'hier en perspective, Lop Buri n'ayant ni la renommée, ni les attractions d'Ayutthaya. Le roi Narai, contemporain de Louis XIV, y a transféré la capitale en 1666, Lop Buri étant manifestement plus respirable qu'Ayutthaya en été. En ce qui nous concerne, nous n'avons vu aucune différence de météo (il fait toujours teeeeeellement chaud), mais nous devions quand même nous arrêter pour une raison très précise, qui deviendra évidente dans environ deux paragraphes.

Nous commençons donc par Wat Phra Sri Ratana Mahathat, à peu près aussi compliqué à épeler et dans le même état de conservation que ses copains d'hier. More of the same, en gros. Ça reste très joli et les sculptures sur le fronton du prang (ou pagode) central sont impressionnantes de délicatesse, mais ça n'a plus l'attrait de la nouveauté.


La véritable raison de notre passage à Lop Buri, ce sont ses habitants pas tout à fait humains mais pas loin (98,5 % d'ADN commun, quand même) qui se baladent dans les rues en fouillant les poubelles, en grimpant aux façades et en sautant dans les pick-ups pour aller plus vite : ces singes-là n'ont pas encore appris à parler, mais à part ça, on se croirait chez Pierre Boulle. Perdu au milieu d'un rond-point sans le moindre passage piétons pour traverser, le temple Prang Sam Yod n'a pas d'autre intérêt que la colonie de singes (des macaques crabiers, pour ceux que la précision intéresse) qui l'a envahi. Il paraît que ce sont les enfants du dieu Kala, mais si c'est le cas, Kala ne recevra pas le titre de père de l'année, parce que ses mioches sont franchement mal élevés. On savait qu'il fallait faire attention à son chapeau, mais on ne pensait pas que les bestioles seraient intéressées par les fleurs de frangipanier piquées dedans : deux d'entre elles se mettent carrément en tête de me grimper dessus pour les récupérer, arrachant au passage la moitié d'un de mes piercings. Heureusement que l'oreille n'est pas partie avec...


Malgré cette rencontre très rapprochée, on a du mal à leur en vouloir car les singes sont quand même vraiment choux. Et photogéniques : on a beau savoir qu'ils ne posent pas vraiment pour la photo, on ne peut pas s'empêcher de se poser des questions quand ils s'arrêtent de gigoter et vous regardent droit dans l'objectif avant de repartir faire la bêtise qu'ils avaient prévue. Dans tous les cas, les humains ne les effraient pas : ils ont tellement l'habitude de se faire nourrir de la main de l'homme qu'ils remarquent à peine les touristes. Sauf quand ils ont décidé que votre chapeau leur irait beaucoup mieux qu'à vous et que Benjamin doit les chasser à coups de "bouh" et d'attitude menaçante. Là, c'est le plus gros primate qui gagne.

Quand je dis qu'ils posent...

Après avoir quitté Monkeyland, nous prenons à pieds la direction de l'ancien palais du roi Narai, mais la carte du guide est tellement minimaliste que nous tournons en rond pendant une demi-heure sans le trouver. Nous retournons donc à notre voiture, qui, elle, a un GPS avec des cartes à peu près à jour, pour trouver notre chemin. Ce fameux palais Phra Narai Ratchaniwet, à peu près aussi en ruines que les temples de la même période, n'est autre que l'endroit où les ambassadeurs de Louis XIV furent reçus en 1685, pour réclamer le privilège de commercer avec le Siam et, si possible, tant qu'on est là, la possibilité d'évangéliser tout ce petit monde. La présence des Français a fait autant sensation à Lop Buri que le débarquement des Siamois à Brest l'année suivante, ce qui explique qu'on trouve une "Rue de France" ici (dans le texte, s'il vous plaît) et une "Rue de Siam" là-bas. CQFD.


Il ne reste plus grand-chose du palais lui-même, hormis l'enceinte et les bases du pavillon où mourut Narai, mais la petite expo sur les liens entre le Siam et l'Occident est intéressante pour les touristes français. Voir la représentation de Louis XIV selon les critères siamois de l'époque est assez rigolo et nous passons 10 bonnes minutes à étudier la carte du voyage maritime des ambassadeurs (quand on sait que les pauvres gars ont mis plus de six mois à arriver, on relativise nos 24h de trajet). Les tentatives de relations diplomatiques n'ont pas exactement été couronnées de succès (le Siam s'est totalement fermé aux étrangers à partir de 1688 et pour deux petits siècles), mais "l'anecdote" historique est intéressante à découvrir. Ce n'est pas comme si on en parlait beaucoup dans les manuels scolaires.


La journée se termine tôt car nous avons trois heures de route devant nous pour rejoindre notre étape de la nuit, Kamphaeng Phet. Nous nous arrêtons sur une aire d'autoroute pour déjeuner, et Benjamin en profite pour poursuivre la dégustation, entamée au Japon, des sodas asiatiques les plus tordus. Pour les amateurs, le Fanta thaï goût exotique a presque le même goût que l'Irn Bru...

Ce soir, c'est la pleine lune, et en Thaïlande, la pleine lune de novembre est synonyme de Loy Krathong, une fête en l'honneur de la déesse de l'eau. Les Thaïlandais fabriquent des krathong, de petits radeaux en feuilles de bananier avec une bougie et des bâtonnets d'encens, et les déposent sur les cours d'eau. En rentrant du restaurant, nous pouvons voir des milliers de ces petits bateaux sur la rivière. On peut aussi voir les embouteillages monstres que la fête génère dans toute la ville, mais c'est une autre histoire. A l'hôtel, le manager nous propose d'y participer nous aussi, en allumant chacun un krathong gentiment mis à disposition et en les déposant sur le petit plan d'eau devant l'hôtel. Un petit geste et une expérience vraiment sympas !


jeudi 2 novembre 2017

Thaïlande, jour 4 - Ayutthaya

Après le petit-déjeuner dans l'hôtel le plus chou du monde, dans une maison sur pilotis au milieu des nénuphars, nous prenons la direction du parc historique d'Ayutthaya, un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco et qui regroupe les vestiges de quelque 400 temples. Un nombre ahurissant qui s'explique par l'histoire de la ville : fondée en 1350, Ayutthaya fut la capitale du royaume de Siam pendant un peu plus de 400 ans (Bangkok n'a été fondée qu'en 1782 par le premier roi de la dynastie Chakri, celle avec tous les Rama, encore sur le trône aujourd'hui). Les Birmans ont rasé le tout en 1767, mais les ruines ont été très bien réhabilitées. Différence d'âge oblige, la visite de ces vestiges-là fait beaucoup moins travailler l'imagination qu'en Grèce...

Wat Phra Si Sanphet

Les ruines sont éparpillées dans toute la vieille ville, et il faut cibler les visites si on ne veut pas y passer le reste du séjour. Nous nous concentrons donc sur les six principaux, Wat Phra Si Sanphet, Wat Ratchaburana, Wat Mahathat, Wat Phra Ram, Wat Chai Whattanaram et Wat Yai Chai Mongkhol (victoire, j'ai juste mis cinq minutes à écrire six noms ; mais maintenant qu'ils sont écrits une fois, je peux me contenter d'un copier-coller pour la suite !). Je ne vais pas entrer dans les détails de chacun, ce serait fastidieux et répétitif, mais pour résumer, disons que nous sommes plus qu'impressionnés, à la fois par l'ampleur des travaux effectués pour reconstituer ces mastodontes et par ce que les Siamois étaient capables de créer.

Wat Chai Whattanaram

Tous les temples historiques sont en brique rouge et construits sur le même modèle : il y a des chedî, des stupa et des Bouddhas un peu partout, le tout à une échelle absolument écrasante. Même la disposition des différents monuments ne change pas tant que ça, et pourtant, ils arrivent tous à avoir une identité propre qui permet de les distinguer assez facilement sur les photos. On ne sait pas trop comment ils font et on saurait encore moins expliquer notre ressenti, mais on peut affirmer que nous n'avons pas visité six fois la même chose. Si les temples du centre historique ne sont pas très éloignés les uns des autres et peuvent se visiter à pieds, nous sommes bien contents d'avoir une voiture à disposition pour nous rendre aux plus éloignés : il fait une chaleur suffisante pour cuire un œuf sur le capot et on n'aimerait pas être à la place des touristes qui ont loué des vélos pour passer d'un site à l'autre.

Wat Phra Ram

Outre les monumentales vieilleries, nous nous arrêtons également dans deux temples plus modernes, Wat Kasattrathirat (c'est récent, ça rutile, mais à part quelques Bouddhas, il n'y a rien à voir) et Wat Phanan Choeng, qui vaut la peine pour son énorme Bouddha en brique (dorée, faut pas abuser) de 19 m de haut et ses... 48 000 mini-Bouddha dans des niches sur les murs. A notre grande surprise, les fidèles appliquent eux-mêmes des feuilles d'or sur des statues plus petites un peu partout dans le temple. On comprend mieux pourquoi on avait parfois l'impression que Bouddha pelait : poser de la feuille d'or correctement, ce n'est pas donné à tout le monde !

Wat Phanan Choeng

En milieu de journée, alors que nous cherchons un marché flottant qui n'est manifestement animé que le soir, nous tombons sur une espèce de bazar de la prière, ou de fête foraine religieuse, au choix. Honnêtement, on ne sait pas comment le qualifier autrement... Entre les statues grandeur nature d'Iron Man ou de Dark Vador, on trouve suffisamment de Bouddhas pour remplir tous les temples de la ville et des squelettes qui disent bonjour à la thaïe, les mains jointes, le tout dans des odeurs d'encens à tourner la tête. Tout étant indiqué en thaï, nous n'avons aucune idée de ce dont il s'agit, et c'est bien dommage, car ce grand n'importe quoi aurait mérité une explication. Enfin, dernière information capitale de la journée, qui fera mieux sous forme de photo :


ON A VU DES ÉLÉPHANTS. Des vrais, cette fois, pas les bestioles célestes à trois têtes d'hier. Des éléphants tout en chair, en os, en trompe et en défenses, qui baladent des touristes et qui barrissent quand ils se croisent dans la rue. On aurait bien profité d'une balade nous aussi, mais nous avons eu notre content de soleil pour la journée et nous ne sommes pas sûrs de pouvoir en supporter beaucoup plus. Enfin, quand je dis "nous", c'est surtout "je" : malgré le chapeau vissé sur la tête en permanence, le coup de chaleur n'est pas bien loin, et la clim l'emporte sur les pachydermes.

Ce soir, direction Lop Buri, où se tient manifestement une sorte de festival, avec procession et tout le tremblement, qui bouche entièrement la grande artère du centre-ville. Les Occidentaux doivent se faire tellement rare dans le coin que les tenanciers du restaurant où nous allons dîner nous font poser pour la photo. Bon, on préfère qu'ils réagissent comme ça plutôt que de nous jeter des cailloux...

mercredi 1 novembre 2017

Thaïlande, jour 3 - Ancient City

Ce matin, nous quittons Bangkok pour entamer notre petite exploration du pays. Nous en avons eu un petit aperçu lors du trajet depuis l'aéroport dimanche soir, mais la circulation dans cette ville est vraiment infernale à toute heure du jour et de la nuit. La moindre route est noire de monde (à l'heure de pointe, même les scooters avaient du mal à circuler sur la 2x5 voies à proximité de notre hôtel) et les feux tricolores sont interminables. Il n'est pas rare que l'on reste à l'arrêt cinq minutes montre en main avant que le feu ne passe au vert pour une durée de 90 secondes (il y a des compteurs au-dessus des feux, le chiffre est donc exact). Il nous faut donc deux fois plus de temps que prévu pour sortir de Bangkok, mais la conduite ne devient pas plus simple pour autant : entre les voies inutilisables pour cause de véhicules garés en double file, les scooters qui se croient dans Mario Kart, les conducteurs qui changent de voie (ou en inventent carrément) sans regarder autour d'eux avant et, sur l'autoroute, la bande d'arrêt d'urgence transformée en voie supplémentaire (parfois à contresens), il y a de quoi faire une crise cardiaque tous les 100 m. Enfin, pour la passagère seulement ; le conducteur est comme un poisson dans l'eau au bout d'une heure de ce régime et va jusqu'à qualifier l'expérience "d'amusante". On va dire que c'est le principal !


Avec tout ça, nous arrivons au Erawan Elephant Museum en toute fin de matinée, mais la température ayant un peu baissé, nous ne risquons pas de cuire à l'étuvée en nous baladant aux pires heures de la journée. Le thème de la journée sera "mégalo kitschouille", et cette première visite en est un merveilleux exemple : figurez-vous une statue de 44 m représentant un éléphant à trois têtes, ajoutez-y plein d'éléphants plus petits qui crachent de l'eau tout autour, saupoudrez de créatures mythologiques hindoues dans un cours d'eau, et vous aurez une bonne idée de ce à quoi ressemble ce truc. Entendons-nous bien, c'est très rigolo à découvrir et les opportunités de photos sont infinies, mais dieu que c'est clinquant... L'historique du lieu et la biographie du fondateur, fournis par l'audioguide, dégoulinent de mégalomanie et de bons sentiments ("la religion, c'est la clé de la paix sur terre" ; vous avez passé les 2000 dernières années sur une autre planète, mon bon monsieur ?), et les explications sont tellement longues qu'on finit par débrancher le machin pour profiter uniquement de la vue.


Si l'extérieur fait très parc d'attractions, avec ses statues pas possibles et ses "petits" éléphants qui barrissent quand on passe dessous (sauf un qui fait meuh, on ne sait pas pourquoi), l'intérieur a des airs de fantasme bollywoodien : l'escalier central brille tellement qu'on le verrait sans doute depuis l'ISS s'il était à ciel ouvert. A l'étage, dans le ventre d'Erawan, on trouve un temple dédié à Bouddha, avec des statues datant pour certaines du VIIIè siècle. C'est bien la seule chose dans cet endroit qui ne laisse pas de persistance rétinienne ! Malgré tout ça, la visite nous a beaucoup amusés. On ne fera pas ce genre de découverte tous les quatre matins, il faut bien l'avouer.


Vingt minutes de route plus loin se trouve Ancient City (Muang Borna dans le texte), que le panneau à l'entrée nous vend comme "le plus grand musée privé à ciel ouvert de l'humanité". Encore une fois, ça sent la mégalo à plein nez, mais c'est normal : le fondateur du parc, un milliardaire qui ne savait pas quoi faire de ses sous, est aussi celui qui a eu l'idée du musée éléphantesque. Tout s'explique... Sur une superficie de plusieurs dizaines d'hectares, le bonhomme a reconstitué (voire démonté et rapatrié) quelque 110 monuments de l'ancien royaume de Siam, à taille réelle ou au tiers quand l'original était vraiment trop grand. Et pour faire bonne mesure, il y a ajouté quelques œuvres originales (le plus souvent des sculptures, mais aussi quelques monuments), dont la kitschitude bat à plate couture celle de notre éléphant à trois têtes. En gros, c'est un peu comme France Miniatures, mais en Thaïlande. Et en grand.

Ça, c'est une oeuvre originale

Le parc est tellement vaste qu'il est impossible de l'explorer à pieds. Des voiturettes de golf sont disponibles à la location, mais ce mode de transport ne nous semble pas très pratique pour s'arrêter régulièrement. Nous préférons opter pour des vélos : l'effort physique ne sera pas énorme vu que les routes sont plates, et nous pourrons au moins profiter d'un peu d'air. Bon, les statues colorées qui ponctuent la visite valent ce qu'elles valent, mais en ce qui concerne les bâtiments, il faut reconnaître que le travail est assez spectaculaire. Pour avoir vu le vrai Grand Palais de Bangkok hier, on confirme que la réplique est sensationnelle (et contrairement à l'original, on peut entrer dedans !). La pièce maîtresse, le Sanphet Prasat d'Ayutthaya, est une véritable merveille, d'autant que l'original n'existe plus et que cette version a été construite à partir de documents d'archives. On apprécie aussi de se promener au milieu du village flottant et de déambuler dans le "jardin des dieux", dont les statues arrivent miraculeusement à échapper au kitsch.

Le Sanphet Prasat (toit noir) et le Grand Palais (toit rouge et vert)

Même en nous arrêtant seulement devant les monuments les plus impressionnants et sans écouter l'audioguide qui en fait des tartines, nous mettons un peu plus de deux heures à parcourir le parc. Encore une fois, c'est uniquement grâce au don de GPS humain de Benjamin que nous parvenons à voir la totalité des monuments (ou ceux qui sont bien présents ; il y a beaucoup de zones en travaux et certains sont en phase de reconstruction) ; seule, j'en aurais sans doute loupé la moitié... Heureusement que la chaleur est moins intense qu'hier, car la visite aurait sans douté été bien moins agréable sans cette couverture nuageuse bienvenue. Sur la fin, nous essuyons même une petite averse, à peine suffisante pour nous rafraîchir.


Comme pour Erawan Elephant Museum, ce n'est pas le genre de visite que nous referons de sitôt, et même si certaines œuvres laissent une impression durable (et négative) sur la rétine, l'ensemble mérite vraiment le détour.

Après l'effort, le réconfort de la clim : nous avons près de deux heures de route pour rejoindre Ayutthaya, notre étape pour ce soir. Deux heures de slalom et de libertés prises avec le code de la route, donc. On aurait bien aimé avoir des chiffres sur les accidents de la circulation dans le pays, mais bizarrement, le Routard n'en fournit pas...

mardi 31 octobre 2017

Thaïlande, jour 2 - Bangkok

Deuxième et dernière journée à Bangkok, et cette fois, nous sommes bien décidés à ne pas cumuler autant d'échecs qu'hier. Nous commençons par nous lever plus tôt (l'excuse du décalage horaire, c'est fini) et nous habiller correctement, puis nous prenons directement la bonne route pour nous rendre au palais. Il y a toujours foule, mais ça, c'est 365 jours par an. Alors que nous pensions avoir fait les choses dans les règles niveau vêture, Benjamin se fait cette fois-ci alpaguer pour son pantacourt, auquel personne n'avait rien trouvé à redire hier. Cette fois, tant pis pour nous : il faut bien obtempérer et acheter un pantalon, nous n'aurons pas l'occasion de revenir une troisième fois.

Nous cessons de râler à peine franchie l'enceinte du Wat Phra Kaeo, car nous avons d'autres commentaires à faire, du genre "waouh" et "oh la la". Pour faire simple, ce wat-ci est le temple bouddhique le plus célèbre de Thaïlande en raison du fameux "Bouddha d'émeraude" qu'il abrite. Bon, la statue est en fait en jade, est perchée à plus de 10 m de hauteur et mesure un grand total de 66 cm, mais apparemment, ce n'est pas la taille qui compte. Et comme les Thaïlandais ne savent pas construire les temples à l'unité, c'est un immense ensemble ruisselant de mosaïques, de dorures et de verroterie que nous avons à découvrir ce matin. C'est un sacré fouillis et une véritable usine à touristes, mais nous arrivons malgré tout à être émerveillés.


C'est bien simple, il y a des choses à voir partout. Sans le talent inné de Benjamin pour se repérer sur une carte et finir un niveau de jeu vidéo à 100 %, nous en aurions sans doute loupé la moitié. En plus de ce fameux Bouddha d'émeraude qu'on se bouscule pour apercevoir, il y a des coupoles dorées, des statues passant par des niveaux de choupitude variés, des colonnes qui brillent, des toits pointus constellés de fleurs sculptées, des démons gigantesques, une maquette d'Angkor Vat (que Rama IV voulait faire démonter et relocaliser ici, mais faut pas exagérer) et une interminable fresque retraçant les événements marquants du Ramayana, un des deux textes fondamentaux de l'hindouisme. Comme on n'y connaît pas grand-chose et qu'il n'y a pas de traduction en anglais, on n'a pas tout suivi à l'histoire. On a bien reconnu Hanuman, le généralissime de l'armée des singes, mais on est un peu dans le flou concernant les batailles entre humains et singes montés sur des tigres, par exemple. Et pourquoi le gros monstre il avale des gens, là ? Bon, on ne comprend rien au texte, mais les images sont jolies, alors on profite quand même.

Qui a filé un sabre à ce tigre ?!

Les opportunités de photos sont tellement nombreuses qu'il nous faut presque deux heures (sous un soleil de plomb) pour explorer ce bazar organisé. Si on avait pu, on aurait pris la moindre statue et la plus petite fleur sculptée en photo pour faire justice à l'ensemble. Mais nous avons d'autres visites au programme et nous n'avons pas encore commencé à explorer le Grand Palais. Même si le roi ne réside plus ici, on ne découvre que l'extérieur, à l'exception de deux salles rassemblant la collection royale d'armes, de l'épée du 18è siècle au Mauser allemand de la Seconde Guerre mondiale. Il y a moins d'occasions de se brûler la rétine que du côté des temples, mais ce ne serait pas un palais royal sans son lot de toits dorés aux pointes recourbées.


Avant de passer à la suite du programme, nous faisons une pause dans un café climatisé, histoire de profiter d'un jus de fruits frais et de refroidir la mécanique. Quelle idée d'être dehors entre midi et 14h quand il fait une chaleur pareille, on vous le demande...

Prochaine étape : Wat Pho, à environ 10 minutes à pied du palais. Wat Phra Kaeo, Wat Pho, vous commencez sans doute à saisir l'idée : wat signifie temple, ou plutôt temples, vu que les édifices et symboles religieux dans ce pays ne vont jamais par un. Wat Pho a sa statue d'exception bien à lui : le Bouddha couché est un monstre de 45 m de long et de 15 m de haut, à peu près aussi à l'étroit dans son temple que Teddy Riner dans une Smart. Personnellement, je ferais la tête si je reposer pour l'éternité dans une boîte qui me laisse à peine la place de me retourner, mais Bouddha étant Bouddha, il prend ça avec le sourire de la Joconde.


Le guide nous vend principalement cette statue-ci, mais Wat Pho regorge de petites merveilles à taille beaucoup plus humaine - à commencer par la collection de statues, des ermites indiens qui font du yoga aux petits personnages qui se fendent la poire. Contrairement à Wat Phra Kaeo, où un seul temple était véritablement ouvert aux visiteurs, ici, on a arrêté de les compter. Après avoir retiré nos baskets trois ou quatre fois pour accéder aux différents Bouddhas, venus des quatre points cardinaux de Thaïlande et rassemblés ici par Rama Ier, on a même arrêté de les lacer d'un temple à l'autre pour gagner du temps. On veut bien se déchausser devant Bouddha pour ne pas lui manquer de respect, mais au bout d'un moment, on passe plus de temps à faire ses lacets qu'à visiter ! Là encore, entre les centaines de statues, les chedî (monuments funéraires) des rois Rama I à IV et les chats qui roupillent au milieu des colonnes, il y a largement de quoi s'occuper pendant plusieurs heures. Dommage que les heures en question soient les plus chaudes de la journée et que nous quittions les lieux cuits à point...


Après un déjeuner rapide dans une gargote en bord de canal (une pause qui nous permet de découvrir que les lézards, ça nage ; et c'est flippant quand ils ont la taille d'un bébé dragon de Komodo), direction un autre temple, Wat Suthat. On sait qu'on a quitté les grands sentiers touristiques lorsque les visiteurs se comptent sur les doigts d'une seule main... Pas de Bouddha spectaculaire à signaler ici, mais jusqu'à présent, c'est bien le seul temple que nous ayons vu qui fasse passer une véritable sensation de sérénité.

Suite et fin de la thématique bouddhique de la journée avec Wat Saket, plus connu sous le nom de "temple de la Montagne d'or". Perché tout là-haut sur une colline artificielle, il est accessible au terme d'une grimpette de 344 marches (oui, nous aussi on se demande pourquoi on a fait ça en fin de journée, quand la chaleur est à deux doigts de nous achever). Et pour rendre l'ascension un peu plus intéressante, une bonne âme a déposé le long du chemin une série de statues (on commence vraiment à adorer les statues, dans ce pays) représentant quelque chose comme l'Arche de Bouddha, d'adorables cascades, des brumisateurs, des cloches gravées et un gong avec lequel on peut faire joujou. Le point de vue depuis la coupole dorée n'est pas aussi spectaculaire que du haut de la tour Baiyoke II, mais il permet de prendre l'air - et au point où on en est, l'air, on l'accueille avec délice. Le temple lui-même n'a pour ainsi dire aucun intérêt, mais le chemin qui y mène est particulièrement agréable.


Jamais la perspective d'une bonne douche ne nous aura autant fait rêver. Nous avions déjà hâte de voir arriver la partie plage/plongée/piscine du séjour, mais après 48h de cette chaleur, on compte les jours...

lundi 30 octobre 2017

Thaïlande, jour 1 - Bangkok

Voyager, c'est formidable, mais ce dont on se passerait bien, pour certaines destinations c'est du trajet. La Thaïlande, nous avions hâte d'y être, mais l'idéal aurait été de s'y téléporter plutôt que de passer par la case 2h de bouchons sur l'A86 + 8 heures d'avion + 4 heures d'escale + re-4 heures d'avion. Le décalage horaire à l'arrivée est moins douloureux à encaisser que nos quatre pauvres heures de non-sommeil dans l'avion. Mais malgré tout ça, nous n'avons pas à nous plaindre, car tout s'est déroulé sans la moindre anicroche : la valise n'était pas trop lourde, le visa n'était vraiment pas nécessaire et le permis de conduire n'avait pas besoin d'être traduit en thaï. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et nous pouvons attaquer sereinement notre séjour.

Premier contact avec la Thaïlande : il fait chaud. Et humide. On a un peu l'impression de respirer sous l'eau et la climatisation n'a jamais été aussi bienvenue dans une voiture. C'est d'ailleurs la première fois que nous tombons sur une clim avec uniquement des nuances de froid. Dans ce pays, si on tient à réchauffer l'habitacle, on ouvre la fenêtre. Deuxième contact : la route. Conduire à Bangkok est un sport extrême, mais Benjamin s'en sort comme un chef malgré le volant à droite et la boîte automatique. La circulation est tellement dense que nous arrivons à notre hôtel sur le coup de 22h. Jamais des matelas aussi durs que ceux de notre chambre n'auront paru aussi accueillants. Extinction des feux, on se lèvera quand on se lèvera !

Résultat des courses, nous voilà debout à 10h30. La journée va être un peu raccourcie, mais qu'à cela ne tienne, nous allons essayer d'optimiser. Après une boisson prise rapidement au McDo d'à côté, où nous en profitons pour étudier le programme de la journée, nous nous rendons au complexe de temples aperçu hier sur le chemin de l'hôtel. Sans le savoir, nous avons vraiment bien fait de n'arriver qu'hier soir : les cérémonies de crémation du roi Rama IX, mort l'an dernier, ont paralysé la ville jusqu'à ce dimanche et la procession passait pile par cette route... On n'ose même pas imaginer le bazar si nous étions arrivés avant.


A peine arrivés devant les temples, nous nous faisons alpaguer par un des rabatteurs qui tentent d'attirer le touriste dans des visites de la ville à prix cassé, qui se terminent généralement dans des boutiques où ils reçoivent des commissions. C'est une arnaque et nous sommes bien prévenus. Mais justement, si nous sommes prévenus, ce n'est plus une arnaque, si ? Il suffit de passer la tête dans la boutique et d'en ressortir sans avoir rien acheté. Pour nous, ça se traduit par une petite expérience en tuk tuk à un tarif imbattable, avec quelques arrêts au milieu pour voir des temples. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà à bord du transport pour touristes, direction le temple du Bouddha porte-bonheur. (C'est mal, il faut vraiment éviter de faire ça à Bangkok ; mais il n'y a pas mort d'homme, alors on peut avouer qu'on l'a fait.)


Le temple du Bouddha porte-bonheur (comme ce n'était pas au programme, on n'a pas retenu les noms en thaï) renferme un minuscule Bouddha doré et est loin de faire partie des incontournables de Bangkok, mais l'endroit est chou et nous permet d'expédier notre désormais célèbre "défi chat". Deuxième arrêt du tuk tuk : la fameuse boutique, ici pour des costumes en soie sur mesure. Le plan se passe comme prévu, nous entrons pour dire que nous sommes entrés, nous ressortons aussi sec, et direction le temple du Bouddha debout. Bon, celui-là, c'est quand même le niveau au-dessus. La principale statue mesure 45 m de haut, et on peut dire que ça en jette. Le petit temple d'à côté comporte une impressionnante collection de Bouddhas en or beaucoup plus petits et des peintures sur tous les murs. Si on y ajoute les mantras récités d'une voix qui fait toujours un peu peur dans les haut-parleurs du site, on obtient un arrêt beaucoup plus intéressant que le premier.


Une fois sortis du temple, nous nous apercevons que notre chauffeur ne nous a pas attendus. Le bonhomme n'a manifestement pas apprécié que nous ayons éventé sa petite combine et est reparti sans nous, sans doute pour chercher d'autres pigeons. Aucune importance : nous avons vu de jolies choses sans débourser un baht (étant donné que nous devions payer à la fin de la course) et nous ne sommes pas très loin de notre point de départ. Pour y retourner, nos pieds feront très bien l'affaire. C'est moins agréable que le tuk tuk quand il fait 35 °C, mais après tout, le soleil est bien ce que nous sommes venus chercher.

Là où les choses se compliquent, c'est quand nous réalisons que nous nous sommes trompés de point de départ. Les temples de ce matin ne sont en fait pas du tout ce que nous avions prévu de visiter, et nous devons donc reprendre nos pieds pour nous rendre au Grand Palais, à environ 2 km de là. Avec les cérémonies d'hier, la moitié des routes sont encore fermées à la circulation et on a un peu l'impression de pénétrer dans la Cité Interdite (les hordes de touristes en plus). Deuxième problème : arrivés sur place, on nous apprend que nous ne sommes pas du tout habillés correctement (Benjamin en débardeur, votre servante en short). Épaules et genoux devant absolument être couverts, nous devons acheter T-shirt et paréo si nous voulons entrer. Le site prévoit le coup et vend ce qu'il faut aux touristes... sauf quand le touriste en question fait 1,80 m, a les épaules un peu larges et ne rentre pas dans les T-shirts. Plutôt que d'en acheter un hors de prix dans une boutique d'à côté (alors que nous en avons une dizaine dans la valise), nous décidons de changer de programme et de revenir demain. Pour l'heure, nous négocions le trajet vers Chinatown avec un tuk tuk.


Il est donc 14h et notre "vraie" journée (= ce qui était sur le programme) commence à peine. Il n'y a pas grand-chose à faire dans le quartier chinois de Bangkok, sinon s'imprégner d'une ambiance - mais quelle ambiance ! Les ruelles sont minuscules, les boutiques vendent tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi, d'ailleurs) et les gens se marchent un peu dessus. Ce que nous avons compris dès ce matin, c'est que la vie en Thaïlande se déroule dehors : les commerces débordent tous sur une bonne partie du trottoir, les stands de nourriture éphémères poussent comme des champignons... Même chez le garagiste, les réparations se font en pleine rue. Dans Chinatown, cet aspect est multiplié par 10, au point qu'il devient carrément difficile de circuler entre les boutiques.

Après cette petite immersion dans le quartier chinois, nous nous rendons ensuite chez Jim Thompson, agent secret américain lors de la Seconde Guerre mondiale, qui tomba amoureux de la Thaïlande et y relança l'industrie de la soie, moribonde à l'époque. Le projet a tellement bien marché que le bonhomme a fini richissime et est devenu collectionneur. Pour héberger ses collections d'objets asiatiques, il a fait démonter 4 maisons en teck de la région d'Ayutthaya et deux d'un quartier de Bangkok, les a combinées comme des Lego pour n'en faire qu'une et a planté le tout au milieu d'une petite jungle luxuriante. Le résultat est un mélange parfait de culture thaïe (avec ces pas de porte surélevés pour empêcher les mauvais esprits d'entrer et ces fenêtres plus larges à la base qu'au sommet) et de concessions occidentales (M. Thompson disposait d'un lit avec des pieds et d'une table pour manger, contrairement aux Thaïlandais qui se contentent du par terre). Aucune fenêtre ne comporte de vitre et tout est ouvert sur l'extérieur, car comme nous l'explique la guide dans un excellent français, la Thaïlande ne connaît que trois saisons : chaude, très chaude et très très chaude. En ce moment précis, nous sommes en hiver, soit la saison chaude, et il fait environ 35 °C. On n'ose pas imaginer ce que donne l'été.

Photos interdites à l'intérieur, vous devrez faire avec la jungle uniquement

Pour gagner notre prochaine et dernière étape, nous optons cette fois pour le bateau-bus, un moyen de transport dont toutes les villes dotées d'un fleuve ou de canaux devraient posséder, n'est-ce pas Paris et Londres ? Là aussi, c'est une expérience : le "poinçonneur" vient réclamer son dû en circulant sur le plat-bord et il faut lever soi-même les protections en plastique sur le côté du bateau pour éviter d'être arrosés. Encore plus amusant que le tuk tuk !

Notre dernière visite du jour est la tour Baiyoke II, le deuxième plus grand gratte-ciel de Bangkok (328 m, c'est 28 de plus que la Tour Eiffel). On vient là pour la vue, forcément spectaculaire... même si on aurait préféré que l'ascenseur qui nous conduit directement au 77è étage ne soit pas transparent. Collés contre la paroi qui a le bon goût d'être restée opaque, nous n'en menons vraiment pas large, même moi qui n'ai pourtant pas le vertige. La terrasse de découverte en intérieur au 77è offre de jolies vues sur les buildings de Bangkok, mais c'est surtout la terrasse extérieure, au 84è, qui vaut le déplacement. Celle-là, elle tourne ! L'occasion de faire le tour de la ville à plus de 300 m d'altitude sans rien louper du panorama.


Le prix du billet inclut une boisson fraîche et un massage des pieds au spa du 20è étage, et nous n'allons certainement pas nous en priver ! Nos pauvres pieds ayant bien gonflé après 12 heures d'avion, ces 20 minutes de pause font vraiment du bien. Aussi compris dans le prix : le jeu des ascenseurs. On passe du rez-de-chaussée au 77è en un clin d’œil, mais il faut prendre un ascenseur supplémentaire pour accéder au 84è, deux de plus pour passer de 84 à 20, et autant pour retrouver le plancher des vaches. C'est tellement compliqué qu'on trouve des préposés aux ascenseurs à tous les étages. Les architectes n'ont pas dû penser à tous les détails...

Nous rentrons à l'hôtel avec le bateau-bus, blindé à l'heure de pointe, après nous être arrêtés chez plusieurs vendeurs de rue pour "l'apéro". Les repas risquent de poser problème pendant les trois semaines à venir : non pas que la nourriture soit mauvaise ou difficile à se procurer (c'est même carrément le contraire), mais il fait trop chaud pour seulement penser à avoir faim. Nous allons devoir nous forcer à manger pour ne pas tomber d'inanition avant la fin du séjour. Quelques brochettes et fruits frais sur le chemin du retour, puis nous nous arrêtons dans un restaurant proche de notre hôtel pour compléter tout ça avec un peu de verdure et de riz. Pour l'instant, la nourriture thaïe a tout bon. Un peu moins de piment dans les plats et tout sera parfait !