Jour 1 - De Strasbourg à Munich
On the route encore ! Un mois après notre retour des Féroé, nous partons cette fois pour notre premier voyage à l'étranger en voiture. Après une première étape de Rambouillet à Strasbourg hier, nous voici aujourd'hui de l'autre côté de la frontière, sur les autoroutes allemandes souvent vantées pour leur absence de limite de vitesse et décriées pour leur revêtement pourri. Sur le revêtement, rien à redire ; en revanche, pour la vitesse, on repassera, car la nôtre descend assez souvent sous les 100 km/h pour cause de bouchons et de travaux absolument PAR-TOUT. Résultat, il nous faut environ 5h30 pour effectuer un trajet qui aurait dû en prendre 4, et c'est donc largement plus tard que prévu que nous attaquons notre visite de la capitale de l'Etat libre de Bavière (si, en vrai, c'est son nom complet).
La bonne blague, c'est que Munich s'est mise il y a 10 ans au "badge environnemental", que nous n'étions pas au courant et que nous devons donc nous garer à des lieues du centre-ville et faire le reste du trajet à pattes. Ce qui n'est pas vraiment une épreuve quand ledit trajet passe par l'Englischer Garten, alias "le Central Park munichois", même si la version new yorkaise n'est pas aussi grande. C'est dimanche, l'Oktoberfest a démarré hier et il fait un temps estival – en d'autres termes, tous les critères sont réunis pour que le parc soit envahi de locaux venus faire trempette dans les cours d'eau, disputer une partie de volley, lire à l'ombre des arbres, pédaler autant que la chaleur le permet et, bien sûr, descendre de la bière au litre dans le Biergarten. Dirndl pour elles et Lederhosen pour eux sont de sortie, et franchement, nous n'aurions pas pu rêver meilleur et plus traditionnel accueil (dommage que nous ayons tous les deux la bière en horreur...).
L'heure étant un peu tardive pour espérer visiter la Pinacothèque, nous nous rabattons sur l'impressionnante église rococo des Théatins – ordre dont nous n'avions jamais entendu parler avant aujourd'hui, mais c'est à ça que sert de visiter des églises qui n'étaient même pas au programme. Le rococo à beau ne pas être notre style de prédilection, à petites doses, ça se laisse admirer. A l'autre bout de Ludwigstraße, la grande artère munichoise qui donne une idée de ce à quoi ressembleraient les Champs-Elysées sans des boutiques de luxe et des McDo partout, se dresse l'équivalent local de l'Arc de Triomphe, la Siegestor, dont l'original date du règne de Louis Ier de Bavière mais qu'il a forcément fallu reconstruire après les bombardements de la Seconde Guerre mondiale (70 % kaput en 1945, Munich ; aïe). Pour conclure cette première journée un peu écourtée, nous allons profiter des derniers rayons du soleil en terrasse dans le quartier de Schwabing, en dégustant un spritz commandé à un serveur portant fièrement son Lederhose. Je sens que nous n'allons pas nous en lasser...
Jour 2 - Le Munich de carte postale
La météo annonçant l'arrivée de la pluie en début d'après-midi, nous profitons d'une matinée toujours très ensoleillée pour poursuivre notre découverte de Munich en extérieur, avec un tour très complet de l'Altstadt (la Vieille ville) mené de main de maître par le seul membre de ce couple capable de lire un plan. La première partie se concentre sur toutes les églises dignes de ce nom en centre-ville, avec notamment l'église St Michel, moins dédiée à l'archange qu'à tous les ducs/princes/rois de Bavière ayant soutenu la Contre-Réforme dans la région, et surtout la Frauenkirche, la cathédrale de Munich, dont l'intérieur blanc franchement dépouillé est compensé par le superbe mausolée de Louis Ier de Bavière.
Nous faisons souvent remarquer que nous avons une chance insolente, et nous le prouvons encore aujourd'hui en arrivant sur la Marienplatz à midi pile, soit l'heure à laquelle les personnages en cuivre du carillon du Neues Rathaus (le nouvel hôtel de ville) s'animent pour rejouer le tournoi des noces du duc Guillaume V. La foule amassée là était apparemment au courant de l'attraction ; nous nous sommes contentés de profiter d'un timing parfait. Entre poissons moches sur les fontaines, jolie Vierge au sommet de sa colonne et architecture néogothique assumée, les occasions de prendre des photos carte postale ne manquent pas – d'autant que le Neues Rathaus est l'un des rares survivants des bombardements et que cette façade du 19e est donc parfaitement authentique. L'Altes Rathaus (l'ancien hôtel de ville, donc), lui, n'a pas eu cette chance, et la version qui se dresse aujourd'hui à l'est de la place, bien qu'identique à la précédente, ne date que d'après la guerre. La visite de l'Altstadt ne serait pas complet sans un petit tour par le Viktualienmarkt (je ne vais pas vous faire l'insulte de traduire), avec son arbre de mai et ses étals proposant bière, bretzels et assez de charcut' pour nourrir une armée.
La deuxième moitié de la journée est consacrée à un autre très gros morceau : la Residenz, lieu de résidence de la famille d'abord ducale, puis princière et enfin carrément royale de Bavière, les Wittelsbach. Quiconque a des souvenirs de Romy Schneider en Sissi se souvient forcément du nom de famille, mais ce que les films ne disent pas, c'est que les Wittelsbach ont régné sur la Bavière à partir de 1080 et seraient sans doute encore là si la Première Guerre mondiale n'avait pas méchamment mis un frein à toutes ces histoires de monarchies européennes. Tous les châteaux de la région ont donc été commandités et occupés par les Wittelsbach, ce qui est bien pratique pour les rédactrices de blog qui pourront s'épargner des détails dans leurs prochains articles.
De façon pratique, la visite permet de découvrir les 130 pièces du château (pour la plupart très vides ; ce sont surtout les plafonds et les admirables éléments de décor en scagliola, c'est-à-dire en marbre 100 % toc, qui valent le coup), dont le style va du Renaissance au néoclassique, le Trésor, son bling somptueux et ses bijoux de la couronne (les portes blindées ne sont pas tout à fait aussi larges que celles de la Tour de Londres, mais il s'en faut de peu), et le tout petit théâtre rococo qui arrive à cumuler autant d'or et de velours rouge que tout l'opéra Garnier. Une horreur pour les pieds (3h à piétiner, ça pique), mais un régal pour les yeux. Compteur de châteaux : 1. Il y en aura beaaaaucoup plus d'ici la fin du séjour.
Jour 3 : le complexe palatial de Schleißheim
Ce matin, direction le nord de Munich pour la visite des trois palais qui composent le complexe de Schleißheim, à savoir l'Altes Schloss, le Neues Schloss (jusque-là, fastoche) et le relais de chasse de Lustheim. A l'origine, l'objectif du prince-électeur Max II Emanuel était de construire un immense palais qui relierait l'Altes et le Neues Schloss, puis d'ajouter quelques ailes de plus pour faire bonne mesure, mais un exil de 11 ans en France suite à une vilaine défaite militaire lors de la guerre de succession d'Espagne, alors que la construction avait à peine commencé, ont mis à mal ce beau projet. Aujourd'hui, l'ancien et le nouveau château sont toujours bien distincts, mais en tant que touristes, on s'en fiche pas mal, du moment que c'est joli (et ça l'est).
Lorsqu'on nous a annoncé une "exposition d'art religieux" dans l'Altes Schloss (méchamment abîmé pendant la guerre et reconstruit de façon assez brute de décoffrage), nous nous attendions bêtement à un trésor classique tel qu'on en trouve dans la moitié des musées et des cathédrales du monde. A notre grande surprise, il s'agit en fait d'une collection de 6 000 pièces plus ou moins modernes venues du monde entier, allant de la crèche provençale traditionnelle à la version native américaine (parce qu'il n'y a AUCUNE raison que Jésus ne soit pas né dans un tipi, après tout), en passant par des œufs de Pâques des quatre coins du monde, des Cènes brésiliennes et des descentes de croix africaines. La collection est tellement impressionnante (et bizarrement spécifique...) qu'elle forme carrément une branche du Musée national bavarois. L'art religieux comme ça, on en redemande !
Le Neues Schloss baroque (le "vrai château", comme nous l'a décrit la dame à la billetterie de l'Altes) est quant à lui beaucoup plus classique, avec son hall qui contiendrait aisément 10 fois notre appartement, son escalier à rendre jaloux le palais de Caserte et son étage de 160 m de long toutes portes ouvertes. Contrairement à la cour de Max Emanuel qui faisait le trajet en calèche, nous n'avons que nos pieds de plébéiens pour parcourir le petit kilomètre de jardins à la française qui nous sépare du "relais de chasse" de Lustheim. Là encore, on découvre en fait une annexe du Musée national bavarois, consacré cette fois à la deuxième plus grande collection de céramiques de Meissen du pays. Entre les animaux, les chinoiseries et les services à thé de toutes les couleurs, il y en a pour tous les goûts, et la visite est organisée de façon à ne jamais être monotone.
Il y a quelques années, nous aurions profité d'une journée aussi courte pour retourner au centre de Munich et faire un tour à la Pinacothèque que nous n'avons pas pu visiter le jour de notre arrivée. Aujourd'hui, nous préférons retourner à l'hôtel nous remettre de nos 14 km de marche d'hier. Compteur de châteaux : allez, disons 2 pour faire comme si le rêve de Max Emanuel s'était réalisé !
Jour 4 - Le château de Nymphenburg
Notre dernier jour dans la capitale bavaroise est consacré au château de Nymphenburg, distant d'à peine 8 km de la Residenz et de l'Englischer Garten, mais qui faisait malgré tout office de "résidence d'été" pour les Wittelsbach. Ça doit être un truc de prince-électeur qu'on ne peut pas comprendre. Blague à part, alors que la Residenz ressemble à un gros cube fonctionnel planté au milieu de la ville et donc un peu ramassé sur lui-même, Nymphenbourg est beaucoup plus aéré, et son parc est clairement fait pour l'agrément – de la famille régnante à l'époque et des habitants du quartier qui peuvent en profiter librement aujourd'hui.
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