Aujourd'hui commence notre exploration des (très) vieilles pierres qui abondent autour de Naples. Après un petit-déjeuner en tête-à-tête complet (les Allemands qui occupent les autres chambres de l'hôtel ne se sont pas remis de leur défaite de la veille au match Naples/Dortmund), nous nous rendons au Musée Archéologique tout proche de l'hôtel pour acheter la Campania Artecard, le sésame du touriste, qui permet de visiter une flopée de sites à tarif réduit et de voyager sur tout le réseau de transport.
En parlant de transports, les trains vont faire parler d'eux toute la journée, et pas en bien. Notre objectif était d'arriver tôt à Pozzuoli, notre première étape de la journée, mais c'est un peu raté. La ligne 2 des trains métropolitains doit avoir des liens de parenté avec le RER B : nous devons changer de machine quelques stations avant Pozzuoli et patienter près de 40 minutes avant de pouvoir repartir. Résultat des courses, il est pas moins de 11 heures du matin lorsque nous arrivons enfin à Puzzuoli-Solfatara et que nous pouvons attaquer l'exploration de l'Anfiteatro Flavio.
Minute historique : le Grand Amphithéâtre, le troisième d'Italie par ses dimensions, fut construit quelque part aux alentours du 1er siècle après JC. On y organisait aussi bien des représentations théâtrales que des divertissements plus sanglants à base de gladiateurs et d'animaux sauvages. Niveau conservation, c'est une véritable merveille : les gradins ont un peu souffert des différents tremblements de terre qui secouent régulièrement la région, mais se retrouver au milieu de l'arène, en touré de 20 000 places vides, est un spectacle impressionnant.
Mais le plus marquant, dans la visite, ce sont les souterrains. Parce qu'il s'agit de souterrains, justement, ils sont encore mieux conservés que le reste de l'amphithéâtre et abritent désormais les vestiges des colonnes monumentales retrouvées lors des fouilles. A la grande époque de l'Empire romain, c'était là qu'on faisait patienter les animaux avant de les lâcher sur les gladiateurs ou, moins drôle, de les faire participer à une pièce. C'était également là que se cachait toute la machinerie pour faire monter et descendre les décors de scène. L'ensemble donne l'impression de ne pas avoir bougé depuis deux mille ans.
Après une pause visant à apprivoiser l'un des résidents félins des lieux, nous remontons la rue principale de Pozzuoli jusqu'à la Solfatara. Et pour monter, ça monte ! Il fait particulièrement chaud pour une fin septembre, et la grimpette se transforme rapidement en ascension du Mont Ventoux. Mais une fois là-haut, on se dit que le spectacle valait bien quelques efforts.
La Solfatara, c'est l'un des nombreux cratères (83 au total) qui composent les Champs Phlégréens, un croissant de terre ultra-volcanique. Et comme beaucoup, il est considéré actif... Tellement actif, même, qu'on y trouve des fumerolles qui sentent le soufre et de la boue glougloutante - un peu comme en Islande, en fait ! La visite commence par un belvédère qui permet de découvrir le cratère et son paysage désertique, un peu lunaire. On se rend également compte que le site n'est pas plus intimidant pour les locaux que les cathédrales pour les Napolitains, et que des maisons ont littéralement poussé sur le pourtour du cratère !
Si leur grand panache blanc ne permettaient pas de les repérer, on trouverait les fumerolles au nez... D'accord, l'odeur n'est pas aussi épouvantable que sur certains sites islandais, mais malgré tout, nous ne nous attardons pas autour de ces cocottes-minute en puissance plus que nécessaire. Un peu plus loin, on découvre deux petites constructions en pierre, l'équivalent antique de la cabine de sauna, qui servaient il y a fort fort longtemps à soigner les maladies des voies respiratoires (les poumons devaient crier grâce après cinq minutes passées dans une pièce enfumée aux relents d’œuf pourri). Le dernier point remarquable du site, c'est cette grande piscine de boue au milieu du cratère, qui fournit une argile très bonne pour la peau dès lors qu'elle ne bouillonne plus à 140°. Les habitants du coin sont assis sur une poudrière et personne ne semble s'en inquiéter. La Solfatara est pourtant un volcan deux fois plus chaud que le Vésuve, imaginez les dégâts si le bouchon de la cocotte venait à sauter !
Le retour de Pozzuoli à Naples se fait moins difficilement que l'aller, mais les choses se compliquent à nouveau lorsque nous voulons emprunter la ligne Circumvesuviana pour nous rendre à Herculanum. La plupart des trains de la ligne ont été annulés sans explication, et nous devons encore une fois attendre plus d'une demi-heure pour voir un train arriver à quai. Coup de chance, il s'arrête justement à Herculanum.
Pompéi n'est pas la seule ville à avoir été rayée de la carte suite à l'épouvantable éruption du Vésuve de l'an 79 de notre ère (et il paraît que la prochaine éruption sera encore pire...). Là où sa grande voisine a disparu sous des tonnes de cendres, Herculanum a été engloutie par une coulée de lave de 15 mètres d'épaisseur. Alors oui, la lave, ça brûle, certes ; mais ça protège aussi étrangement bien, au point qu'Herculanum est aujourd'hui en bien meilleur état de conservation que Pompéi. On y retrouve même des montants de porte en bois à peine calcinés, c'est dire !
Le site d'Herculanum semble bien petit comparé à Pompéi, mais c'est sans compter sur les merveilles qui se cachent dans les maisons, les boutiques et les édifices publics. Les vestiaires des termes, avec leurs bancs et leurs petites étagères pour ranger ses affaires, donnent l'impression d'avoir servi la veille. Certaines maisons comportent encore des fresques aux couleurs vives ou des mosaïques d'une beauté à couper le souffle. Devant certaines, on se dit que Mère Nature ne s'est pas senti le courage de les détruire. Il est impossible d'expliquer autrement que des œuvres d'art aussi délicates aient survécu à une éruption volcanique.
Sous un soleil de plomb, nous passons deux heures à explorer les ruelles fantômes d'Herculanum et à imaginer à quoi la vie des gens d'ici pouvait ressembler avant de se prendre tout un Vésuve sur la tête. C'est une visite vraiment intime, et on est presque soulagés d'apprendre que la plupart des habitants avaient eu le temps de fuir avant l'arrivée de la coulée de lave. Ici, pas de corps pris dans la cendre, seulement les souvenirs d'une vie patricienne qui devait ressembler au paradis.
Complètement épuisés par la marche et la chaleur, nous reprenons le chemin de notre hôtel pour nous reposer un peu avant le dîner. Et dire que demain, il faudra grimper en haut du Vésuve !
Plus de cailloux antiques par ici.
En parlant de transports, les trains vont faire parler d'eux toute la journée, et pas en bien. Notre objectif était d'arriver tôt à Pozzuoli, notre première étape de la journée, mais c'est un peu raté. La ligne 2 des trains métropolitains doit avoir des liens de parenté avec le RER B : nous devons changer de machine quelques stations avant Pozzuoli et patienter près de 40 minutes avant de pouvoir repartir. Résultat des courses, il est pas moins de 11 heures du matin lorsque nous arrivons enfin à Puzzuoli-Solfatara et que nous pouvons attaquer l'exploration de l'Anfiteatro Flavio.
Minute historique : le Grand Amphithéâtre, le troisième d'Italie par ses dimensions, fut construit quelque part aux alentours du 1er siècle après JC. On y organisait aussi bien des représentations théâtrales que des divertissements plus sanglants à base de gladiateurs et d'animaux sauvages. Niveau conservation, c'est une véritable merveille : les gradins ont un peu souffert des différents tremblements de terre qui secouent régulièrement la région, mais se retrouver au milieu de l'arène, en touré de 20 000 places vides, est un spectacle impressionnant.
Mais le plus marquant, dans la visite, ce sont les souterrains. Parce qu'il s'agit de souterrains, justement, ils sont encore mieux conservés que le reste de l'amphithéâtre et abritent désormais les vestiges des colonnes monumentales retrouvées lors des fouilles. A la grande époque de l'Empire romain, c'était là qu'on faisait patienter les animaux avant de les lâcher sur les gladiateurs ou, moins drôle, de les faire participer à une pièce. C'était également là que se cachait toute la machinerie pour faire monter et descendre les décors de scène. L'ensemble donne l'impression de ne pas avoir bougé depuis deux mille ans.
Après une pause visant à apprivoiser l'un des résidents félins des lieux, nous remontons la rue principale de Pozzuoli jusqu'à la Solfatara. Et pour monter, ça monte ! Il fait particulièrement chaud pour une fin septembre, et la grimpette se transforme rapidement en ascension du Mont Ventoux. Mais une fois là-haut, on se dit que le spectacle valait bien quelques efforts.
La Solfatara, c'est l'un des nombreux cratères (83 au total) qui composent les Champs Phlégréens, un croissant de terre ultra-volcanique. Et comme beaucoup, il est considéré actif... Tellement actif, même, qu'on y trouve des fumerolles qui sentent le soufre et de la boue glougloutante - un peu comme en Islande, en fait ! La visite commence par un belvédère qui permet de découvrir le cratère et son paysage désertique, un peu lunaire. On se rend également compte que le site n'est pas plus intimidant pour les locaux que les cathédrales pour les Napolitains, et que des maisons ont littéralement poussé sur le pourtour du cratère !
Si leur grand panache blanc ne permettaient pas de les repérer, on trouverait les fumerolles au nez... D'accord, l'odeur n'est pas aussi épouvantable que sur certains sites islandais, mais malgré tout, nous ne nous attardons pas autour de ces cocottes-minute en puissance plus que nécessaire. Un peu plus loin, on découvre deux petites constructions en pierre, l'équivalent antique de la cabine de sauna, qui servaient il y a fort fort longtemps à soigner les maladies des voies respiratoires (les poumons devaient crier grâce après cinq minutes passées dans une pièce enfumée aux relents d’œuf pourri). Le dernier point remarquable du site, c'est cette grande piscine de boue au milieu du cratère, qui fournit une argile très bonne pour la peau dès lors qu'elle ne bouillonne plus à 140°. Les habitants du coin sont assis sur une poudrière et personne ne semble s'en inquiéter. La Solfatara est pourtant un volcan deux fois plus chaud que le Vésuve, imaginez les dégâts si le bouchon de la cocotte venait à sauter !
Le retour de Pozzuoli à Naples se fait moins difficilement que l'aller, mais les choses se compliquent à nouveau lorsque nous voulons emprunter la ligne Circumvesuviana pour nous rendre à Herculanum. La plupart des trains de la ligne ont été annulés sans explication, et nous devons encore une fois attendre plus d'une demi-heure pour voir un train arriver à quai. Coup de chance, il s'arrête justement à Herculanum.
Pompéi n'est pas la seule ville à avoir été rayée de la carte suite à l'épouvantable éruption du Vésuve de l'an 79 de notre ère (et il paraît que la prochaine éruption sera encore pire...). Là où sa grande voisine a disparu sous des tonnes de cendres, Herculanum a été engloutie par une coulée de lave de 15 mètres d'épaisseur. Alors oui, la lave, ça brûle, certes ; mais ça protège aussi étrangement bien, au point qu'Herculanum est aujourd'hui en bien meilleur état de conservation que Pompéi. On y retrouve même des montants de porte en bois à peine calcinés, c'est dire !
La partie sous verre est en bois 100 % garanti d'époque, à peine roussi
Le site d'Herculanum semble bien petit comparé à Pompéi, mais c'est sans compter sur les merveilles qui se cachent dans les maisons, les boutiques et les édifices publics. Les vestiaires des termes, avec leurs bancs et leurs petites étagères pour ranger ses affaires, donnent l'impression d'avoir servi la veille. Certaines maisons comportent encore des fresques aux couleurs vives ou des mosaïques d'une beauté à couper le souffle. Devant certaines, on se dit que Mère Nature ne s'est pas senti le courage de les détruire. Il est impossible d'expliquer autrement que des œuvres d'art aussi délicates aient survécu à une éruption volcanique.
Mosaïque de Poséidon et Amphitrite
Sous un soleil de plomb, nous passons deux heures à explorer les ruelles fantômes d'Herculanum et à imaginer à quoi la vie des gens d'ici pouvait ressembler avant de se prendre tout un Vésuve sur la tête. C'est une visite vraiment intime, et on est presque soulagés d'apprendre que la plupart des habitants avaient eu le temps de fuir avant l'arrivée de la coulée de lave. Ici, pas de corps pris dans la cendre, seulement les souvenirs d'une vie patricienne qui devait ressembler au paradis.
Complètement épuisés par la marche et la chaleur, nous reprenons le chemin de notre hôtel pour nous reposer un peu avant le dîner. Et dire que demain, il faudra grimper en haut du Vésuve !
Plus de cailloux antiques par ici.
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