dimanche 24 avril 2016

Bulgarie, jour 5 - Roussé

Et voilà, il suffisait de faire remarquer qu'il faisait chaud pour que la météo se vexe et tourne à la pluie ! Notre découverte de Roussé commence donc avec quelques gouttes sans gravité, mais le pire est à venir...

Nous l'avions soupçonné hier en allant dîner, mais Roussé n'est vraiment pas une jolie ville. Il y a bien quelques places très modernes assez sympathiques, avec des statues et des fontaines qui jouent sur des effets de lumière la nuit, mais ça s'arrête là. Et notre exploration de ce matin étant à la fois humide et semée d'embûches, ça n'aide pas à apprécier ! Nous commençons donc par la place Svoboda (ça veut dire "liberté"), où nous avons mangé hier soir et qui entre dans la catégorie de places mentionnée au début de ce paragraphe. C'est LE truc à voir à Roussé, mais par un dimanche matin pluvieux, c'est un peu tristoune et pas très vivant. Et ce ne sont pas les trois scouts qui viennent déposer une gerbe dans l'indifférence générale qui améliorent les choses...



Pour accéder ensuite à la cathédrale Sveta Troitsa ("Sainte Trinité"), nous nous en remettons au plan du guide. Mauvaise idée : le Petit Futé, rebaptisé par les garçons "Petit Teubé", est officiellement le pire guide touristique au monde. Les plans sont faux, l'ordre dans lequel sont présentées les régions n'a ni queue ni tête, les choses à voir ne sont pas classées par ordre d'importance et les horaires/tarifs/adresses des points d'intérêt ne sont pas indiqués une fois sur deux. Mon royaume pour le guide du Routard ! Nous passons donc une première fois sans la voir devant la cathédrale, avant de finalement nous en sortir. Mais il y a foule devant la cathédrale (bien petite pour mériter ce nom, d'ailleurs) et nous ne pouvons même pas espérer entrer. Explication : ce 24 avril est en fait le dimanche des Palmes (alias les Rameaux) pour les Orthodoxes, et tout le monde se promène avec son petit bouquet pour aller à l'église. Mauvais plan pour qui voulait visiter...


Le panthéon de la Renaissance nationale


Le reste de la visite de la ville est à l'avenant. Le guide a une notion de "beau" qui n'est pas exactement celle du dictionnaire : ainsi, le parc Na Vazrojdentsite, dédié aux combattants de la libération de la Bulgarie et décrit comme "superbe", vaut encore moins le déplacement que le jardin municipal de Livry-Gargan. Le panthéon des héros de la Renaissance est un modèle de subtilité architecturale communiste et la promenade du Danube, censée être le rendez-vous de tous les amoureux du coin, est un boulevard bétonné qui permet de voir des arbres plutôt que le fleuve. La pluie n'aidant vraiment pas (les quelques gouttes sont devenues une belle averse qui alourdit les jeans et rend le beau Danube pas vraiment bleu mais plutôt marronnasse), nous abandonnons la partie et passons à la deuxième moitié du programme : les trucs creusés dans la roche.

Après un arrêt au supermarché pour acheter de quoi déjeuner, nous prenons la route du petit village de Bessarbovo pour découvrir son monastère troglodyte. C'est a priori le seul en son genre à encore accueillir des moines. L'un d'eux vend d'ailleurs des rameaux (ou plutôt des palmes) à l'entrée du monastère et bénit les fidèles au front pour chaque donation. Nous zappons cette étape et passons directement à la visite, qui se compose en fait de cinq salles creusées dans la roche au sommet d'une volée de marche. Ça ressemble à ce qu'on trouverait dans une église... mais directement dans la falaise ! C'est assez intrigant quand on n'a jamais rien vu de pareil.



A l'occasion des Rameaux, un car de fidèles roumains se déversent sur le monastère alors que nous finissons la visite, et nous battons donc rapidement en retraite. Pour rester dans le thème, nous nous rendons dans le village d'Ivanovo, un peu plus loin, et passons une bonne demi-heure à chercher sa célèbre église troglodyte. Le site est horriblement mal indiqué alors qu'il est classé par l'UNESCO ; on n'ose pas imaginer ce que ça donnerait s'il s'agissait d'une obscure attraction locale ! L'intérêt du lieu, ce sont les peintures du 14è siècle qui recouvrent toute la grotte du sol au plafond. C'est vraiment très beau, et l'état de conservation du plafond est assez stupéfiant, mais ce qui frappe surtout, c'est la difficulté d'accès au site. On se demande vraiment comment vivaient les moines, comment ils grimpaient là-haut (l'entrée de l'époque donne aujourd'hui sur une falaise à pic), et surtout, qui a eu l'idée d'implanter une église à un endroit pareil (ou plutôt une série d'églises, parce qu'il y en avait 40 à la grande époque) ???


La Cène


L'autre partie de la visite, presque aussi intéressante, c'est la vue sur le paysage alentour. Le parc où se cachent les églises troglodytes est une région karstique où un fleuve a creusé un canyon et où la flore est carrément en forme. C'est aussi une réserve ornithologique (il paraît qu'il y a des vautours d'Egypte dans le coin), ce qui explique la dominante très, très verte du paysage et les chants des oiseaux qui nous accompagnent en continu. Inutile de préciser que c'est aussi absolument sublime (selon la définition communément acceptée, et non celle du Petit Futé...).



Dernière étape, et non des moindres, les ruines de la cité médiévale de Cherven. Là encore, ça se passe au sommet d'une montagne, et donc d'une série de marches qui commence à tirer sérieusement dans les cuisses et les mollets... Tout là-haut, en plus du même genre de paysage que précédemment, on découvre surtout des pans de mur d'enceinte et le reste des fondations des bâtiments religieux et d'habitation de l'époque. Bon, heureusement qu'un plan à l'entrée est là pour nous dire ce qu'on est censés voir, parce que rien ne ressemble autant à un tas de cailloux qu'un autre tas de cailloux... Mais c'est l'occasion d'une jolie ballade, qui se conclut par les ruines un peu plus impressionnantes d'une église et d'une tour de guet.



Finalement, la deuxième partie de la journée (sans pluie, elle) compense bien le ratage de ce matin. Ce soir, nous restons dans le même hôtel qu'hier, ce qui est assez appréciable car après une telle grimpette, la fatigue se fait sérieusement sentir...

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