samedi 21 septembre 2013

Naples, jour 4 - Capri

Et une journée de plus dans la série "les transports napolitains nous cassent les pieds" ! Ce matin, c'est le train pour Caserte qui se moque de nous. Nous arrivons à la gare à 9h45, et le prochain train pour le palais ne part pas avant... 11h. Même pour découvrir le palais qui a servi au tournage de Star Wars Episode 1, il n'est pas question d'attendre un train pendant plus d'une heure. Nous nous rabattons donc sur la deuxième partie du programme : Capri.

Là encore, le déplacement jusqu'au quai d'où partent les bateaux à destination des îles est épique : il nous faut prendre le métro, qui nous dépose très loin du port, puis parcourir le quartier espagnol de Naples à pieds pendant 20 minutes avant d'arriver à l'embarcadère. Cela dit, ce trek matinal (sous un soleil déjà ravageur) nous permet de découvrir une partie tout à fait correcte de la ville : l'architecture y est moins chaotique et beaucoup plus élégante. En d'autres termes, pour apprécier Naples, il faut s'éloigner du centre historique...



Le Castel Nuovo


Enfin parvenus au port, nous achetons nos billets pour le bateau de 11h15. Un peu d'attente, une organisation déplorable et un trajet passé à se raconter des devinettes plus tard, nous voici finalement à Capri. Comme dirait le grand poète Benjamin, "Capri, c'est parti !". Ce vers d'une grande richesse n'est que l'un de ceux dont l'artiste s'est fendu pendant le séjour. À retenir également : "Capri, c'est joli", "Capri, c'est samedi", ou "Capri, c'est ici, et Ischia, c'est là-bas". Hervé Vilard est mort de jalousie.




Pour commencer la visite, nous optons pour un tour de l'île en bateau, le meilleur moyen de découvrir Capri et son relief très, TRÈS escarpé. Les falaises parfois à pic qui entourent l'île sont creusées de dizaines de grottes, les plus célèbres étant la grotte verte, la grotte blanche et la grotte bleue. Ce n'est pas exactement original, mais c'est justifié : la grotte blanche est un sanctuaire décoré d'une statue de la Vierge (ces Italiens...) et la grotte verte est ainsi nommée en raison de la couleur de l'eau. On piquerait bien une tête ! Quant à la grotte bleue... on en reparle un peu plus tard...



L'entrée de la grotte blanche


En plus des grottes et des falaises, Capri offre également quelques curiosités géologiques, et notamment une arche naturelle qui plonge dans la mer. C'est aussi, bien sûr, le repaire des voiliers et yachts de luxe, des villas qui occupent tout un pan de falaise et des touristes très, très aisés qui se font bronzer sur le pont de leur bateau. La vie est vraiment trop injuste.




Je sens que mon histoire de grotte bleue vous a intrigués. C'est le dernier point d'intérêt de notre tour en bateau, et c'est aussi le plus touristique. La "grotta azzurra", c'est un peu comme le Mordor, on n'y entre pas si facilement : en effet, l'entrée de la grotte se situe à un tout petit mètre au-dessus du niveau de la mer, ce qui la rend accessible uniquement à l'aide de petites barques pilotées par des gens du cru qu'on doit entendre crier et s’interpeller jusqu'à Rome. Les barques ne peuvent accueillir que quatre passagers, et par conséquent, il faut littéralement faire la queue avant de pouvoir pénétrer dans la grotte. Nous n'avions pas l'intention de céder à cette arnaque touristique (parce qu'il faut payer en plus, vous pensez bien...), mais après avoir attendu 45 minutes sous un soleil de plomb que les autres occupants du bateau puissent s'y rendre, nous avons craqué. Alors oui, c'est très joli, mais les deux minutes passées dans la grotte ne valent absolument pas la fortune réclamée à l'entrée.




De retour sur le plancher des vaches, nous nous remettons de nos émotions avec une glace et empruntons le funiculaire pour nous rendre de Marina Grande, lieu d'accostage des ferries, à la ville de Capri elle-même. La place principale de la ville n'a d'intérêt que pour les touristes avec de l'argent à ne plus savoir qu'en faire ; pas besoin de bijoux ou de vêtements de luxe, merci ! Nous préférons partir pour une petite randonnée vers la villa Jovis, autrefois résidence de l'empereur romain Tibère. Horaires à l'italienne obligent, la villa est fermée avec un bon quart d'heure d'avance et nous ne pouvons donc pas la visiter. Mais nous n'avons pas pour autant perdu notre temps : le chemin traverse les ruelles minuscules de Capri et nous permet de découvrir les superbes allées qui mènent aux maisons, le tout sur fond de chant des cigales. Nous croisons également un petit parc, lui aussi fermé, mais protégé par un mur en pierres sèches bien éboulé qui ne va pas nous arrêter. C'est l'occasion de découvrir les falaises sous un autre angle, tout simplement sublime.




Comme il nous reste un peu de temps avant de reprendre le bateau pour Naples, nous empruntons un autre chemin de randonnée qui mène à l'arche naturelle aperçue depuis le bateau. Ce sera le terme de la balade, car le soleil assassin et la fatigue accumulée ces quatre derniers jours ont finalement raison de nous. Rester assis dans le ferry pendant 45 minutes n'est pas un luxe étant donné notre état ! Mais nous n'allons pas nous plaindre, cet après-midi à Capri était une belle façon de conclure le séjour.

Voilà ce qui se passe quand on laisse Benjamin aux photos !!!

La journée de dimanche ne mérite pas d'entrée à elle toute seule, car nous avons sacrifié les quelques visites restantes à Naples au profit d'une grasse matinée. Avant de prendre l'avion, nous trouvons tout de même le temps de faire quelques emplettes et de découvrir l'intérieur des églises du centre historique. À Naples, les églises poussent comme des champignons, et pourtant, elles sont toutes occupées en ce jour de messe. Dans le sud de l'Italie, la religion, c'est du sérieux !




Nous aurons vécu un week-end riche en histoire ancienne et en visites uniques. Seul gros point noir du séjour : les transports en commun, qui nous ont poussés à modifier notre programme tous les jours. Mais au moins, nous avons fait le plein de soleil pour l'hiver, et nous avons notre dose de vieilles pierres pour tenir jusqu'à notre découverte de Rome !

Et pour finir en beauté...




Vous ne pensiez pas y couper, quand même ?!?

vendredi 20 septembre 2013

Naples, jour 3 - Pompéi et le Vésuve

Notre programme du jour est légèrement perturbé par la faute d'un guide touristique vieux d'un an (nous avions prévu Naples en 2012, c'est finalement Vienne qui a gagné) et un site Internet dont les informations sont erronées... Pour une fois, les trains ne sont pas en cause : le directissimo pour Pompéi est parfaitement à l'heure et nous dépose aux alentours de 10h20 au milieu des marchands du temple qui pullulent autour du site. Cela nous laisse une dizaine de minutes pour trouver le bus régulier qui relie Pompéi au Vésuve - bus qui s'avère au final totalement introuvable à l'endroit indiqué par le site Web de la compagnie.

Nous finissons par nous rabattre sur l'excursion proposée par l'office du tourisme, plus chère mais aussi garantie. Le départ du minibus n'ayant lieu qu'à 15 heures, nous avons largement le temps d'explorer les ruines de Pompéi. Bon commerçant, le vendeur de l'office du tourisme nous offre en prime un audioguide et nous prête un petit livre qui reconstitue les principaux monuments de la ville à la grande époque romaine. Nous n'aurons pas tout perdu !

D'emblée, Pompéi frappe par son étendue : à côté, Herculanum ressemble à un petit village. La ville comptait un amphithéâtre, deux théâtres plus petits, un forum gigantesque, un temple dédié à Jupiter, un autre à Apollon, des thermes gigantesques, un marché couvert, des greniers à grain, un lupanar (si si), plusieurs nécropoles... La décoration y a bien davantage souffert qu'à Herculanum, mais on y gagne au niveau architecture.


L'une des nécropoles


Pour l'anecdote, les Pompéiens du 1er siècle de notre ère pensaient avoir élu résidence à côté d'une montagne tout ce qu'il y a de plus ordinaire. Même l'énorme séisme de l'an 62 ne leur avait pas mis la puce à l'oreille ; quand le Vésuve a explosé en 79, la moitié de la ville était encore en rénovations et de nombreux bâtiments publics n'étaient même pas terminés... Quelques jours après la catastrophe, l'empereur décrète que Pompéi et Herculanum sont perdues, qu'il n'y a plus rien à faire et que les deux villes peuvent être oubliées. Il faudra attendre le 16è siècle pour retrouver Pompéi par hasard, et le 18è pour que les recherches scientifiques commencent vraiment. Aujourd'hui, on pousse même l'intérêt historique jusqu'à faire pousser des clones de pieds de vignes antiques dans les anciens vergers !



Le temple de Jupiter au milieu du forum


Il y a tellement de choses à voir à Pompéi qu'en faire un résumé serait difficile. Nous avons vraiment été frappés par la splendeur du forum et par le Vésuve qui se découpe derrière. Les corps pris dans la cendre sont particulièrement impressionnants et rappellent que la quasi-totalité des habitants de la ville sont morts pendant la catastrophe, pour la plupart victimes des nuées ardentes (essayez donc de respirer un air de 100 °C, vous...). Le lupanar et son "menu" peint au-dessus des petites alcôves où travaillaient ces dames nous a beaucoup amusés. La Villa dei Misteri et sa fresque spectaculairement conservée sont tout simplement époustouflantes. Quant au forum, c'est le modèle parfait que l'on rencontre dans les manuels d'histoire !


Une partie de la fresque de la Villa dei Misteri


L'envie de tout voir nous motive à faire en trois heures un parcours qui en prend normalement quatre. Nous sommes cuits à point par un soleil sans pitié, et nous ne sommes pas fâchés de reprendre le chemin de l'office du tourisme pour nous rendre au Vésuve.


Dis au revoir, Apollon...


En fait de minibus, c'est un taxi collectif qui nous emmène, nous et six autres touristes, au pied d'un chemin balisé permettant d'accéder au sommet du volcan. C'est l'occasion de découvrir par nous-mêmes la conduite à la napolitaine : téléphone à l'oreille, pas de clignotant, usage intensif du klaxon, ceintures de sécurité ignorées et code de la route interprété de façon très personnelle par notre chauffeur. C'est à se féliciter d'être arrivés là-haut vivants !

Le chemin vers le cratère grimpe sec, mais la vue magnifique sur la baie de Naples et les îles de Capri et Ischia compense largement l'effort. Sans parler d'un petit vent frais et d'une température plus clémente qu'au niveau de la mer, qui faciliteraient presque le travail !



Parvenus au sommet, on découvre un cratère qui lâche quelques fumerolles... On oublie facilement que le Vésuve n'est pas éteint, seulement en sommeil, et que la dernière activité conséquente remonte à 1944, le jour même des bombardements alliés. Mais pour l'instant, le bel endormi se laisse un peu apprivoiser par les touristes, et nous ne sommes pas peu fiers de nous trouver là-haut. Le Vésuve est très différent des volcans que nous avons pu voir en Islande (il n'est pas noir, pour commencer), mais il n'en est pas moins impressionnant.



En regardant l'album photos, vous remarquerez peut-être que je n'ai pas mitraillé le Vésuve avec mon zèle habituel. Explication toute simple : pendant notre déjeuner à Pompéi, j'ai laissé l'appareil photo en veille au lieu de l'éteindre, ce qui n'a pas fait du bien à la batterie. Il a donc fallu oublier les photos pendant notre dernière heure d'exploration à Pompéi et sauvegarder la batterie autant que possible pour ramener au moins quelques souvenirs du Vésuve. Pour la petite histoire, la batterie nous a définitivement lâchés dans le dernier virage avant le retour au taxi. Timing parfait !



jeudi 19 septembre 2013

Naples, jour 2 - Pozzuoli et Herculanum

Aujourd'hui commence notre exploration des (très) vieilles pierres qui abondent autour de Naples. Après un petit-déjeuner en tête-à-tête complet (les Allemands qui occupent les autres chambres de l'hôtel ne se sont pas remis de leur défaite de la veille au match Naples/Dortmund), nous nous rendons au Musée Archéologique tout proche de l'hôtel pour acheter la Campania Artecard, le sésame du touriste, qui permet de visiter une flopée de sites à tarif réduit et de voyager sur tout le réseau de transport.

En parlant de transports, les trains vont faire parler d'eux toute la journée, et pas en bien. Notre objectif était d'arriver tôt à Pozzuoli, notre première étape de la journée, mais c'est un peu raté. La ligne 2 des trains métropolitains doit avoir des liens de parenté avec le RER B : nous devons changer de machine quelques stations avant Pozzuoli et patienter près de 40 minutes avant de pouvoir repartir. Résultat des courses, il est pas moins de 11 heures du matin lorsque nous arrivons enfin à Puzzuoli-Solfatara et que nous pouvons attaquer l'exploration de l'Anfiteatro Flavio.



Minute historique : le Grand Amphithéâtre, le troisième d'Italie par ses dimensions, fut construit quelque part aux alentours du 1er siècle après JC. On y organisait aussi bien des représentations théâtrales que des divertissements plus sanglants à base de gladiateurs et d'animaux sauvages. Niveau conservation, c'est une véritable merveille : les gradins ont un peu souffert des différents tremblements de terre qui secouent régulièrement la région, mais se retrouver au milieu de l'arène, en touré de 20 000 places vides, est un spectacle impressionnant.



Mais le plus marquant, dans la visite, ce sont les souterrains. Parce qu'il s'agit de souterrains, justement, ils sont encore mieux conservés que le reste de l'amphithéâtre et abritent désormais les vestiges des colonnes monumentales retrouvées lors des fouilles. A la grande époque de l'Empire romain, c'était là qu'on faisait patienter les animaux avant de les lâcher sur les gladiateurs ou, moins drôle, de les faire participer à une pièce. C'était également là que se cachait toute la machinerie pour faire monter et descendre les décors de scène. L'ensemble donne l'impression de ne pas avoir bougé depuis deux mille ans.



Après une pause visant à apprivoiser l'un des résidents félins des lieux, nous remontons la rue principale de Pozzuoli jusqu'à la Solfatara. Et pour monter, ça monte ! Il fait particulièrement chaud pour une fin septembre, et la grimpette se transforme rapidement en ascension du Mont Ventoux. Mais une fois là-haut, on se dit que le spectacle valait bien quelques efforts.

La Solfatara, c'est l'un des nombreux cratères (83 au total) qui composent les Champs Phlégréens, un croissant de terre ultra-volcanique. Et comme beaucoup, il est considéré actif... Tellement actif, même, qu'on y trouve des fumerolles qui sentent le soufre et de la boue glougloutante - un peu comme en Islande, en fait ! La visite commence par un belvédère qui permet de découvrir le cratère et son paysage désertique, un peu lunaire. On se rend également compte que le site n'est pas plus intimidant pour les locaux que les cathédrales pour les Napolitains, et que des maisons ont littéralement poussé sur le pourtour du cratère !



Si leur grand panache blanc ne permettaient pas de les repérer, on trouverait les fumerolles au nez... D'accord, l'odeur n'est pas aussi épouvantable que sur certains sites islandais, mais malgré tout, nous ne nous attardons pas autour de ces cocottes-minute en puissance plus que nécessaire. Un peu plus loin, on découvre deux petites constructions en pierre, l'équivalent antique de la cabine de sauna, qui servaient il y a fort fort longtemps à soigner les maladies des voies respiratoires (les poumons devaient crier grâce après cinq minutes passées dans une pièce enfumée aux relents d’œuf pourri). Le dernier point remarquable du site, c'est cette grande piscine de boue au milieu du cratère, qui fournit une argile très bonne pour la peau dès lors qu'elle ne bouillonne plus à 140°. Les habitants du coin sont assis sur une poudrière et personne ne semble s'en inquiéter. La Solfatara est pourtant un volcan deux fois plus chaud que le Vésuve, imaginez les dégâts si le bouchon de la cocotte venait à sauter !



Le retour de Pozzuoli à Naples se fait moins difficilement que l'aller, mais les choses se compliquent à nouveau lorsque nous voulons emprunter la ligne Circumvesuviana pour nous rendre à Herculanum. La plupart des trains de la ligne ont été annulés sans explication, et nous devons encore une fois attendre plus d'une demi-heure pour voir un train arriver à quai. Coup de chance, il s'arrête justement à Herculanum.

Pompéi n'est pas la seule ville à avoir été rayée de la carte suite à l'épouvantable éruption du Vésuve de l'an 79 de notre ère (et il paraît que la prochaine éruption sera encore pire...). Là où sa grande voisine a disparu sous des tonnes de cendres, Herculanum a été engloutie par une coulée de lave de 15 mètres d'épaisseur. Alors oui, la lave, ça brûle, certes ; mais ça protège aussi étrangement bien, au point qu'Herculanum est aujourd'hui en bien meilleur état de conservation que Pompéi. On y retrouve même des montants de porte en bois à peine calcinés, c'est dire !


La partie sous verre est en bois 100 % garanti d'époque, à peine roussi


Le site d'Herculanum semble bien petit comparé à Pompéi, mais c'est sans compter sur les merveilles qui se cachent dans les maisons, les boutiques et les édifices publics. Les vestiaires des termes, avec leurs bancs et leurs petites étagères pour ranger ses affaires, donnent l'impression d'avoir servi la veille. Certaines maisons comportent encore des fresques aux couleurs vives ou des mosaïques d'une beauté à couper le souffle. Devant certaines, on se dit que Mère Nature ne s'est pas senti le courage de les détruire. Il est impossible d'expliquer autrement que des œuvres d'art aussi délicates aient survécu à une éruption volcanique.


Mosaïque de Poséidon et Amphitrite


Sous un soleil de plomb, nous passons deux heures à explorer les ruelles fantômes d'Herculanum et à imaginer à quoi la vie des gens d'ici pouvait ressembler avant de se prendre tout un Vésuve sur la tête. C'est une visite vraiment intime, et on est presque soulagés d'apprendre que la plupart des habitants avaient eu le temps de fuir avant l'arrivée de la coulée de lave. Ici, pas de corps pris dans la cendre, seulement les souvenirs d'une vie patricienne qui devait ressembler au paradis.



Complètement épuisés par la marche et la chaleur, nous reprenons le chemin de notre hôtel pour nous reposer un peu avant le dîner. Et dire que demain, il faudra grimper en haut du Vésuve !

Plus de cailloux antiques par ici.

mercredi 18 septembre 2013

Naples, jour 1 - Fête de San Gennaro

Une nouvelle étape dans notre découverte des grandes villes d'Europe : cette semaine, ce sera Naples et ses environs (surtout ses environs, en fait, Naples elle-même servant principalement de camp de base). Il faut bien aller chercher le soleil là où il se trouve encore...

Une fois arrivés dans la capitale de la région Campanie, la première étape consiste à trouver notre hôtel. Pour faire plus authentique, plutôt qu'un taxi, nous prenons un bus qui nous conduit jusqu'à la gare centrale de Naples. Premier contact avec la culture locale : ici, la conduite est un sport de combat et tout les coups sont autorisés. La priorité à droite est un mythe, les feux sont pour les faibles, et le casque est tout bonnement une insulte aux yeux des adeptes du scooter. On se dit d'emblée que pour circuler à pieds dans cette ville sans se faire tuer, il va falloir des yeux derrière la tête.

Après un passage par le métro local et une belle grimpette au sommet d'une des collines de la ville, nous trouvons enfin notre hôtel... au deuxième étage d'un ancien hôtel particulier construit par un prince espagnol il y a pas moins de 400 ans. La première inquiétude passée (oui, le bâtiment est vraiment habité et non, l'hôtel n'a pas mis la clé sous la porte), nous découvrons un petit hôtel de 6 chambres adorable et calme, avec jardin privé et concierge particulièrement bavard (un Néerlandais au nom français qui nous cause en anglais ; c'est beau, l'Europe !).


Quand on vous dit qu'on a eu peur... 


Nos valises à peine posées, nous ressortons prendre le pouls de la ville. Première étape : la rue San Gregorio Armeno, célèbre pour ses magasins de santons pas toujours de très bon goût (Berlusconi dans la crèche, non merci). L'objectif est de trouver des santons locaux pour rejoindre la crèche de Marie-Alice, mais a priori, c'est plus facile à dire qu'à faire !


On en mangerait si ce n'était pas de la terre cuite


A proximité de la rue aux santons se trouve l'église San Lorenzo Maggiore, la plus grande église gothique du sud de l'Italie, construite à la demande de Charles d'Anjou aux alentours du 14è siècle. Très abîmée par les tremblements de terre qui secouent régulièrement la ville, l'église est très dépouillée à l'exception de quelques chapelles surchargées, ce qui donne au monument un petit côté schizophrène. Les photos sont censément interdites, mais c'est bien connu, les touristes Français et les règlements, ça fait deux...



Après San Lorenzo, direction la cathédrale de Naples, le Duomo. Ce que nous n'avions pas prévu en réservant notre séjour, c'est que ce mercredi 18 septembre marquerait le début des célébrations en l'honneur de San Gennaro, un martyr qui, selon la légende, se serait battu à mains nues contre des lions (n'essayez pas ça chez vous, c'est un peu dangereux). Nous n'aurions pas pu mieux nous organiser si nous avions décidé de participer à la fête : arrivés en vue du Duomo, nous tombons sur une procession de notables, officiers de police, membres du clergé et figurants en costumes Renaissance. Il y a des bannières, de beaux uniformes, des trompettes et une ambiance très festive. Tout ce beau monde se rend à la cathédrale pour la messe, et il n'est pas question que nous soyons en reste.



Il n'y a qu'un mot pour décrire l'intérieur du Duomo : c'est une merveille. Tout n'est qu'or et marbre blanc, reliques de saints et orgues sublimes, plafonds à caissons et coupole aérienne. La cathédrale étant pleine à craquer de fidèles venus voir le sang de San Gennaro se liquéfier dans sa petite ampoule (ça s'appelle un miracle, on nous dit) et du gratin du clergé (sans rire, il y a l'évêque, dans le lot), nous nous sentons légèrement intimidés et nous sommes même prêts à partir en courant si on nous fait remarquer qu'on dérange la messe. Mais ni les officiels en soutane ni ceux en uniforme ne font de commentaire et nous avons tout le loisir de visiter le Trésor de San Gennaro et le reste de la cathédrale au son des hymnes et des cantiques. C'est la première fois que nous visitons un lieu religieux dans une atmosphère pareille, et une fois passée l'impression de gêner, cela donne à la cathédrale une toute autre dimension.



Une fois sortis du Duomo, l'envie nous prend d'aller voir la mer... qui est en fait totalement invisible, la zone portuaire étant un lieu de travail pas du tout destiné aux touristes. Il est donc temps de penser au dîner. Envie d'originalité, envie de folie, nous allons fêter notre première soirée à Naples avec... une pizza ! On a quand même une sacrée excuse : c'est d'ici que sont parties les premières pizze, et il semble difficile de trouver un meilleur rapport qualité/prix dans toute l'Italie (et par extension dans le monde entier).

Nous n'en avons vu qu'une petite partie, mais nous avons déjà une idée assez arrêtée de Naples : ce n'est vraiment pas une belle ville. La plupart des bâtiments sont délabrés et la plus petite tentative de travaux transforme tout un quartier en cirque romain. Les rues sont sales et une poubelle sur deux déborde sur le trottoir. Il n'y a aucune logique dans l'architecture, et on tombe ainsi régulièrement nez à nez avec des églises là où on s'y attend le moins (coincées entre deux immeubles couverts de fils à linge, la plupart du temps). Sans parler des conducteurs suicidaires, des familles entières juchées sur un seul scooter et du bruit permanent. Mais comme je l'ai dit en introduction, ce n'est pas tant la ville que ses environs qui nous intéressent, et dès demain, nous devrions commencer à voir de très belles choses.

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