dimanche 6 mars 2016

Budapest, jour 3 - Lipotvaros et Varosliget

La journée commence comme hier, par un petit-déjeuner gargantuesque qui tient plus du brunch et qui doit nous permettre de tenir la journée. Parce que le buffet ne suffit pas à Benjamin (et aussi sans doute parce que le garçon est taquin et a très envie de tester la réactivité de l'hôtel 5 étoiles), la conversation suivante a lieu avec un serveur :

Benji : "Vous auriez des pancakes ? Pas les grosses crêpes plates, hein, les petites crêpes épaisses."
Serveur : "Il n'y en a pas dans le buffet, monsieur, mais on va se débrouiller."
Benji : *sourire du chat de Cheshire*

10 minutes plus tard, les pancakes arrivent. Avec une assiette pour moi, pour faire bonne mesure. A l'heure où j'attaque ce blog, il est 18h et il commence tout juste à faire faim...



Les kilomètres de marche d'hier nous ont suffi pour le mois, merci bien, et le trajet de ce matin se fera donc en métro. Ça tombe bien, la ligne 2, qui conduit droit au Parlement, passe à deux pas de notre hôtel. Si le Parlement était impressionnant vu de l'autre côté du Danube, il est carrément écrasant de près. Avec ses façades néo-gothiques et son dôme, on dirait plus une cathédrale qu'un bâtiment officiel (il y a un vrai air de famille avec le Duomo de Florence), mais il s'agit bel et bien du lieu où siègent encore aujourd'hui les députés hongrois. La construction a été bouclée en 1902 et a été réalisée avec une main-d'oeuvre exclusivement hongroise et des matériaux disponibles pour 98 % dans le pays. Comme un peu partout à Budapest, le bâtiment a été en grande partie détruit pendant la guerre et reconstruit à l'identique dans les années qui ont suivi. En ce dimanche matin frisquet, la place sur laquelle se dresse le Parlement est d'un calme absolu, il n'y a que les tramways pour faire du bruit (et "ding ding", ce n'est pas vraiment du bruit).




Les choses se gâtent à l'intérieur, quand la guide censée assurer la visite de 11h en français accuse un retard de 45 minutes. Le lieu n'étant absolument pas en libre accès (c'est le lot des bâtiments officiels en activité), il faut patienter... Mais ça en valait la peine, car l'intérieur est plutôt en phase avec l'extérieur. Après un premier escalier modeste (ou aussi modeste que possible quand tout est couvert d'or) et des couloirs tendus de tapis rouges, on se retrouve face à l'escalier d'honneur, avec ses colonnes en marbre et ses vitraux qui brillent. Juste derrière, c'est la salle de la coupole, qui abrite les joyaux de la couronne et les deux plantons qui veillent dessus sans bouger un muscle (et après on s'étonne qu'au bout d'un an, les pauvres gars aient des problèmes de genoux). Les photos sont interdites dans cette salle, donc il faudra nous croire sur parole si on vous dit que la coupole est un bien bel endroit pour abriter une couronne qui a un millier d'années. Les statues des plus grands rois veillent dessus et ça rutile d'un bout à l'autre de la pièce. Avantage du retard de la visite, nous assistons à la relève de la garde, carrément digne d'un Ministry of Silly Walks.



Nous passons ensuite à la salle des séances, qui n'est plus utilisée dans cette aile du Parlement depuis que la Hongrie est passée à un système à une seule chambre, mais la salle où les députés siègent aujourd'hui est parfaitement identique. C'est là qu'on apprend qu'avant la Première Guerre mondiale, la Hongrie était en fait trois fois plus grande qu'aujourd'hui et comptait entre autres la Dalmatie et la Transylvanie, ce qui explique notre goûter à la cannelle d'hier... On apprend aussi que suite à un incendie, ces messieurs les députés se sont vu interdire de fumer dans la salle, et que c'est pour ça qu'on trouve des porte-cigares numérotés (un pour chaque parlementaire) dans tous les couloirs...

Après un passage par le petit musée qui raconte l'histoire de la construction du Parlement, nous allons découvrir la façade principale côté Danube, et nous en profitons pour faire un crochet par le mémorial dit "des chaussures". Il s'agit de 60 paires de chaussures en métal, qui commémorent l'assassinat par la milice hongroise de milliers de juifs pendant la dernière guerre. Les corps étaient ensuite jetés dans le Danube. Les bougies qui brûlent dans les chaussures sont très émouvantes, et en 2016, ce sont les gens qui prennent des selfies devant qu'on aimerait balancer dans le fleuve...




Nous poursuivons notre tour du quartier par la carrément massive et très intimidante basilique Saint-Etienne. Pour la minute culture (il en faut bien une par jour), en Hongrie, quand on parle de Saint-Etienne, on parle du roi canonisé, et non du martyr. Si l'extérieur est un chouia colossal, l'intérieur est finalement assez caractéristique des églises d'ici, ni plus ni moins. Qu'on ne se méprenne pas, c'est superbe, mais ce qui rend surtout la visite intéressante, c'est le concert de musique sacrée qui a lieu alors que nous déambulons dans les travées. La chorale est douée et l'acoustique incroyable, comme le fait remarquer Benjamin, ce qui rend la visite vraiment chaleureuse. Ma hanche ayant finalement décidé de tourner au service minimum, nous sacrifions à la tradition millénaire qui consiste à grimper au sommet d'un monument quelconque pour admirer le panorama. Cette fois, ce sera la tour de la basilique (96 m de haut, comme la coupole du Parlement ; un chiffre-clé pour les Hongrois, qui ont vraiment un truc avec leur conquête magyare de 896). Même s'il faut prendre l'ascenseur pour descendre parce que la hanche n'a pas apprécié les 302 marches...




Retour dans le métro et direction le quartier de Varosliget, que nous avons un peu commencé à découvrir vendredi. Nous avions été intrigués par un château d'inspiration gothique que Benjamin avait aussitôt baptisé "le château de Vlad", parce que le vrai nom du machin est imprononçable. Je parle de machin car le château de Vajdahunyad a été construit à l'occasion des fêtes du millénaire (1896, vous vous souvenez ?) pour représenter les différents styles architecturaux coexistant à l'époque en Hongrie. Dans un mouchoir de poche, on se retrouve donc avec du roman, du gothique, du Renaissance et du baroque. Le gloubiboulga de l'architecture, quoi. Très franchement, on a eu beau se triturer le cerveau, on ne sait toujours pas si le machin est atroce ou absolument génial. Ça ressemble au château d'un méchant de Disney, ou à un décor de parc d'attractions. Officiellement, ça abrite le musée de l'agriculture, mais c'est surtout une curiosité à décoller la rétine.




Pour finir la journée en beauté, nous allons faire infuser nos pieds fatigués dans l'eau à 38° des bains Széchenyi, l'un des plus grands complexes thermaux d'Europe. Pour ceux qui ont fait le Lagon Bleu en Islande, c'est pareil mais en plus grand, et sans la boue ! La Hongrie ayant connu l'occupation romaine ET ottomane, les bains sont devenus un art de vivre dans le pays, et il est impensable de séjourner à Budapest sans aller faire trempette quelques heures. Ce serait presque comme à la piscine, sauf que le cadre est très baroque et qu'il y a des dizaines de bassins entre 20 et 40° à tester. Par principe, nous les testons tous... sauf celui à 20°, vraiment trop froid, où seul Benjamin ose se plonger. Pas de surprise, le plus agréable est le bassin extérieur à 38°, où la tête peut rester au frais tandis que le corps se détend. Et il faut bien ça, car nous avons battu nos propres records de marche en trois jours !




Au menu de ce soir, goulash ! Finalement, ça ressemble comme deux gouttes d'eau à du bœuf bourguignon, mais avec beaucoup de sauce et beaucoup de paprika. Un mariage qui passe tout seul !

Vlad et Etienne sont dans une piscine...

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