mardi 26 mai 2015

Malte, jour 4 - Encore le centre, et un peu le nord

Nos visites d'aujourd'hui sont un peu plus éparpillées que celles d'hier (en même temps, ce n'est pas difficile...), mais la proximité des différentes villes où nous nous rendons fait que notre temps de route reste très limité. Nous commençons par la ville de Naxxar (vous vous rappelez comment se prononce le X en maltais ?), qui s'enorgueillit de posséder l'un des rares palais privés ouverts au public de toute l'île. Avant de le découvrir, nous faisons un arrêt à l'église de la Nativité de la Vierge, juste en face. On commence à connaître la chanson : comme toutes les églises que nous avons vues jusqu'à présent, la déco décolle la rétine et les peintures sont sublimes. Il faut croire que le cahier des charges est très précis pour les lieux de culte maltais...



Une fois revenus dans un monde plus sobre, nous traversons la rue pour nous rendre au Palazzo Parisio. Construit à l'origine pour le Grand Maître des Hospitaliers Manoel de Vilhena, il a été agrandi, embelli et em-blingblig-isé par une grande famille sicilienne, connue pour avoir ouvert la première banque privée de l'île. Autant dire qu'il y a des sous et que ça se voit : les dorures du salon de musique donneraient des vapeurs aux décorateurs des églises maltaises et la balustrade du grand escalier est taillée dans une seule pièce de marbre, qu'il a fallu racheter trois fois avant de pouvoir l'installer (la première fois, le bateau a coulé ; la deuxième fois, le marbre a cassé ; la troisième fois, il a fallu demander l'aide de l'armée pour la déplacer ; c'est dur d'être riche). Nous visitons le palais et les jardins, très jolis et reposants, au milieu des décorateurs qui préparent le site pour un mariage. Il semblerait que le palais soit très prisé pour ça, et on peut le comprendre...



Direction ensuite la ville de Mosta (qui nous donne un peu de fil à retordre en matière de stationnement) et sa célèbre Rotunda, alias la plus grande église de Malte et le quatrième plus grand dôme non soutenu du monde. La façade est sobrement inspirée du Panthéon de Rome, et à l'intérieur, sans toutefois parler de sobriété, on peut dire que la décoration est moins dense qu'ailleurs. Comme le fait remarquer Benjamin, l'absence de piliers fait qu'il est difficile de mettre des tentures partout ! Au-delà de la plaisanterie, il faut avouer que le dôme est très impressionnant et qu'on se pose quelques questions sur les lois de la physique : ça tient, vous êtes sûrs ? Et quand des bombes traversent le plafond, comment ça fait pour tenir le choc ?! Oui, parce qu'en 1942, une bombe allemande est tombée à travers la coupole alors que 300 personnes étaient réfugiées là en attendant que l'attaque passe. Lorsque la bombe n'a pas daigné exploser, on a crié au miracle, forcément. D'ailleurs, l'histoire fait tellement recette qu'une réplique de la bombe est exposée dans la sacristie !



Encore un saut de puce, et nous voici dans le petit village d'Attard, qui ne serait même pas sur la carte s'il ne s'agissait de la résidence officielle du président de la République (de LA présidente, en l'occurrence, depuis l'an dernier). Et d'ailleurs, c'est chez elle que nous allons déjeuner. Si si, je vous jure : une partie des jardins de la résidence présidentielle a été transformée en potager/jardin d'herbes aromatiques/aire de jeux pour les enfants, et une cafétéria propose des plats préparés à base des légumes cultivés sur place. Bon, le saumon de ma salade et le bœuf du hamburger de Benjamin ne viennent sans doute pas du jardin, mais pour l'accompagnement, c'est du 100 % local !

En face du potager, en traversant la rue, se trouve le palais San Anton à proprement parler, avec ses très jolis jardins. C'était à l'origine la demeure d'un autre Grand Maître, qui le légua à l'Ordre. Les jardins sont une oasis de douceur colorée au milieu d'un pays très, très aride. Il y a des fleurs de toutes les couleurs, des fontaines, des cygnes et des bébés canards tellement mignons que tous les touristes les mitraillent, un labyrinthe, des volières et un paon qui se balade. Ça sent bon son Empire britannique en Méditerranée et nous sommes particulièrement contents d'avoir fait le détour pour découvrir cette bulle de calme.



Dernière étape du jour : la petite ville (voire le village) de Mgarr et son « église de l'œuf », qui doit son nom non seulement à sa forme, mais aussi au fait qu'elle a été financée par les producteurs d'œufs du coin. Manque de chance, l'église n'ouvre qu'à 15h, ce qui nous laisse une petite heure à tuer. C'est l'occasion idéale de découvrir la baie de Gnejna, avec ses gros rochers presque plats qui font office de plage. On regrette environ deux minutes d'avoir laissé les maillots à l'hôtel (nous pensions rester dans les terres, aujourd'hui), mais au final, l'eau est presque aussi froide qu'à St Peter's Pool et une trempette de pieds suffira largement. Un petit chemin dans un paysage très rocailleux et très aride nous mène à une jolie crique presque vierge de baigneurs. Les falaises qui l'entourent sont tellement curieuses qu'on se demande s'il ne s'agit pas d'anciennes carrières...



Retour à Mgarr après cet intermède pour visiter cette fameuse église de l'œuf, à l'architecture si particulière (sa coupole comporte un drôle de mamelon). A l'intérieur, c'est la sidération totale : on est passé sans crier gare du baroque qui fait mal aux yeux à la quasi-austérité ! Les murs sont blancs, il y a peu de peintures, et en dehors des encensoirs, il n'y a presque pas de métal précieux qui scintille. Pour couronner le tout, un groupe de personnes récite un Ave Maria en boucle sur un ton aussi varié que des moines bouddhistes pendant les sutras. Nous qui voulions un peu plus de sobriété, nous sommes servis... un peu trop, même ! Jamais contents !



Pour chasser toute la chaleur accumulée au cours de la journée, nous allons nous plonger dans la piscine de l'hôtel et siroter le rosé qui nous reste de notre dîner d'hier. Puisqu'il paraît que c'est mon anniversaire (même si je n'ai aucune idée de comment nous sommes déjà arrivés fin mai), nous allons dîner dans un restaurant sympathique à La Valette. Au menu, du « lapin bourguignon » pour Benjamin et un risotto crevettes et champignons pour moi. On a connu pire cadre pour fêter ses 30-1 ans !

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