Nos visites d'aujourd'hui
sont un peu plus éparpillées que celles d'hier (en même temps, ce
n'est pas difficile...), mais la proximité des différentes villes
où nous nous rendons fait que notre temps de route reste très
limité. Nous commençons par la ville de Naxxar (vous vous rappelez
comment se prononce le X en maltais ?), qui s'enorgueillit de
posséder l'un des rares palais privés ouverts au public de toute
l'île. Avant de le découvrir, nous faisons un arrêt à l'église
de la Nativité de la Vierge, juste en face. On commence à connaître
la chanson : comme toutes les églises que nous avons vues
jusqu'à présent, la déco décolle la rétine et les peintures sont
sublimes. Il faut croire que le cahier des charges est très précis
pour les lieux de culte maltais...
Une fois revenus dans un
monde plus sobre, nous traversons la rue pour nous rendre au Palazzo
Parisio. Construit à l'origine pour le Grand Maître des
Hospitaliers Manoel de Vilhena, il a été agrandi, embelli et
em-blingblig-isé par une grande famille sicilienne, connue pour
avoir ouvert la première banque privée de l'île. Autant dire qu'il
y a des sous et que ça se voit : les dorures du salon de
musique donneraient des vapeurs aux décorateurs des églises
maltaises et la balustrade du grand escalier est taillée dans une
seule pièce de marbre, qu'il a fallu racheter trois fois avant de
pouvoir l'installer (la première fois, le bateau a coulé ; la
deuxième fois, le marbre a cassé ; la troisième fois, il a
fallu demander l'aide de l'armée pour la déplacer ; c'est dur
d'être riche). Nous visitons le palais et les jardins, très jolis
et reposants, au milieu des décorateurs qui préparent le site pour
un mariage. Il semblerait que le palais soit très prisé pour ça,
et on peut le comprendre...
Direction ensuite la
ville de Mosta (qui nous donne un peu de fil à retordre en matière
de stationnement) et sa célèbre Rotunda, alias la plus grande
église de Malte et le quatrième plus grand dôme non soutenu du
monde. La façade est sobrement inspirée du Panthéon de Rome, et à
l'intérieur, sans toutefois parler de sobriété, on peut dire que
la décoration est moins dense qu'ailleurs. Comme le fait remarquer
Benjamin, l'absence de piliers fait qu'il est difficile de mettre des
tentures partout ! Au-delà de la plaisanterie, il faut avouer
que le dôme est très impressionnant et qu'on se pose quelques
questions sur les lois de la physique : ça tient, vous êtes
sûrs ? Et quand des bombes traversent le plafond, comment ça
fait pour tenir le choc ?! Oui, parce qu'en 1942, une bombe
allemande est tombée à travers la coupole alors que 300 personnes
étaient réfugiées là en attendant que l'attaque passe. Lorsque la
bombe n'a pas daigné exploser, on a crié au miracle, forcément.
D'ailleurs, l'histoire fait tellement recette qu'une réplique de la
bombe est exposée dans la sacristie !
Encore un saut de puce,
et nous voici dans le petit village d'Attard, qui ne serait même pas
sur la carte s'il ne s'agissait de la résidence officielle du
président de la République (de LA présidente, en l'occurrence,
depuis l'an dernier). Et d'ailleurs, c'est chez elle que nous allons
déjeuner. Si si, je vous jure : une partie des jardins de la
résidence présidentielle a été transformée en potager/jardin
d'herbes aromatiques/aire de jeux pour les enfants, et une cafétéria
propose des plats préparés à base des légumes cultivés sur
place. Bon, le saumon de ma salade et le bœuf du hamburger de
Benjamin ne viennent sans doute pas du jardin, mais pour
l'accompagnement, c'est du 100 % local !
En face du potager, en
traversant la rue, se trouve le palais San Anton à proprement
parler, avec ses très jolis jardins. C'était à l'origine la
demeure d'un autre Grand Maître, qui le légua à l'Ordre. Les
jardins sont une oasis de douceur colorée au milieu d'un pays très,
très aride. Il y a des fleurs de toutes les couleurs, des fontaines,
des cygnes et des bébés canards tellement mignons que tous les
touristes les mitraillent, un labyrinthe, des volières et un paon
qui se balade. Ça sent bon son Empire britannique en Méditerranée
et nous sommes particulièrement contents d'avoir fait le détour
pour découvrir cette bulle de calme.
Dernière étape du
jour : la petite ville (voire le village) de Mgarr et son
« église de l'œuf », qui doit son nom non seulement à
sa forme, mais aussi au fait qu'elle a été financée par les
producteurs d'œufs du coin. Manque de chance, l'église n'ouvre qu'à
15h, ce qui nous laisse une petite heure à tuer. C'est l'occasion
idéale de découvrir la baie de Gnejna, avec ses gros rochers
presque plats qui font office de plage. On regrette environ deux
minutes d'avoir laissé les maillots à l'hôtel (nous pensions
rester dans les terres, aujourd'hui), mais au final, l'eau est
presque aussi froide qu'à St Peter's Pool et une trempette de pieds
suffira largement. Un petit chemin dans un paysage très rocailleux
et très aride nous mène à une jolie crique presque vierge de
baigneurs. Les falaises qui l'entourent sont tellement curieuses
qu'on se demande s'il ne s'agit pas d'anciennes carrières...
Retour à Mgarr après
cet intermède pour visiter cette fameuse église de l'œuf, à
l'architecture si particulière (sa coupole comporte un drôle de
mamelon). A l'intérieur, c'est la sidération totale : on est
passé sans crier gare du baroque qui fait mal aux yeux à la
quasi-austérité ! Les murs sont blancs, il y a peu de
peintures, et en dehors des encensoirs, il n'y a presque pas de métal
précieux qui scintille. Pour couronner le tout, un groupe de
personnes récite un Ave Maria en boucle sur un ton aussi varié que
des moines bouddhistes pendant les sutras. Nous qui voulions un peu
plus de sobriété, nous sommes servis... un peu trop, même !
Jamais contents !
Pour chasser toute la
chaleur accumulée au cours de la journée, nous allons nous plonger
dans la piscine de l'hôtel et siroter le rosé qui nous reste de
notre dîner d'hier. Puisqu'il paraît que c'est mon anniversaire
(même si je n'ai aucune idée de comment nous sommes déjà arrivés fin
mai), nous allons dîner dans un restaurant sympathique à La
Valette. Au menu, du « lapin bourguignon » pour Benjamin
et un risotto crevettes et champignons pour moi. On a connu pire
cadre pour fêter ses 30-1 ans !
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