Ce matin, nous quittons
notre B&B après avoir enfin pris quelques photos pour attaquer
les choses sérieuses : les villes jumelles de Mdina et Rabat.
Point culture : pour les Grecs et les Romains, ces deux villes
n'en formaient qu'une, appelée Melita, « la ville du miel ».
Quand les Arabes se sont installés à Malte, ils ont coupé la ville
en deux et se sont concentrés sur la partie fortifiée. Mdina est
donc devenue la partie protégée par les remparts (al-Medina, en
arabe, veut dire tout simplement « la ville »), tandis
que Rabat désigne... le reste. S'ensuivent des changements de
propriétaire permanents, puis finalement, après le grand siège de
1565, les chevaliers de Saint-Jean lâchent tout et vont construire
une nouvelle capitale, à laquelle il vont donner le nom du héros du
siège, La Valette. Aujourd'hui, le touriste doit garer sa voiture à
Rabat avant d'aller jouer au chevalier à Mdina.
La porte de Mdina
Oui, parce que les
déplacements en voiture à Mdina sont limités à certaines rues
suffisamment larges. Pour le reste, on ne peut compter que sur ses
pieds ou sur des calèches : les ruelles sont extrêmement
étroites et aucune ne court en ligne droite, ce qui permet de se
protéger du soleil en été, du vent en hiver, et des flèches
ennemies toute l'année. L'architecture mélange influences arabes,
napolitaines et normandes, ce qui peut paraître incompatible mais se
marie en fait très bien.
Nous nous arrêtons en
premier lieu au musée de la cathédrale St Paul (dont vous n'aurez
pas de photos pour une bête cause d'interdiction), situé dans
l'ancien séminaire. On y découvre une belle série de gravures sur
bois d'Albrecht Dürer, beaucoup d'objets en argent, parmi lesquels
une série de statues des apôtres que ces imbéciles de Français
avaient pensé fondre pour payer les soldats de Napoléon, et une
grande collection de pièces de monnaie, qui rappelle que Malte a été
à tout le monde, des Byzantins aux Anglais en passant par les
Phéniciens et les Français, avant de revenir aux Maltais il y a
tout juste 50 ans.
Juste en face se trouve
donc la cathédrale St Paul, celui-ci ayant censément évangélisé
Malte depuis une grotte (on en reparle plus loin). C'est l'édifice
religieux le plus important de l'île, le symbole qu'on retrouve sur
la moitié des cartes postales. L'intérieur est aussi chargé que ce
que nous avons pu voir hier, avec quantité de dorures et de tentures
rouges. Pendant la visite, on frôle le torticolis à tout moment car
les dalles en marbre dédiées aux différents « monseigneurs »
valent autant la peine que le plafond peint.
Après une exploration
assez exhaustive des petites ruelles, qui nous permet entre autres de
découvrir l'église attenante au prieuré des Carmélites, nous nous
arrêtons pour déjeuner dans un café avec vue sur une bonne partie
de l'île, puis nous sortons de Mdina par la porte des Grecs pour
aller explorer Rabat. A un jet de pierre des fortifications se trouve
la Domus Romana, que même les non latinistes auront traduit par
« maison romaine ». Cachée sous un cimetière arabe
(melting-pot jusqu'au bout), elle constitue l'édifice romain le plus
important jamais découvert à Malte. Quand on a visité Pompéi et
Herculanum, ça paraît un peu léger, mais la visite vaut surtout
pour la superbe mosaïque, quasiment intacte, représentant deux
colombes. On se demande vraiment comment celle-ci a si bien survécu
alors que tout le reste de la domus est dans un vilain état...
Nous nous rendons ensuite
aux catacombes de St Paul, une nécropole chrétienne et païenne
d'environ 2 000 m². Heureusement, on ne visite pas tout, mais
les quelques galeries accessibles donnent un bon exemple des rites
funéraires de pas-si-longtemps-que-ça après Jésus-Christ. Le plus
souvent, on mettait une famille entière dans une même sépulture
(toujours avec un repose-tête, s(il vous plaît, des fois qu'on
attraperait un torticolis dans l'au-delà) et on refermait le tout.
C'est étroit, bas de plafond et un peu oppressant après vingt
minutes passées dedans, mais après tout, ce n'est pas exactement
pensé pour les vivants.
Pierre tombale gravée
avec des outils de médecin
Dernière étape du jour,
le Wignacourt College Museum, qui réunit plusieurs sites en un. On
commence par la fameuse grotte de St Paul, où l'apôtre se serait
installé après le naufrage du bateau qui le conduisait à Rome. Pas
très confortable et bas de plafond, là aussi, mais il y avait sans
doute moins de B&B à l'époque... Au niveau du dessous, on
découvre les abris construits pendant la Seconde Guerre mondiale
pour que les habitants viennent se protéger des bombes. En avril
1942, près de 300 alertes ont été recensées. Les Maltais avaient
fini par apporter des matelas pour espérer dormir un peu pendant les
bombardements (véridiques). Le reste du bâtiment est occupé par le
musée à proprement parler, qui rassemble une collection un peu
hétéroclite, allant des portraits des héros de l'ordre des
Hospitaliers aux chaussons de l'ancien inquisiteur de Malte devenu
pape, en passant par la limousine du dernier archevêque de l'île.
C'est un vaste bazar, mais finalement, c'est peut-être mieux qu'une
collection très organisée quand on est très fatigué par une
grosse journée de marche.
Le Wignacourt College
Museum
Pour la fin de
l'après-midi, direction notre hôtel pour le reste de la semaine.
Rien de tel qu'un petit séjour dans la piscine couverte (et
chauffée) pour se détendre un peu avant d'aller écrire le journal
de bord !
Par ici les photos !
Par ici les photos !
Je pense qu'on avait mangé au même resto que vous, un soir, avec vue sur l'île et une magnifique lune. ;-)
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