Pour notre dernière étape, nous partons ce matin pour les "faubourgs" de La Valette, communément appelés les Trois Cités (même si nous n'allons en voir que deux). En gros, si vous regardez les photos d'hier prises depuis les Barraca Gardens, nous sommes aujourd'hui de l'autre côté du port.
Nous commençons par la plus grande des Trois Cités, et aussi la plus chargée historiquement : Vittoriosa. C'est ici, alors que le coin ne s'appelait encore que Birgù, que les chevaliers (toujours eux) se sont établis à leur arrivée à Malte en 1530, et ici qu'ils sont restés jusqu'à la fondation de La Valette après le Grand Siège. Du coup, les souvenirs de leur passage sont nombreux et carrément imposants. Il y a d'abord le fort St Ange, qui joua un rôle important pendant le Siège mais qui est actuellement en travaux pour une ouverture au public à la fin de l'année. Il y a ensuite, concentrées dans quelques rues au centre de la ville, les auberges des chevaliers. Pour les repérer, ce n'est pas compliqué : plus le bâtiment est massif et carré, plus il a de chances d'avoir servi de caserne-couvent. Et puis surtout, il y a des plaques dessus... avec les noms en français. Allez comprendre.
A quelques pas des auberges, on trouve le Palais de l'Inquisiteur. Le bâtiment abrita d'abord le tribunal des chevaliers avant de devenir le siège de l'Inquisition romaine à Malte. Il a fallu attendre l'arrivée de Napoléon sur l'île pour que l'institution soit démantelée (comme quoi, l'invasion française aura au moins servi à quelque chose). La visite aura eu le mérite de nous apprendre quelque chose : l'Inquisition romaine n'a rien à voir avec l'Inquisition espagnole. Ici, le nombre de gens torturés en deux siècles et demi se compte sur les doigts des deux mains, et les condamnations à mort ont été encore moins nombreuses. Les accusés avaient droit à des avocats, la santé et l'hygiène des prisonniers étaient très importantes et l'Inquisiteur cherchait avant tout à vérifier la véracité des accusations. On est très loin de la boucherie espagnole et du bûcher quasi-automatique. A Malte, même les soi-disant "sorcières" s'en sortaient avec une simple obligation de se confesser toutes les semaines pendant cinq ans. Comme quoi, la religion catholique peut encore nous surprendre.
La salle du tribunal
Au niveau du bâtiment lui-même, on peut découvrir les cellules des prisonniers et leur système de sanitaires (si si), la salle du tribunal, les appartements de l'Inquisiteur (deux d'entre eux ont tout de même fini pape) et une riquiquite salle de torture. Le plus intéressant reste quand même les panneaux explicatifs qui reproduisent des lettres de dénonciation, les différentes punitions infligées aux coupables (du régime pain sec et eau pendant quelques jours aux années de galères) et les cas célèbres, comme celui qui impliqua le Caravage. L'Inquisition version soft, quoi. Pour la version gore, il faudra changer de pays.
Après ce petit tour de Vittoriosa, et parce que nous avons pas mal de temps devant nous avant une certaine visite programmée à 14h, nous revenons sur nos pas (ou plutôt sur nos traces de pneus) pour nous arrêter à Senglea, deuxième des Trois Cités. La ville ayant été pratiquement rasée pendant la Seconde Guerre mondiale, il n'y a pas grand-chose à y voir, mais le jardin de Safe Haven, tout au bout du bout de la pointe nord, offre une très belle vue sur La Valette, le fort St Elme et le fort St Ange. Les yachts et voiliers de luxe amarrés dans le port forment un drôle de contraste avec les vieilles pierres !
Direction ensuite le fort Rinella, tout près de Vittoriosa. Oubliez les histoires de chevalerie, ce fort-ci a été construit par les Britanniques en 1878 pour protéger Malte de la flotte italienne. Il abrite le plus gros canon à chargement par la bouche de l'Histoire, un monstre de 100 tonnes capable de tirer à une distance de 8 miles. Notre guide touristique nous conseille d'y aller à partir de 14h, et il y a de bonnes raisons pour ça.
Partiellement détruit pendant la guerre, le fort est maintenant aux mains d'une association de passionnés qui rêvent de tout reconstruire et, accessoirement, de rétablir le système hydraulique de leur énorme canon tel qu'il était au 19è siècle. Pour réaliser ce projet un peu dingue, il faut des sous ; pour avoir des sous, il faut attirer le visiteur ; et pour attirer le visiteur, rien de tel que des volontaires en costume historique pour vous expliquer comment marchait le fort sous la férule des Britanniques.
Dès notre arrivée, nous avons droit à une présentation des différentes armes blanches utilisées sur les champs de bataille (nous n'utiliserons plus jamais le mot "épée" de façon abusive, promis !), ainsi qu'à une démonstration de combat au sabre. Pour se faire sa propre idée, on a le droit de toucher et de faire joujou avec les armes tant qu'on n'embroche pas quelqu'un, et les volontaires ultra motivés sont là pour répondre à toutes les questions. Après la pause déjeuner de tout le monde, y compris des acteurs, c'est parti pour le début de la visite "officielle". Pendant deux heures, nous avons droit à des démonstrations de drill militaire, à des exercices de cavalerie (les chevaux sont des poneys de polo à la retraite, et l'un d'entre eux à tourné dans Gladiator !) et à des tirs au fusil et au canon (pas le très très gros, celui-ci ne sert qu'une fois l'an).
La meilleure solution pour faire entrer de l'argent dans les caisses est de proposer aux visiteurs de participer à tous ces jeux de guerre moyennant un petit supplément... et nous n'avons pas su résister. Fusil Martini-Henry authentiquement victorien pour moi, canon naval de 24 livres pour Benjamin. Pour les amoureux des chevaux, il y a même la possibilité de les parrainer. C'est un véritable parc d'attractions pour grands enfants et l'enthousiasme des volontaires (qui sont à la fois soldats d'infanterie, servants d'artillerie, cavaliers, grooms, caissiers, cuisiniers et guides touristiques) est carrément contagieux. On leur souhaite vraiment de réussir dans leur projet !
Dernières photos du séjour !
Et les vidéos qui vont avec : Benjamin et son canon d'un côté, Tiphaine et son fusil de l'autre.
Et les vidéos qui vont avec : Benjamin et son canon d'un côté, Tiphaine et son fusil de l'autre.
Notre voyage en terre de chevaliers touche à sa fin. Pour le coup, nous avons été beaucoup plus dépaysés que prévu : Malte est un vrai carrefour des civilisations et les différentes influences se font encore bien sentir aujourd'hui. En plus, c'est un pays où les chats sont rois. Ouverture, melting-pot et amour des félins : que demander de plus ?
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