samedi 31 décembre 2016

Nouvel An au cercle polaire, jour 2 - Ski de fond et bonne année !

Ouf, personne n'a été pris d'une envie de pipi en pleine nuit... Bien au chaud dans le dortoir du chalet, nous avons dormi d'une traite et rattrapé les 4h de sommeil de la veille. Après le petit-déjeuner commun autour de la grande table, nous remontons en selle pour rentrer à l'hôtel. Le soleil commence tout juste à se lever (feignasse) et nous pouvons donc profiter un peu plus du paysage qu'hier après-midi. Le trajet est un peu différent, un peu plus court, et surtout un peu plus froid : on perd vite son nez et ses phalanges à 60 km/h sur un lac gelé ! Voyant que certaines personnes maîtrisent mieux leur motoneige que d'autres, notre guide, Juha, emmène une partie du groupe sur un chemin un peu plus corsé pendant que les plus prudents retournent à l'hôtel par la piste classique. Les virages sont moins larges, plus difficiles à prendre, et plusieurs motoneiges (dont la nôtre) finissent couchées sur le bord du chemin. L'avantage du bon mètre de neige qui recouvre tout, c'est qu'on ne risque pas de se faire mal en tombant !



Deux petites heures de détente, déjeuner, puis nous voilà à nouveau couverts de pied en cap pour une petite balade en ski de fond autour de l'hôtel. C'est l'occasion de découvrir la nature lapone à un rythme un peu plus détendu qu'en motoneige, et de s'émerveiller sur la quantité phénoménale de neige que les branches et les fils électriques peuvent amasser avant de s'effondrer. En dehors de la piste, tout est d'un blanc immaculé et complètement silencieux. Laisser le gros de la troupe s'essouffler devant et traîner un peu est le meilleur moyen d'en profiter en toute tranquillité... même si ça ne facilite pas le trajet et qu'il faut toujours méchamment forcer sur les bras pour avancer. Il fait -15 (on a vérifié avant de partir) et pourtant, nous sommes en nage quand nous rentrons à l'hôtel.



On ne dirait pas, comme ça, mais le froid et l'exercice sapent sacrément les forces. Plutôt que de nous rendre au spa et au sauna cet après-midi, nous optons donc pour l'atelier sieste, car il faut bien tenir au moins jusqu'à minuit ce soir. En tout début de soirée, nous avons droit à un spectacle de magie au pub de l'hôtel, qui passe encore mieux avec un verre de cidre local. On a beau avoir le magicien pratiquement sous le nez, impossible de découvrir les trucs que cachent ses tours. La magie, c'est agaçant...

A 20h30, tout le monde au restaurant pour un dîner de circonstance. Ici, foin de chapon ou de Saint-Jacques à la bretonne ; les Finlandais fêtent Noël au jambon à l'os et le Nouvel An à l'entrecôte d'élan, de la viande rouge à mi-chemin entre le rosbif et la langue de bœuf (ça a l'air étrange, présenté comme ça, mais ça se mange). Ajoutez à cela du saumon littéralement pêché dans le lac à 200 mètres, de la tarte aux bleuets et un apéritif à base de vodka, de Sprite et de de jus d'airelles, et vous obtenez un repas aussi local que possible.



A 22h, nous rejoignons le deuxième restaurant de l'hôtel, au bord du lac, pour une cérémonie un peu particulière qui consiste à faire fondre un fer à cheval en plomb sur un feu de bois, puis à jeter le plomb fondu dans un seau d'eau glacé. Les formes forcément bizarres qui en résultent sont utilisées pour prédire l'avenir. Bon, étant donné que Juha nous prédit un mariage à Las Vegas dans l'année, on se méfie un peu, mais le concept est rigolo et suffit à satisfaire les instincts de pyromane scientifique de Benjamin.

La cérémonie est interrompue par l'annonce d'une aurore boréale en formation au-dessus du lac. Ni une ni deux, tout le monde zippe la combinaison et se rue dehors pour le plus beau cadeau dont on pouvait rêver pour couronner les célébrations du Nouvel An : une aurore magnifique, comme sur les photos, qui oscille, change de forme et à certains endroits de couleur. Il paraît que c'est rare pour un 31 décembre, et nous sommes d'autant plus ravis que cette première aurore sera suivie d'une autre, tout aussi spectaculaire. Pour en profiter, l'idéal est encore de s'allonger dans la neige qui recouvre le lac tout en dissertant sur les merveilles dont est capable Mère Nature. On ne pouvait pas rêver mieux pour dire adieu à 2016 !


On a fait ce qu'on a pu avec l'appareil photo


Après une petite séance de chants digne d'un après-midi sur Nostalgie, l'ensemble des résidents de l'hôtel se rend à nouveau sur le lac pour le compte à rebours. A minuit pétante, un feu d'artifice est tiré à l'ancienne (c'est-à-dire à la main, et non à distance) depuis le milieu du lac, et on s'extasie sur la belle bleue et la belle rouge qui explosent au milieu de la troisième aurore de la soirée. Franchement, avec la coupe de champagne qui va bien pour arroser le tout, on ne voit pas trop quoi réclamer d'autre.

Nous sommes désormais officiellement en 2017, et pour nous, l'année commence de façon mémorable. Meilleurs vœux à tous !

Quelques photos en rab.

vendredi 30 décembre 2016

Nouvel An au cercle polaire, jour 1 - Chalet de Vuontis

A l'aventure, compagnons ! Pour notre dernier voyage de 2016 (et le premier de 2017, accessoirement), nous avons décidé d'aller passer le Nouvel An au pays du Père Noël, histoire d'être vraiment dans l'ambiance hivernale. Et d'aventure il est bien question dès notre lever, puisque nous sommes convoqués à Orly à 6h du matin, ce qui implique de se lever à 4h, après une nuit qui n'en était même pas une, et de gagner l'aéroport dans une purée de pois qui rend le trajet franchement pas rassurant. Mais on est en vacances, alors on ne va pas commencer à se plaindre.

Le vol pour Kittilä affrété spécialement par le tour opérateur (Vivatours, pour ne pas le citer) commence de la façon la plus classique qui soit, mais environ une heure avant l'atterrissage, le commandant de bord nous informe qu'une toute petite tempête de neige de rien du tout est en cours et que l'aéroport est totalement inaccessible. Rovaniemi étant à peu près dans le même état, nous sommes déroutés vers l'aéroport d'Oulu, où la météo est plus clémente et où l'avion peut au moins freiner sans risquer le hors-piste. Il faut voir le côté positif des choses : la Laponie connaît de plus en plus d'hivers verts et nous avions peur que la neige ne soit pas au rendez-vous, mais nous n'avons apparemment pas à nous inquiéter !



Comme nous n'étions pas attendus à Oulu, aucune salle n'est disponible dans l'aéroport pour les naufragés du ciel et nous devons par conséquent patienter dans l'avion. On aurait bien appelé le Père Noël pour se faire rapatrier à Kittilä en traîneau, mais il aurait fallu faire plusieurs voyages pour transporter tout le monde ; après son marathon de dimancher dernier, il ne faut pas trop lui en demander, au pauvre vieux barbu.

L'attente n'est finalement pas très longue et nous pouvons repartir au bout d'un peu plus d'une demi-heure. Nous arrivons à Kittilä avec environ deux heures de retard sur le programme, sur le coup de 15h... soit au crépuscule. Ici, à cette période l'année, le soleil fait le minimum syndical et ne pointe à l'horizon (pas plus) qu'entre 10h et 15h. Dans le bus qui nous conduit à l'hôtel Jeris, la représentante Vivatours égrène quelques chiffres rigolos : nous sommes à 200 km au nord du cercle polaire (ça fait haut), à 6 km de la Suède et à 60 km de la Norvège. Etant donné qu'on ne compte que 0,7 habitant au km², on est plus susceptible de croiser des rennes que des humains...

Après 45 minutes de route, nous arrivons à l'hôtel Jeris, sur les bords du lac du même nom. Une fois les valises posées dans les chambres, nous allons récupérer de quoi survivre pendant quatre jours au climat lapon : une grosse combinaison, une cagoule, des moufles, des moonboots et les chaussettes qui vont avec. Ce ne sera pas de trop pour le véritable safari qui nous attend : ce soir, nous dormons au chalet de Vuontis, un endroit complètement coupé du monde, en pleine nature, à 5 km de la route la plus proche. Et sans route, le seul mode d'accès, c'est... la motoneige !



La route, en Laponie, c'est pour les faibles. En hiver, les habitants du coin circulent TOUS à motoneige, ce qui leur permet de couper à travers les lacs gelés (il y a 167 500 lacs en Finlande, alors faire le tour à chaque fois, ça devient long) et les forêts enneigées. Quelques minutes d'explications pour apprendre à piloter l'engin, et c'est parti pour 30 km de trek, avec Benjamin au volant et bibi en passager. Il faut impérativement le permis pour conduire une motoneige, et un comprend assez vite pourquoi : ça a l'air d'un jeu, mais ce n'est finalement pas si simple ! Surtout quand il faut traverser trois lacs et que la météo un peu trop clémente (il fait -10 quand il devrait faire -30) a permis à la glace de dégeler légèrement. Dans ces moments-là, il faut ignorer l'instinct d'auto-conservation qui pousse à freiner à mort et, au contraire, accélérer pour ne pas rester coincé. C'est sportif !



Tout le monde n'ayant pas le coup de main de Benjamin avec la motoneige, l'arrivée à Vuontis se fait après environ 1h15 de trajet. Dépaysement et émerveillement garanti : l'endroit a tout juste l'électricité, pas d'eau courante, une bonbonne d'eau pour le lavage des dents et des mains, et des toilettes sèches à 150 mètres du chalet lui-même (rude pour les envies pipi nocturnes). L'avantage, c'est que nous sommes loin de la pollution lumineuse et que les aurores boréales sont pratiquement garanties. Après la visite des lieux, pendant que d'autres se rendent au sauna, nous nous équipons de lampes frontales et partons avec une poignée d'autres personnes pour une marche jusqu'à un petit pont où, selon notre guide finlandais parfaitement francophone, on peut voir des loutres (prononcez le mot "loutre" à Benjamin et il devient prêt à tout). Finalement, pas de bébêtes à fourrure à l'horizon, mais la randonnée à la lumière des lampes frontales avec de la neige jusqu'aux genoux met forcément dans l'ambiance !



Marcher, ça creuse. Et ça tombe bien, car le temps de rentrer au chalet, il est l'heure du dîner. Pour continuer dans l'authentique, ce soir, c'est saumon cuit au feu de bois dans un kota traditionnel, une grande cabane en bois au centre de laquelle brûle un grand feu. Sans doute le meilleur saumon que nous ayons jamais mangé ! Une fois le dessert expédié (pas sûre que la framboise soit de saison, surtout dans le coin), tout le monde se réunit autour du feu pour écouter le "shaman" local raconter la légende des géants lapons et nous baptiser tour à tour à coups de charbon et de pattes de lapin et de coq de bruyère. Ce n'est pas tous les jours qu'on franchit le cercle polaire et il faut bien marquer le coup !



On ne nous a pas menti, l'absence de lumière et le ciel dégagé sont de très bonnes conditions pour voir des aurores boréales. Pour finir la soirée en beauté, nous nous rendons donc sur le lac pour découvrir le "feu des géants". Ce n'est pas aussi spectaculaire que les photos souvent trafiquées de Google Images, mais on voit tout de même le ciel s'éclairer et les colonnes de lumière blanche se déplacer, et rien que ça, c'est impressionnant. Nous n'avons même pas tenté les photos, ce genre de spectacle s'apprécie en direct, sans mettre un écran entre soi et la nature. Finalement, entre la neige, le froid et les aurores boréales, la check-list du voyage est bouclée en une seule journée ! (Bon, sauf les loutres...)

Le temps de quitter notre équipement grand froid, il est largement temps d'aller se coucher. Malgré le retard de l'avion, la journée a été bien remplie et il faut reprendre des forces pour affronter le froid et le retour en motoneige de matin.

Des photos forcément sombres...