samedi 28 avril 2018

Châteaux de la Loire, jour 6 (semaine 2) - Montpoupon et Chenonceau

Fin du circuit "châteaux" aujourd'hui avec deux demeures que l'on classe d'office dans la catégorie des incontournables, quoique pour des raisons très différentes. Nous commençons par le château de Montpoupon, une résidence privée posée directement au bord de la route, au milieu d'un paysage particulièrement bucolique. C'est simple, où que l'on regarde, on ne voit que des champs et des forêts, et le village le plus proche se trouve à 3 km. Points bonus pour le décor, donc. La bibliothèque et la chapelle situées dans la poterne annoncent la couleur : nous allons avoir droit à de belles reconstitutions !


Au 19è siècle, le château passe aux mains de la famille de la Motte Saint-Pierre et connaît son heure de gloire entre les années 1920 et 1930. Le capitaine de la Motte Saint-Pierre a eu la chance de rentrer chez lui après la Grande Guerre et a profité des Années Folles pour doter Montpoupon de tout le confort moderne. La visite sonorisée (les commentaires se déclenchent tout seuls quand on entre dans une pièce, magie de la technologie) nous fait donc découvrir un château résolument début XXè, avec son lot de costumes d'époque et de nécessaires de voyage dignes d'un roman d'Agatha Christie. Dans un autre genre, les pièces d'inspiration plus Renaissance sont elles aussi de petits bijoux de reconstitution. Franchement, on en redemande !


Et ça tombe plutôt bien, puisque la visite ne s'arrête pas là. Après un détour par les superbes cuisines, un petit circuit pédagogique de 1 km dans la forêt nous permet de réviser nos feuilles d'arbres. Et nous sommes sacrément mauvais, puisqu'à part l'érable palmé (trop facile à reconnaître pour cause de drapeau canadien), nous enregistrons un zéro pointé. C'est un peu mieux du côté des empreintes d'animaux, mais il reste tout de même du boulot !

Quand il n'y en a plus, il y en a encore : une fois de retour au château, la visite continue avec le musée de la vénerie, situé dans les communs. Montpoupon était autrefois un haut lieu de la chasse à la courre, et même si l'équipage du château n'existe plus, la tradition reste très ancrée. Même pour les fervents anti-chasse que nous sommes, la collection sidérante de redingotes, boutons de vénerie, photos, cartes postales et dessins amassée par la famille est extrêmement impressionnante. Comme si cela ne suffisait pas, on peut également découvrir des reconstitutions du logis du maître veneur, de celui du piquier, d'une sellerie traditionnelle ou d'un atelier de taxidermie, le tout au son des trompes de chasse. Le musée est d'une richesse incroyable et donne l'impression de ne jamais finir. Pour la petite blague, les toilettes sont installées au niveau des anciennes écuries et il suffit de lever les yeux pour voir les noms des chevaux toujours aux murs !


Moralité : encore un petit château qui joue dans la cour des grands. Ça devient une habitue et une fois de plus, on ne peut que conseiller le détour !

Pour bien boucler la phase "vieilles pierres" du séjour, nous passons à un très gros morceau : le château de Chenonceau. Nous avons appris pendant le séjour qu'il s'agissait du château le plus visité du Val de Loire, ce qui nous a surpris, mais ce que la taille du parking semble attester : non seulement il occupe bien la moitié du village de Chenonceaux (le château ne prend pas de x, mais le village, lui, en a bien un ; allez savoir pourquoi), mais en plus, il est quasiment plein. Nous sommes bien contents d'être venus en avril, parce qu'en été, l'endroit doit se transformer en usine.


Le nombre d'anecdotes historiques concernant Chenonceau pourrait remplir un bottin entier. Bâti à partir de 1515, il a vu se succéder les propriétaires (féminines) de renom, à commencer par Diane de Poitiers et Catherine de Médicis, respectivement favorite et régulière d'Henri II, qui se sont légèrement crêpé le chignon à son sujet (Catherine finit par le récupérer à la mort d'Henri, en échange du château de Chaumont, de valeur techniquement supérieure mais que Diane détestait). Seul château-pont au monde, il servit d'hôpital pendant la Première Guerre mondiale, et de plaque tournante de la Résistance pendant la Seconde : les Allemands ayant utilisé le Cher comme zone de démarcation, le château lui-même était en zone occupée, tandis qu'au bout du pont, on était en zone libre... Et accessoirement, c'est toujours une demeure privée. Ça, c'est sans doute la plus grande surprise !


A l'intérieur, on enchaîne trois niveaux de salles 100 % Renaissance aux plafonds sublimes (les solives apparentes au chiffre d'Henri II et Catherine de Médicis, ça fait toujours son petit effet), aux tapisseries monumentales, aux tableaux de maître... et aux compositions florales époustouflantes. Le château est apparemment connu pour ça et dispose d'un atelier et d'un "potager de fleurs" dédiés. Vu qu'il y en a dans toutes les pièces, qu'elles sont changées presque quotidiennement et qu'elles doivent s'adapter à la couleur de la pièce, à la saison et au thème en cours, c'est plus que justifié ! Même les compositions les plus "modernes" arrivent à se fondre dans le décor et on ne peut qu'être impressionné par le talent des jardiniers. Et comme on sait qu'au moins une lectrice de ce blog sera particulièrement intéressée, on les a toutes photographiées. L'album photos du jour est un brin dense...


Nous n'avons pas vu le soleil de la journée, mais les quelques gouttes qui menaçaient à notre arrivée ont disparu et nous pouvons profiter des très beaux jardins bien au sec. Le "problème" de Chenonceau, c'est qu'entre les jardins et le pont qui enjambe le Cher, on ne sait plus vraiment où donner de la tête ! Le château des Dames est assez unique en son genre d'un point de vue architectural, et on a envie de l'immortaliser sous toutes les coutures. Outre les deux jardins "principaux", Chenonceau compte également une ferme du 16è siècle peuplée d'oies à tête barrée (on ne connaissait pas, mais c'est une jolie espèce), un labyrinthe, des caryatides, un parc des ânes et le fameux "potager des fleurs" évoqué un peu plus tôt. Seule déception, les fleurs en question sont presque toutes mortes sur pied et le potager est un peu triste. Décidément, depuis ce matin, les châteaux sont comme le sac de Mary Poppins : on n'en voit pas la fin (au sens positif du terme, évidemment) ! En tout et pour tout, il nous aura fallu trois heures pour explorer tous les recoins de Chenonceau. Il faut bien ça pour le château le plus célèbre du Val de Loire.


Par ici pour un album bien rempli !

Cette semaine de vacances se termine ici. Nous avions prévu de la conclure de façon moins culturelle en nous rendant au zoo de Beauval ce dimanche, mais la météo est trop mauvaise et nous décidons de reporter la visite à un autre jour. Nous sommes un peu déçus, mais il aurait été encore plus décevant de subir la pluie toute la journée et de manquer la moitié des animaux (pas sûre que les lions soient très fans de toute cette mouille qui tombe du ciel). Ce n'est que partie remise !

Si les grands châteaux de la Loire sont incontournables, nous avons pu nous rendre compte cette semaine que ceux qui se cachent hors des sentiers battus valent parfois davantage le déplacement. On n'y parle peut-être moins de l'Histoire de France, mais les histoires de famille se révèlent tout aussi intéressantes et infiniment plus chaleureuses. Les châteaux à taille humaine nous séduisent plus encore que leurs homologues connus dans le monde entier et mériteraient qu'on leur accorde plus d'attention, ne serait-ce que pour récompenser les efforts que ces particuliers déploient pour entretenir leur chez-eux.

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