lundi 23 avril 2018

Châteaux de la Loire, jour 1 (semaine 2) - Villandry et Langeais

Moins d'un an après notre première semaine d'exploration des châteaux de la Loire, nous voici de retour dans la région. A l'origine, nous avions prévu de passer quelques jours à Copenhague, mais des événements indépendants de notre volonté nous ont fait opter pour plus près. Nous reprenons donc notre tournée des châteaux précisément là où nous l'avons laissée l'an dernier, du côté de Villandry, à environ 2h15 de route de notre propre commune avec royal cabanon.

Le thermostat a eu la décence de baisser un peu après les 30° complètement absurdes de ces derniers jours, et c'est sous un soleil moins ravageur que nous attaquons ces vacances dont nous avions désespérément besoin. Arrivés à 11h30, nous apprenons que la visite guidée suivante commencera à midi, ce qui, selon la madame des billets à l'entrée, nous "laisse le temps de visiter le potager". 30 minutes pour un potager ? Mais il est grand comment, votre potager ?!


Réponse : très grand. En fait, les jardins de Villandry sont moins des jardins qu'une oeuvre d'art, et le potager en est la pièce maîtresse. Racheté en 1906 par la famille qui le possède toujours aujourd'hui, les Cravallo, le château a été rénové en tout juste deux ans, mais faire renaître les jardins Renaissance en a pris plus de 15. Le propriétaire de l'époque est allé faire ses recherches dans des monastères bénédictins et en a ramené des plans de potagers monacaux d'une précision millimétrique. Résultat : un potager taillé au cordeau où pas une feuille de laitue ne dépasse et qui satisfait profondément mon obsession pour l'ordre et la symétrie. Sans parler du soin apporté à l'harmonie de couleurs. A raison de deux plantations par an (une au printemps, une en été) et d'une rotation triennale, les 10 jardiniers qui bossent à temps plein sur le site ne doivent pas se tourner les pouces. Un régal pour les yeux, à défaut de pouvoir tester dans l'assiette (les visiteurs peuvent se servir dans les surplus, mais les pauvres fruits et légumes risquent de passer une mauvaise semaine dans le coffre de notre voiture).



La madame des billets fut mauvaise langue (ou nous avons été rapides), car nous avons le temps de faire un petit tour dans le labyrinthe (un peu facile, avec ses trous dans les haies) et dans le jardin des simples avant de rejoindre la visite. Bon, c'est un peu moins spectaculaire et coloré que le potager, mais la symétrie est à peu près aussi satisfaisante ! Côté architecture, Villandry est l'un des tout derniers exemples de château Renaissance de la région (il date de 1536, le jeunot), mais à l'intérieur, l'ameublement est furieusement Louis XV. Seule une chambre de style très très Empire rappelle que Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie et frère de, a possédé le château pendant dix ans avant de devoir quitter la France en courant à la Restauration. La visite guidée est très intéressante, mais sans surprise, on en revient toujours aux jardins. A croire que le château n'est qu'un détail architectural au milieu de la verdure !


Cela dit, nous sommes plutôt d'accord, car entre la galerie de peintures de l'école espagnole (sombres, déprimantes et franchement glauques) et les formes douces aux couleurs vives du "jardin d'amour", nous avons fait notre choix. Les jardins d'agrément, la pièce d'eau centrale, le jardin du soleil et les 52 km de buis cumulés donnent envie de se poser sur un banc et de ne plus jamais en bouger... sauf pour prendre des photos jusqu'à saturation de la carte mémoire. Joachim Cravallo peut reposer en paix, son grand oeuvre est une franche réussite !

Changement total de décor à Langeais, à un petit quart d'heure de route : si Villandry est un château Renaissance tardive, Langeais est résolument médiéval et franchement écrasant. Les grands fenêtres et les fioritures, c'est bon pour toutes ces bâtisses du 16è siècle, mais en 1465, on en était encore au pont-levis et aux meurtrières. C'est que ces barbares de Bretons n'étaient pas très loin et que Louis XI voulait pouvoir se défendre au cas où il leur prendrait l'idée d'annexer le royaume de France. Sauf que l'annexion s'est finalement faite dans l'autre sens et sans avoir besoin d'entrer en guerre. Gast.


Le château de Langeais est resté dans son jus 15è siècle, avec tapisseries et meubles à rivets gros comme le poing dans toutes les pièces. C'est moins aéré que d'autres demeures du coin, mais au moins, la journée n'aura pas été monotone ! Ce qu'on retient surtout de la visite, c'est l'omniprésence de la fleur de lys de Charles VIII et de l'hermine d'Anne de Bretagne. On en trouve littéralement du sol au plafond, et pour cause : c'est à Langeais que fut célébré leur mariage le 6 décembre 1491, dans le plus grand secret. Il faut dire qu'Anne était mariée par procuration à Maximilien de Habsbourg, que Charles était fiancé à la fille dudit Maximilien, et que tout ça n'allait pas vraiment plaire au bonhomme, qui contrôlait mine de rien le plus grand empire d'Europe. Heureusement que le pape de l'époque, Alexandre VI Borgia, n'en était pas à une petite annulation de mariage près... Pour commémorer l'événement, des mannequins de cire nous rejouent la scène dans la salle du mariage. On retiendra que la Duchesse n'était pas grande et que le roi de France était très moche...


Après un petit tour par l'atelier "essayage de costumes" (c'est les vacances ou bien ?!), nous concluons par une balade dans le parc, relativement petit mais plutôt chou. Au milieu trônent les restes d'un donjon érigé en 994, ce qui en fait le plus vieux bout de château de France, avec un "vrai" échafaudage médiéval pour l'authenticité derrière. On assure la grimpette parce qu'on ne peut pas s'en empêcher, mais c'est quand même bon de se dire que les normes de sécurité du 21è siècle sont passées par là... Un  peu plus loin, catégorie "records bizarres", on trouve la plus grande cabane arboricole jamais construite dans un seul arbre. Ça reste pas bien grand, mais avec un toit en plus, on s'installerait bien !


Langeais est aussi notre étape du jour. Avec un château pareil, on n'a pas peur que les méchants Bretons (dont je suis, n'allez donc pas me jeter le premier menhir !) viennent nous attaquer pendant la nuit !

De la belle verdure pour commencer le séjour !

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