vendredi 3 novembre 2017

Thaïlande, jour 5 - Lop Buri

Journée beaucoup plus soft qu'hier en perspective, Lop Buri n'ayant ni la renommée, ni les attractions d'Ayutthaya. Le roi Narai, contemporain de Louis XIV, y a transféré la capitale en 1666, Lop Buri étant manifestement plus respirable qu'Ayutthaya en été. En ce qui nous concerne, nous n'avons vu aucune différence de météo (il fait toujours teeeeeellement chaud), mais nous devions quand même nous arrêter pour une raison très précise, qui deviendra évidente dans environ deux paragraphes.

Nous commençons donc par Wat Phra Sri Ratana Mahathat, à peu près aussi compliqué à épeler et dans le même état de conservation que ses copains d'hier. More of the same, en gros. Ça reste très joli et les sculptures sur le fronton du prang (ou pagode) central sont impressionnantes de délicatesse, mais ça n'a plus l'attrait de la nouveauté.


La véritable raison de notre passage à Lop Buri, ce sont ses habitants pas tout à fait humains mais pas loin (98,5 % d'ADN commun, quand même) qui se baladent dans les rues en fouillant les poubelles, en grimpant aux façades et en sautant dans les pick-ups pour aller plus vite : ces singes-là n'ont pas encore appris à parler, mais à part ça, on se croirait chez Pierre Boulle. Perdu au milieu d'un rond-point sans le moindre passage piétons pour traverser, le temple Prang Sam Yod n'a pas d'autre intérêt que la colonie de singes (des macaques crabiers, pour ceux que la précision intéresse) qui l'a envahi. Il paraît que ce sont les enfants du dieu Kala, mais si c'est le cas, Kala ne recevra pas le titre de père de l'année, parce que ses mioches sont franchement mal élevés. On savait qu'il fallait faire attention à son chapeau, mais on ne pensait pas que les bestioles seraient intéressées par les fleurs de frangipanier piquées dedans : deux d'entre elles se mettent carrément en tête de me grimper dessus pour les récupérer, arrachant au passage la moitié d'un de mes piercings. Heureusement que l'oreille n'est pas partie avec...


Malgré cette rencontre très rapprochée, on a du mal à leur en vouloir car les singes sont quand même vraiment choux. Et photogéniques : on a beau savoir qu'ils ne posent pas vraiment pour la photo, on ne peut pas s'empêcher de se poser des questions quand ils s'arrêtent de gigoter et vous regardent droit dans l'objectif avant de repartir faire la bêtise qu'ils avaient prévue. Dans tous les cas, les humains ne les effraient pas : ils ont tellement l'habitude de se faire nourrir de la main de l'homme qu'ils remarquent à peine les touristes. Sauf quand ils ont décidé que votre chapeau leur irait beaucoup mieux qu'à vous et que Benjamin doit les chasser à coups de "bouh" et d'attitude menaçante. Là, c'est le plus gros primate qui gagne.

Quand je dis qu'ils posent...

Après avoir quitté Monkeyland, nous prenons à pieds la direction de l'ancien palais du roi Narai, mais la carte du guide est tellement minimaliste que nous tournons en rond pendant une demi-heure sans le trouver. Nous retournons donc à notre voiture, qui, elle, a un GPS avec des cartes à peu près à jour, pour trouver notre chemin. Ce fameux palais Phra Narai Ratchaniwet, à peu près aussi en ruines que les temples de la même période, n'est autre que l'endroit où les ambassadeurs de Louis XIV furent reçus en 1685, pour réclamer le privilège de commercer avec le Siam et, si possible, tant qu'on est là, la possibilité d'évangéliser tout ce petit monde. La présence des Français a fait autant sensation à Lop Buri que le débarquement des Siamois à Brest l'année suivante, ce qui explique qu'on trouve une "Rue de France" ici (dans le texte, s'il vous plaît) et une "Rue de Siam" là-bas. CQFD.


Il ne reste plus grand-chose du palais lui-même, hormis l'enceinte et les bases du pavillon où mourut Narai, mais la petite expo sur les liens entre le Siam et l'Occident est intéressante pour les touristes français. Voir la représentation de Louis XIV selon les critères siamois de l'époque est assez rigolo et nous passons 10 bonnes minutes à étudier la carte du voyage maritime des ambassadeurs (quand on sait que les pauvres gars ont mis plus de six mois à arriver, on relativise nos 24h de trajet). Les tentatives de relations diplomatiques n'ont pas exactement été couronnées de succès (le Siam s'est totalement fermé aux étrangers à partir de 1688 et pour deux petits siècles), mais "l'anecdote" historique est intéressante à découvrir. Ce n'est pas comme si on en parlait beaucoup dans les manuels scolaires.


La journée se termine tôt car nous avons trois heures de route devant nous pour rejoindre notre étape de la nuit, Kamphaeng Phet. Nous nous arrêtons sur une aire d'autoroute pour déjeuner, et Benjamin en profite pour poursuivre la dégustation, entamée au Japon, des sodas asiatiques les plus tordus. Pour les amateurs, le Fanta thaï goût exotique a presque le même goût que l'Irn Bru...

Ce soir, c'est la pleine lune, et en Thaïlande, la pleine lune de novembre est synonyme de Loy Krathong, une fête en l'honneur de la déesse de l'eau. Les Thaïlandais fabriquent des krathong, de petits radeaux en feuilles de bananier avec une bougie et des bâtonnets d'encens, et les déposent sur les cours d'eau. En rentrant du restaurant, nous pouvons voir des milliers de ces petits bateaux sur la rivière. On peut aussi voir les embouteillages monstres que la fête génère dans toute la ville, mais c'est une autre histoire. A l'hôtel, le manager nous propose d'y participer nous aussi, en allumant chacun un krathong gentiment mis à disposition et en les déposant sur le petit plan d'eau devant l'hôtel. Un petit geste et une expérience vraiment sympas !


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