lundi 30 octobre 2017

Thaïlande, jour 1 - Bangkok

Voyager, c'est formidable, mais ce dont on se passerait bien, pour certaines destinations c'est du trajet. La Thaïlande, nous avions hâte d'y être, mais l'idéal aurait été de s'y téléporter plutôt que de passer par la case 2h de bouchons sur l'A86 + 8 heures d'avion + 4 heures d'escale + re-4 heures d'avion. Le décalage horaire à l'arrivée est moins douloureux à encaisser que nos quatre pauvres heures de non-sommeil dans l'avion. Mais malgré tout ça, nous n'avons pas à nous plaindre, car tout s'est déroulé sans la moindre anicroche : la valise n'était pas trop lourde, le visa n'était vraiment pas nécessaire et le permis de conduire n'avait pas besoin d'être traduit en thaï. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes et nous pouvons attaquer sereinement notre séjour.

Premier contact avec la Thaïlande : il fait chaud. Et humide. On a un peu l'impression de respirer sous l'eau et la climatisation n'a jamais été aussi bienvenue dans une voiture. C'est d'ailleurs la première fois que nous tombons sur une clim avec uniquement des nuances de froid. Dans ce pays, si on tient à réchauffer l'habitacle, on ouvre la fenêtre. Deuxième contact : la route. Conduire à Bangkok est un sport extrême, mais Benjamin s'en sort comme un chef malgré le volant à droite et la boîte automatique. La circulation est tellement dense que nous arrivons à notre hôtel sur le coup de 22h. Jamais des matelas aussi durs que ceux de notre chambre n'auront paru aussi accueillants. Extinction des feux, on se lèvera quand on se lèvera !

Résultat des courses, nous voilà debout à 10h30. La journée va être un peu raccourcie, mais qu'à cela ne tienne, nous allons essayer d'optimiser. Après une boisson prise rapidement au McDo d'à côté, où nous en profitons pour étudier le programme de la journée, nous nous rendons au complexe de temples aperçu hier sur le chemin de l'hôtel. Sans le savoir, nous avons vraiment bien fait de n'arriver qu'hier soir : les cérémonies de crémation du roi Rama IX, mort l'an dernier, ont paralysé la ville jusqu'à ce dimanche et la procession passait pile par cette route... On n'ose même pas imaginer le bazar si nous étions arrivés avant.


A peine arrivés devant les temples, nous nous faisons alpaguer par un des rabatteurs qui tentent d'attirer le touriste dans des visites de la ville à prix cassé, qui se terminent généralement dans des boutiques où ils reçoivent des commissions. C'est une arnaque et nous sommes bien prévenus. Mais justement, si nous sommes prévenus, ce n'est plus une arnaque, si ? Il suffit de passer la tête dans la boutique et d'en ressortir sans avoir rien acheté. Pour nous, ça se traduit par une petite expérience en tuk tuk à un tarif imbattable, avec quelques arrêts au milieu pour voir des temples. Aussitôt dit, aussitôt fait, nous voilà à bord du transport pour touristes, direction le temple du Bouddha porte-bonheur. (C'est mal, il faut vraiment éviter de faire ça à Bangkok ; mais il n'y a pas mort d'homme, alors on peut avouer qu'on l'a fait.)


Le temple du Bouddha porte-bonheur (comme ce n'était pas au programme, on n'a pas retenu les noms en thaï) renferme un minuscule Bouddha doré et est loin de faire partie des incontournables de Bangkok, mais l'endroit est chou et nous permet d'expédier notre désormais célèbre "défi chat". Deuxième arrêt du tuk tuk : la fameuse boutique, ici pour des costumes en soie sur mesure. Le plan se passe comme prévu, nous entrons pour dire que nous sommes entrés, nous ressortons aussi sec, et direction le temple du Bouddha debout. Bon, celui-là, c'est quand même le niveau au-dessus. La principale statue mesure 45 m de haut, et on peut dire que ça en jette. Le petit temple d'à côté comporte une impressionnante collection de Bouddhas en or beaucoup plus petits et des peintures sur tous les murs. Si on y ajoute les mantras récités d'une voix qui fait toujours un peu peur dans les haut-parleurs du site, on obtient un arrêt beaucoup plus intéressant que le premier.


Une fois sortis du temple, nous nous apercevons que notre chauffeur ne nous a pas attendus. Le bonhomme n'a manifestement pas apprécié que nous ayons éventé sa petite combine et est reparti sans nous, sans doute pour chercher d'autres pigeons. Aucune importance : nous avons vu de jolies choses sans débourser un baht (étant donné que nous devions payer à la fin de la course) et nous ne sommes pas très loin de notre point de départ. Pour y retourner, nos pieds feront très bien l'affaire. C'est moins agréable que le tuk tuk quand il fait 35 °C, mais après tout, le soleil est bien ce que nous sommes venus chercher.

Là où les choses se compliquent, c'est quand nous réalisons que nous nous sommes trompés de point de départ. Les temples de ce matin ne sont en fait pas du tout ce que nous avions prévu de visiter, et nous devons donc reprendre nos pieds pour nous rendre au Grand Palais, à environ 2 km de là. Avec les cérémonies d'hier, la moitié des routes sont encore fermées à la circulation et on a un peu l'impression de pénétrer dans la Cité Interdite (les hordes de touristes en plus). Deuxième problème : arrivés sur place, on nous apprend que nous ne sommes pas du tout habillés correctement (Benjamin en débardeur, votre servante en short). Épaules et genoux devant absolument être couverts, nous devons acheter T-shirt et paréo si nous voulons entrer. Le site prévoit le coup et vend ce qu'il faut aux touristes... sauf quand le touriste en question fait 1,80 m, a les épaules un peu larges et ne rentre pas dans les T-shirts. Plutôt que d'en acheter un hors de prix dans une boutique d'à côté (alors que nous en avons une dizaine dans la valise), nous décidons de changer de programme et de revenir demain. Pour l'heure, nous négocions le trajet vers Chinatown avec un tuk tuk.


Il est donc 14h et notre "vraie" journée (= ce qui était sur le programme) commence à peine. Il n'y a pas grand-chose à faire dans le quartier chinois de Bangkok, sinon s'imprégner d'une ambiance - mais quelle ambiance ! Les ruelles sont minuscules, les boutiques vendent tout et n'importe quoi (surtout n'importe quoi, d'ailleurs) et les gens se marchent un peu dessus. Ce que nous avons compris dès ce matin, c'est que la vie en Thaïlande se déroule dehors : les commerces débordent tous sur une bonne partie du trottoir, les stands de nourriture éphémères poussent comme des champignons... Même chez le garagiste, les réparations se font en pleine rue. Dans Chinatown, cet aspect est multiplié par 10, au point qu'il devient carrément difficile de circuler entre les boutiques.

Après cette petite immersion dans le quartier chinois, nous nous rendons ensuite chez Jim Thompson, agent secret américain lors de la Seconde Guerre mondiale, qui tomba amoureux de la Thaïlande et y relança l'industrie de la soie, moribonde à l'époque. Le projet a tellement bien marché que le bonhomme a fini richissime et est devenu collectionneur. Pour héberger ses collections d'objets asiatiques, il a fait démonter 4 maisons en teck de la région d'Ayutthaya et deux d'un quartier de Bangkok, les a combinées comme des Lego pour n'en faire qu'une et a planté le tout au milieu d'une petite jungle luxuriante. Le résultat est un mélange parfait de culture thaïe (avec ces pas de porte surélevés pour empêcher les mauvais esprits d'entrer et ces fenêtres plus larges à la base qu'au sommet) et de concessions occidentales (M. Thompson disposait d'un lit avec des pieds et d'une table pour manger, contrairement aux Thaïlandais qui se contentent du par terre). Aucune fenêtre ne comporte de vitre et tout est ouvert sur l'extérieur, car comme nous l'explique la guide dans un excellent français, la Thaïlande ne connaît que trois saisons : chaude, très chaude et très très chaude. En ce moment précis, nous sommes en hiver, soit la saison chaude, et il fait environ 35 °C. On n'ose pas imaginer ce que donne l'été.

Photos interdites à l'intérieur, vous devrez faire avec la jungle uniquement

Pour gagner notre prochaine et dernière étape, nous optons cette fois pour le bateau-bus, un moyen de transport dont toutes les villes dotées d'un fleuve ou de canaux devraient posséder, n'est-ce pas Paris et Londres ? Là aussi, c'est une expérience : le "poinçonneur" vient réclamer son dû en circulant sur le plat-bord et il faut lever soi-même les protections en plastique sur le côté du bateau pour éviter d'être arrosés. Encore plus amusant que le tuk tuk !

Notre dernière visite du jour est la tour Baiyoke II, le deuxième plus grand gratte-ciel de Bangkok (328 m, c'est 28 de plus que la Tour Eiffel). On vient là pour la vue, forcément spectaculaire... même si on aurait préféré que l'ascenseur qui nous conduit directement au 77è étage ne soit pas transparent. Collés contre la paroi qui a le bon goût d'être restée opaque, nous n'en menons vraiment pas large, même moi qui n'ai pourtant pas le vertige. La terrasse de découverte en intérieur au 77è offre de jolies vues sur les buildings de Bangkok, mais c'est surtout la terrasse extérieure, au 84è, qui vaut le déplacement. Celle-là, elle tourne ! L'occasion de faire le tour de la ville à plus de 300 m d'altitude sans rien louper du panorama.


Le prix du billet inclut une boisson fraîche et un massage des pieds au spa du 20è étage, et nous n'allons certainement pas nous en priver ! Nos pauvres pieds ayant bien gonflé après 12 heures d'avion, ces 20 minutes de pause font vraiment du bien. Aussi compris dans le prix : le jeu des ascenseurs. On passe du rez-de-chaussée au 77è en un clin d’œil, mais il faut prendre un ascenseur supplémentaire pour accéder au 84è, deux de plus pour passer de 84 à 20, et autant pour retrouver le plancher des vaches. C'est tellement compliqué qu'on trouve des préposés aux ascenseurs à tous les étages. Les architectes n'ont pas dû penser à tous les détails...

Nous rentrons à l'hôtel avec le bateau-bus, blindé à l'heure de pointe, après nous être arrêtés chez plusieurs vendeurs de rue pour "l'apéro". Les repas risquent de poser problème pendant les trois semaines à venir : non pas que la nourriture soit mauvaise ou difficile à se procurer (c'est même carrément le contraire), mais il fait trop chaud pour seulement penser à avoir faim. Nous allons devoir nous forcer à manger pour ne pas tomber d'inanition avant la fin du séjour. Quelques brochettes et fruits frais sur le chemin du retour, puis nous nous arrêtons dans un restaurant proche de notre hôtel pour compléter tout ça avec un peu de verdure et de riz. Pour l'instant, la nourriture thaïe a tout bon. Un peu moins de piment dans les plats et tout sera parfait !

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