mercredi 23 août 2017

Londres, jour 6 - Westminster et Camden Market

Pour notre dernier jour à Londres, direction le quartier parlementaire et hautement historique, Westminster. Nous ne sommes manifestement pas les seuls à vouloir découvrir les institutions anglaises, car le premier créneau de visite disponible pour Westminster Palace est celui de 13h40. Pas grave, nous avions prévu le coup : Westminster Abbey, juste en face, saura bien nous occuper une heure ou deux.

Au final, il faut effectivement compter deux bonnes heures pour visiter la cathédrale des couronnements - et encore, uniquement parce que les photos y sont interdites. Dans le cas contraire, nous y aurions passé la journée. Très simple de l'extérieur, Westminster Abbey est tout bonnement spectaculaire à l'intérieur, et le fait de ne pas pouvoir l'immortaliser nous fait vraiment mal. On peut se consoler un peu en regardant le mariage de Kate et William ou le couronnement d'Elisabeth II sur YouTube, mais ce n'est pas vraiment la même chose. Et les caméras de télé ne s'intéressent généralement qu'à la nef, pas aux dizaines de petites chapelles latérales qui contiennent de sacrés trésors.



A Westminster Abbey, ce sont pas moins de 1000 ans d'histoire qui s'entassent littéralement du sol au plafond. C'est là que tous les souverains anglais ont été couronnés depuis Guillaume le Conquérant en 1066 (38 au total, c'est dire la longévité : 10 d'entre eux sont restés au pouvoir pendant plus de 40 ans). Histoire de boucler la boucle, c'est aussi là que sont enterrés une bonne partie d'entre eux (dont Elisabeth Ière et sa demi-sœur Marie Ière, leurs grands-parents paternels Henri VII et Elisabeth d'York, Guillaume et Marie, le Edouard Ier de Braveheart, la reine d'Écosse Marie Stuart, etc.), aux côtés des sommités politiques, artistiques et scientifiques anglaises de leur temps. On marche donc carrément sur les dalles funéraires de Purcell, Darwin et Newton, ce qui nous intimide beaucoup, et sur celle de Haendel, ce qui me dérange objectivement beaucoup moins...

Le jardin du cloître

Au-delà de cette débauche impressionnante de monuments funéraires grandioses et de cadavres célèbres, la cathédrale elle-même est sublime. On en oublierait presque qu'il s'agit d'un lieu religieux et que l'office y est célébré tous les dimanches, mais la mosaïque du maître-autel vieille de 800 ans et les superbes orgues se chargent de nous le rappeler. Quant à ses dimensions, n'en parlons même pas : on a l'impression que la visite n'en finit pas (dans le bon sens du terme) et qu'on pourrait facilement caser deux Notre-Dame de Paris là-dedans. En résumé, c'est un enchantement du début à la fin, et Westminster relègue la co-cathédrale Saint-Jean de La Vallette au rang de deuxième édifice religieux le plus spectaculaire que nous ayons visité.



Après un petit détour par Downing Street, dont le n° 10 est invisible derrière une grille et une haie de policiers, et une pause déjeuner au beau milieu de Parliament Square, il est temps d'honorer notre fameux rendez-vous de 13h40 avec le parlement britannique. Les contrôles de sécurité y sont encore plus renforcés qu'à l'aéroport, puisque Benjamin doit se séparer le temps de la visite du cadenas qu'il garde dans son sac. Un couteau suisse, on aurait compris, mais un cadenas... La raison ? "Vous pourriez vous enchaîner aux grilles." Euh... what ?! À notre connaissance, personne n'a fait ça depuis les suffragettes, et nous n'avons aucune envie de passer notre dernière journée de vacances au commissariat, merci bien !




Même punition à Westminster Palace que dans la cathédrale : les photos sont interdites en dehors des deux premières salles, et encore une fois, damnède ! C'est qu'on en prend plein les yeux, là-dedans ! Toutes les dorures qu'on ne trouve pas dans Westminster Abbey ont fini là, entre la chambre des Lords et celle des Communes, avec quelques dizaines de statues supplémentaires pour faire bonne mesure. Le palais ayant été en grande partie détruit en 1834 suite à un incendie criminel de stupidité (quand on veut se débarrasser d'une tonne de bâtons de compte, on les brûle à l'extérieur, et pas dans les cheminées du palais !), la plupart des salles que l'on traverse datent du milieu du 19è siècle, avec ce que cela implique d'élégant bling géorgien. À la réflexion, entre cet incendie et le Blitz, c'est un petit miracle si le palais est encore debout aujourd'hui !




Cette fois encore, on tire notre chapeau aux concepteurs de l'audioguide, qui nous ont permis de tout comprendre du système parlementaire britannique. Le fonctionnement est à peu de choses près le même que chez nous (avec la chambre des Communes dans le rôle de l'Assemblée Nationale et la chambre des Lords en guise de Sénat, à ceci près que les Lords ne sont pas des politiciens de métier et sont souvent spécialistes d'un sujet donné), avec beaucoup de pompe et de cérémonial en plus quand la reine vient ouvrir la session parlementaire. Et quand vient l'heure du vote, difficile de faire plus britannique : tout le monde sort de la chambre et va ensuite faire la queue dans le corridor "oui" ou "non" pour faire enregistrer son vote. La file d'attente, chez les Anglais, c'est vraiment sacré !




Le temps de récupérer le cadenas de la discorde, et nous voici repartis pour Camden Market, une autre institution londonienne, mais d'un genre très différent. Ici, on vient pour dépenser des sous, manger des plats venus des quatre coins du monde et s'imprégner d'une ambiance. Le marché est un lieu parfait pour tous les amateurs de cultures "alternatives" (si vous voulez croiser de vrais punks à crête, c'est là qu'il faut aller), et une partie est installée dans une ancienne clinique réservée aux chevaux qui tiraient les barges sur les chemins de halage le long de Regent's Canal. L'endroit est encore (presque) dans son jus, avec ses box et ses odeurs de cuir, et on croise des statues de chevaux à tous les carrefours. On ne sait pas trop comment on a réussi à sortir de là sans rien acheter...



Pour terminer la journée sur une note aussi British que possible, nous sacrifions à la cérémonie de l'afternoon tea dans un salon de thé voisin de Camden Market. On aurait bien aimé en faire davantage cette semaine, mais contre toute attente, les salons de thé ne sont pas aussi nombreux qu'on pourrait le souhaiter. Trouver un pub n'est généralement pas un problème, mais il devient plus compliqué de se fournir en thé et en scones. Shocking, I say!

Dernières photos et non des moindres !

Voilà qui conclut ce bref séjour (notre deuxième) au cœur de la capitale anglaise. Cette fois, nous avons vraiment fait le tour des principaux monuments et attractions, et ramené assez de thé pour tenir... facilement 3 mois. Il ne nous reste plus qu'à partir à l'aventure sur les routes d'Angleterre pour découvrir d'autres lieux à peu près aussi riches en culture et en histoire, comme Oxford, Stonehenge... et pourquoi pas tout le Pays de Galles ?

dimanche 20 août 2017

Londres, jour 5 - Globe Theatre et Harry Potter Studios

Encore une journée thématique au programme : aujourd'hui, nous allons parler littérature, et plus particulièrement d'auteurs anglais cultes. On commence par une expédition à Southwark (soit l'autre bout de Londres pour nous qui logeons à Kensington), sur la rive sud de la Tamise, dans ce qui était le quartier des théâtres à l'époque élisabéthaine. C'est là que le célèbre Globe, le théâtre appartenant à Will Shakespeare et à sa troupe, a été reconstitué en 1997, à environ 200 mètres de son emplacement d'origine. La visite guidée commence par une exposition sur la vie et l'oeuvre du Barde et présentant quelques-uns des accessoires utilisés de nos jours lors des représentations au Globe, mais honnêtement, ce n'est pas pour ça qu'on est là. Si on vient, c'est surtout pour le fameux théâtre circulaire à ciel ouvert qui a fait rêver tous les fans de Shakespeare In Love (je plaide coupable) :


Comme je l'ai dit, c'est évidemment une reconstitution (l'original ayant brûlé en 1613 et la V2 ayant été démolie en 1644), mais d'après les informations dont disposent les spécialistes, ce Globe-ci est très fidèle à ce que les contemporains de Shakespeare ont pu connaître. A l'exception du système anti-incendie sur le toit en chaume ; comme dirait notre guide, quand il faut choisir entre réalité historique et sécurité, on ne réfléchit pas longtemps. En parlant du guide, la visite est riche en informations historiques et anecdotes rigolotes, dont certaines rendraient presque fiers d'être français : c'est en effet après son exil en France sous le Commonwealth que Charles II autorise les femmes à monter sur scène. On peut dire merci aux actrices de la troupe de Molière ! On apprend également que le Globe est une véritable institution pour les jeunes acteurs en formation, et certains ont fait une belle carrière par la suite : il y a quelques années, la scène shakespearienne a vu passer un certain Jim Parsons, que les fans de The Big Bang Theory (présents !) connaissent mieux sous le nom de Sheldon Cooper.



Le Globe étant un théâtre en activité, surtout en cette saison (il ne ferme qu'en hiver, quand il fait trop froid pour jouer dehors), nous sommes accompagnés tout au long de la visite par le ballet des techniciens qui préparent le décor et par les balances sonores de la représentation de l'après-midi. Aujourd'hui, on donne Beaucoup de bruit pour rien, dans une version ultra-moderne ayant pour cadre la révolution mexicaine des années 1910. Nous n'avons pas prévu de rester pour voir le résultat, mais le concept est intrigant. Malheureusement, qui dit théâtre actif dit aussi interdiction de monter sur scène. Dommage, on aurait bien tenté de déclamer un petit coup de monologue de Juliette pour faire comme Gwyneth Paltrow...

Comme nous avons un peu de temps à tuer avant notre grande expédition de l'après-midi, nous nous rendons sur Oxford Street, l'artère très commerçante de Londres, pour un peu de shopping et un déjeuner sur le pouce. Vient ensuite l'heure de prendre le Poudlard Express pour rejoindre les célébrissimes studios de Leavesden, au nord, de la ville, et leur exposition consacrée à la saga Harry Potter.



Bon, en fait de Poudlard Express, il faut se fader un très long trajet en train (le quasi-direct étant parti sans nous) puis un bon quart d'heure de navette, et personne autour de nous ne brandit de baguette magique, ce qui est extrêmement décevant. Une fois sur place, on se dit que si Shakespeare a l'avantage de la longévité, Harry Potter, lui, l'emporte en nombre de fans. C'est bien simple, les studios Warner sont une véritable usine et les visiteurs se comptent par milliers. Les Potterheads viennent à Leavesden comme les catholiques vont à Lourdes le 15 août, et une fois dans le saint des saints, on comprend pourquoi.



C'est magique. Vraiment. Les 8 films de la saga ont été tournés à Leavesden sur une période de dix ans et une immense partie des décors, costumes et accessoires ont été conservés pour créer cette expérience totalement immersive. Ce ne sont pas des reconstitutions qu'on découvre, mais les véritables décors utilisés pour le tournage, les costumes réellement portés par les acteurs, le "vrai" Poudlard Express ou l'authentique Nimbus 2000 de Harry. Pendant pas moins de trois heures, on déambule au milieu de la Grande Salle, du bureau de Dumbledore ou du Chemin de Traverse, entre les robes rose bonbon du Professeur Ombrage et les différentes versions du Vif d'or. On découvre le travail des maquilleurs, des décorateurs ou des créateurs des animatronics, on frissonne devant les araignées de la Forêt interdite, on franchit le mur qui mène à la voie 9 3/4 et on se pâme d'admiration devant une maquette géante de Poudlard. En tant que fan, quel que soit l'âge, on ne peut s'empêcher de sourire comme un idiot et de prendre des photos à tour de bras.



Le prix de l'entrée est prohibitif, mais il faut reconnaître qu'on ne se moque pas de nous. La visite donne vraiment l'impression de faire partie du film, au moins pour un moment, et permet de réaliser un rêve de gamin. On essaie évidemment de vous vendre du merchandising et des photos dans le Poudlard Express ou sur un balai à intervalles réguliers, mais même ce côté très mercantile ne parvient pas à gommer la magie du lieu. Pour tous les amateurs de la saga, en version papier ou sur grand écran, c'est un incontournable. Et quand on sait que le deuxième épisode des Animaux fantastiques est en tournage dans ces mêmes studios de Leavesden en ce moment précis (genre sur la soundstage d'à côté), on se dit qu'il faudra sans doute revenir dans quelques années, quand l'exposition aura gagné quelques salles de plus.



Le retour à la réalité se fait plus facilement que l'aller, mais entre les 3h de visite et le dîner, il est tout de même 21h lorsque nous rentrons à l'hôtel. Pourquoi appelle-t-on encore nos séjours à l'étranger des vacances, je vous le demande...

Aller simple pour la magie ! (Attention, si vous n'êtes pas fan de Harry Potter ou si vous n'avez jamais vu les films, cet album trèèès rempli n'est pas pour vous...)

samedi 19 août 2017

Londres, jour 4 - Kensington Palace et Notting Hill

Suite et fin de notre découverte des grandes résidences royales londoniennes : ce matin, c'est au tour de Kensington Palace, plus connu comme étant le lieu de naissance de Victoria et la résidence officielle de la princesse Diana jusqu'à sa mort. Aujourd'hui, c'est ici que vivent le Duc et la Duchesse de Cambridge, alias William et Kate. On ne sait pas trop si ce sont ceux-ci ou celles-là qui attirent les foules, mais la file d'attente est déjà longue à notre arrivée, alors que le château n'est ouvert que depuis cinq minutes. Heureusement que nous avons réservé nos billets à l'avance, ce qui nous permet d'accélérer un peu les choses.



Moins connu des Français que Buckingham ou Windsor, le palais de Kensington est pourtant incroyablement riche en événements historiques : Guillaume et Marie d'Orange, la reine Anne et George II y sont morts, Victoria y est née, y a passé les 18 premières années de sa vie et y a tenu son tout premier conseil en tant que reine, les grilles du château ont accueilli des milliers de bouquets de fleurs à la mort de Diana et c'est là que son cercueil a passé sa dernière nuit avant son enterrement. Pour rendre hommage à tout ce beau monde, il y a quatre circuits de visite distincts dans le château. Nous commençons par l'exposition Diana: Her Fashion Story, qui rassemble plusieurs tenues portées par la princesse entre 1981 et 1997. Finalement, il y a une justice en ce bas monde : les années 80 n'ont été positives pour personne en termes de mode, même les princesses royales avec tous les designers du monde à leur service...



Après Diana et les appartements de Guillaume, Marie et Anne, assez dépouillés et sobres pour l'époque (quand on a le Grand Siècle français pour référence, tout paraît dépouillé et sobre, cela dit...), nous passons à l'exposition très intime consacrée à Victoria. Dans les salles où la reine a grandi, complètement étouffée par une mère plus qu'envahissante, on découvre des objets de sa vie courante, des robes (pas bien grande, l'impératrice des Indes !), une maison de poupées ayant appartenu à ses enfants, des extraits de son journal intime et, pour faire bonne mesure, deux portraits supplémentaires par Winterhalter. Un parcours très touchant qui renvoie la souveraine du plus grand empire que le monde ait connu au rang d'être humain.



Le quatrième circuit est dédié aux trois princesses allemandes, Caroline, Augusta et Charlotte, qui épousèrent les princes issus de la dynastie des Hanovre et mirent l'Angleterre sur la voie de la modernité au 18è siècle. Bon, Caroline fut aussi une grande mécène de Haendel et en fit même le professeur de musique de ses enfants, mais on ne va pas se fâcher pour si peu ! (J'ai une relation conflictuelle avec Haendel...)

Dernière étape de la visite de Kensington, les jardins. Il s'agit en fait d'un grand parc ouvert au public toute l'année, et en ce samedi à peu près ensoleillé, les sportifs et les familles sont de sortie, d'autant qu'un grand spectacle pour enfants est organisé tout le week-end. Les touristes que nous sommes profitent surtout du White Garden, un petit carré de verdure paisible à la mémoire de Diana, et des volatiles de la pièce d'eau. Vous avez déjà essayé de résister aux bébés canards, vous ?

White Garden

Puisque nous sommes dans le coin, nous en profitons pour aller explorer un quartier bien connu des cinéphiles, Notting Hill. Nous n'avions à la base pas d'autre objectif que de voir les célèbres façades colorées des maisons (ça change du blanc, du gris et de la brique rouge), et c'est un peu par hasard si nous nous retrouvons au marché de Portobello Road, la plus grande concentration d'antiquaires à la surface du globe. Venir ici un samedi était à la fois la meilleure idée du monde, parce que le marché bat son plein, et la pire, parce que... ben le marché bat son plein. La foule est tellement compacte qu'on a parfois du mal à avancer, et on se demande tous les dix mètres comment les riverains supportent ça au quotidien. Et puis on se laisse emporter par l'atmosphère, les magasins et les étals qui vendent tout et n'importe quoi, des aimants pour frigo aux vieux appareils photo, les stands de nourriture du monde entier, les façades turquoise ou rose des immeubles et, tiens, au hasard, les jeunes hommes bien faits de leur personne qui ont la bonne idée de vendre du thé. Après un bon quart d'heure d'attente à un stand de hot-dogs (les fast food ne sont plus ce qu'ils étaient), nous faisons une pause déjeuner sur les marches d'une maison qui a dû voir passer plus d'un touriste au fil des week-ends.



Histoire de tenir notre promesse d'en faire un peu moins aujourd'hui, nous sautons dans un bus pour rejoindre notre dernière étape du jour, le Leighton Museum, à deux pas de notre hôtel. Une visite absolument pas prévue à la base, rajoutée au programme le jour de notre arrivée, après être tombés sur une affiche en nous baladant dans Holland Park : moi, quand on me dit qu'un musée organise une exposition sur Lawrence Alma-Tadema, j'y vais en courant et j'entraîne mon homme dans mon délire. Décidément, ce sera ma semaine peinture ! Alma-Tadema a beau appartenir officiellement au mouvement académique, il a beaucoup fréquenté les Préraphaélites, et ça se voit dans ses tableaux. L'exposition se compose de chef-d'oeuvre monumentaux comme de tableaux plus intimistes, dont certains n'ont même jamais été présentés au public, et c'est un enchantement. Sans parler du cadre lui-même : le musée Leighton, autrefois résidence du peintre du même nom, est à Londres ce que Jacquemart-André est à Paris, avec ce que cela implique de décoration intérieure somptueuse. Malheureusement, les photos sont interdites et si vous ne connaissez pas Alma-Tadema, vous devrez demander à Google. Allez, une petite reproduction quand même pour la route :

Les Roses d'Héliogabale

Pour une fois, nous terminons la journée relativement tôt et nous pouvons donc rentrer nous reposer un peu à l'hôtel. Ce ne sera pas du luxe, car la journée de demain s'annonce à nouveau chargée...

vendredi 18 août 2017

Londres, jour 3 - Buckingham Palace et la Tate Gallery

Sans même nous le faire exprès, nous avons planifié nos visites de la semaine à peu près chronologiquement : après Hampton Court, résidence royale jusqu'à Victoria, direction Buckingham, qui passa de "House" à "Palace" sous la future impératrice. Qui dit ouverture deux mois par an dit foule compacte aux grilles du palais, et cela se traduit par un programme de visite calibré à la minute près.

A 9h45 pétantes, une fois nos billets récupérés à la Queen's Gallery, nous passons le premier contrôle de sécurité d'une longue série pour accéder à l'exposition temporaire consacrée à Canaletto, peintre vénitien célèbre pour ses panoramas de la cité des Doges. La collection présentée ici (la plus vaste au monde des œuvres de Canaletto, excusez du peu) fut achetée par George III à Joseph Smith, ambassadeur d'Angleterre à Venise, mécène du peintre et collectionneur invétéré. Le bonhomme a laissé derrière lui une bibliothèque monumentale et une collection de peintures et dessins absolument exceptionnelle. En tant que visiteurs lambda, on lui dit merci : Canaletto et ses contemporains avaient un talent certain, et pour qui a mis les pieds à Venise une fois dans sa vie, la visite rappelle forcément des souvenirs. Cela dit, il faut reconnaître que le clou de la visite réside davantage dans les pastels de Rosalba Carriera que dans les vues du Grand Canal de Canaletto...

Rosalba Carriera, "L'Hiver"

Après un passage express à la boutique, d'où nous ramenons les essentiels d'une visite à Londres (une boîte de thé et un corgi en peluche que nous baptisons aussi sec "Bucky"), nous passons à l'étape suivante de notre "Royal Day Out" : les écuries royales, ou Royal Mews dans le texte. Ceux qui ont joué à Assassin's Creed: Syndicate reconnaîtront forcément l'endroit, puisque Jacob Frye y vole un carrosse au nez et à la barbe des gardes ! Plutôt que d'opter pour un des audioguides ultra-complets dont les résidences royales ont le secret, nous profitons cette fois d'une visite guidée. En temps normal, on trouve ici une trentaine de chevaux (10 Windsor Greys, réservés au monarque, et 20 Cleveland Bays, pour qui ne s'appelle pas Elizabeth II), mais période estivale oblige, ils sont presque tous en vacances à Hampton Court, en attendant le retour de la reine dans ses pénates. Louis et Marquetry, les seuls à ne pas avoir été mis au vert, sont là pour nous rappeler qu'il s'agit bien d'écuries en activité, même s'il faut que Benjamin imite le cri de la botte de foin pour que Marquetry daigne montrer sa tête pour les photos.



Pendant environ 45 minutes, la guide évoque le dressage et l'entraînement des chevaux (il faut bien apprendre à ces petites bêtes à ne pas avoir peur de la foule), l'aversion de la reine Victoria pour les voitures (son fils patientera deux bons mois après sa mort pour faire entrer la première Daimler royale dans les écuries), l'historique du carrosse du Jubilé de diamant de 2012 (suspension hydraulique, éclairage LED, climatisation, vitres électriques et caméra embarquée ; ce n'est pas une blague) et l'épouvantable inconfort du carrosse réservé aux couronnements, un monstre de quatre tonnes au look terriblement bling, dans lequel personne n'a envie de s'asseoir. C'est un tel mastodonte qu'il faut abattre une fausse cloison dans les écuries à chacune de ses sorties. Autant dire que les employés des écuries redoutent le prochain couronnement ! Les autres carrosses en exposition, du carrosse écossais à celui des mariages, agressent un peu moins la rétine. Benjamin se demande encore lequel voler pour aller assassiner le Grand Maître des Templiers avec le plus de panache...



Une fois les écuries derrière nous, pas question de traîner : nous avons rendez-vous à 12h15 pour la visite des Salles d'état. Quand on vous dit que tout est minuté... La foule des touristes est particulièrement dense et l'énième contrôle de sécurité de la journée est plus long qu'à l'aéroport. Pour ne rien arranger, nous apprenons, à notre grande déception, que les photos sont interdites à l'intérieur. Pour vous faire une idée de ce à quoi ressemble l'intérieur de Buckingham Palace, deux solutions : demander à Google Images ou jouer à AC: Syndicate ! D'après Benjamin, la reconstitution est incroyablement fidèle, et il se souvient avec émotion de tous les endroits où on peut assassiner de pauvres gardes qui n'ont rien demandé.

Au-delà de la blague, l'interdiction des photos nous reste en travers de la gorge, car les Salles d'état de Buckingham sont franchement spectaculaires. La décoration rouge, blanc et or est d'un goût exquis, impressionnante sans être ostentatoire ; la galerie de peintures, avec son unique Vermeer, ses Van Dyck, ses Titien et ses Rembrandt, ressemble à celle du château de Chantilly en plus intime ; la douzaine de portraits de Winterhalter éparpillée un peu partout dans le palais fait le bonheur de la fan du peintre que je suis ; et l'exposition sur les cadeaux officiels offerts à la reine au fil des décennies donne un côté très personnel à ce qui reste finalement un bâtiment officiel. Et ne parlons même pas de la richesse du guide multimédia : entre les informations sur les salles elles-mêmes, celles qui concernent les cadeaux et les explications détaillées de certains tableaux, il y en a pour deux bonnes heures de visite, passées beaucoup trop vite.


La façade de Buckingham côté jardin, en virtuel et en vrai



Nous en sommes déjà à quatre heures de marche cumulées depuis ce matin, il est donc plus que temps d'aller déjeuner et reposer nos semelles qui surchauffent. Le temps d'avaler un sandwich et de dévaliser le magasin Whittard qui se trouve sur la route (on n'a jamais assez de thé, c'est ma philosophie), puis nous nous rendons devant l'entrée principale de Buckingham pour boucler le Royal Day Out et essayer d'apercevoir un chapeau en poils d'ours ou deux. Nous devons vraiment être des enfants de Vigipirate et de l'état d'urgence, car ce qui nous surprend surtout sur cette esplanade noire de monde, c'est l'absence totale de forces de l'ordre...



Le temps ayant viré à la pluie, nous ne sommes pas fâchés d'avoir prévu un musée pour finir la journée. De façon générale, nous ne sommes pas fans de musées en voyage, et pour en mettre un au programme, il faut qu'il y ait une bonne raison. La bonne raison de la Tate Britain, qui renferme la plus grande collection d'art britannique au monde, des années 1500 à nos jours, c'est la salle "1840" et son impressionnante quantité de merveilles préraphaélites au mètre carré. Ceux qui ont eu le malheur de me servir de beta lecteurs le savent, je nourris une légère obsession pour les Préraphaélites depuis quelques années, et un passage par la Tate lors de ce séjour était une obligation. Millais, Rossetti, Hunt, Burne-Jones, Waterhouse, tous les grands noms et certains des plus grands chefs-d'oeuvre du mouvement sont réunis dans une même pièce. Entre la Lady of Shalott de Waterhouse et l'Ophelia et le Christ in the House of His Parents de Millais, c'est le syndrome de Staendhal assuré. Décidément, avec le Vermeer et les Winterhalter de ce matin, c'est ma journée peinture !

Dante Gabriel Rossetti, parfaite Proserpine

Il y aurait bien d'autres salles à visiter, mais après cette accumulation de merveilles, même les Van Dyck et les Turner font pâle figure (#objectivité). Benjamin ayant en plus perdu l'usage normal de ses pieds quelque part à Buckingham, il est plus que temps de rentrer se reposer... mais seulement après avoir fait une razzia de livres dans la boutique du musée. Demain, c'est promis, on essaie de faire moins dense !

jeudi 17 août 2017

Londres, jour 2 - Hampton Court

Pour notre première journée complète à Londres, direction... hors de Londres. Oui, bon, on n'est pas à un paradoxe près ! Armés de plusieurs plans de métro et de train, de nos fidèles Oyster Cards et d'une bonne dose de patience, nous prenons ce matin le chemin du Surrey, au sud-ouest de la capitale. Au programme du jour : le château de Hampton Court, la résidence préférée d'Henri VIII. Comme de bien entendu, nous avons choisi la période la plus compliquée pour nous y rendre : les horaires des trains sont bouleversés pendant tout le mois d'août en journée et nous devons prendre pas moins de deux métros et deux trains grande ligne avant d'arriver à destination. Niveau informations sur les quais, le National Rail ne vaut pas beaucoup mieux que la RATP ou la SNCF !



On a beau râler pour le principe, une fois arrivés devant les grilles du château, on se dit que les 90 minutes que nous venons de passer dans les transports en commun n'ont pas été perdues. Avec sa brique rouge, ses cheminées tarabiscotées et ses statues héraldiques qui ont l'air d'avoir sérieusement fumé les tentures, Hampton Court en impose. D'abord propriété du cardinal Wolsey, le château est rapidement confisqué par un Henri VIII naturellement caractériel et très énervé par le fait que le cardinal n'ait pas réussi à faire annuler son mariage avec Catherine d'Aragon. Ni une ni deux, Henri change la religion de son pays, divorce de Catherine, se remarie avec Anne Boleyn et récupère au passage un joli château qu'il fait arranger à sa sauce. Par la suite, toutes les dynasties royales anglaises (Tudor, Stuart, Orange et Hanovre) en profitent, jusqu'à Victoria, qui décide de l'ouvrir au public en 1838.



Il y a donc 300 ans d'histoire (et pas des moindres) dans ce château, et ça se ressent sur la durée de la visite. Nous avions prévu une excursion à la journée et nous avons plutôt bien fait : entre les jardins, les différents appartements, le labyrinthe et les expositions de peinture, nous avons passé pas moins de cinq heures à explorer tous les recoins de Hampton Court. Un record, même Versailles ne nous a jamais occupés si longtemps !

Malgré les gros nuages noirs qui nous ont suivis depuis Londres, nous avons eu la chance de découvrir les jardins au sec et en toute tranquillité, les autres visiteurs ayant apparemment préféré commencer par les intérieurs. A l'exception des jardiniers, nous sommes donc à peu près seuls pour découvrir les jardins dits "privés" qui donnent sur la Tamise, créés pour Guillaume d'Orange lors de son accession au trône d'Angleterre. Mais Hampton Court est aussi associé aux chasses d'Henri VIII, et qui dit chasse dit forcément parc avec troupeau de cervidés (et colonie d'oies du Canada, et poules d'eau, et hérons par la même occasion). Les pelouses sont taillées au cordeau, les arbres du parc ressemblent à de gros champignons et la plus grande vigne du monde pousse... sous une serre, alors que ses racines, à l'extérieur, profitent d'une plate-bande dédiée ; tout ceci est délicieusement anglais et on pourrait passer des heures simplement à profiter des jardins.



Mais il serait dommage d'ignorer les intérieurs, qui valent eux aussi leur pesant de cacahuètes. Entre les appartements d'Henri VIII, ceux de Guillaume et Marie et ceux des Hanovre, la salle des gardes et sa décoration sidérante à base de 2 800 armes, la galerie de peintures Cumberland (avec ses deux Rembrandt sous cloche), l'exposition retraçant la jeunesse d'Henri VIII (c'est-à-dire avant qu'il se mette à collectionner les épouses) et les cuisines (dont la petite cuisine réservée à la confection du chocolat, un endroit qui devrait être obligatoire dans toutes les maisons), il y a là encore largement de quoi s'occuper. L'ameublement des appartements n'est pas époustouflant, mais les peintures qui ornent les plafonds et les escaliers compensent très largement ce petit défaut. Pour les touristes français, c'est aussi l'occasion de faire le point sur la liste des pauvres Mme Henri VIII et sur les différentes dynasties qui se sont succédé sur le trône d'Angleterre depuis les Tudors (on avait un peu perdu le fil après Jacques Ier Stuart). La thématique de la semaine étant très royale, il n'était pas inutile de dépoussiérer un peu notre histoire anglaise...

L'escalier du roi

Quand y'en a plus, y'en a encore ! Hampton Court est aussi très connu pour son labyrinthe du 17è siècle, que Benjamin négocie comme un chef. Il faut soi-disant 20 minutes pour atteindre le centre, le GPS humain nous y conduit en moins de 5 en ayant volontairement fait traîner les choses et pris des chemins bizarres... Pour finir en beauté, nous faisons un saut au Magic Garden, une zone de jeux pour enfants, sorte de parc d'attractions Tudor qui nous fait regretter d'avoir dépassé la trentaine : on aurait adoré découvrir cet endroit aux alentours de 8 ans pour profiter des toboggans, des jeux d'eau, du dragon endormi, des cabanes dans les arbres et des faux rochers à escalader. Mais on est censés être adultes, alors on se contente de prendre des photos des figures héraldiques détournées et de se dire qu'on construirait bien la même chose dans notre jardin.



Le retour vers Londres se fait à l'heure de pointe, ce qui se traduit par une cadence de trains normale et beaucoup moins de correspondances pour nous. Après cinq heures de marche presque non-stop, passer une heure dans les transports en commun est un vrai bonheur. Nous arrivons à Kensington sur les rotules, un peu cuits (mine de rien, le soleil était bien présent et nous avions oublié crème solaire et chapeaux à l'hôtel) mais ravis de notre journée. Et le plus drôle, c'est qu'on refait exactement la même chose demain, mais cette fois au cœur de Londres !

mercredi 16 août 2017

Londres, jour 1 - Holland Park et Kensington

Quand on décide de partir en vacances en pleine période scolaire, on ne fait pas semblant : après une semaine entre Touraine et Val-de-Loire en juillet, nous revoici sur les routes en plein mois d'août... mais cette fois, on a traversé la Manche. Le créneau pour visiter Londres est assez limité quand on veut mettre Buckingham Palace au programme : il faut attendre que la reine ne soit pas chez elle, ce qui n'arrive que deux petits mois dans l'année. Et ce n'est pas comme si on pouvait l'obliger à se mettre au vert plus souvent !

Après 2h30 d'Eurostar, nous voici donc à Londres... sous un soleil radieux. (C'est donc là qu'il était passé, celui-là ! On finissait par se poser la question, dans notre petit coin de région parisienne où il fait un temps de novembre depuis début août !) Le temps de rejoindre notre hôtel à l'autre bout de la ville, en empruntant Tube et bus comme de vrais locaux, l'après-midi touche presque à sa fin et il est trop tard pour explorer Camden Market comme nous l'avions prévu. Nous nous rabattons donc sur la découverte du quartier où nous logeons, Kensington (ou, plus précisément, "le bourg royal de Kensington et Chelsea", mais c'est un peu long).



En un mot comme en cent, ce n'est pas exactement le quartier le plus moche de Londres. Renseignements pris chez les agents immobiliers du coin, il faut compter un petit million de livres sterling pour une maison avec une seule chambre. Ahem. On va se contenter de profiter des jolies façades, des belles bagnoles et des espaces verts en accès libre, d'accord ? Et en parlant d'espaces verts, notre hôtel est situé à proximité de Holland Park, qui se prête parfaitement à une petite balade de fin d'après-midi ensoleillé.



Contrairement à des monstres comme Saint James's Park, Hyde Park ou Regent's Park, ce parc-là est à taille humaine et beaucoup de gens sont là simplement pour lire, prendre le soleil ou profiter du tea time avec biscuits et thermos sur la pelouse. Le jardin japonais, avec sa cascade et ses lanternes en pierre, nous rappelle un peu Kyoto, et surtout, SURTOUT, on retrouve les sacro-saints écureuils qui manquent tellement aux parcs parisiens. On a beau savoir que l'écureuil gris est une sale bestiole invasive qui bouffe de l'écureuil roux au petit-déjeuner, on ne peut pas s'empêcher de les trouver ridiculement mignons et de les suivre à la trace pour les prendre en photo (quand ils veulent bien arrêter de grouiller suffisamment longtemps pour ça). Oui, nous avons passé une bonne partie de la balade à chasser photographiquement l'écureuil. Et on assume.

Il est pas doué pour la photo animalière, le Benji ?

Après un petit tour dans le quartier, au milieu des mews qui font rêver et des voitures de luxe arborant vitres teintées et plaques diplomatiques (l'ambassade de Grèce a réussi à s'installer dans le seul bâtiment vieux et laid du quartier, il fallait le vouloir), nous allons tester la qualité du cidre du pub qui jouxte notre hôtel. Verdict : le cidre anglais est toujours plus proche de la bière que du cidre breton, mais par cette chaleur, on ne fait pas la fine bouche.



Pour résumer, les barmen anglais ne vous regardent pas bizarrement quand vous réclamez une pinte de cidre, et il y a plein de petites bêtes trop mignonnes dans les parcs. Jusqu'ici, Angleterre 2, France 0 !