dimanche 4 mai 2014

Japon, jour 23 - Tokyo et conclusion

Dernier jour oblige, nous nous accordons la première grasse matinée du séjour. Nous avions à l'origine prévu une excursion à Kamakura, une ville où les temples poussent comme des champignons, mais le site est à une heure de train de Tokyo et nous n'avons tout simplement pas le courage d'y aller. Ce ne sont de toute façon pas les temples qui ont manqué pendant ces trois semaines !

À la place, nous préférons boucler quelques étapes inachevées, à commencer par l'Université de Tokyo : lors de notre tout premier jour, Benjamin avait été frustré de ne pas trouver le bâtiment qu'il cherchait (présent dans Love Hina, comme le Budokan d'hier), mais après avoir interrogé le tout-puissant Google, nous l'avons enfin localisé. Sauf que le bâtiment en question disparaît sous les échafaudages. Mauvais karma, quand tu nous tiens...

À quelques stations de métro de là, retour à Akihabara. Nous n'avons pas trouvé le quart de la moitié de ce que nous cherchions hier, et il y a des gens à ne pas décevoir. Là encore, c'est grâce à Google (et au sens de l'orientation de Benjamin qui continue de fonctionner malgré la fatigue) que nous trouvons un magasin de mangas qui propose enfin ceux que nous cherchons. Pas de maid café aujourd'hui, nous avons eu notre dose de rose pour les deux décennies à venir !

Dernier arrêt après le déjeuner : le musée national de Tokyo, idéal pour occuper trois bonnes heures avant d'aller prendre l'avion. Ce n'est pas exactement le Louvre, mais il y a tout de même de belles choses à voir, à commencer par la Galerie du trésor d'Horyu-ji. Horyu-ji, ce sont les fameux plus vieux bâtiments en bois du monde que nous avons visité à côté de Nara il y a une dizaine de jours. Il faut croire que le trésor (des statues de Kannon, surtout) est plus en sécurité dans un bâtiment moderne avec détecteurs de fumée et extincteurs que dans un temple qui peut brûler à tout moment !




Direction ensuite la "galerie japonaise" pour une découverte accélérée de l'art et de la culture locaux, de l'introduction du bouddhisme au 6è siècle à la Seconde Guerre mondiale. Il y en a pour tous les goûts : les habituels Bouddhas en bois qui n'ont jamais vu une termite en 1 500 ans, de très beaux katanas, des armures aux casques franchement douteux, des portes peintes, des peintures sur soie... Un résumé rapide et complet de tout ce qui a fait et fait encore le Japon.




Quelques photos supplémentaires.

Lorsque nous quittons le musée (en mode zombie, il y a longtemps que nos cerveaux ont cessé de fonctionner), c'est pour regagner notre hôtel à Asakusa et récupérer nos valises. Nous avons de la chance, la ligne de métro la plus proche nous conduit directement à l'aéroport de Narita. 1h15 de trajet, tout de même... Et nous avons encore près de 24 heures d'avion (et d'attente à l'aéroport) avant de rentrer au bercail. Sans doute la partie la moins agréable de nos voyages !

Conclusion

On peut dire sans trop exagérer que ce voyage aura été mémorable et riche d'enseignements. On rentre avec un gros paquet de souvenirs et une liste de choses à refaire d'ici quelques années pour en profiter dans de meilleures conditions (des temples pas démontés, d'autres temples moins Ikéa, des châteaux sans échafaudages...).

Quelques points plus précis en vrac :
- La barrière de la langue est toujours présente, même si les gens sont adorables et se mettent en quatre pour vous aider. On pense encore à ce couple qui nous a remis sur la bonne route, le jour où nous avons pris possession de la voiture, de façon totalement désintéressée et en ayant seulement compris le nom de la ville que nous cherchions.
- Le Japon n'est pas l'ami de la voiture. Mais alors vraiment pas. Devoir payer le parking à l'hôtel, c'est un peu douloureux.
- La nourriture japonaise, c'est bien, c'est bon, mais au bout de trois semaines, ce n'est plus possible. Nous sommes tellement carencés en sucre, fibres, fruits/légumes et calcium que nous sommes prêts à tuer pour un combo steak/haricots avec yaourt en dessert. Cela dit, deux kilos en moins chacun, ça compense !
- Les Japonais sont fous et ont la manie de la reconstruction et du déplacement. Il n'y a pas un édifice dans ce pays qui soit d'origine ou à son emplacement de départ.
- Tout a un sens, qu'il s'agisse du nom d'un lieu, de son emplacement, de son orientation, etc. Évidemment, pour en profiter pleinement, il aurait fallu parler japonais. Et mieux comprendre le bouddhisme et le shintoïsme. Mais ça, on a vraiment eu du mal : plus on en apprenait, moins c'était clair !
- Nous savons désormais reconnaître deux kanjis ("rivière" et "montagne") et deux mots complets ("entrée" et "sortie"). Ouais, vive nous ! Encore un petit effort et on pourra bientôt lire Murakami dans le texte !

jeudi 1 mai 2014

Japon, jour 22 - Tokyo

Aujourd'hui, reprise du programme prévu à l'origine (celui préparé avant de se rendre compte que 3 semaines, ça vous tue son touriste et qu'il est intelligent d'y aller mollo sur la fin du séjour) avec la visite du Palais impérial de Tokyo. Le soleil est revenu, ce qui est un énorme bon point. Le moins bon point, c'est que les conditions de la visite sont à peu près aussi strictes qu'à Kyoto, le bénéfice de la guide anglophone en moins : ici, c'est un audioguide qui renseigne les touristes, tandis qu'un agent de sécurité japonais assure la visite au mégaphone pour les locaux. Pour ne rien arranger, ce Palais-ci est infiniment moins joli que la résidence impériale de l'ancienne capitale : intégralement détruit pendant la dernière guerre (il y avait longtemps...), il a été reconstruit à la fin des années 60 selon des normes architecturales trop modernes pour être vraiment intéressantes. Historiquement, la visite est intéressante, mais niveau esthétisme, on repassera.



On s'amuse davantage des chaussures "poulpe" totalement improbables d'un visiteur japonais, et on profite surtout de l'immense jardin attenant au Palais, ouvert au commun des mortels depuis 1968 seulement. La saison n'est pas encore assez avancée pour profiter de toutes les fleurs, mais celles qui sont déjà là rendent la balade très agréable. C'est également l'occasion de découvrir les impressionnantes fondations du vieux château qui se dressait là à l'époque Edo et de se dire qu'au moins, en cas de tremblement de terre, la base ne devait pas bouger beaucoup.



Sous un soleil sans merci (c'est tout l'un ou tout l'autre, ici !), nous traversons le parc qui borde le Palais pour un arrêt déjeuner à proximité du Nippon Budokan, une salle de concerts qui vaut surtout quand on a lu Love Hina - n'est-ce pas Benjamin ? Dans ce même parc se trouve le sanctuaire Yasukuni-jinja, assez remarquable de par son immense porte que l'on voit dépasser de la cime des arbres depuis l'autre côté de la rue. Devant le temple principal se tient un concert en plein air où un chanteur déclame une chanson apparemment intitulée "Arigatooooooooo" avec des intonations à la Mike Brant. Ce pays est parfois un modèle de bizarritude.



Et puisqu'il est question de bizarritude, direction le quartier le plus représentatif de la culture japonaise moderne et de tout ce qu'elle compte de drôle, tordu ou plus simplement aberrant : Akihabara, paradis des informateux et des amateurs de mangas. Imaginez des buildings d'une dizaine d'étages avec à l'intérieur, au choix, quelques milliards de yens de matériel informatique, l'équivalent d'une forêt amazonienne de mangas ou des jeunes femmes en tenue de domestique (courtes, les tenues), et vous aurez une petite idée de ce à quoi ressemble le coin.



L'objectif de la visite est bien entendu de faire du shopping. Mais étonnamment, trouver de quoi satisfaire ceux qui nous ont passé commande avant de partir n'est pas si simple, car les magasins de mangas "généralistes" ne sont pas si nombreux. Sans parler du fait que les vendeurs ne parlent pas un mot d'anglais, et qu'il faut s'armer d'une pierre de Rosette pour faire comprendre ce qu'on cherche. Au final, le maid café est encore ce qu'il y a de plus simple à trouver : il y en a pratiquement un par immeuble et les serveuses font du rabattage dans la rue pour vous inciter à aller leur rendre visite. Nous nous laissons ainsi totalement charmer par deux demoiselles hyperactives qui agitent les mains et sourient comme des maniaques et plongeons dans un monde rose bonbon totalement effrayant.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le concept, le maid café, c'est comme le neko café, mais avec moins de ronrons et plus de raisons de rigoler (ou de fantasmer, c'est selon le sexe du client). Les serveuses sont des jeunes femmes très jolies vêtues comme des domestiques (même si j'ignore dans quel monde on laisse les domestiques porter des robes aussi courtes), qui peuvent danser, chanter, faire jouer le client à des jeux forcément choux, servir des repas et des desserts trop kawaii et vous faire débourser une fortune pour une simple photo. Dans le café que nous avons choisi, les murs sont roses, les maids vous font faire des cœurs avec les mains à chaque fois qu'elles vous servent quoi que ce soit et les glaces sont en forme d'animaux. En plus, nous avons la chance de débarquer lorsque la star du café commence son spectacle de chant/danse, et nous entonnons en chœur avec les autres clients (95 % de touristes) le refrain en anglais, appris en à peu près 4 secondes.



Bon, on se moque, mais l'ambiance choupi et la bonne humeur des maids sont contagieuses. On se surprend à sourire comme des idiots et à applaudir à la fin de la chanson débile, et les glaces sont très bonnes une fois qu'on a osé dézinguer les petits animaux. Et comme on a payé pour la photo, on ne va pas se priver d'en faire une très, très cliché !


Attention au prédateur à oreilles de lapin !


Mine de rien, c'est tuant, toutes ces bêtises, et le soleil n'aide pas. Nous avons depuis longtemps laissé la phase "fatigue" derrière nous pour entrer à pieds joints dans la phase "épuisement total". Heureusement que demain est le dernier jour, parce que nous ne pourrions pas tenir plus longtemps !