dimanche 20 juillet 2014

Irlande, jour 6 - Cork

Personne n'ayant été très sage ces derniers temps (on tourne au cidre à tous les repas depuis le début du séjour, le blog a du retard, on dépasse les limitations de vitesses...), ce matin, c'est détour par la case prison ! Ouverte en 1823 et définitivement fermée un siècle après, la prison de Cork serait presque jolie sans tous ces barreaux aux fenêtres... Bon, dedans, la vie était beaucoup moins jolie, et c'est ce que nous explique la muséographie à base de mannequins reproduisant les conditions d'emprisonnement de l'époque.



La vie dans une prison irlandaise du 19è siècle est à peu près aussi riante qu'on peut l'imaginer : les cellules faisaient 2 mètres sur 3, les prisonniers devaient déposer leurs vêtements devant la porte tous les soirs pour les dissuader de s'échapper, les châtiments corporels faisaient passer le temps, on triait l'étoupe jusqu'à avoir les doigts en sang (quand on ne cassait pas des cailloux) et le régime alimentaire se composait de pain et de lait ou de soupe à tous les repas. Pour juger par nous-mêmes des conditions, nous sommes invités à entrer dans une cellule et à fermer la porte. On y est un peu à l'étroit, mais ce n'est pas beaucoup plus petit qu'une chambre d'étudiant aujourd'hui ! Les explications sont très intéressantes (dans le genre pas joyeux), et on ressort bien content d'être du bon côté de la loi au 21è siècle.



Pour nous faire pardonner toutes nos bêtises de la semaine passée, rien de tel qu'une petite dose de religion. Ça tombe bien, il est 11 heures en ce dimanche matin et les cloches de la cathédrale Saint Finbarre nous appellent pour la messe. Tandis que les paroissiens arrivent en courant, nous faisons le tour de ce magnifique édifice de style gothique (construit au 19è siècle...) pour le découvrir sous toutes les coutures. Il faut dire qu'il y a de quoi faire : la façade comporte un nombre impressionnant de sculptures superbes, les rosaces se comptent par dizaines et nous avons même la surprise de découvrir un ange doré à l'arrière de la cathédrale. A l'intérieur, la messe étant en cours, nous devons rester au fond et n'avons pas le droit de prendre de photos, mais la décoration est tout aussi riche. Ce n'était peut-être pas le moment idéal pour une visite, mais nous ne regrettons pas d'avoir marqué l'arrêt avant de sortir de la ville.



Hier soir, nous avons pris le temps de réserver sur Internet une visite de la distillerie Jameson de Cork (enfin, de Midleton, à quelques kilomètres de là) pour 13h15. Nous profitons donc du temps que nous avons devant nous pour acheter à manger, nous rendre sur place et pique-niquer au bord d'une petite rivière.

Finalement, manquer la visite de la distillerie Jameson de Dublin n'était pas un mal, car Midleton est l'endroit où la marque produit la moindre goutte de son whiskey. D'accord, la magie a lieu dans une usine ultra-moderne ouverte en 1975, et plus dans les vieux bâtiments en brique que l'on découvre pendant la visite, mais tout de même ! La visite commence par un film de propagande qui nous explique que l'art de la distillation du whiskey est bien irlandais, que les Écossais ont tout pompé et qu'ils font les choses n'importe comment (déjà, ils écrivent "whisky", et en plus ils fument leur orge à la tourbe), et que John Jameson, le fondateur de la marque, est le plus grand entrepreneur que la Terre ait jamais porté. Je résume, mais très honnêtement, c'est l'idée...



Plus sérieusement, nous suivons ensuite la guide pendant près d'une heure dans les anciens bâtiments de la distillerie, des entrepôts de stockage de l'orge à la salle contenant le plus grand alambic du monde (144 000 litres, quand même). Nous devenons rapidement incollables sur les principes de triple distillation (les Écossais ne distillent que deux fois, ces béotiens) et de vieillissement du whiskey dans des cuves ayant servi à d'autres alcools. Il faut dire que nous avions de beaux restes de la distillerie Bushmills, en Irlande du Nord... Mais une visite de distillerie ne serait pas complète sans une petite dégustation à la fin ! Les garçons optent pour du Jameson pur, et les filles, pour le cocktail de la maison : Jameson/bière de gingembre/citron vert. Ça descend tellement facilement qu'on en oublierait presque qu'il y a de l'alcool dans le verre !



Pour conclure la journée en beauté, nous nous rendons au château de Blarney, vieille madeleine de mes séjours linguistiques à Cork. Mais étrangement, on ne visite pas la même chose avec un groupe d'adolescents et avec un Benjamin aux manœuvres ! Ma troisième escapade à Blarney sera donc beaucoup plus axée sur le parc que sur le donjon du 15è siècle. Car il n'y a que l'embarras du choix : dans le jardin clos, la pinède et l'ancien cercle druidique disputent la vedette aux différents sites tels que la cuisine de la sorcière ou le cercle des fées. Très original également, le jardin des poisons : un panneau à l'entrée prévient de ne pas sentir/toucher/manger les plantes sous peine de résultats pas marrants du tout. Ce ne sont pas tous les jardins qui vous présentent de l'aconite, de la mandragore et de la belladone dans le même parterre ! Quant aux jardins des fougères, nous avons l'impression d'être propulsés en plein Jurassic Park...

Le jardin des fougères. Pas de dinosaure en vue...

Le château lui-même est célèbre pour sa pierre, qui donnerait le don de l'éloquence à quiconque l'embrasse. Les touristes font donc la queue pour s'allonger sur le dos, mettre la tête dans le vide et faire un bisou à un caillou qui a vu passer un sacré nombre de bouches. Et ce n'est pas comme si quelqu'un passait de l'alcool à 90° sur ledit caillou entre deux personnes... Bonjour l'hygiène ! Ce sera sans nous, même s'il paraît que ça marche : Winston Churchill et Oliver Hardy sont passés par là en leur temps (comment ces deux-là ont réussi à passer dans un escalier qu'il faut se mettre en crabe pour monter, mystère...). Mais la vue depuis le sommet du donjon reste très belle et il serait dommage de s'en priver, pierre ou pas pierre.



Pour terminer la visite, nous partons pour une petite randonnée jusqu'au lac, où les garçons espèrent apercevoir des loutres. Que la brochure ait un peu exagéré ou que ce soit l'heure de la sieste pour les petites bestioles à fourrure, ils sont malheureusement déçus. Mais la balade en elle-même reste très agréable, d'autant qu'elle nous permet d'apercevoir le manoir, toujours habité, et de tirer des plans immobiliers sur la comète. Avec tout ça, il est déjà 18h30. Nous sommes parmi les derniers visiteurs du site, boutiques et toilettes sont fermées et le parking est presque vide. Un peu irréel mais pas déplaisant !

Et il nous reste encore 1h30 de route pour rejoindre Killarney, notre étape du jour. Ce soir, nous logeons dans un bed & breakfast aux chambres de poupées tenu par une dame charmante. Nous aurons vraiment connu tous les styles d'hébergement en un seul voyage !

Journée bien remplie = beaucoup de photos !

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